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CHAPITRE 6. ETUDE 1 -Trajectoires développementales des processus inférentiels

4. Procédure et Matériel

4.5. Evaluation des processus inférentiels

4.5.2. Les inférences sociales

Le matériel élaboré pour évaluer les processus inférentiels sociaux s’inscrit dans la continuité des travaux fondamentaux évoqués précédemment sur le développement de la théorie de l’esprit chez des sujets tout venant ou présentant un TSA (Cohen et al., 1985 ; Baron-Cohen et al., 1999 ; Joseph & Wimmer, 1985; Perner et al., 1987; Wimmer & Perner, 1983,)

Nous cherchons à couvrir un large éventail développemental car notre étude concerne des enfants et des adolescents. De plus, nous avons évoqué précédemment des recherches antérieures supposant une acquisition de ces compétences métareprésentationnelles plus lente et/ou atypique chez les sujets avec un TSA. Par conséquent, ce protocole se compose d’épreuves à difficultés croissante impliquant des métareprésentations acquises tôt et plus tardivement au cours du développement.

Comme pour les inférences langagières, la présentation des épreuves est harmonisée sur le modèle du protocole initial de Dardier (2004). Chaque narration est faite de petits récits séquencés en de courts énoncés. Ceux-ci sont illustrés par des photos et lus à voix haute par l’adulte. A l’instar des épreuves sur les inférences langagières, nous posons différents types de questions. Des questions ouvertes pour évaluer la compréhension spontanée sans aide de l’inférence, des questions « tests » qui se focalisent sur les différents choix possibles, et enfin des questions « contrôles ». Ces dernières ont pour objectif de vérifier si une éventuelle erreur ne relèverait pas d’une incompréhension de l’histoire. La réponse correcte aux questions

« tests » n’est attribuée que si la question de contrôle est réussie.

Les inférences de 1er et de second ordre

Ce matériel se compose de huit histoires. Quatre récits renvoient à des tâches de théorie de l’esprit de 1er ordre dont deux items basés sur le paradigme du « contenu inattendu » (Perner et al., 1987), et deux items basés sur le paradigme de « changement de localisation » (Baron-Cohen et al., 1985 ; Wimmer & Perner, 1983). La Figure 11 ci-dessous correspond à un exemple de « changement de localisation » avec les photos et textes qui sont successivement présentés aux enfants.

Figure 11. Exemple d’inférence de 1er ordre de type « changement de localisation ».

Les quatre autres items sont des tâches impliquant des inférences de second ordre créées à partir des travaux originaux de Perner et Wimmer (1985). La Figure 12 est un exemple de l’une des histoires comprenant des inférences de second ordre.

Voici Sam.

Question 1 : Où Sam va-t-il aller chercher son livre ? (Compréhension spontanée sans aide).

Question 2 : Est-ce que Sam va chercher son livre sur la table ou dans le tiroir ? (Question test avec aide : focalisations sur les choix possibles).

Question 3 : Montre-moi où le livre était posé au début. Si échec : Est-ce que le livre était sur la table ou dans le tiroir ? (Questions de contrôle).

Question 4 : Montre-moi où se trouve le livre à présent. Si échec : Est-ce que le livre est sur la table ou dans le tiroir ? (Questions de contrôle).

Figure 12. Exemple d’inférence de 2ème ordre de type « changement de localisation ».

Question 2 : Est-ce que la maman sait que Paul sait qu’il aura un vélo ? (Question test avec aide : focalisations sur les choix possibles).

Question 3 : Qu’est-ce que la maman a dit à Paul qu’il aurait pour son anniversaire ? (Questions de contrôle).

Question 4 : Où est caché le vélo ? (Questions de contrôle).

Les maladresses sociales

Les scores aux épreuves de fausses croyances de 1er et de 2ème ordre plafonnant généralement vers l’âge de 10 ans (Perner & Wimmer, 1985 ; Wellman, 2018), le protocole contient des tâches de théorie de l’esprit plus complexes inspirées des histoires de « faux pas » mises au point en ce sens par Baron-Cohen et al. (1999). Ce matériel comprend quatre petits récits au sein desquels les propos ou les actes des personnages provoquent des maladresses sociales.

La Figure 13 ci-après donne un exemple d’une des histoires incluant une maladresse sociale proposée aux participants.

Figure 13. Exemple d’une histoire incluant une maladresse sociale.

Emma vient juste d’emménager dans un nouvel

appartement.

Elle a acheté de nouveaux rideaux pour

son salon.

Elle a à peine fini de décorer son appartement, lorsque son ami, Laurent, lui rend visite. Emma lui

fait visiter l’appartement et lui demande,

« Comment trouves-tu mon salon ? ».

« Ces rideaux sont horribles » dit Laurent. « J’espère que tu vas t’en

acheter des nouveaux ! ».

Question 1 : Est-ce que quelqu’un a dit quelque chose qu’il n’aurait pas dû dire ou quelque chose de maladroit ? (Question ouverte de compréhension).

Si oui, demander :

Question 1a : Qui a dit quelque chose qu’il n’aurait pas dû dire ou quelque chose de maladroit ? (Question aidée sur l’identification du protagoniste réalisant la maladresse).

Si non, demander :

Question 1b : Est-ce que Laurent a dit quelque chose qu’il n’aurait pas dû dire ou quelque chose de maladroit ? (Question aidée sur l’identification du protagoniste réalisant la maladresse en cas de non-détection spontanée du faux pas).

Question 3 : Pourquoi n’aurait-il pas dû le dire ou pourquoi était-ce maladroit ? (Question aidée sur la compréhension de la maladresse).

Question 4 : Pourquoi penses-tu qu’il ait dit cela ? (Question aidée sur l’intention du protagoniste).

Question 5 : Est-ce que Laurent sait qui a acheté les rideaux ? (Question aidée sur la croyance du protagoniste commettant le faux pas).

Question 6 : Comment penses-tu qu’Emma se soit sentie ? (Question aidée sur l’état d’esprit du protagoniste ciblée par la maladresse sociale).

Questions contrôles : (Question visant à contrôler la compréhension du déroulé de l’histoire).

- Dans l’histoire, qu’est-ce qu’Emma vient d’acheter ?

- Depuis combien de temps Emma vit-elle dans cet appartement ?