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MÉTHODOLOGIE DU RECUEIL DES DONNÉES ET INTERPRÉTATION

Dans le document Actes du Colloque e-Formation 2018 (Page 122-126)

PRÉCONISATION D’IMPLICATION DES FUTURS APPRENANTS DANS LA CONCEPTION D’UN DISPOSITIF DE FORMATION

4. MÉTHODOLOGIE DU RECUEIL DES DONNÉES ET INTERPRÉTATION

L’objectif de notre collecte de données porte essentiellement sur la perception qu’auront les collaborateurs de la solution finale au regard des réticences exprimées par la majorité des personnes interrogées. Elle devrait nous permettre de vérifier ou de contredire notre hypothèse selon laquelle en dépit de l’image négative du e-learning qu’ont la plupart des collaborateurs, leur implication dans la conception d’un module peut représenter un facteur favorisant leur intention de l’utiliser.

Nous avons souhaité recourir à l’administration d’un questionnaire afin de permettre aux collaborateurs d’évaluer le dispositif que nous souhaitons concevoir. Notre recherche exploratoire ayant été réalisée dans trois magasins, notre échantillon d’interrogés (cf. tableau 2) se compose de sept personnes. Aussi, nous avons décidé d’enrichir nos questionnaires par des entretiens semi-dirigés de façon à faire ressortir des éléments qui ne figureraient pas dans le questionnaire.

Tableau 2. Échantillon des collaborateurs interrogés.

Âge Ancienneté dans

l’entreprise Métier Ancienneté sur le poste Collaboratrice 1 (C1) 40 2001 Cheffe de rayon 4 ans Collaboratrice 2 (C2) 54 1989 Vendeuse experte > 10 ans Collaborateur 3 (C3) 51 1992 Vendeur expert < 1 an Collaboratrice 4 (C4) 22 2017 Vendeuse < 1 an Collaboratrice 5 (C5) 24 2015 Cheffe de rayon 2 ans Collaboratrice 6 (C6) 32 2005 Vendeuse experte > 10 ans Collaborateur 7 (C7) 31 2007 Chef de rayon < 1 an

Notre questionnaire est directement inspiré la méthode d’Acceptation instrumentale appliquée aux TICE

(Caron & Heutte, 2017) qui interroge les dimensions suivantes :

 Utilité générale (3 items)

 Utilité projetée sur l'enseignant/le formateur (2 items)

 Utilité apprenant (5 items)

 Utilisabilité (3 items)

 Injonction (3 items)

 Utilité personnelle (2 items)

Ce modèle, qui postule que « la perception de l'utilité se décompose d'une part en perception d'utilité pour l'enseignement et d'autre part en utilité projetée quant à l'apprentissage des apprenants » (ibid) complète le TAM de Davis, Bagozzi & Warshaw (1989) vu précédemment.

Fig. 4 ; Modèle de l’Acceptation Instrumentale appliquée aux TICE. Caron & Heutte (2017)

Pour le premier recueil, les collaborateurs interrogés ont évalué le scénario que nous avons conçu suite à l’analyse des besoins que nous avions réalisée. Cette première estimation, composée d’un questionnaire et d’un entretien semi-dirigé, nous a permis de procéder à des ajustements avant de concevoir un premier prototype du module. C’est ce dernier qui a servi de support au second recueil (questionnaire identique que précédemment, sans entretien). Les réponses sont organisées selon une échelle de Likert de 1 à 7.

Tableau 3. Résultats par dimension des deux recueils et écart constaté

Dimension évaluée Moyenne recueil n°1 Moyenne recueil n°2 Écart constaté

Utilité générale 5,37 6,04 + 0,67

Utilité projetée formateur 5,92 6,57 + 0,65

Utilité apprenant 5,88 6,13 + 0,25

Utilisabilité 5,09 5,71 + 0,62

Injonction 2,37 1,90 - 0,47

Utilité personnelle 3,07 4,63 + 1,56

Utilisabilité 5,09 5,71 + 0,62

La progression affichée de la dimension d’utilisabilité du dispositif s’explique, selon nous par trois facteurs qui sont la facilité d’utilisation perçue, l’absence de contraintes techniques de connexion et l’accessibilité quel que soit le moment, l’endroit ou encore le support (AnyTime AnyWhere Any Device ou ATAWAD).

Utilité générale 5,37 6,04 + 0,67

Utilité projetée formateur 5,92 6,57 + 0,65

Utilité apprenant 5,88 6,13 +0,25

Utilité personnelle 3,07 4,63 +1,56

Quant à l’utilité, les résultats montrent qu’elle est majoritairement reconnue, quel que soit le niveau (général, formateur, apprenant ou personnel). La progression de l’utilité personnelle laissant présager un usage hors métier, ce qui était loin d’être une évidence au départ et nous laisse penser que nous tendons vers une acceptation de la solution et par extension de l’e-learning.

CONCLUSION

Tout au long de notre mission, nous avons pu constater que l’avis des collaborateurs vis-à-vis de l’e- learning changeait pour devenir beaucoup plus objectif. Les recueils de données réalisés sur le scénario et le premier prototype ont montré dans l’ensemble que les collaborateurs reconnaissaient à la fois l’utilisabilité et l’utilité du module, qu’elle se situe au niveau professionnel ou personnel. Au-delà des chiffres, nous avons pu, à l’occasion de nos visites en magasin, constater que les réticences ressenties au début à l’évocation de l’e-learning ont progressivement disparu. Le bilan que nous pouvons dresser de cette expérience est donc positif, l’utilisation de la CCU ayant permis de produire une solution adaptée quand celle du TAM a contribué à la faire adopter par les acteurs concernés.

Ce rapprochement initié avec les magasins nous a confortés dans l’idée que Castorama a tout à gagner à généraliser cette démarche. En effet, pour nourrir ses ambitions de reprendre le leadership face à la concurrence et rester fidèle à son nouveau crédo « ensemble, on peut tout faire », l’enseigne ne doit pas hésiter à s’appuyer sur les compétences de ses collaborateurs. Ils ne s’en sentiront que plus écoutés et par conséquent impliqués. A contrario, « oublier leurs envies, leurs ambitions, leurs besoins de reconnaissance ; inventer leurs besoins ; leur cacher les objectifs réels du projet ; modifier leurs conditions de travail sans les avoir consultés ; oublier qu’ils sont les acteurs de l’innovation » (Heutte, 2011) ne fera que « renforcer la résignation apprise des collègues, des opérationnels, des « petites mains… » (ibid.).

Notre solution tend à combler les trois besoins psychologiques de base de la théorie de l’auto- détermination (TAD) de Deci et Ryan (2002), à savoir le besoin d’autonomie, le besoin de compétence et enfin le besoin de proximité sociale. L’autonomie parce que les collaborateurs pourront consulter le module dès qu’ils en ressentiront le besoin ou l’envie ; la compétence parce que le module est conçu pour améliorer leur aptitude à exercer leur métier ; et enfin la relation à autrui par l’intermédiaire du forum qui leur permettra d’échanger des conseils et de partager leurs bonnes pratiques dans un élan d’enrichissement mutuel. C’est pour eux une opportunité d’être acteurs de leur développement, d’atteindre un haut niveau de motivation et d’améliorer à la fois leur performance et leur engagement vis-à-vis de l’enseigne.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Authier, M. (1999). Compétences, connaissances… L’humain au cœur des richesses de l’entreprise. Repéré à http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-

local/article806e.html?id_article=8

Basque, J., Contamines, J. & Maina, M. (2010). Chapitre 8. Approches de design des environnements d’apprentissage. Dans Charlier, B. et Henri, F., Apprendre avec les technologies (p. 109-119). Paris : Presses Universitaires de France.

Caron, P.-A. & Heutte, J. (2017). Comprendre l’usage que les professeurs des écoles font des TNI et du numérique, Actes de la 8ème conférence sur les Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH), Strasbourg (France), 6-9 juin 2017.

Davis, F.-D. (1989), Perceived userfulness, perceived ease of use and user acceptance of information technology, MIS Quarterly, Vol.13, N°3, September, p. 319-34.

Davis, F.-D, Bagozzi, R.-P, & Warshaw, P.-R. (1989). User Acceptance of Computer Technology: A Comparison of Two Theoretical Models. Management Science, (Vol. 35), p. 985.

Deci, E. & Ryan, R. (2002). Handbook of self-determination research. Université de Rochester.

Depover, C. & Marchand, L. (2002). E-learning et formation des adultes en contexte professionnel. Bruxelles : De Boeck & Larcier.

Heutte, J. (2011). Piloter l’innovation de l’intérieur : pour la promotion d’une science de conception orientée vers la

production collégiale de connaissances, Actes du 23e colloque de l’association pour le développement des méthodes d’évaluation en éducation (ADMEE) Europe « Évaluation et enseignement supérieur », Paris (France), 12-14 janvier 2011.

DES DISPOSITIFS INNOVANTS POUR L’ENSEIGNEMENT ET

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