• Aucun résultat trouvé

Sc de la nature et Sc.humaines Sc d e l’artificiel

Règle 2: « Si vous voulez initier un changement organisationnel fondé sur un groupe de salariés hétérogènes et experts dans leur domaine (C), choisissez une approche par options où le

2. L’objet artificiel : l’artefact

Un artefact est un objet pensé et fabriqué par l’homme. Cet artefact est conçu à partir de lois de la ‘nature’; par exemple un couteau, répond aux lois de la mécanique sur la résistance des matériaux pour trancher la nourriture. Simon (1969, p28) définit un artefact comme « une chose artificielle

qui peut être caractérisée par ses fonctions, ses objectifs et son adaptation à l’environnement ».

Or, si les lois de la ‘nature’ sont assez matures alors la conception peut s’appuyer sur celles-ci. Dans les sciences de l’artificiel, la question de l’artefact a été très débattue et il existe de nombreuses définitions qui visent à définir plusieurs niveaux artefactuels ('Les trajectoires artefactuelles' de Krippendorff in Jelinek et al. 2008) (Gill et Hevner, 2013). La définition la plus utilisée en DSM est celle de March et Smith (1995) : pour créer un artefact complet, il faut réaliser cinq niveaux permettant sa compréhension complète. Ces cinq niveaux sont : un construit, un modèle, une méthode, une instanciation et des propositions théoriques de conception généralisables à une classe de problème (March et Smith, 1995) (Van Aken et al., 2012). Les construits, ou concepts, forment le vocabulaire du domaine c’est-à-dire le langage formalisé et les connaissances partagées d’une discipline. Ces construits peuvent être plus ou moins formalisés et doivent servir autant aux chercheurs qu’aux professionnels (Dresch et al., 2014). Un modèle est le deuxième niveau d’artefacts. Il est constitué « d’un ensemble de propositions ou

d’énoncés mettant en relation des construits »(March et Smith, 1995). Les modèles sont des

représentations de la réalité qui schématisent les concepts mais aussi les relations qui existent entre eux. L’importance de cet artefact n’est pas sa ressemblance totale avec la réalité perçue mais son utilité auprès des usagers à résoudre leur problème.

La méthode est le troisième niveau d’artefact. Elle se définit comme l’ensemble des étapes qui permettent d’effectuer une tâche. Les méthodes sont souvent représentées graphiquement comme

des démarches heuristiques de travail ou mathématiquement par des algorithmes. La méthode peut être un moyen d’arriver à la création d’une version du modèle selon un contexte déterminé par l’usager.

Enfin, une instanciation n’est autre que la réalisation effective d’un artefact dans son environnement (Pascal, 2011). L’instanciation est l’artefact qui opérationnalise les trois premiers artefacts présentés. L’instanciation est la phase où l’on implémente le modèle auprès de l’usager, avec un interfaçage graphique qui fournit un ensemble de règles permettant à l’usager d’utiliser l’artefact. Cette instanciation est développée dans un contexte particulier (une classe de problème) et devra être configurée (réglée pour répondre à un problème particulier).

Selon Hevner et collègues (2004), une séquence de recherche ne permet pas toujours de créer les quatre niveaux. Si l’on prend comme exemple la thèse d’Alexander Osterwalder (2004) sur l’ontologie des modèles d’affaires, il n’a créé que le construit, le modèle et l’instanciation. Encadré 8. L’artefact d’Alexander Osterwalder (2004)

En 2004, Alexander Osterwalder soutient sa thèse en systèmes d’information avec une stratégie de recherche de Design Science. Il a créé un artefact pour aider les professionnels à définir leur modèle d’affaires (qu’il nommera plus tard Business Model Canvas). Cette recherche est fondée sur la littérature théorique concernant les modèles d’affaires.

Il définit un construit, c’est-à-dire une sélection de neuf éléments constituant un modèle d’affaires (ci-dessous nommés block of business model).

Il définit un modèle, c'est-à-dire les mécanismes reliant ces 9 construits.

Il développe un logiciel qui est l’instanciation permettant aux praticiens de remplir le modèle et de construire leur modèle d’affaires. L’instanciation est disponible sur le site : https://strategyzer.com/build

Le cinquième et dernier niveau d’artefact est celui qui se réfère aux apports théoriques du travail de recherche. Cela représente les Propositions de conception (Design propositions) définitives. Ces propositions correspondent à des ‘templates’ génériques qui pourront être utilisés pour une

classe de problème (Van Aken et al., 2012). Pour Joan Van Aken, une proposition de conception peut s’écrire ainsi : « Si vous voulez résoudre Y dans la situation Z, alors exécutez les actions X ». De façon explicite, si vous voulez résoudre le problème Y appartenant à une classe de problème identifiée dans la situation Z (le contexte) alors vous devez utiliser l’artefact X (de niveau 1, 2, 3, 4 et/ou 5 au regard de vos contingences et organisations internes). Selon notre stratégie de recherche, ici les propositions de conception sont les règles de conception CIMO validées par les terrains.

Il est important de comprendre que dans ce cas, la visée prescriptive de la recherche est dans l’utilisation de l’artefact et en aucun cas dans une solution particulière pour un problème posé. Nous ne sommes pas dans la création de la solution mais dans l’aide à la création d’une solution. Si l’on reprend l’exemple du couteau, le construit définit la notion de découpage, de lame…etc., le modèle exprime l’importance de la pression sur la lame, la méthode exprime la façon de fabriquer le couteau, l’instanciation est le couteau mais surtout l’explication de la façon de s’en servir et enfin les propositions de conception définissent des règles générales de fabrication du couteau incorporant les lois sur la résistance des matériaux. En aucun cas, on a tranché à la place de l’usager, ou défini un unique modèle de couteau universel.

Ci-dessous des exemples de classes de problèmes en management et des artefacts créés par des chercheurs afin de les résoudre.

Classe de problèmes Artefact

Contrôle et Planning de production Kanban (Ohno, 1988)

Mesure des coûts Méthode ABC (Cooper et Kaplan, 1988) Alignement stratégique Balanced Scorecard (Kaplan et Norton, 1992) Carte de processus Architecture de systèmes d’information intégrée

(Shingo, 1989)

Management de projet Chemin critique (Goldratt, 1997)

Tableau 20. Exemples de classes de problèmes et des artefacts de résolution correspondant (Dresch et al., 2014: 105)

Nous nous proposons donc de créer un modèle conceptuel rigoureux du parcours client cross- canal fondé sur des construits et mis en place selon une méthode. Nous testons une instanciation au sein d’une entreprise.