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Les premières solutions : des formules de conversion

Vache globale

3.2. La commensuration des index génétiques. Préserver la diversité par la standardisation standardisation

3.2.1. Les premières solutions : des formules de conversion

La convertibilité des valeurs génétiques entre les différents pays, à l’exemple des devises monétaires, s’est présentée comme la solution la plus évidente. En apparence facile à utiliser, le concept de la convertibilité monétaire est en fait très complexe et ne se réduit pas à la seule possibilité de ‘traduire’ les devises d’un pays en devises d’un autre en appliquant le taux de change du jour (Heilperin 1954). La conversion des valeurs génétiques s’en rapprochait dans l’idée de la ‘traduction’ ainsi que dans la complexité de la mise en pratique.

Les échanges entre les chercheurs et les professionnels de l’évaluation qui travaillaient chacun de son côté sur l’évolution des méthodes de calcul au sein des organismes nationaux de recherche ont finalement abouti à une formule de conversion type fondée sur des méthodes statistiques de régression. Si un éleveur ou un sélectionneur dans un pays voulait acquérir un taureau ou sa semence dans un autre pays, il suffisait qu’il applique la formule Index pays B =

constante a + coefficient b x Index pays A pour connaître la valeur de ce taureau dans son

pays d’accueil. Les composantes (‘constante a’ et ‘coefficient b’) étaient publiées et régulièrement mises à jour par des organisations professionnelles nationales agréées. Les éleveurs et les sélectionneurs pouvaient utiliser ces informations accessibles dans les sources professionnelles (Fig. 57).

(1) (2)

Fig. 57 Exemple des « ingrédients » à appliquer dans les formules de conversion : (1) de l’étranger vers la

La pratique des conversions a rencontré un grand succès parmi les professionnels de l’évaluation génétique, mais elle s’est révélée extrêmement complexe à mettre en place au niveau international. Les années 1980 sont qualifiées par les acteurs interviewés comme « une vraie époque de conversions ».

A ce moment-là, on s’est mis à publier, l’INRA et l’IE [Institut de l’Elevage en France

devenu IDELE], des équations de conversion qu’on mettait à jour chaque année.

Chaque pays faisait ça, il y a eu des travaux de scientifiques sur la meilleure façon de calculer la régression. (entretien JCM)

Le tableau ci-dessous (Fig. 58) présente une synthèse de travaux sur la méthode de calcul des facteurs de conversion effectués et présentés en 1984 à la réunion internationale du groupe de travail IDF/FEZ.

Les inconvénients de la méthode de conversion étaient nombreux. Elle ne permettait d’effectuer les opérations qu’en bilatéral, ce qui démultipliait les calculs compte tenu de la densification des échanges génétiques entre les pays. Les composantes de la formule devaient être calculées au cas par cas par les généticiens quantitatifs professionnels qui étaient supposés être en possession de toutes les informations nécessaires et à jour en provenance des pays concernés. La ‘constante a’ ainsi que le ‘coefficient b’ devaient être recalculés à chaque fois que la procédure d’évaluation nationale changeait de ‘base de comparaison’, c’est-à-dire une fois par an au minimum dans le cas de l’utilisation d’une base dite ‘mobile’. Les facteurs différaient également en fonction de qui, pays importateur ou pays exportateur, effectuait le calcul.

“So it turned out that if you wanted to do it systematically you would have hundreds of thousands of conversion formula, so people were trying to keep track of that. It was not practical because you needed to recalculate theses formulas as soon as any country changed the base for evaluation.” (entretien JP)

« C’était d’une complexité ! Tout le monde faisait de la régression dans tous les sens. Il fallait en faire une dans un sens et une dans l’autre sens, car pour les pays « holsteinisés », il y avait des échanges dans tous les sens. Donc pour chaque caractère, il y avait 2 formules pour chaque pays qui devaient être adaptées au moins une fois par an, pas toujours à la même époque. » (entretien JCM)

« C'était très lourd. Ce n'était pas une analyse complexe, mais c'était quand même peu pratique de faire ça. […] Les éleveurs ne comprenaient pas vraiment non plus. Et en plus ça dépendait beaucoup d'une personne, comme par exemple à l'INRA en France, pour faire ces calculs. » (entretien BVD)

Ainsi, la conversion comme moyen de rendre les valeurs génétiques comparables entre les pays s’est révélée en pratique une tâche difficilement gérable à grande échelle malgré l’évidence et la simplicité a priori de la solution. Les formules de conversion sont toujours publiées par chaque pays membre d’Interbull afin de permettre aux éleveurs et aux organismes de sélection d’effectuer par eux-mêmes des opérations de ‘traduction’ au cas par cas (notamment, lorsqu’il s’agit des taureaux qui n’ont pas de filles à l’étranger). Notamment,

en Afrique du Sud, comme nous le verrons dans le dernier chapitre, les méthodes d’évaluation génomique locale sont ‘bricolées’ notamment à partir des formules de conversion.

L’avantage considérable de la méthode est en effet qu’elle peut s’appliquer à la conversion de la valeur génétique d’un taureau qui n’a pas encore de filles dans le pays de destination. Mais cet avantage devient un inconvénient lorsque les exigences de précision d’évaluation sont élevées. En effet, le fait que le taureau ne soit pas encore testé sur descendance dans le pays d’accueil rend sa valeur dans ce pays difficilement estimable avec un bon degré de fiabilité. Le manque de précision est également dû au fait que les conversions ne tiennent pas compte des corrélations génétiques basses entre les pays.

3.2.2. Le modèle MACE comme outil de commensuration. Saisir la diversité dans son