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Check-list sécurité patient au bloc opératoire : vers un défi national

En fin du millénaire dernier et au début de celui-ci, l’espérance de vie s’est vue fortement majorée. De plus, malheureusement, nous sommes contraints de constater que paradoxalement les affections de longue durée comme les cancers ou les maladies

cardio-57 vasculaires, pour ne citer qu’elles, ne font qu’augmenter. De ce fait, la chirurgie est devenue un incontournable passage pour rester en état de santé. Par conséquent, 234 millions d’interventions chirurgicales ont lieu chaque année dans le monde avec environ 63 millions de personnes qui bénéficient d’une intervention chirurgicale, pour le traitement de traumatisme, 10 millions de femmes sont prises en charge chirurgicalement pour résoudre des complications en lien avec leur grossesse. Enfin, 31 millions de personnes bénéficient d’un acte opératoire dans un contexte de tumeurs malignes. Donc, parler de santé et de son système de prise en charge dans un contexte de démarche qualité est indissociable de la chirurgie face à une performance demandée et attendue.

Le deuxième défi mondial pour la sécurité des patients : une chirurgie plus sure pour épargner des vies de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est parue en juillet 2008. Conformément à la résolution 55.18 de l’Assemblée Mondiale de la Santé, l’OMS a initié l’Alliance Mondiale pour la Sécurité des Patients. Lancer des défis mondiaux pour la sécurité des patients est son fondement. Le premier défi a porté sur les infections nosocomiales. Le deuxième défi porte sur la sécurité chirurgicale. Elle aide les états membres dans l’élaboration de politiques et de pratiques en regard de la sécurité des patients.

C’est dans ce contexte que les mesures mondiales de l’Organisation Mondiale de la Santé ont vu le jour ayant pour finalité une participation à une irréprochable sécurité chirurgicale. Cette sécurité existe dans de nombreux pays industrialisés ou en cours de développement mais elle est encore et toujours perfectible. Après le premier défi de l’OMS, en 2005, ayant eu pour objectif les infections nosocomiales, l’OMS, en 2007 a voulu améliorer la sécurité des soins dans le monde. Pour elle, il n’existerait pas une solution pour arriver à cette finalité mais « une série de mesures liées aux soins » employées autant par le chirurgien que par l’équipe pluri professionnelle avec laquelle il collabore. La préconisation de L’OMS consiste donc en une liste de contrôles de la sécurité chirurgicale. Trois principes servent de fondement à son élaboration : la simplicité, l’applicabilité et la mesurabilité. Cette énumération doit supporter les équipes médicales et paramédicales chirurgicales pour appliquer des mesures de sécurité dans le but de minorer les risques les plus fréquents à chaque intervention. Dans le prolongement de ces recommandations, la liste de contrôles initiée par l’OMS a été testée dans huit sites pilotes : Torento (Canada), Seattle (Etats-Unis d’Amérique), Londres (Royaume-Uni), Amman (Jordanie), Nouvelle Delhi (Inde), Manille (Philippines), Ifakara (République Unie de Tanzanie), Auckland (Nouvelle Zélande). Cette

58 étude réalisée par l’OMS auprès de 8000 patients dans huit pays sur une période d’un an, en suivant un protocole avant-après, a été concluante. Il existe une amélioration chirurgicale notable après l’application de la check-list.

La Haute Autorité en Santé (HAS) a initié et rendu obligatoire l’utilisation de la check-list promue par l’OMS lors du deuxième défi mondial en faveur de la sécurité chirurgicale. Elle l’a adaptée à la conjoncture française. La Check-list « Sécurité Patient au Bloc Opératoire » (annexe 2) a pour but de favoriser la sécurité dans les blocs opératoires et de diminuer les erreurs chirurgicales. Elle encourage fortement la « vérification croisée de différents points critiques de sécurité ». Ainsi, la communication devant être au centre des équipes pluri professionnelles soignantes en est un point d’orgue. Cette check-list comportant dix items devant tous être vérifiés et renseignés n’est pas modifiable. Depuis janvier 2010, elle doit être appliquée dans tous les blocs opératoires des établissements de santé en France. Son application a fait l’objet de vérification par les experts visiteurs dans le cadre de la certification de ces mêmes établissements. Les 17 et 18 novembre 2011 lors de ses rencontres annuelles, la HAS informe de travaux. L’un d’entre eux concerne les blocs opératoires avec un plan de redéploiement de la check-list au bloc opératoire et ses outils. Deux ans après des débuts semblent-ils difficiles, elle tire un premier enseignement par rapport à sa mise en œuvre et procure des outils pour une meilleure efficacité.

De ce fait, la France a considéré fortement ces recommandations et ces résultats. Nous savons que la Haute Autorité en Santé, institution publique indépendante à caractère scientifique, créée par la loi du 4 août 2004 relative à l’assurance maladie ayant pour but de contribuer notamment au renforcement de la qualité des soins pour le bénéfice des patients, se veut de guider prioritairement les professionnels pour l’amélioration de leurs pratiques dans la prise en charge de ces derniers. Lors de la présentation de son projet 2009-2011 « Ensemble, améliorons la qualité en santé », sa première ambition est de « mettre la qualité au cœur des pratiques et des comportements individuels ». Cette politique d’amélioration des pratiques mises en place au sein des établissements de soins, évalue les organisations des pratiques professionnelles tous les quatre ans. Ces démarches pluri professionnelles suivant une méthode validée, ont pour finalité de permettre aux professionnels une confrontation de leurs pratiques, de leurs résultats aux recommandations professionnelles et appliquer des actions d’amélioration dans le cadre d’une amélioration continue de la qualité.

59 C’est donc dès janvier 2010 que devient obligatoire la check-list sécurité patient au bloc opératoire initiée par l’OMS. En présence de tous les acteurs de soins et avec la participation du patient avant son endormissement, elle doit amener à la vérification grâce à un coordonnateur souvent infirmier, dix points indispensables et obligatoires. Elle se veut de permettre la verbalisation des vérifications croisées. Avant l’induction anesthésique sont vérifiés l’identité du patient, la nature de l’intervention chirurgicale dont va bénéficier le futur opéré et le site et/ou côté à opérer. Ensuite, l’installation chirurgicale sera authentifiée et le matériel nécessaire pour l’opération est contrôlé. Les risques allergiques, respiratoires et hémorragiques seront confirmés. Un autre temps de pause avant l’incision, équipe au complet, permet le partage d’informations primordiales en rapport avec des points critiques relatifs aux procédures chirurgicales et anesthésiques. La recommandation d’une éventuelle antibioprophylaxie et son application doivent être questionnées. Après l’intervention, il est demandé une confirmation orale du compte final correct des instruments, compresses, aiguilles, de l’étiquetage correct des prélèvements à visée thérapeutique et diagnostique. De plus, les éventuels dysfonctionnements doivent être signalés. Enfin, la réalisation des prescriptions postopératoires est vérifiée. Lors de la certification V2010, le critère 26a : « pour chaque intervention chirurgicale, la procédure de vérification de l’acte est mise en œuvre par un membre identifié de l’équipe opératoire » a constaté ou non dans l’organisation des pratiques professionnelles et a conduit éventuellement à une réponse « oui » ou « en grande partie », « partiellement », ou « non ».

Mais, qu’en est-il au quotidien au sein des blocs opératoires ?

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