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CHAPITRE 4 Résultats

4.3 Les manifestations du processus de coélaboration de connaissances

4.3.3 La nature des idées des élèves

Afin d’examiner plus à fond l’apport potentiel de l’outil IPROM, nous avons comparé les différents niveaux de complexité d’explication obtenus lors de l’utilisation de l’outil IPROM avec la nature des idées des élèves présents lors de la réalisation d’autres projets par les mêmes classes dans le KF, mais sans l’usage de l’outil IPROM. Rappelons que pour analyser les contributions des élèves, nous avons eu recours à une grille d’analyse qui combine les grilles d’Hakkarainen (2003) et de Lee, Chan, et Van Aalst (2006) (voir Tableau 4).

Activités d’apprentissage sans le support de l’outil IPROM

Pour l’activité sur les inventions, les élèves des classes des enseignantes A et B avaient à discuter de différentes inventions qui ont, selon eux, changé le monde. Pour ce faire, ils devaient motiver leurs choix par des arguments, des faits et des explications à la suite de lecture d’articles et de textes en lien avec les inventions. La compréhension collective qu’ils allaient tirer de ces négociations devait les amener à écrire un texte argumentatif.

Figure 19. La nature des idées des élèves des classes des enseignantes A et B lors de

l’activité sans l’utilisation de l’outil IPROM

On remarque que sur les 84 contributions écrites par les élèves dans ce projet, 46 ont été rédigées par les élèves de la classe de l’enseignante A et 38 par les élèves de la classe de l’enseignante B. Pour les élèves de la classe de l’enseignante A, les « Opinions » et les « Inférences » sont les plus fréquentes dans le discours, chacune d’elle représente 30 % des contributions écrites par les élèves. Les « Explications complètes » sont présentes dans une contribution sur cinq (22 %). Les « Faits » et les contributions ayant un « Contenu métacognitif » sont présents dans deux contributions et chacun de ces niveaux représente 9 % des contributions écrites par les élèves de la classe de l’enseignante A. Pour la classe de l’enseignante B on constate que les « Opinions » et les « Faits » représentent 49 % des contributions écrites par les élèves de la classe de l’enseignante B. On observe également que 41 % des contributions avaient un « Contenu métacognitif ». Les « Inférences » sont présentes dans cinq contributions et les « Explications complètes » dans une seule. Les idées de nature moins complexe, quant au niveau de complexité de l’explication (Opinion, Faits, Contenu métacognitif) sont majoritairement présents dans les contributions rédigées

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La nature des idées des élèves dans les classes des

enseignantes A et B

Classe de l'enseignante A n. 46

Classe de l'enseignante B n.38

(Inférences, Explications complètes et Synthèses) représentent 10 % des contributions des élèves de la classe de l’enseignante B. Lors de l’utilisation de l’outil IPROM, ces proportions ont changé. En effet, les niveaux les plus complexes d’idées représentaient 29 % des contributions, tandis que les niveaux « Opinions », « Faits » et « Inférences » représentaient 71 % des contributions.

Quant à l’activité qui nous sert de comparaison pour les classes des enseignantes C et D, elle portait sur les pays du monde. Il s’agissait de leur première activité sur le KF. Les élèves ont fait des recherches sur les réalités sociales de l’Inde, du Brésil et de quelques pays d’Afrique. À la suite de cette rencontre, ils se sont retrouvés sur le KF pour négocier leurs compréhensions de la situation des habitants de ces pays.

Figure 20. La nature des idées des élèves des classes des enseignantes C et D lors de

l’activité sans l’utilisation de l’outil IPROM

Sur les 81 contributions écrites par les élèves pour l’activité sur les différences culturelles des pays du monde, on compte 62 contributions pour les élèves de la classe de l’enseignante C et 19 pour les élèves de la classe de l’enseignante D. Ici aussi on voit des courbes plus hautes pour les « Faits » qui représentent plus d’une contribution sur deux (63 %) des élèves de la classe de l’enseignante C et 42 % des contributions des élèves de la

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Opinions Faits Inférences Explications

complètes Synthèses Proposd'ordre métacognitif N . d e c on tr ibu tio ns

La nature des idées des élèves dans les classes des

enseignantes C et D

Classe de l'enseignante C n.62

Classe de l'enseignante D n.19

des « Opinions » (37 %) que ceux de la classe de l’enseignante C (23 %). Les « Inférences » (5 %) et les « Explications complètes » (3 %) sont peu présentes dans les contributions des élèves de la classe de l’enseignante C. Pour la classe de l’enseignante D, les « Explications complètes » sont absentes et les « Inférences » représentent 5 % des contributions faites par les élèves. Les contributions ayant des « Contenus métacognitifs » représentent 6 % des contributions de la classe de l’enseignante C et 16 % des contributions de la classe de l’enseignante D. Comme dans les classes des enseignantes A et B lors de l’activité sur les « Inventions », les « Opinions » et les « Faits » se démarquent en formant plus des trois quarts des contributions des élèves des classes des enseignantes C (79 %) et D (85 %). Lors de l’utilisation de l’outil IPROM, la nature des idées des élèves s’exprime différemment et les catégories les plus présentes sont les « Faits » (31 %), les « Opinions » (23 %) et les « Explications complètes » (21 %).

Activités d’apprentissage avec le support de l’outil IPROM

Maintenant, passons aux activités réalisées avec l’aide de l’outil IPROM. Nous avons analysé les types de contributions de nature explicative (notes ou annotations) et la nature des idées présentes dans celles-ci.

Classes des enseignantes A et B travaillant sur le projet sur le Moyen Âge

Figure 21. La nature des idées des élèves des classes des enseignantes A et B Classe de l’enseignante A

Sur un nombre total de 266 contributions, on compte 200 contributions contenant des idées des élèves, les autres contenaient des questions ou encore des commentaires d’une autre nature qui n’ont pas été pris en compte par la présente étude. On constate que les niveaux « Opinions » et « Faits » sont les plus souvent observés (voir Figure 14). Les contributions contenant des « Faits » (68 contributions) sont les plus présentes, par exemple, « Les paysans ou paysannes portaient des chemises, des jupes, des bas et des vestes ». Elles sont suivies des contributions des « Opinions » (35 contributions), par exemple, « Je crois que c’était vers 1000 avant J-C. ». Ensuite viennent les « Inférences » (33 contributions) « Les gens n’avaient pas de voiture, donc ils utilisaient les chevaux comme moyen de transport », et les « Explications » (25 contributions) « L’arc était l’arme la plus utilisée pour la chasse parce qu’elle était l’arme la plus facile à fabriquer. ». Et finalement, les « Synthèses » (16 contributions), par exemple :

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La nature des idées des élèves des classes des

enseignantes A et B

Classe de l'enseignante A (N. 200) Classe de l'enseignante B (N. 211)

Les vêtements de base étaient faits à partir de longues chemises resserrées à la taille. Au Moyen Âge, on prélevait la laine des moutons à la ferme. La mode a changé vite, les jupes n'allaient pas plus haut que la cheville, mais les décotes descendaient assez bas. Les femmes couvraient leurs cheveux d'un tissu ou d'une soie. Les hommes pouvaient porter de long bas et des vestes courtes. Les nobles s'habillaient avec des collants, des tuniques et des vêtements coûteux (fourrure, soie ou de teinture coûteuse.) Les matériaux qu'on utilisait étaient la laine, le lin, des cotonnades, de soie et du chanvre pour les toiles et les cordes.

On compte 23 contributions ayant un contenu métacognitif comme « Tu devrais vérifier tes informations », « Tu aurais pu mettre cette information dans la section de métiers » ou « Ajoute une source. ». Ces contributions représentent 12 % des contributions faites au discours. De plus, on constate que plus les idées se complexifient, après les « Faits », moins le nombre de contributions qui leur est associé est élevé. Ainsi, 37 % des contributions contiennent des idées plus complètes (Inférences/Explication complète/Synthèse), tandis que la majorité se classe dans les « Opinions », les « Faits » ou les « Contenus métacognitifs », c'est-à-dire que cela représente 63 % de l’ensemble des contributions. En bref, les élèves émettent davantage d’opinions, de listes de faits, de descriptions, et de contenu métacognitif que d’« Inférences », d’« Explications complètes » ou encore de « Synthèses » des propos qui représentent respectivement 17 %, 13 % et 8 % du discours.

Classe de l’enseignante B

Sur un nombre total de 254, on compte 211 contributions explicatives. Sur ces 211 contributions, 56 contiennent des « Opinions » (par exemple, « Une armure, ça coûte cher »), 60 contributions des « Faits » (par exemple, « Pendant le Moyen Âge les gens étaient catholiques ») et 34 contributions des « Inférences » (par exemple, « L`école n`était pas obligatoire, car les enfants devaient parfois travailler dans les fermes chez eux. »). De plus, 16 contributions qui contiennent des « Explications complètes » (par exemple, « Au début du Moyen Âge, les châteaux étaient faits de bois et n'étaient pas très solides, mais au fil du temps les châteaux sont devenus en pierre et beaucoup plus détaillés, car ils se sont mis à avoir des tours, des donjons, des ponts-levis et des fosses plus grosses. »). Douze contributions contiennent des « Synthèses » par exemple : « Les moyens de transport étaient les véhicules à roues. Les roues étaient faites en bois. Ça ressemblait à une grosse charrette avec quatre roues. Les véhicules étaient tirés par un boeuf ou un cheval, mais les

gens aimaient mieux prendre un cheval. Avant qu'ils inventent les véhicules, ils transportaient la marchandise sur leur dos ou sur le dos de l'animal. »

Trente-trois contributions ont un « Contenu métacognitif », par exemple, « J’ai les mêmes informations que toi » ou « La prochaine fois ne fait pas une élaboration, fait une annotation ». On remarque sensiblement les mêmes proportions (ou trajectoires) avec la classe de l’enseignante B, excepté en ce qui concerne le « Contenu métacognitif » (représente 16 % des contributions au discours), qui se démarque davantage que dans la classe de l’enseignante A (12 %), et en ce qui concerne le nombre de contributions contenant des « Opinions » qui est également plus élevé avec 27 % des contributions et qui vient presque égaler le nombre de contributions contenant des « Faits » (28 %). On constate également que le nombre de contributions contenant des « Explications complètes » (85) est moins élevé que pour la classe de l’enseignante A. On observe que la forme de la courbe est sensiblement la même que dans le cas de l’activité sur les inventions (voir Figure 19). De plus, on constate aussi que plus les idées se complexifient, plus le nombre de contributions s’amenuise. Ainsi, les « Opinions », les « Faits » et les « Contenus métacognitifs » représentent 71 % des contributions faites au discours tandis que les « Inférences », les « Explications complètes » et les « Synthèses » représentent 29 % des contributions des élèves.

Figure 22. La nature des idées des élèves, classes des enseignantes A et B (Total)

91 128 67 41 28 56 0 20 40 60 80 100 120 140

Opinions Faits Inférences Explications

complètes Synthèses d'ordrePropos métacognitif N . d e c on tr ibu tio ns

La nature des idées des élèves

( n. 411 contributions)

Les élèves des classes des enseignantes A et B, ont utilisé davantage les « Faits » (128 contributions, 31 %) afin d’élaborer leur discours collectif. On remarque que les contributions contenant des « Opinions », qui sont souvent les premières idées ou les conceptions initiales des élèves, sont également très présentes dans le discours avec 91 contributions (21 %). Il est à noter que les « Faits » et les « Opinions » apportés par les élèves sont une partie importante du discours collaboratif. Ils permettent aux élèves de partager leurs compréhensions initiales d’un problème, de remettre en question les éléments d’explication amenés par leurs pairs. Les « Inférences », « Explications complètes » et les « Synthèses » sont construites à partir des faits présents dans le discours, ils constituent donc un élément important du discours sur lequel les explications plus « complexes » peuvent se construire.

Classes des enseignantes C et D travaillant sur le projet sur les balles et les rampes

Figure 23. La nature des idées des élèves des classes des enseignantes C et D Classe de l’enseignante C

Sur un nombre total de 199 contributions explicatives, on peut constater que les « Opinions » (23 %) comme « Il faut que la balle rebondisse », et les « Faits » (32 %) (par exemple, « Les balles de ping-pong font des rebonds quand elles roulent. »)

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La nature des idées des élèves des classes des

enseignantes C et D

Classe de l'enseignante C (N. 191)

Classe de l'enseignante D (N.167)

représentent la majorité (55 %) des contributions faites par les élèves de l’enseignante C. Les contributions de niveaux « Explications complètes » sont les troisièmes plus nombreuses avec 30 contributions (15 %) : « Ma balle manquait d’élasticité parce qu’elle n’est pas allée haut dans les rebonds. » On compte 27 contributions ayant un « Contenu métacognitif » comme « Je ne comprends pas ta question » ou « Tes informations ne sont pas complètes », ce qui représente 14 % des contributions faites au discours. Les « Inférences » (« Il faudrait que la balle ait quelque chose à l’intérieur pour qu’elle rebondisse. ») sont présentes dans 12 % des contributions des élèves. On remarque encore une fois que la majorité des contributions contient des « Opinions » ou « Faits » ou des « Contenus métacognitifs », c'est-à-dire qu’ils représentent 69 % de l’ensemble des contributions. Les « Inférences » et « Explications complètes » représentent quant à elle 28 % du discours. De plus, dans les contributions élaborées par les élèves de la classe de l’enseignante C, aucune ne contient de synthèse.

Classe de l’enseignante D

Sur 177 contributions, 35 sont de l’ordre de l’« Opinion » (« Je suis d’accord, il faut qu’elle soit. »), 48 sont des « Faits » (« Les objets, qu’ils soient lourds ou légers, ils accélèrent à la même vitesse lorsqu’ils tombent. »). De plus, 27 contributions contiennent des « Inférences » : « Plus la balle est petite, plus elle rebondit. Les grosses balles rebondissent moins. » 44 contributions contiennent des « Explications complètes » comme : « Les balles légères s’envolent au vent et pas les balles lourdes, elles restent dans leur trajectoire quand on les lance. » 13 contributions sont de l’ordre du « Contenu métacognitif », par exemple, « Ce n’est pas complet » ou « Tu ne dis pas pourquoi, on ne comprend pas ». Les contributions contenant des « Faits » sont encore une fois les plus nombreuses (29 %), mais elles sont suivies de près par les contributions contenant des « Explications complètes », qui sont présentes dans 25 % des contributions. Par la suite, les « Opinions » suivent avec 20 %, les « Inférences » avec 15 % et le « Contenu métacognitif » avec 7 % des contributions. Ainsi, les contributions contenant des explications plus ou moins complètes (Inférences et Explications complètes) représentent 40 % du discours, et les « Opinions », « Faits » et « Contenu métacognitif », quant à eux, sont présents dans 60 % des contributions.

Figure 24. La nature des idées des élèves des classes des enseignantes C et D (Total)

Les élèves des classes des enseignantes C et D, tout comme les élèves des classes des enseignantes A et B, ont utilisé davantage les « Faits », présents dans 31 % des contributions, afin d’élaborer le discours collectif. On remarque que les contributions contenant des « Opinions », soit les premières idées ou les conceptions initiales des élèves, sont également très présentes dans le discours avec 81 contributions (23 %), elles sont suivies de très près par le nombre de contributions contenant des « Explications complètes », 74 contributions (21 %). Ainsi, bien que les « Opinions » et les « Faits » soient très présents (54 %), on observe que les élèves des classes des enseignantes C et D ont davantage eu recours aux « Explications complètes » (21 %) dans leurs contributions au discours collectif que les élèves des classes des enseignantes A et B où elles ne sont présentes que dans 5 % de leurs contributions. De plus, on remarque que les synthèses sont absentes du discours collectif des élèves. Ce qui pourrait signifier que les élèves des classes C et D aient eu davantage recourt à l’explication afin de faire progresser leur discours collectif et leur investigation en gardant à l’esprit la tâche présentée par leur enseignante.

Bien que les différents niveaux de complexité de l’explication varient selon les classes et les investigations poursuivies par les élèves, on observe, pour les classes des enseignantes

81 112 51 74 0 40 0 20 40 60 80 100 120

Opinions Faits Inférences Explications

complètes Synthèse d'ordrePropos métacognitif N . d e c on tr ibu tio ns

La nature des idées des élèves

(n. 358 contributions)

A et B, que la proportion des différents niveaux de l’explication plus complexes diminue à partir des « Faits ». Cependant, la comparaison entre l’activité sur les inventions, sans l’outil IPROM, et celle sur le Moyen Âge, avec l’utilisation de l’outil IPROM, permet de constater une hausse des niveaux d’explication plus complexes (Inférences, Explications complètes et Synthèses) qui passent de 21 % des contributions contenant des explications à 33 % des contributions lors de l’activité sur le Moyen Âge. Pour ce qui est des classes des enseignantes C et D, on observe surtout une remontée au niveau des « Explications complètes » qui sont passées de 3 % des contributions contenant des explications lors du projet sur les différences culturelles dans le monde à 21 % de contributions explicatives lors de l’activité sur les balles et les rampes. Ces hausses pourraient être, entre autres, liées non seulement à l’utilisation de l’outil IPROM, mais aussi aux interventions des enseignantes ainsi qu’à à la nature différente des questions de départ posées lors de l’élaboration de l’activité sur les inventions et celles concernant l’activité sur le Moyen Âge.

4.4 Les idées prometteuses sélectionnées, leurs types et leurs façons