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Le mode de passation et le taux de réponse des questionnaires

Nous aurions souhaité que tous les IBODE, répondant à l’enquête quantitative, fussent questionnés dans les mêmes conditions. Cela fut très délicat en regard des contraintes temporelles et organisationnelles des blocs opératoires et de chacun des infirmiers. C’est la raison pour laquelle nous avons désiré questionner des IBODE lors de différents congrès. Nous avons donc, à plusieurs fois, reporté des rendez-vous avec les cadres de santé ou avec les professionnels.

En ce qui concerne le congrès régional, la présidente régionale s’est chargée de distribuer les questionnaires et de les récupérer. Pour le congrès national à Lille en mai 2015,

164 nous avons remis nous-mêmes les questionnaires aux IBODE en leur exposant les objectifs de notre recherche et en nous présentant en tant que chercheur.

Nous avons distribué au total 260 questionnaires et nous en avons recueillis 125 soit 48.07%. Le tableau ci-dessous répertorie le nombre de questionnaires distribués et récupérés (chiffre et pourcentage).

Etablissements Questionnaires distribués Questionnaires récoltés %

CHU Nouvelle Aquitaine 50 30 60% CHU Occitanie 5 3 60% CH Gironde 1 10 4 40% CH Gironde 2 15 12 80% CH Gironde 3 15 8 53.33% CH Gironde 4 10 3 30%

Congrès régional Alsace 75 14 18.66%

CH Lorraine 30 21 70%

Congrès national 2016 50 28 56%

Autres 2

Totaux 260 125 48.07%

Tableau 11 : Nombre de questionnaires distribués et récupérés

Le mode de passation et le taux de réponse des entretiens

Les entretiens se sont déroulés de septembre 2013 à fin février 2014. Une infirmière a été rencontrée puis interviewée à son domicile. Sept interviews se sont déroulées sur les lieux de travail hors du bloc opératoire et hors temps professionnel après accord de la direction des soins. Deux professionnelles ont été interviewées dans des lieux neutres. Face à ces infirmiers, nous nous sommes présentés comme un étudiant effectuant un travail de recherche sur les pratiques professionnelles des infirmiers spécialisés en bloc opératoire.

Mais, comment sommes-nous entrée en contact avec ces professionnels en ayant pour dessein d’induire un minimum de biais, de favoriser le maximum de neutralité tout en étant efficace ? Sollicitant des infirmiers, il nous fallait donc passer soit par une voie

165 institutionnelle, soit par un « mode d’accès indirect » en sollicitant un tiers (Blanchet, Gotman, 1992, p.57). Notons que le fait de demander à la direction de l’institution de rencontrer certains professionnels pouvait aussi engendrer des biais. De la sorte, ces infirmiers, en abordant la notion de non-respect des procédures à l’intérieur de leur établissement, auraient pu juger ne pas pouvoir user au mieux de transparence par crainte de « représailles éventuelles ». Solliciter le réseau personnel d’un enquêté, en mobilisant la « méthode de proche en proche » (Blanchet, Gotman, 1992, p.58), nous a permis de contacter des professionnels rapidement sans engendrer chez eux une forme d’autocensure dans leur discours. Becker, dans « Outisiders. Études de sociologie de la déviance », contacte de façon indirecte des fumeurs de marijuana en premier lieu à partir de son propre réseau de musiciens. Depuis quelques temps, il était musicien de jazz professionnel. Il exprime : « J’ai d’abord interviewé des gens que j’avais rencontrés dans le monde de la musique. A ma demande, ils me mirent en contact avec d’autres fumeurs qui acceptaient de discuter avec moi de leurs expériences » (Becker, 1985, p.67). A notre tour, nous avons donc mobilisé les réseaux de certains infirmiers pour faciliter l’expression d’autres professionnels quant à leurs pratiques professionnelles sans vouloir engendrer inquiétude et questionnement quant à de potentielles retombées.

Un échantillon de dix infirmiers de bloc opératoire diplômés d’état (IBODE) a donc été constitué dans un objectif qualitatif. Aucun professionnel n’a été contacté par le biais de sa hiérarchie. Cependant, nous les avons contactés après accord de la direction des soins d’un centre hospitalier universitaire pour enquêter auprès des professionnels spécialisés en bloc opératoire.

Considérant, notre guide comme notre fil rouge, notre posture quant à elle se voulant facilitatrice, il se devait de permettre à notre enquête d’identifier et de croiser diverses informations incontournables et dépendantes les unes des autres. Nous avons alors collecté et recueilli :

• « des faits (j’ai vu, j’ai entendu, j’ai perçu, j’ai senti, j’ai observé ; • de l’émotion, du vécu (j’ai ressenti, j’ai le sentiment) ;

• de l’opinion, du jugement, de l’intuition (je pense, je sais, j’ai l’impression) ;

• des valeurs, des croyances (je crois, j’ai la conviction, j’adhère) » (Guittet, 2008, p.41).

166 Les faits illustreraient certaines pratiques professionnelles, diverses déviances. De même, les émotions verbalisées informeraient sur un possible inconfort psychologique face à ces dernières. Encore, les opinions et les croyances se réfèreraient aux procédures, aux bonnes pratiques ainsi qu’à la mesure de leur écart entre le travail réel de la situation de travail et le travail prescrit. Enfin, certaines croyances et certaines valeurs apporteraient éventuellement des éléments et dimensions se montrant non congruentes avec le non-respect de procédure relaté par le professionnel infirmier spécialisé en bloc opératoire.

En nous appuyant sur le schéma suivant, nous illustrerons les différents niveaux d’informations que nous recherchions en lien avec nos hypothèses.

Figure 1: les niveaux d’information selon Guittet (2008)

Notre objectif est d’obtenir une « image suffisamment claire et précise de l’environnement humain et matériel d’une personne » (Guittet, 2008, p. 41). Nous nous sommes efforcée de même à saisir les contextes des situations de travail dans les blocs opératoires et les réalités vécues que les enquêtés nous décriraient. Pour saisir le discours de l’enquêté, il nous fallait aussi relever les écarts entre ses perceptions, ses sentiments et ses

Les émotions, le ressenti : Inconfort, malaise psychologique, bien-être au travail

Les faits décrits: Non respect de procédure, déviance routinière, déviance par nécessité …

Les opinions, le jugement : Mesure de l’écart entre les procédures, la législation, les bonnes pratiques et les violations évoquées, modes de rationalisation

Les valeurs, les croyances : Bonnes pratiques, procédures, qualité, notion de soin, rentabilité, efficience

Les niveaux

d’information s

167 opinions. Nous demandions aussi les « différences et les similitudes à partir de rapports de comparaison entre : vous/les autres (l’interviewé et les autres infirmiers), ici et ailleurs, avant et maintenant » (Guittet, 2008, p. 42). Ainsi, l’enquêté en convoquant différents éléments dans diverses dimensions comme l’espace, le temps et les collègues, clarifiait sa pensée car « la comparaison facilite la production d’informations nouvelles et amène à préciser, nuancer son point de vue » (Ibid.).

Notre stratégie était de partir des éléments les moins impliquant vers des dimensions plus personnelles. Nous suivions une chronologie, le déroulement de la carrière d’un infirmier par exemple. Nous partions des faits pour nous diriger vers le subjectif, le ressenti, les impressions, les sentiments de ce professionnel.

Cependant, comment avons-nous mené les échanges, les interactions ? Comment avons-nous encouragé la verbalisation d’un éventuel inconfort psychologique en regard d’une déviance plus ou moins avouable ? Comment avons-nous installé un climat propice se voulant exempt de quelque jugement de valeur que ce soit ? Comment avons-nous favorisé la mise en mots de sentiments, de ressenti ? Nos gestes, notre posture, notre regard, notre voix étaient-ils nos meilleurs alliés ou nos pires ennemis ? Pour aborder chaque entretien, il nous fallait faire preuve de maîtrise de soi tout en étant et paraissant détendu. Nous avons favorisé un espace où chacun puisse s’entendre. L’aménagement de l’espace favorisait l’expression de l’infirmier. Nous avons privilégié la position spatiale autour d’une table rectangulaire en « position d’angle, de coopération » (Guittet, 2008, p. 18). Notre attitude au moment de l’accueil était déterminante pour le reste de l’entretien, il nous a fallu préférer des gestes d’ouverture : « sourire, mains tendues vers son interlocuteur » (Guittet, 2008, p. 22). Lors de l’entretien, « une voix calme, douce, va apaiser, créer de la complicité » (Guittet, 2008, p. 28) et aider à l’expression des émotions face à certains contextes de soins, certaines pratiques professionnelles par exemple. Il fallait établir un climat favorisant la confiance. L’évocation du parcours professionnel et de son choix conduisait vers cette mise en confiance. De plus lors de l’échange, nous faisions appel à des relances, des reformulations. Nous tachions d’influencer les réponses le moins possible. Notre vigilance devait aussi nous amener à nous adapter à la personne au regard de sa posture, de son expression, de son attitude…

Ainsi, nous avons conduit 11h30 d’entretiens. Nous reprenons dans les tableaux suivants la durée des entretiens

168 Genre

N° entretien

Age Années de diplôme IBODE Etablissement et N° du bloc opératoire Durée de l’entretien E1

28 ans 3 ans Groupe hospitalier universitaire BO1

58 minutes

E2

43 ans 4 ans Centre hospitalier universitaire BO2

1h14

E3

30 ans 3 ans Centre hospitalier universitaire BO3

1h05

E4

36 ans 5 ans Centre hospitalier universitaire BO4

40 minutes

E5

39 ans 5 ans Centre hospitalier universitaire BO5

1h05

Tableau 12: Durée des entretiens pour l’ échantillon IBODE peu expérimentés

Genre N° entretien

Age Années de diplôme IBODE Etablissement et N° du Bloc opératoire Spécificités du bloc E6

40 ans 6 ans Groupe hospitalier universitaire BO 6

59 minutes

E7

42 ans 8 ans Centre hospitalier universitaire BO 4

1h12

E8

44 ans 10 ans Centre hospitalier universitaire BO 7

46 minutes

E9

46 ans 15 ans Centre hospitalier Périphérique BO 8

1h18

E10

53 ans 19 ans Centre hospitalier périphérique BO 8

1h04

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La retranscription des données

Nous avons retranscrit les données grâce au pro logiciel Sphinx Plus 2. Grace à son utilisation, nous traiterons les données qualitatives et quantitatives. Il rend possible aussi l’analyse multidimensionnelle. Mais, nous l’utiliserons aussi pour le traitement des données en utilisant des tests simples pour des questions à réponse unique sur une échelle, des questions à réponse ouverte numérique. Nous créerons aussi des groupes ou des strates dans l’échantillon que nous avons constitué Nous constituerons des groupes en fonction de la nature des violations que les questionnés ont rapporté avoir commis en fonction de leurs expériences professionnelles IBODE.

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