1.1.1.2 et des applications tout autant diverses et confuses
1.2. R ETOUR SUR LES ENJEUX CONCRETS DE L ' ETHIQUE EN SITUATION
1.2.2.1. Le risque comme construction sociale complexe
Risque industriel, risque nucléaire, risque climatique, risque opérationnel, risque de contrepartie, risque de pandémie, risque d’attaque terroriste... et tout ceci pouvant avoir des impacts planétaires.... Le risque est un objet particulier, en tant qu’il se situe à la frontière du réel et de l’imaginaire, voire de l’idéologie. En effet, « interroger la ‘société du risque’, c’est questionner les histoires que notre société se raconte » (Méric et al. 2009:5). Le risque identifié comme réel ou actualisé se présente comme mesurable, modélisable, identifiable dans un espace-‐temps précis qui permet sa prévention ou du moins une préparation pour l’affronter. Mais il repose sur un risque imaginaire ou construit, même fantasmé, qui peut relever de l’irrationnel, de l’émotionnel, du subjectif ou de l’inconscient collectif. Et la frontière entre les deux ne semble pas évidente.
Il est courant de se référer comme fondement conceptuel du risque à la distinction que fait Knight (1921) entre risque et incertitude : le premier est modélisable et probabilisable, le deuxième ne l’est pas et même ne peut être connu. Ainsi, le risque est une incertitude mathématiquement appréhendée par l’homme, une incertitude réduite à des événements précis et probabilisables, ce qui correspond à la définition plus ancienne donnée par Bernoulli (1738 [1954]). Or, ceci implique – et c’est ce qui distingue le risque de l’incident, de la contingence ou de l’aléa – qu’il s’agit d’événements connus et reconnus de l’homme. Ces éventualités peuvent comporter une perte ou un dommage d’une manière ou d’une autre. Ainsi le risque, quelque soit sa forme ou sa manifestation, est une figure négative qui nous place dans un rapport d’adversité avec la situation qui échappe à notre contrôle et dont les conséquences ont un impact direct sur nos objectifs. D’où l’invention continue de moyens techniques (tels que l’assurance, les extensions de garantie qu’on achète avec les produits ou la technologie de surveillance), stratégiques (tels que la prospective), ou tout simplement
culturels (tels que des rituels préventifs) contre l’éventualité et la contingence dont on craint qu’elles ne se matérialisent en risques puis menaces réelles. L’attitude de respect religieux au regard du risque telle qu’on pouvait la constater dans l’anthropologie comparée s’est muté en volonté de contrôle quasi religieuse voire idéologique de gestion des risques posés par une adversité qui est perçue comme telle souvent parce qu’elle est une figure de l’altérité, associée à l’adversité. Or, dans les deux cas, il s’agit d’une construction complexe du risque.
La question de la représentation ou de la perception du risque est emplie de biais : on peut ne pas nous rendre compte des risques qu’on encourt (stade infantile d’innocence ou d’inconscience) ou au contraire être persuadé d’un danger alors qu’il n’y a objectivement pas de risque (paranoïa). Au niveau du collectif ces phénomènes de biais sont amplifiés, et dont l’amplification devient un facteur de risque en soi, qui plus est à portée parfois systémique comme nous avons vu avec la crise de confiance généralisée que la crise des subprimes a engendré. Surtout, en aval, lorsque le risque a été efficacement évité, on peut penser à posteriori qu’en fait il n’y avait pas de réel danger, voire qu’on a perdu une opportunité de faire quelque chose en étant trop prudents. Mais en amont, la logique assurantielle d’un paradigme probabiliste connait un essor sans précédent. Descartes, Pascal, Voltaire et d’autres ont introduit une pensée du probable et du risque par les grandes catastrophes qu’à connut le 17e siècle – le
grand incendie de Londres et le tremblement de terre de Lisbonne au premier chef – et suite auxquelles on constate l’apparition de logiques assurantielles par exemple dans le commerce maritime.
Dans la lecture que font des auteurs comme Giddens (2013) ou Beck (1992, 1996 in Lash et al. 1996), le risque est le trait caractéristique de la modernité, du moins d’une certaine modernité. Ils voient dans la tendance contemporaine à l’assurance tout-‐ risques le virage vers une ‘société du risque’, dominée par un risque omniprésent. Sur le versant négatif, ceci se traduit par une culture de la sécurité et du contrôle à travers l’idéal d’une société du risque nul. Celle-‐ci se manifeste de plusieurs manières : une société assurantielle, l’Etat-‐Providence, une indemnisation qui est prévue pour les victimes, qui sont donc « couvertes » contre le risque par une sorte de « droit au non risque »... Selon cette lecture de la modernité, il y a un changement de perception sociale majeur sur l’acceptabilité ou le refus du sinistre que cause le risque. Mais cette lecture de nos sociétés rencontre de nombreuses critiques. Plus particulièrement, ce qui est souvent reproché à la sociologie du risque que propose Beck, par ailleurs un grand apport à la sociologie et à la pensée de ce phénomène, c’est sa sur-‐généralisation et valorisation, en particulier temporelle. En effet, pour lui la société (moderne) du risque
a une “systematic way of dealing with hazards and insecurities induced and introduced by
modernization itself. Risks, as opposed to older dangers, are consequences which relate to the threatening force of modernization and to its globalization of doubt" (1992:21).
Ainsi, il fait clairement la distinction entre les risques (approche moderne) et les dangers d’antan, qui associaient les cataclysmes naturels à des volontés surnaturelles : les risques sont manufacturés, le produit même de notre action sociale humaine dont les effets ont des impacts à l’échelle de la planète. Or, certains critiquent cette conception radicale du risque réduit à la modernité, comme si l’humanité n’avait pas affronté des phénomènes de dangers planétaires de fin du monde tels que décrits par Beck, ce qui semble nier ce que nous enseigne l’histoire (Turner, 1994 ; Elliott, 2002 ; Solé 2009). En effet, l’homme d’aujourd’hui est autant anxieux sur l’avenir et sur la destruction possible du monde que nos ancêtres mayas (rappelons nous à ce sujet l’obsession autour de cette thématique de fin du monde dans les mois précédents le 21 décembre 2012, supposée y correspondre dans le calendrier Maya). On se rapproche ici d’une valeur aryétique du risque (Jousse, 2004, 2009) qui met l’emphase sur les dimensions négatives du risque, mène à une approche de prudence, ou conservative et donc ne fait pas prendre en compte la valeur réelle du risque. Le risque n’est donc pas une spécificité de notre société occidentale contemporaine, bien que celle-‐ci y soit particulièrement imprégnée (Méric et al., 2009).
Jusqu’au 18e siècle, le sinistre est associé au châtiment divin, selon l’approche de
la théodicée Leibnizienne, et donc en quelque sorte accepté, bien que craint, en tant que faisant partie de l’ordre des choses. Ainsi, la société devait accepter un certain niveau non seulement de risque, mais de sinistralité. Or, notre époque refuserait le sinistre d’une manière généralisée, se couvrant par des dispositifs assurantiels etc. Ceci se traduit par des politiques dans la sphère publique et privée. On attend des gouvernements qu’ils nous protègent de l’insécurité (thème phare des campagnes électorales de la dernière décennie un peu partout dans le monde, avec un retour du leitmotiv du ‘bon père de famille’).
A cette différence près que dans la conception anglo-‐saxonne au sens large, fondée sur l’empirisme, il faudrait expérimenter et gérer le risque, alors qu’en Europe continentale la tendance serait plutôt à la prévention, à la prudence (voir encadré ci-‐ après).
Figure 7: Le Principe de Précaution
Plus que jamais, le 20e siècle a montré l’ambivalence de la notion de progrès. Nous
sommes parvenus à un tel avancement dans les technologies destructrices (armes nucléaires et biologiques, catastrophes écologiques d’origine humaine) que, pour reprendre une expression d’E. Morin, « On est devenu pour nous-‐mêmes un problème de vie et/ou de mort » (2001 : XVIII). Face à la puissance du risque technologique qui nous menace d’autodestruction totale, Hans Jonas (1997, 2008) montre l’émergence d’un nouveau type de problème éthique, puisque la technologie n’est pas, comme on a longtemps pu le croire, neutre du point de vue moral. Les effets sont désormais d’une telle ampleur et d’une nature potentiellement irréversible qu’elles dépassent l’humain. Ainsi se pose la question des repères non techniques qui doivent guider l’action humaine, car la technique ne porte pas en elle-‐même ces éléments de repère et de maîtrise. Construite sur un arrière fond de catastrophe humanitaire et planétaire impossible à prévoir, ceci représente la dimension absolutiste du principe de précaution (Larrère, 2004 :1535), qui tire donc la responsabilité jusqu’à l’horizon des possibles. Originellement conçu pour cadrer des risques technologiques, le principe de précaution s’est aujourd’hui divulgué pour occuper d’autres sphères, parfois avec un sens affaibli, comme garde-‐fou dans la prise de certaines décisions ou situations risquées dont l’évolution est difficile à prévoir et donc à contrôler. L’ampleur et la portée systémique des risques financiers lors de la dernière crise en est un exemple.
Reposant sur la notion allemande de Vorsorgeprinzip, le principe de précaution est adopté par le droit international suite au Sommet de la Terre à Rio en 1992 dans le Traité de Maastricht (puis dans le droit français par la loi Barnier sur la protection de l’environnement de 1995). Il désigne à l’origine la possibilité qu’ont les pouvoirs publics à limiter leur action, selon la prudence sceptique antique, en cas d’insuffisance d’informations afin d’éviter des risques éventuels. Il s’applique d’abord dans le domaine environnemental (ex. réchauffement climatique), ou de santé publique (ex. les OGMs), dans des cas où, bien que nous ne disposons pas de preuves scientifiques sur la nocivité d’un produit ou d’une pratique, la gravité et l’irréversibilité potentielle de ses effets suffit à prendre des mesures régulatrices ou d’interdiction, faute de quoi on risque qu’après il ne sera « trop tard ». Cette initiative est profondément liée à une conscience forte des risques d’ampleur planétaire que connaissent nos sociétés contemporaines mondialisées. Contrairement à la prévention (basée sur une connaissance d’effets indésirables produits dans le passé), la précaution invite à suspendre l’action devant la seule probabilité – non avérée – du risque. Voilà donc une attitude devant le risque qui délimite différemment l’aire de la responsabilité des états ou des organisations privées, en particulier dans des cas de risques technologiques de grande ampleur, et déplace les modalités de gestion des risques (Larrère, 2004). Elle se repose davantage sur des décisions d’ordre politique, au-‐delà du cadre strictement juridique ou scientifique. C’est pourquoi aussi les débats publics ou semi-‐publics font partie intégrante du principe de précaution, et nous voyons la sphère médiatique y prendre une part active et dynamisante.
Notre ignorance sur les effets potentiels que nous pouvons produire est ce qui dicte le devoir au nom du respect de la vie sur terre. On privilégie ainsi les pires scénarios et une « heuristique de la peur » au risque de sombrer dans l’inaction et le catastrophisme. D’autres auteurs (Godard, 1997 ; Godard et al. 2002) invitent à une interprétation différente du principe de précaution, le faisant participer mais non déterminer l’action et la décision publique. Contrairement à la règle d’abstention que semble promouvoir une interprétation forte du principe de précaution, l’interprétation « faible » ou « raisonnable » (Godard, 1997) le place comme critère parmi d’autres afin de décider de courir ou non un risque. On se détache ainsi de l’idéal quelque peu utopique du dommage zéro qui inverse la charge de la preuve : « ce n’est plus à ceux qui craignent le risque de montrer qu’il existe, mais à ceux qui sont susceptibles de l’introduire de prouver qu’il n’existe pas » (Larrère, 2004 :1535). En effet, le principe de précaution reste, dans cette seconde interprétation, un principe d’action, ce qui implique d’agir en conditions d’incertitude en établissant un seuil de risque acceptable, puisque de toute façon on est dans l’incapacité à l’éliminer totalement. Ceci permet d’ouvrir le débat qui contribue à la construction sociale du risque, par exemple non pas en freinant les innovations ou les prises de décision, mais en ralentissant prudemment les processus, afin de pouvoir arrêter la machine en cas de risque avéré (Hourcade, 1997 in Godard, 1997). Plutôt que de condamner à l’inaction, cette interprétation fait appel justement à plus d’efforts dans la poursuite des recherches et des débats publics. Elle implique une attitude morale devant le risque, et non une approche juridique d’imputation de responsabilité. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant.
Quoi qu’il en soit, cette lecture soutient qu’il y a un véritable refus du sinistre que provoque le risque, et qui est donc catégorisé comme une anomalie, l’exception à la ‘normalité’ et au paradigme de la perfection où la conception du risque et de l’incertain est négative. Simultanément, sur le versant positif de cette dualité, il y a la valorisation de la prise et de la gestion efficace des risques comme étant quelque chose de résolument moderne. Dans cette optique, la gestion du risque devient une profession et une source énorme de profit dans des secteurs aussi divers que la médecine préventive, les assurances, les investissements financiers. Le risque, en étant privatisé, se transforme alors en un véritable marché pour les peurs (Méric, 2009). Le pouvoir symbolique est devenu tellement important y compris face au pouvoir économique qu’on parle non seulement de l’importance de gérer des risques, mais même de les produire et d’en être les maîtres : « in late modernity, risk production increasingly
becomes at least as important as wealth production » (Tsoukas, 2005b : 40). Tsoukas
s’appuie sur l’analyse de Giddens qui distingue les deux mécanismes de désencastrement des sociétés modernes : les systèmes symboliques et les systèmes d’experts/expertise. Ces derniers reposent sur l’idée d’une connaissance et d’une
expertise qui repose sur un groupe particulier d’experts et permet de donner des garanties au delà de la distance spatio-‐temporelle. Plus particulièrement, ces experts sont d’autant plus nécessaires que notre société est basée sur une ‘économie des signes’, dont les risques font partie : on vire à une compréhension du risque de plus en plus sous l’angle symbolique et même sémiotique (Tsoukas, 2005b), les signes du risque étant constamment scrutés et interprétés par l’ensemble de la société. Leur valeur en tant que signes est de nature informationnelle, c’est-‐à-‐dire qu’ils n’existent que dans la mesure où ils sont d’une part ‘manufacturés’ et d’autre part qu’ils font l’objet d’une étude scientifique qui les fait voir ou pas. Ces risques peuvent ainsi être magnifiés ou minimisés par une construction sociale particulière qui les fait exister en tant que tels (Beck, 1992, 2000 ; Gephart et al. 2009) en particulier via le langage qui participera de la construction symbolique et de la diffusion (cf. Bourdieu, 2001). La bataille symbolique est donc autant sinon plus importante que la guerre économique : « in the
increasingly reflexive risk society, the quest for legitimacy (i.e. the quest for the accumulation of symbolic capital) becomes extremely important » (Tsoukas, 2005b :46).
Les médias ont alors un rôle amplificateur, et sur les individus et les entreprises repose désormais la responsabilité de se protéger et de protéger les leurs, étant donné le retrait progressif (comme dans la médecine sociale) ou l’incapacité (comme lors d’attaques terroristes ou chimiques) de l’Etat à le faire. La prééminence de l’enjeu sécuritaire est fort et se traduit par le renforcement d’un marché de securities. Ce n’est plus à l’église ou à l’Etat qu’est confié la protection, mais au marché et à ses consommateurs, en véhiculant l’idéologie et l’illusion qu’il suffirait de se couvrir en achetant ces produits pour être à l’abri du risque, en particulier planétaire (Elliott, 2002).
Cependant, une idée que nous retenons même si chez Beck elle nous semble encore une fois trop radicalisée et excessive, c’est que cette nature manufacturée du risque dénote et fait croire à la prééminence du choix, de l’agence rationnelle, du calcul au niveau individuel. Ainsi la figure du héros moderne est celle de l’entrepreneur (Méric et al. 2009:6), qui s’expose au risque mais sort vainqueur : ce sont les traders, les Rockefeller, les Steve Jobs, qui remplacent les aventuriers des mers d’autrefois. Selon Beck, la société, en se dé-‐traditionalisant, laisse place à une individualisation (trop désencastrée et renforçant le présupposé de l’agent rationnel économique à notre avis, cf. Alexander 1996), mais qui comporte aussi l’obligation de se réinventer d’une certaine manière. Si les normes sociales – telles les classes sociales, ou le genre des rôles au sein de la société – ne sont plus dictées par la tradition, il revient donc à l’individu de se faire un chemin, de s’engager dans des choix précis. Si Beck le voit dans une
perspective d’avantage utilitaire et objective poussé par son refus de considérer une perspective postmoderne (donc en un certain sens réductrice ou simplificatrice), ses développements pourraient être poursuivis pour intégrer une dimension encastrée et subjective en termes de construction et perception sociale du risque, mais aussi de la responsabilité, autre qu’assurantielle. Ceci permettrait d’aborder ce sujet en prêtant attention à la manière dont le sens et l’interprétation du risque sont collectivement construits (Elliott, 2002), d’autant plus que les sphères collectives et individuelles sont profondément mêlées, et la définition du risque est donc relationnelle (Boholm & Corvellec, 2011) et même narrative : elle résulte d’une processus collectif de construction où les objets sont constamment dans un processus où ils deviennent risqués et redeviennent non risqués etc. (Maguire & Hardy 2013). Plus encore, la définition du risque représente un enjeu particulier, rarement évoqué jusque là, et qui nous semble intéressant à creuser, puisqu’en effet, des études récentes montrent qu’il peut être le résultat de ce à quoi on donne de la valeur, ou que l’on valorise dans notre pratique (Corvellec, 2010). La pratique managériale sera donc organisée en conséquence : « Value emerges from how managers organize and conduct their activity
(…) Value derives from practice in the sense that managers elicit, develop, and promote a specific (and evolving) view of the organizational good, both in and through their managerial practice » (2010 :150).
Par exemple, dans le monde professionnel, la prise de risque est perçue selon les métiers comme négative ou positive. Alors que les pompiers réclament que leur profession soit considérée et dédommagée pour son caractère risqué (en particulier de leurs vies), les traders sont récompensés pour leurs prises de risque dans la mesure où ces dernières résultent dans des résultats profitables pour la banque. Lorsque la prise de risque est consciente et délibérée, elle implique donc une certaine responsabilité de la part de ceux qui l’encourent. Alors que la banque ‘fait confiance’ à ses traders, et à leur intuition des marchés en même temps qu’elle craint de les perdre et de les voir partir avec leurs réseaux interpersonnels (Godechot, 2006), c’est cette responsabilité elle-‐même qui devient l’objet d’une gestion, appelée aujourd’hui conformité (dont le travail est justement de gérer le risque de non-‐conformité, légal par exemple, qui peut entrainer des sanctions voire engager la responsabilité pénale de l’entreprise).