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CHAPITRE 4. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

5. Des ateliers réflexifs avec des élèves infirmiers

5.3. Organisation des ateliers

Trois séances de deux heures chacune ont été organisées. Nous souhaitions qu’elles soient

espacées d’au moins une semaine pour que les étudiants aient un temps de réflexion entre

chacune d’elles. Cela n’a cependant pas été possible entre les deux premières séances : elles

se sont réalisées sur deux jours consécutifs. La troisième séance a eu lieu trois semaines plus

tard.

Les trois séances étaient animées par deux ergonomes (une collègue

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et nous-même).Il

s’agissait ainsi pour nous d’être aussi réactives que possible aux commentaires de chacun.

Avec l’accord des participants nous avons enregistré l’ensemble des trois séances. Ces

enregistrements ont par la suite été entièrement retranscrits.

Nous avons conçu ces trois séances avec l’idée d’une progression dont nous allons à

présent rendre compte.

5.3.1. Première séance : activités réflexives ouvertes

La première séance débutait par une présentation succincte de notre étude au CHU et de

notre démarche méthodologique déployée jusque-là. Nous avons précisé que nous avions

réalisé des observations sur le terrain et des entretiens avec les personnes concernées pour

étayer ces observations. Nous avons également insisté sur les enjeux d’anonymat.

Nous ne souhaitions pas donner aux participants dès le départ des résultats formalisés,

pour ne pas les orienter et ne pas freiner leurs propres commentaires, surtout si des désaccords

35Lucie Cuvelier, en Post-Doctorat au Cee à cette période

existaient entre eux. Cette première séance visait plutôt à faire parler les participants de

situations de transmission qu’ils ont eux-mêmes vécues, et à construire, décrypter avec eux,

au fil de la séance, les déterminants de ces « histoires » : ce qui est en jeu dans ces situations.

La principale consigne leur a été énoncée sur la base du texte suivant que nous avions

préparé :

« De manière générale l’idée importante à garder en tête, c’est que ce qui nous

semble intéressant dans le travail que nous allons faire ensemble, c’est de pouvoir

discuter ensemble, entre vous et avec nous. Discuter ça veut dire à la fois qu’il se

peut qu’on ne soit pas tous d’accord, et l’important justement c’est de discuter.

J’insiste sur le fait qu’il n’y a pas de vérité absolue. On n’est pas obligé d’avoir

un avis tranché et on peut se questionner ouvertement.

Ce qui peut arriver, et surtout ne vous en empêchez pas, nous le ferons aussi, c’est

de faire partager à haute voix vos réflexions, vos questionnements sur ce qui est

dit, et peut-être même sur ce que vous direz vous-même. On s’intéresse aux

doutes, aux hésitations, et chacun peut changer d’avis aussi en cours de route. Il

n’y a pas de « bonne réponse », de « bonne solution », l’important c’est que

chacun puisse exprimer son point de vue, et s’il y a des différences de points de

vue entre nous, il est justement intéressant de pouvoir en débattre. Nous ne

sommes pas là pour juger, encore une fois il n’y a pas de « bonne réponse ».

Du coup, c’est comme s’il y avait entre nous aujourd’hui un contrat tacite de

respect des positionnements des uns et des autres tout au long des séances. Nous

laisser tous, la possibilité de réfléchir et d’élaborer ensemble. »

Après cette explication initiale, la séance a donné lieu à une discussion libre, sans

structure particulière ni intervention préétablie de notre part. Nous avons surtout veillé à ce

que chacun puisse bien préciser sa pensée, et fonde ses propos sur des situations

personnellement vécues, en n’hésitant pas à les décrire en détail.

En fin de séance nous avons présenté le déroulement prévu pour les deux suivantes.

5.3.2. Deuxième séance : activités réflexives autour de « cas »

Dans la seconde séance nous avons présenté des extraits d’interactions formatives (4 au

total) que nous avions observées. Nous les avons exposés par vidéo projecteur pour que tous

les regardent ensemble (voir un exemple § 5.4. ci-après ; pour un aperçu de l’ensemble des

cas voir annexe 7). Ces extraits ont été le plus possible contextualisés afin que les participants

puissent s’y « projeter ». Il s’agissait ainsi de présenter les situations avec les acteurs, les

modalités temporelles et organisationnelles.

Nous avions décidé que face aux cas présentés il serait important pour nous

(ergonomes-animatrices) de limiter le plus possible la place des « traits de personnalité » qui certainement

sortiraient des commentaires des participants. Nous cherchions à toujours centrer les

commentaires sur l’activité, ses conditions, ses déterminants ; amener les participants à parler

davantage des éléments relatifs aux situations de travail et de transmission elles-mêmes.

L’objectif principal de cette séance était de faire en sorte que les participants discutent de la

manière dont ils s’y seraient eux-mêmes pris dans une telle situation. Les principales

consignes étaient les suivantes :

« Qu’est-ce que cette situation vous inspire ? Cela vous fait-il penser à une

situation vécue ? Que feriez-vous vous-même dans une telle situation ? »

En fin de séance et pour préparer la dernière, nous avons distribué à chaque participant

une enveloppe au contenu identique pour tous : il s’agissait de 12 « tablettes » au format A5,

chacune présentant une « situation-cas » comme celles discutées en deuxième séance (mais

plus courte), à charge pour chaque participant d’en choisir 3 qui allaient être commentés la

fois suivante.

5.3.3. Troisième séance : activités réflexives autour de « tablettes »

Au début de la troisième et dernière séance nous avons recueilli leur choix des 3

situations-cas et les raisons de ces choix. Les principales consignes étaient les suivantes :

« Quelles sont, pour chacun d’entre vous, les 3 tablettes sur lesquelles vous

voulez échanger ? Quel est l’intérêt que vous y voyez ? Qu’est-ce que cela évoque

pour vous, par rapport à votre propre expérience ? »

Nous souhaitions par leurs commentaires faire avec eux le lien avec les éléments discutés

lors des deux premières séances.

Enfin, dans une dernière partie de séance nous avons discuté avec eux des séances en

elles-mêmes :

« Que retenez-vous de ces 3 séances ? Y a-t-il des sujets que l’on n’aurait pas

abordés ? Quelles réflexions pour vous-mêmes ou avec d’autres cela vous a-t-il

inspirées ? Avez-vous eu l’occasion d’en discuter entre vous ? Dans quel cadre,

dans quelles circonstances ? »