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LE DIAMANT EN GUINEE FORESTIERE RETOUR A DAKAR PUIS EN FRANCE

Dans le document KABAKOUROU, Michel DEFOSSEZ (Page 71-76)

Mais bientôt je dois partir vers la Guinée malgré le précédent de l'année dernière qui montre que l'hivernage y débute beaucoup plus tôt qu'à Dakar, ce qui semble échapper à mes jeunes Directeurs des Mines. En effet, il y a deux à trois mois d'écart suivant la latitude et l'altitude, et, si les premières pluies débutent en Guinée fin avril, en montagne, dans le Fouta Djalon, la saison des pluies n'atteint Dakar et Bamako qu'en juillet.

Râleur mais discipliné je m'incline d'autant que j'ai rapidement des fourmis dans les jambes et que l'aventure me tente beaucoup. Je me dirige donc vers le sud, vers Kankan, par Siguiri et Kouroussa. II pleut déjà beaucoup et il m'arrive de m'embourber sur cette piste inter coloniale aussi je me demande ce que je vais faire sur les petites pistes dans la

montagne.

A Kankan je suis reçu à bras ouvert par mes amis de l'an dernier, Chermette mon collègue, patron du Bureau Minier, et Scardina, l'infirmier des lépreux chez qui je loge. Après la brousse sèche et brûlante de Kédougou je me remplis les yeux de la verdure qui éclate en ce début d'hivernage : la savane est splendide avec ses grands et beaux arbres qui culminent à quelques 30 mètres et la latérite se fait beaucoup plus discrète.

Honnêtement j'essaie de rejoindre mon secteur de travail, dans la chaîne du Niandam Banié, mais les marigots sont en crue, quelques ponceaux sont déjà emportés. Les petites pistes deviennent impraticables et l'herbe est haute ce qui ne permet guère de faire des observations géologiques sérieuses.

Je décide donc de faire du tourisme professionnel et je me dirige plus au sud avec comme objectif la visite d'une mine de diamants, la Soguinex. La forêt est plus dense et les arbres élevés car c'est une zone de transition où l'on rencontre aussi bien des kapokiers aux fleurs rouges, les karités, les cailcédrats et autres arbres de savane que les lianes à caoutchouc et quelques orchidées qui annoncent la grande forêt tropicale. Pour rejoindre l'exploitation minière nous montons jusqu'à une altitude de 900 mètres et la végétation est

toute différente : c'est un plateau couvert d'une grande prairie verte en ce début d'hivernage, striée de grandes blessures rouges correspondant aux chantiers anciens et actuels

d'exploitation du diamant.

La Soguinex est une société franco-anglaise avec un Directeur anglais et les cadres français. Le Directeur, très courtois, nous offre l'hospitalité, et le lendemain me confie à un ingénieur français pour visiter le chantier de Férédou. L'exploitation est à ciel ouvert car la formation minéralisée n'est recouverte que par un stérile de très faible épaisseur. Les pierres extraites sont petites mais de qualité car ce sont des pierres de joaillerie. La teneur de la couche exploitable est de 1,6 carat (0g32) au mètre cube, c'est à dire une teneur assez limite : la production de ce seul chantier est de 2.000 carats par mois.

Au moment de l'indépendance de la Guinée, en 1958, le gisement sera confisqué, sans autre forme de procès, par Sékou Touré et livré aux exploitants africains qui, avec leurs méthodes artisanales, ne peuvent extraire que les pierres les plus belles, c'est à dire environ le cinquième. Ils écrèmeront le gisement, ce qui le rendra inexploitable puisque sa teneur sera devenue trop faible. Bel exemple de rentabilité ! Mais qui plus est, le profit sera maigre pour le gouvernement guinéen car bon nombre de ces diamants s'évaderont vers la Côte d'Ivoire.

En 1963, je verrai ainsi, à Touba, petite ville ivoirienne située non loin de la frontière guinéenne, toute une rue bordée de comptoirs d'achat de diamants, généralement américains ou sud-africains, où les Africains obtiennent un bien meilleur prix qu'en Guinée. Pour les mêmes raisons les mines du Zaïre verront à la même époque leur production diminuer

fortement quand, parallèlement, la République Centrafricaine aura sa production qui doublera aisément, tandis que le Congo-Brazzaville accusera une production de 1.500.000 carats sans avoir d'exploitation diamantifère ; cependant, dans le cas du Zaïre, les fraudeurs seront plutôt les exploitants européens.

Comme je suis maintenant assez près de Macenta, à la frontière du Libéria, je décide de m'y rendre pour y rencontrer un collègue russe blanc, Goloubinov, qui prospecte le

diamant pour un groupe privé. En quelques kilomètres je plonge de ce plateau herbeux dans la forêt équatoriale étouffante et luxuriante ; je roule entre deux murailles de végétation et j'aperçois à peine le ciel vers le haut. C'est le pays des Guérzés, considérés comme les habitants les plus primitifs de Guinée, sans doute encore anthropophages. Le bruit court, en effet, qu'au cours de certaines cérémonies très secrètes, la pratique de sacrifices humains existe toujours, suivie de "dégustation", mais généralement les victimes sont des gens de passage, des étrangers et... ça se comprend.

Ceci m'est confirmé par mon collègue Robert Couture qui parcourt ces régions frontalières guinéo-ivoiro-libériennes et qui me raconte l'histoire suivante :

« - Ma voiture tombe en panne sur une piste reculée de la forêt et je dois aller à pied chercher un dépanneur à la ville voisine distante de plusieurs dizaines de kilomètres. Au retour je n'aperçois pas de prime abord mon chauffeur, mais le découvre enfin attaché très étroitement au châssis, sous la voiture.

- Qu'est-ce que tu fais là ? je lui demande en le libérant.

- J'avais peur que les sauvages m'enlèvent pour me bouffer ! dit le chauffeur ouolof, aussi je me suis attaché à la voiture pour qu'ils ne m'emmènent pas facilement. »

Couture, lui, ne craint rien, car, comme disent les Africains, les Blancs sont comptés. En effet, quand un Blanc disparaît, il y a automatiquement enquête très approfondie et surtout nous sommes accompagnés d'un ou deux garde-cercles ou goumiers suivant le territoire. Mais, après l'Indépendance, dans les années 60, nous eûmes à déplorer la disparition de deux collègues non accompagnés de gendarmes. L'un d'eux, en Haute-Volta, se blessa en tombant dans une fosse à lion mais, pour éviter les ennuis, les habitants l'achevèrent. La vérité ne se découvrit que tout à fait par hasard, deux ans plus tard, au cours de l'interrogatoire d'un suspect pour une toute autre affaire. Un autre de mes collègues disparut totalement en Basse Côte d'Ivoire : on retrouva sa voiture mais on ne sut jamais ce qui lui était advenu malgré les recherches très poussées de la gendarmerie.

En Guinée, après 1959, les Soviétiques se substituèrent aux Français, du moins sur le plan technique, mais leur réputation était particulière puisque les Africains, avec leur humour caractéristique, les surnommaient "les Toubabous Guerzés" ce qui peut se traduire par les plus sauvages (les guerzés) des Blancs.

Macenta est une jolie petite ville coloniale, avec des maisons basses à galeries, très fleurie, dans les tons vifs avec ses bougainvilliers, ses canas et autres hibiscus. Mon collègue Goloubinov, qui m'attend au campement, me décrit ses dernières prospections qui ont abouti à la mise en évidence d'un gîte diamantifère de 25.000 carats.

Je fais également la connaissance du propriétaire de la Compagnie des Transports Routiers qui, avec 80 camions Ford F3, assure le transit des marchandises entre Kankan et Monrovia, capitale et port principal du Libéria. Cet ancien parachutiste s'est installé après guerre dans cette petite ville frontalière car le port de Monrovia, beaucoup plus proche que Conakry de la Guinée orientale, en assure le ravitaillement en marchandises par une piste unique qui rejoint Macenta.

Pour éliminer la concurrence sa technique était parait-il, (mais on ne prête qu'aux riches) d'envoyer les autres camions dans le fossé en jouant au stock car, sport qui ne pouvait se pratiquer qu'au Libéria où la police est particulièrement vénale et inexistante en brousse. Puis, pour asseoir définitivement son emprise, il épousa la nièce du Président de la

République, Tubman, et obtint le monopole officiel du transport sur cette piste. En 1953, sentant le vent tourner vers l'Indépendance, il vendit son affaire et son monopole pour une confortable somme, de l'ordre du milliard C.F.A., à une grosse société de l'Afrique de l'Ouest. L'acheteur, quant à lui, fit une bien mauvaise affaire car, en 1959 tout fut confisqué par Sékou Touré.

Malgré les pluies, je pousse une pointe vers deux petites villes, N'zérékoré et

Kissidougou, où se trouve une plantation de quinquina, et admire au passage un grand pont de lianes, traversant à 20 mètres de hauteur une rivière d'une cinquantaine de mètres de large. L'usage veut, chez les Africains, que le droit de péage, sans contrôle, soit d'amener avec soi un bout de liane avec lequel on contribue à consolider le pont.

A N'zérékoré je suis reçu dans une grande mission catholique et, comme je retourne vers Bamako à quelques 800 kilomètres de là, on me demande de ramener la Mère supérieure du couvent des soeurs blanches. II ne s'agit pas d'une vieille dame mais d'une assez jolie femme de 32 ans qui est maintenant en Afrique depuis 13 ans : elle est partie sans espoir de retour car telle était la règle alors. Heureusement, les responsables des missions se sont aperçus quand même que l'espérance de vie des missionnaires est vraiment faible, 35 ans paraît-il chez les pères Blancs, et que maintenant, avec les transports aériens, il est possible à ces religieux de venir rapidement se régénérer en France. Il semble qu'actuellement, en 1983, le séjour d'un missionnaire soit de 3 ans en Afrique Noire, ce qui est déjà assez épuisant pour un organisme européen.

Flanqué de ma bonne soeur, qui est du nord de la France comme moi, je mets en ce début d'hivernage cinq jours pour rejoindre Bamako. Chaque soir nous trouvons gîte et couvert dans une mission à l'exception de Beyla où, faute de couvent, nous sommes reçus par un Administrateur issu d'une grande famille indienne, haut en couleur, qui nous accueille à dîner somptueusement. Nous en sortons à une heure avancée de la nuit, légèrement éméchés, et ma Mère supérieure s'appuie quelque peu contre moi pour garder son équilibre, en tout bien tout honneur.

A Kankan, je quitte mon fidèle Joseph qui est originaire de la région. Je vais rentrer en France et, plutôt que de le ramener à Dakar, où il va végéter dans la grande ville, je préfère le laisser dans sa tribu avec un bon viatique. D'ailleurs notre séparation est devenu d'autant plus nécessaire que ma femme ne peut s'entendre avec lui car c'est un boy de célibataire qui a pris beaucoup de liberté dans le travail : pendant l'hivernage, à Dakar, il disparaissait des semaines entières et je ne le voyais que pour la paye. Evidemment ma femme demande plus d'assiduité mais, surtout, mon Joseph a eu quelques histoires à Bamako. C'est un chaud lapin et il a porté son dévolu sur une des femmes du tirailleur qui garde l'entrée de l'hôpital du Point G.. Ce ne serait que demi mal s'il acceptait de dédommager ce militaire, comme le veut l'usage, mais il se fait tirer l'oreille et finalement se libère de sa dette en lui donnant une paire de draps dérobée à l'hôpital. Ma femme le tire d'affaire en prenant les draps à sa charge mais la coupe est pleine.

Je l'emmène donc en Guinée sans être encore absolument déterminé à m'en séparer. Or Joseph a un autre gros défaut, il boit. Il aime beaucoup mon vin et mes apéritifs et, pour cette tournée, j'ai emmené une caisse de bouteilles de vin en lui recommandant de ne pas y toucher. Quelques jours plus tard, en pique nique, j'ouvre une bouteille et je constate que le vin est particulièrement mouillé, sans doute 3/4 d'eau. Il en est ainsi pour toutes les bouteilles et c'est la goutte d'eau qui fait déborder la coupe, si l'on peut dire. Ce dernier incident me confirme dans ma décision de m'en séparer mais ce n'est pas sans regrets. Le destin n'a pas voulu que nous nous retrouvions d'autant que je n'aurai plus l'occasion de retourner dans cette région mais Joseph est resté très vivant dans ma mémoire avec tout son dévouement en brousse et... sa fantaisie.

A Bamako je retrouve ma femme et sa petite ménagerie, chien, perroquet, tortue et toute une volière d'oiseaux multicolores. Sur le balcon les plantes ont bien poussé des fleurs, pétunias, couronnes de Christ et même des tomates que nous récoltons.

C'est la période du carême musulman, le ramadan, que les Bambaras respectent scrupuleusement en jeûnant depuis le lever jusqu'au coucher du soleil qu'annonce le muezzin. Ils ne boivent aucune goutte d'eau pendant la journée bien qu'il fasse très chaud et très sec mais ils se rattrapent la nuit en buvant, mangeant, tout cela avec beaucoup de bruit d'où l'expression populaire française "faire du ramdam". Naturellement, l'activité pendant cette période est très réduite car comment obtenir un travail sérieux de gens qui prennent le jour pour la nuit et ceci pendant un mois.

Début juillet, après les tornades sèches qui mettent les nerfs à vif, les premières pluies tant attendues s'abattent sur Bamako et, en une nuit, toute la plaine de rouge brique devient verte. Les gens respirent mieux, l'air est beaucoup moins sec et la température diminue fortement. Les paysans se mettent au travail et sèment le mil et l'arachide, les Européens revivent.

Quant à nous, nous préparons nos bagages, cantines et caisses, avant de rejoindre Dakar. Le pick up plein est chargé sur une plate-forme d'un train de marchandises car il n'est pas question de rentrer par la piste pendant la saison des pluies. Yoro, mon chauffeur, et son aide chauffeur élisent domicile dans la cabine de la voiture pour garder le chargement qui, sans eux, disparaîtrait rapidement.

II se pose un problème pour Maeva qui est arrivée au Sénégal en 1950, un an après moi, et qui doit effectuer, comme tout fonctionnaire colonial, un séjour de deux ans. Elle ne tient pas à quitter son métier qu'elle fait avec une grande conscience et demande donc un congé sans solde pour m'accompagner en France. Mais, mystère de l'âme humaine ou plutôt expression de la bêtise humaine, le colonel Vernier refuse et, mal informée, elle décide de démissionner car elle n'envisage pas un seul instant une séparation de six à huit mois quand nous avons déjà tellement été séparés depuis notre mariage. En compensation elle élèvera 4 enfants dans des conditions homériques pour les deux premiers surtout, puisqu'elle me suivra en pleine brousse.

A Dakar, on nous loge dans une villa du Point E. avec mes deux amis de l'Ecole des Mines, Dominique et Marcel. Je ne sais si c'est le fait d'être quatre mais nous "mangeons comme quatre". Les repas sont toujours copieux et je m'étoffe tellement que je prends presque du ventre. Il est vrai que j'étais maigre comme un chien de brousse et que je n'ai plus la même dépense d'énergie. Je passe mes journées au bureau à étudier mes échantillons au microscope, à rédiger mes rapports sur ces deux ans de terrain, à tracer des cartes et préparer une

conférence que je dois faire à mes collègues.

Pour m'aérer un peu, je m'adonne à la pêche au lancer qui, à Dakar, est passionnante aussi bien sur la plage que dans les roches volcaniques, comme aux Mamelles. On pêche à la bulle d'eau, avec des plumes, ou à la cuillère et les prises sont fréquentes et belles : des bars, des bars mouchetés que l'on confond avec la truite de mer, des abadèches, poissons de roches du genre mérou. Parfois on pêche, à la palangrotte, des vieilles, des perroquets multicolores ou des murènes dans les rochers, des liches, des bars ou des capitaines, genre de maigres, sur les fonds sableux. Ces derniers poissons peuvent atteindre 10 à 15 livres et même plus mais ma plus belle prise a été un espadon de 31 kilos et 2m10 de long. Il est vrai que, pour ce faire, j'avais frété à Gorée un petit bateau spécialement équipé pour ce genre de pêche avec un équipage formé de deux pêcheurs ouolofs dont j'avais suivi les conseils à la lettre. On se régale également de langoustes qui sont très bon marché et d'oursins que je pêche aux Almadies.

Nous avons fait l'achat d'une 203 d'occasion et nous visitons la petite côte avec ses plages immenses presque désertes, Thiaroye, le Cap des Biches, près de Rufisque, et M'Bour.

Vers le nord, nous allons jusqu'à Cayar, une plage de pêcheurs. Cependant, au plus fort de la saison des pluies, nous restons sur la route goudronnée qui s'arrête entre Rufisque et M'Bour.

Les tornades sont parfois de vrais déluges et il n'est pas rare à l'entrée de Dakar, au quartier de la "Gueule Tapée" où l'eau s'écoule vers la mer, d'avoir de l'eau jusqu'aux genoux sinon jusqu'aux hanches. On raconte qu'il arrive que des enfants se noient dans ce torrent de boue et d'eau. L'année de mon arrivée, une femme s'est noyée, entraînée sous un camion et prise dans un tourbillon sous les roues. Et pourtant quelques années plus tôt l'administration française a construit un grand canal de drainage pour évacuer le trop plein d'eau vers le petit port de Soumbedioune. Dans notre villa, nous avons également des problèmes du même style, et il arrive que l'eau inonde les chambres, que les alentours se transforment en marécage et nous rentrons les pieds boueux, au grand dam de la maîtresse de maison.

En novembre, nous embarquons sur le "Provence" qui vient d'Amérique du Sud et nous débarquons à Marseille après escales aux Canaries et à Tanger. Je prends livraison de ma première voiture neuve, une traction avant Citroën, avec laquelle nous rejoignons Paris et le Nord où nous retrouvons nos parents respectifs.

A Marseille les douaniers ont visité de manière approfondie nos bagages en allant jusqu'à déclouer la toile de fond de ma malle cabine. J'ai été chercheur d'or pendant deux ans, j'ai visité une mine de diamants et dans leur esprit vicieux je ne peux sans doute que m'être constitué un magot. Naturellement visite infructueuse, mais où je prends violemment à partie les gabelous c'est quand je constate qu'ils n'ont pas été capables de remonter la machine à coudre de ma femme.

Après la cure à Vichy, obligatoire pour tout broussard, retour à Dakar fin août. Je repars seul car le 3 juillet m'est née une fille, Pascale, qui ne pourra me rejoindre que lorsqu'elle aura quelques mois, afin d'avoir les vaccins indispensables.

DEUXIEME PARTIE

LA BOUCLE DU NIGER : LE GOURMA

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