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La mise en forme scolaire du basketball au travers les manuels scolaires

2. Résultats de l’analyse documentaire

2.3. Le développement du basketball scolaire en Suisse (1950-1990)

2.3.1. Vers l’enseignement méthodique du basketball

2.3.1.1. Le Manuel suisse de gymnastique scolaire (1957-1962)

2.3.1.1.2. Méthode d’enseignement du basketball

Concernant le basketball214, le Livre III consacre six pages à la description de ce jeu destiné à des élèves de IIIe/IVe degré, aux règles à respecter (marque, déplacement sur le terrain, dribble, entre-deux, remise en jeu, coup franc, violations et fautes) et donne une

« introduction méthodique » (Livre III, p. 247). Il est évoqué une triple préparation :

- Jeux préparatoires. Puisque le lancer et la réception du ballon ont déjà été étudiés lors des courses d’estafettes et des jeux avec la petite balle, le manuel propose, pour se préparer au jeu d’équipe, la Balle au chasseur, la Lutte pour le ballon, le Ballon derrière la ligne et la Quille (p. 247). Ce dernier permettait d’introduire la notion de la place à occuper par chaque joueur, nécessaire pour le basketball.

214 Avant le basketball, le manuel introduit le jeu de la « Balle à la corbeille », mais demande au lecteur de consulter la brochure n° 3 éditée par l’Ecole fédérale de gymnastique et de sport, pour les règles du jeu (Livre III, p. 245).

- Préparation technique. Les auteurs donnent des indications concernant les « différents éléments qui entrent en ligne de compte pour l’étude du basketball » (p. 247) :

La passe : - la passe à deux mains est considérée comme la passe de base du basketball.

Elle peut s’exécuter en faisant rebondir le ballon sur le sol avant d’arriver au partenaire, - la passe à une main, pour les passes longues ou de contre-attaque, - la passe latérale, qui s’exécute bras tendus par-dessus la tête, sert pour passer le ballon par-dessus l’adversaire.

Le dribble : il sert à « progresser dans le terrain » (p. 248), il se réalise en poussant le ballon avec une main et il s’interrompt lorsque le joueur prend le ballon sur une ou deux mains.

Le tir au panier : il est la conclusion de l’attaque et se fait de près à l’aide du panneau et de loin directement dans l’anneau. L’exécution est à une ou deux mains.

Le pivot : possibilité qu’a le joueur de déplacer un des pieds alors que l’autre (toujours le même) reste au sol (un dessin montre le geste, p. 248).

La feinte : c’est un mouvement « lent, brusquement interrompu, suivi d’un autre mouvement rapide mais inattendu » (ibid.) que le joueur peut employer pour les passes, les dribbles et les tirs.

- Préparation tactique

En défense. L’équipe peut défendre de deux manières : - chaque joueur « prenant » un adversaire (« individu à individu », p. 248), - chaque défenseur assumant la responsabilité d’une partie du terrain (le manuel donne une figure comme exemple), tout en concevant qu’un coéquipier puisse « secourir un camarade en difficulté » (p. 248).

En attaque. Pour les auteurs, la base du jeu est la contre-attaque215. Contre une défense individu à individu, l’attaquant doit procéder par « blocage », des mouvements de recoupement successifs afin de faire bouger la défense et provoquer la libération d’un attaquant. Contre une défense de zone, les attaquants se placent soit en croix sur le terrain soit en fer à cheval (deux figures montrent l’organisation sociale sur le terrain) pour « créer une position favorable au tir à mi-distance » (Livre III, p. 249).

Si le manuel énumère ce qu’il y a à faire (ex. : s’organiser en défense de zone), les auteurs ne donnent pas d’indications sur la démarche d’enseignement à adopter ou sur la façon d’enseigner les contenus évoqués. Par exemple, au-delà des positions attribuées aux joueurs sur le terrain pour défendre en zone, comment faire fonctionner l’organisation de l’équipe, quelle stratégie adopter face au mouvement des attaquants, etc.

Quelle transposition didactique du basketball

Comme on l’a vu, le manuel propose aux enseignants deux types d’information : des indications concernant l’enseignement du basketball en classe et des repères au niveau du règlement pour la mise en place et la gestion des matchs. Si l’on considère l’état des règles du basketball culturel de l’époque, nous constatons la proximité entre les règles retenues par les concepteurs et celles faisant référence aux joueurs dans les clubs (les dimensions du terrain et

215 « …prendre l’adversaire de vitesse avant qu’il ait le temps d’organiser sa défense. Le ballon part rapidement de l’arrière, passe à un intermédiaire (centre ou avant quelque peu replié) qui donne à son tour à un joueur de pointe chargé de marquer.

Si l’adversaire a le temps de se placer en défense, l’attaque devient plus réfléchie et devra s’adapter à la tactique de défense » (Livre III, p. 249).

du panier sont, quant à elles, identiques). Le choix des concepteurs semble avoir été de décrire, de manière d’ailleurs assez synthétique et dans un langage adapté à un public non spécialiste, les règles nécessaires (minimales) permettant d’organiser l’action des joueurs en défense et en attaque lors des situations de jeu. Par exemple, le « double-dribble », le

« marcher », le « pivot » ou les « coups francs ». Nous interprétons cette absence d’exhaustivité comme le signe d’une adaptation nécessaire pour faire pratiquer le basketball à l’école. Ce faisant, les concepteurs n’ont pas intégré, par exemple, les règles de « retour en zone » ou celle de « 3’’ dans la raquette ».

Cela dit, le manuel propose pour la première fois, comme nous l’avons dit plus haut, une liste de techniques accompagnée des indications (très brièvement décrites) concernant leur utilité : une manière de tenter de contextualiser les gestes par rapport aux situations où ils pourraient être exécutés.

Le manuel transpose aussi les deux formes de défense utilisées par les joueurs experts, la défense « individu à individu » et « par zone » et deux manières de faire face à cette dernière : en « croix » et en « fer à cheval », qui constituent aussi des configurations habituellement mises en place dans les clubs et proposées par les ouvrages de l’époque.

En ce qui concerne la manière de penser l’enseignement et l’apprentissage, remarquons que la séparation faite entre la dimension technique et la dimension tactique laisse penser à des dispositifs de travail qui pense ces objets d’enseignement de manière déconnectée. Ceci se confirme avec le chapitre « Formation pour l’entraînement technique » (p. 220) auquel le lecteur est renvoyé pour « enseigner la technique des jeux d’équipes » (p. 248). Les gestes techniques sont travaillés « sous forme de courses d’estafettes » (p. 220), en l’absence d’adversaires et des contraintes propres au jeu d’équipe. Il s’agit, au regard de l’analyse épistémologique sur l’enseignement du basketball d’une approche techniciste de l’enseignement (Brau-Antony, 1999 ; Merand, 1989).

2.3.1.2. Le Manuel Fédéral « Education physique à l’école » (1975-1981) Il est important de noter que pour la première fois l’intitulé « éducation physique » apparaît dans le titre d’un manuel, même si l’édition reste toujours subventionnée par le budget militaire. Les ouvrages216 qui composent les Manuel Fédéral d’éducation physique à l’école de 1975 sont « avant tout destinés aux maîtres non spécialisés » (Livre 3, p. 7) et fournissent le matériel qui devrait « aider le maître à préparer ses leçons aisément et en peu de temps » (ibid., p. 8). Le cycle d’enseignement comprend cinq ou six leçons.

Avant d’introduire le Livre 8, « Jeux », soulignons que le manuel destiné aux élèves de 1er -4ème primaire comporte un chapitre de presque 30 pages destiné aux jeux. Ces derniers sont considérés comme une expérience indispensable pour le développement harmonieux de l’enfant. C’est le jeu qui motive l’élève à « des performances et à une activité créatrice intense » (p. 127) et qui permet le mieux de « favoriser le mouvement » et « développer les aptitudes générales et l’adresse » (ibid.).

Les jeux sont classés en deux groupes et par « liens de parenté » (Livre 2, p. 128) : les jeux sans balle (ex. les jeux de poursuite, de force et d’adresse ou d’orientation) et les jeux avec

216 Il s’agit de 9 ouvrages édités entre 1975 et 1981. Ils concernent : (i) les manuels généraux : Livre 1, Théorie ; Livre 2, 1er à 4e année scolaire ; Livre 3, 5e à 9e année scolaire ; Livre 9, Plein air ; (ii) les manuels spéciaux : Livre 4, Natation ; Livre 5, Education du mouvement et de la tenue ; Livre 6, Athlétisme ; Livre 7, Gymnastique aux agrès ; Livre 8, Jeux.

balles. Par exemple Vider la corbeille, La balle brûlée ou des jeux d’équipes dont certains devraient préparer au basketball (Le ballon dans le caisson).

Une « préoccupation pédagogique essentielle » (Livre 2, p. 128) caractérise la présentation de ces jeux : le comportement social. La « formation du sens communautaire » (ibid.) devrait assurer le développement progressif de l’enfant. Les jeux doivent être d’abord individuels, ensuite en groupes, en partis et, dans la forme plus complexe, en équipes. Les deux premiers types de jeu permettent l’acquisition des gestes de base et l’éveil du sens tactique, prérequis

« indispensables pour aborder les jeux plus difficiles » (ibid., p. 129).

En ce qui concerne les gestes de lancer, de réception et de dribble, un chapitre à part détaille les exercices qui permettent de travailler ces différentes techniques. Ceux-ci sont souvent accompagnés de quelques explications concernant leur possible « application » dans le jeu.

Par exemple : « Lancer par le bas à deux bras. Application : passe pour débutants, tir au panier pour débutants », « Jet à un bras. Application : tir au panier » (Livre 2, p. 64).

La progression proposée par le manuel est guidée aussi par un principe de base : « le jeu par le jeu » (p. 129). Apparaît également l’idée que dans la pratique des jeux de poursuite, par exemple, on retrouve, sous une forme élémentaire, « l’habileté et le comportement indispensables à la pratique des grands jeux » (p. 131).

Comme dans les manuels précédents, les auteurs décrivent les jeux et leurs règles, sans apporter des indications en rapport avec les apprentissages spécifiques que les élèves doivent effectuer. Il est surtout question d’une succession de jeux, guidée par les objectifs généraux de l’EP et les objectifs présentés dans l’introduction des différents chapitres intitulés « jeux ».

C’est ainsi qu’il revient à l’enseignant la tâche d’identifier les contenus de chaque jeu, par exemple, ce qu’on doit/peut apprendre en faisant le jeu de poursuite « La poursuite perchée » (p. 132).

Une nouveauté importante du septième Manuel fédéral est son organisation. Une compilation des cinq Livres spéciaux qui traitent séparément la natation, l’éducation du mouvement et de la tenue, l’athlétisme, la gymnastique aux agrès, et les jeux. Dans ce dernier, 4 sports en particulier sont décrits : le basketball, le football, le handball et le volleyball.

2.3.1.2.1. Vers une méthodologie spécifique d’enseignement du basketball

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