• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 6. ETUDE 1 -Trajectoires développementales des processus inférentiels

4. Procédure et Matériel

4.5. Evaluation des processus inférentiels

4.5.1. Les inférences langagières

Dans la continuité de travaux précédent portant sur le développement des processus inférentiel (Bernicot et al., 2007 ; Dardier, 2004 ; Caillies & Le Sourn-Bissaoui, 2012 ; Caillies et al., 2014 ; Laval, 2003), trois formes littérales sont évaluées : demandes indirectes, expressions idiomatiques et ironie. Nous avons harmonisé la présentation des histoires en

prenant pour modèle le protocole initial de Dardier (2004). Chaque narration est faite de petits récits séquencés en de courts énoncés. Ceux-ci sont illustrés par des photos et lus à voix haute par l’adulte. La combinaison de courts textes imagés et de petites séquences a pour but de favoriser l’intérêt, la compréhension et l’attention des enfants. D’autant plus que l’attrait pour le visuel est un phénomène fréquemment décrit chez les enfants avec un TSA. Avant de commencer la passation nous formulons la consigne suivante aux enfants : « Je vais te lire de petites histoires illustrées avec des photos. Pour que tu comprennes bien les histoires, je vais pointer du doigt les personnages et énoncer à voix haute ce qu’ils se disent. A la fin, je te poserai des questions ». Les enfants sont amenés à répondre oralement aux questions sans limite de temps imposé. Les histoires sont présentées aux enfants sur un ordinateur PC. Par ailleurs, l’évaluation est similaire au Temps 1 et au Temps 2 de l’étude, mais les diaporamas et les scénarios des histoires sont différents.

L’ensemble du matériel est donc composé de dix-huit histoires (six pour les demandes indirectes, six pour les expressions idiomatiques et six pour l’ironie). A la fin du récit, l’adulte pose deux types de question au participant : une question ouverte visant l’évaluation de la compréhension spontanée de l’énoncé non littéral et une question à choix multiples. Ces dernières contiennent trois possibilités : un item correspondant à une compréhension littérale de l’énoncé, un autre renvoyant à une compréhension du sens figuré de l’énoncé, et un dernier proposant une réponse en lien avec le contexte. Afin d’éviter les effets d’ordre, l’ordre de présentation des diaporamas varie à chaque passation. Il en est de même pour l’ordre des items à choix multiple qui diffère à chaque histoire.

Pour l’analyse statistique de cette étude, nous avons pris en compte deux types de questions : les questions ouvertes (inférence basée sur la compréhension spontanée sans aucune aide) et les questions à choix multiples (inférence aidée par trois choix : choix figuré, choix littéral et choix en lien avec le contexte). La cotation 1 ou 0 est accordée en fonction de la réussite ou de l’échec de l’enfant pour répondre à chaque question.

Les demandes indirectes

Les demandes indirectes non conventionnelles ont été choisies à partir des travaux de Dardier (2004) car elle nécessite plus d’inférences de la part de l’auditeur (Bernicot, 2012).

L’effet du contexte sur la compréhension des demandes indirectes non conventionnelles étant fréquemment mis en évidence dans la littérature, cette épreuve est constituée de six histoires dont trois avec un contexte fort et trois avec un contexte faible. La Figure 5 donne un exemple d’une histoire impliquant une demande indirecte dans un contexte faible et la Figure 6 donne

un exemple d’une histoire intégrant une demande indirecte dans un contexte fort avec les questions qui y associées.

Figure 5. Exemple d’une histoire impliquant la compréhension d’une demande indirecte dans un contexte faible et des questions qui y sont associées.

Brigitte vide sa bibliothèque Brigitte dit à Michel : « Je suis trop petite »

Question 1 : Selon toi, que va-t-il se passer ensuite ? (Question basée sur la compréhension spontanée sans aide).

Question 2 : Choisis une phrase qui convient le mieux à la situation : A. Michel regarde un livre. (Choix lié au contexte).

B. Michel rajoute des livres en haut de l’étagère (Choix contraire).

C. Michel attrape les livres en haut de l’étagère (Choix congruent à une réponse à la demande indirecte).

Figure 6. Exemple d’une histoire impliquant la compréhension d’une demande indirecte dans un contexte fort et des questions qui y sont associées.

Théo et son frère Fabien se promènent. Ils vont dans la forêt pour faire une cabane. Théo est

pressé d’arriver à la cabane.

Il est déjà Loin devant Fabien. Fabien dit à Théo : « Je n’arrive pas à te suivre ! »

Question 1 : Selon toi, que va-t-il se passer ensuite ? (Question basée sur la compréhension spontanée sans aide).

Question 2 : Choisis une phrase qui convient le mieux à la situation : A. Théo se met à courir (choix contraire).

B. Théo ferme son blouson (choix en lien avec le contexte).

C. Théo marche moins vite (choix congruent à une réponse à la demande indirecte)

Les Expressions Idiomatiques

Cette épreuve de compréhension des expressions idiomatiques est constituée de six histoires. Les six expressions idiomatiques ambiguës ont été sélectionnées parmi le répertoire d’une étude précédente ressemblant des normes descriptives françaises (Cailles, 2009 ; Le Sourn-Bissaoui et al., 2012). Afin d’étudier l’effet de la décomposabilité des expressions sur la compréhension des participants, ce matériel est construit à partir de six histoires : trois pour les expressions idiomatiques décomposables et trois pour les expressions idiomatiques non-décomposables. La Figure 7 représente un récit illustré comportant une expression idiomatique décomposable et la Figure 8 représente une histoire illustrée impliquant une expression idiomatique non-décomposable.

Figure 7. Exemple d’histoire composée d’une expression idiomatique décomposable avec les questions associées.

Sandra pleure car elle est tombée sur les genoux. Sa maman regarde ses genoux mais ne voit rien.

Alors, la maman dit à Sandra : « Arrête de jouer la comédie ! ».

Question 1 : Selon toi, que va-t-il se passer après ? (Prédiction d’action basée sur une compréhension spontanée sans aide de l’expression idiomatique).

Question 2 : Selon toi, que veut dire « Arrête de jouer la comédie »?

A. Arrête de faire semblant (choix littéral).

B. Arrête de jouer le rôle d’une princesse (choix figuré).

C. Arrête de courir (choix en lien avec le contexte).

Figure 8. Exemple d’histoire composée d’une expression idiomatique non-décomposable avec les questions associées.

Léa fait un jogging avec son amie Marie. Léa et Marie ont couru 1 kilomètre.

Léa dit à Marie « Je mets la gomme !».

Question 1 : Selon toi, que va-t-il se passer après ? (Prédiction d’action basée sur une compréhension spontanée sans aide de l’expression idiomatique).

Question 2 : Selon toi, que veut dire « Je mets la gomme !» ?

A. Je suis fatiguée (choix en lien avec le contexte).

B. Je gomme les traces sur mes chaussures (choix littéral).

C. J’accélère (choix figuré).

L’ironie

L'évaluation de la compréhension des énoncés ironiques comprend six histoires. Celles-ci sont inspirées des travaux de Caillies et al. (2014). Il existerait une différence de compréhension entre la compréhension de l’ironie sur soi et de l’ironie sur autrui. De ce fait, trois histoires de ce test comportent un énoncé ironique portant sur le protagoniste, tandis que les trois autres portent sur autrui. La Figure 9 montre un exemple d’une histoire constituée d’un énoncé ironique orienté vers le protagoniste et la Figure 10 montre un exemple d’un propos ironique orienté sur autrui.

Figure 9. Exemple d’histoire constituée d’un énoncé ironique orienté vers le protagoniste.

Ilias est invité à l’anniversaire de Victoria.

Ilias profite de la musique et danse.

Victoria rit de le voir danser de façon aussi raide.

Ilias lui dit : « eh oui, j’ai vraiment le rythme dans la peau ! ».

Question 1 : Que veut dire Ilias ? (Question ouverte portant sur la compréhension spontanée sans aide de l’intention ironique du locuteur).

Question 2 : Choisis la phrase qui convient le mieux à la situation : A. Ilias pense qu’il a le rythme dans la peau (choix littéral)

B. Ilias pense qu’il n’a pas le rythme dans la peau (choix ironique) C. Ilias pense qu’il va fêter son anniversaire (choix en lien avec le

contexte).

Figure 10. Exemple d’histoire constituées d’un énoncé ironique orienté sur autrui.

Sam est heureux. Il part quelques jours chez son oncle à New York et prend l’avion pour la première fois.

Sa mère doit le conduire à l’aéroport.

Sam, prêt, attend patiemment sa mère qui est toujours dans la salle de bain

Au moment de quitter la maison, elle ne trouve plus

les clefs de la voiture.

Sam lui dit « Surtout, prends tout ton temps ! ».

Question 1 : Que veut dire Sam ? (Question ouverte portant sur la compréhension spontanée sans aide de l’intention ironique du locuteur).

Question 2 : Choisis la phrase qui convient le mieux à la situation :

A. Sam pense que sa maman ne peut pas prendre tout son temps (choix ironique).

B. Sam pense que sa maman peut prendre tout son temps (choix littéral).

C. Sam pense qu’il aimerait être pilote. (choix en lien avec le contexte).