• Aucun résultat trouvé

4. Méthodologie

4.1. La méthode de recherche

La contribution de l’orpaillage traditionnel dans le système d’activités des ménages ruraux au Burkina Faso est une thématique qui semble ne pas avoir bénéficié de beaucoup d’investigations en dépit de l’ampleur du phénomène. Compte tenu de la nature particulière de l’activité, de la grande mobilité des acteurs et de la place de plus en plus prépondérante de la multiactivité dans le système d’activités des ménages comme mode de vie des populations rurales, nous avons choisi de mener une étude monographique. Il s’agit donc d’une étude qualitative de type exploratoire a visée descriptive et analytique. Le choix de la recherche qualitative comme moyen d’investigation s’explique par le fait qu’elle permet de produire et d’analyser des données descriptives, telles que les paroles écrites ou dites et le comportement des personnes observées (Taylor et Bogdan, 1984 cités par Kakai, 2008). Ceci nous parait important dans la mesure où c’est une méthode de recherche qui permet d’observer un phénomène social en milieu naturel et de traiter des données difficilement quantifiables, sans pour autant leur accorder une place prépondérante ni rejeter les chiffres et les statistiques (Kakai, 2008).

Le but de la recherche qualitative c’est de se servir du modèle interprétatif pour chercher à connaître les facteurs qui déterminent certains aspects du comportement de l’homme dans sa vie sociale (Kakai, 2008). Cela permet de faire le rapprochement entre le fait social observé et le contexte dans lequel il se produit.

Cette méthode nous a permis d’avoir une meilleure connaissance de la place de l’orpaillage dans le système d’activités des ménages, des déterminants du choix de la multiactivité, l’importance de ce système d’activités dans la vie sociale et économique

42

des populations ainsi que les comportements des populations. Pour donner plus de pertinence à nos investigations, nous avons choisi d’associer dans une démarche cohérente et objective une combinaison de techniques alliant la recherche documentaire, l’observation directe et l’entrevue semi-dirigée.

 La recherche documentaire

Pour les besoins de la présente étude, nous avons réalisé cette recherche documentaire à trois niveaux principalement : la base documentaire de l’Université Laval, les données au niveau des différentes structures (Ménages, Commune rurale, Village, ministère, Services techniques décentralisés, associations d’orpailleurs, presse locale …) au niveau du Burkina Faso ainsi que les données à partir d’Internet.

Ces documents, une fois collectés ont fait l’objet d’une analyse approfondie et d’une synthèse. À côté de ces sources documentaires, la source orale a été exploitée surtout qu’il s’agit d’une région à forte tradition orale et au taux d’analphabétisme assez élevé. En effet dans cette partie du Burkina Faso, le taux d’alphabétisation de la population des personnes âgées de 15 ans et plus se situe à 15,9% (INSD, 2009a). Cette tradition orale, qui est une des sources fondamentales de l’histoire africaine, est en fait « l’ensemble des valeurs culturelles d’un peuple, valeurs dont la transmission fondée sur l’oralité se fait d’une génération à une autre par le moyen de l’éducation et des circonstances pratiques de la vie. Au sens large, il s’agit de l’ensemble des récits et autres documents non écrits. Ces messages peuvent être d’ordre historique, technique, scientifique, religieux et esthétique » (Camara, 1996 :764).

À ce niveau, les notables du village (chef de village, chef de terre) ont été consultés. Dans cette société à tradition orale, les notables et les sages occupent une place de choix, car ils sont une source inépuisable de savoir. Ils constituent de ce fait la mémoire vivante de la société.. Ils sont généralement considérés comme les sages du village et dépositaires des savoirs traditionnels; ce sont de véritables bibliothèques vivantes. Cette dimension nous a semblé d’une grande importance, car comme le disait si bien l’écrivain et ethnologue malien, Amadou Hampaté Bâ, « en Afrique quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » (Bâ, 2000). Cela a permis d’élargir au maximum les chances de triangulation. L’objectif principal visé par cette diversification des sources, c’est la quête de l’objectivité dans la transcription des résultats.

43

 L’observation directe

L’observation directe est un moyen de collecte de données auprès d’un individu ou d’un groupe d’individus à travers la présence directe du chercheur sur le terrain qui, à l’aide d’une grille d’observation, note et décrit le comportement de l’acteur, mais également le déroulement des faits observés autour de l’acteur, ce qui permet de contextualiser le récit. Ce qui est différent de l’observation participante qui nécessite l’immersion du chercheur dans un univers social donné, avec idéalement la participation du chercheur au quotidien des acteurs étudiés pour observer leurs activités, leurs rituels, leurs cérémonies (Aktouf, 1987; N’da, 2002; Bourdieu, 2003;Imbert, 2010). Cette exigence de la participation du chercheur dans le cas de l’observation participante en fait toute sa difficulté. Car pour qu’elle soit véritablement productive, cette méthode d’observation nécessite deux éléments essentiels dont nous ne disposions pas, à savoir, une longue durée d’immersion du chercheur au sein de la communauté étudiée et des ressources financières conséquentes.

L’observation directe a donc été retenue comme méthode complémentaire dans la collecte des données parce qu’elle permet au chercheur de vérifier par lui-même, sans prendre part aux activités, le déroulement des faits sociaux qu’il se propose d’étudier. Fort de ce postulat, et compte tenu des limites de nos ressources, et de la nécessité de proximité avec le terrain et des acteurs, nous n’avons pas jugé utile de faire appel aux services d’un enquêteur.

Les groupes cibles ont été observés aussi bien dans leurs habitats qu’au niveau de leurs lieux de travail (site d’orpaillage, exploitations agricoles, atelier…).

L’observation directe a été privilégiée par ce qu’elle permet également de collecter le maximum de données en un temps raisonnable.

 Les entrevues individuelles semi-dirigées

Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées lors des rencontres individuelles avec les responsables des services techniques et administratifs, les chefs de ménages, les responsables coutumiers (notables, chef de villages, chef de terre…), les responsables communaux ainsi que les responsables des conseils villageois de développement.

L’entrevue semi-dirigée est à mi-chemin entre l’entretien non directif et l’entretien directif ; c’est un dialogue qui a lieu généralement entre deux personnes. Il s’agit d’un

44

moment d’écoute, d’empathie et de partage entre le chercheur et l’enquêté au cours duquel se tisse une relation de confiance qui sera mise à profit par l’expert pour recueillir les propos du profane sur la base d’un guide d’entretien préalablement établi.Le but de cette méthode c’est de s’informer tout en vérifiant certaines hypothèses préétablies (Aktouf, 1987; Imbert, 2010).

L’entrevue semi-dirigée nous a semblé la plus adaptée comme méthode de collecte de données compte tenue du profil professionnel et sociologique des acteurs. Le groupe cible est constitué de trois types d’acteurs qui sont engagés dans une dynamique de pluriactivité. Il y a le groupe des agriculteurs, les orpailleurs et les agro-orpailleurs. Partant de là, nous avons estimé pouvoir utiliser l’entrevue semi-dirigée pour non seulement explorer la situation telle qu’elle se déroule sur le terrain, mais aussi pouvoir vérifier les informations provenant d’autres sources utilisées dans ce travail de diagnostic.

En termes d’avantages, l’entrevue semi-dirigée est bénéfique à deux niveaux : d’une part, elle donne une certaine flexibilité au chercheur dans la conduite des échanges qu’il peut choisir de mener par thème dont l’ordre peut être déterminé en fonction de la réactivité de l’interviewé tout en permettant également de recueillir des informations de bonne qualité orientées vers le but poursuivi dans un laps de temps raisonnable; d’autre part, pour ce qui concerne l’interviewé, elle laisse une certaine liberté qui lui permet de s’exprimer et d’extérioriser le fond de sa pensée par rapport au sujet concerné (De Ketele et Roegiers, 1996; Imbert, 2010).