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LA FAMILLE M'ACCOMPAGNE

Dans le document KABAKOUROU, Michel DEFOSSEZ (Page 142-147)

UN TARGUI DEMANDE MA FILLE... EN MARIAGE

A peine rentré, me parvient un télégramme de ma Direction dakaroise qui s'étonne de ne pas avoir eu de rapport en janvier, ce qui me donne l'occasion de constater une fois de plus que ma Direction est au-dessus des contingences matérielles et trouve tout naturel que je travaille sans argent. Il est vrai que, si mes véhicules avaient été en état j'aurais certainement, comme à Kédougou, avancé l'argent de ma poche. Quelle époque bénie pour ce type de patrons : les choses ont bien changé depuis I

Sur ces entrefaites, mon ami Paul Masclanis, qui opère au sud et sud-est de mon secteur, arrive à Gao pour nous demander, à Henri Radier et moi-même, de l'accompagner sur le terrain car, le long du Niger, il a fait semble-t'il une observation très importante du point de vue stratigraphique et désire notre avis.

Il se trouve que, pendant la guerre, un de nos prédécesseurs, Maurice Roques, professeur de géologie renommé, a été chargé de la synthèse stratigraphique de l'A.O.F. et que, en particulier, il l'a basée sur un granite, observé le long du Niger, dont il a fait la pierre angulaire de son hypothèse. Pour lui, il s'agit du socle profond, le plus ancien reconnu en A.O.F., et qu'il classe en Précambrien avec un âge de l'ordre du milliard d'années. Or Paul vient de constater que des filonnets de ce granite pénètre la formation quartzitique considérée jusqu'ici comme postérieure. De ce fait, toute l'échelle stratigraphique est à revoir puisque le granite intrusif dans la formation quartzitique lui devient à son tour postérieur.

Quelques années plus tard, quand nous aurons à disposition les mesures d'âge absolu, il sera prouvé que ce granite est l'un des plus jeunes d'A.O.F., dans les 300 millions d'années, et qu'il n'est même plus précambrien mais appartient à l'ère primaire.

Naturellement notre travail est beaucoup plus fouillé et précis que celui de nos prédécesseurs - nous ne travaillons pas à la même échelle - et il est normal que nous modifions leurs hypothèses que l'on peut considérer comme une base de travail. Il est à noter que Paul est un ancien élève de ce professeur, ce qui illustre l'adage que l'on est jamais si bien trahi que par les siens ! En fait, nous ne pouvons correctement faire notre métier de chercheur que si nous sommes anticonformistes et c'est pourquoi nous n'hésitons pas à déboulonner les statues.

Au cours de cette tournée, nous comptions voir les girafes qui, dans cette région, en fin de saison sèche, se rapprochent du fleuve mais notre espoir est déçu, sans doute est-il trop tôt.

Cette petite réunion a été très positive, aussi, au retour, j'explique à Henri Radier qu'il serait intéressant de renouveler cette opération dans le secteur d'Hombori - Douentza où j'ai fait certaines observations qui semblent remettre également en cause la théorie stratigraphique du professeur Roques. Nous arrêtons comme date le 5 avril à Douentza. II est décidé de convier, par lettre, mon voisin occidental, Guy Palausi, à participer à ce minicongrès.

A Gao, j'apprends par le garagiste qu'il y en a bien pour trois semaines pour remettre en état mes deux véhicules. Sur le Willys, il est préférable de remettre le moteur d'origine maintenant refait, avec tout ce que cela comporte, sans oublier le remplacement du disque d'embrayage. Quant au power, il est nécessaire de remplacer les roulements et bagues de fusée, refaire les freins, changer la pompe à eau ainsi qu'une serrure de portière.

Tout cela coûte très cher, prend du temps mais à qui la faute ? sinon à la Direction qui m'a affecté des véhicules usagés, insuffisamment révisés pour travailler dans une région particulièrement dure où les difficultés se renouvellent suivant que l'on est sur erg, sur reg ou dans une forêt d'épineux.

Je mets ces quelques jours à profit pour classer mes échantillons, retracer ma carte en réétudiant chaque itinéraire et en recalant l'ensemble sur les points astronomiques, et rédiger mon rapport mensuel. En fin d'après-midi je vais souvent au bord du Niger pécher quelques "queues rouges" et le dimanche nous traversons le fleuve en pirogue jusqu'à la grande plage en bas de la dune rouge.

Il m'arrive avec mon ami, le capitaine Schmidt, de tirer quelques bords sur le fleuve, sur un petit esquif genre "optimist" muni d'une seule voile. L'embarcation est un peu frêle mais qu'importe puisque l'harmattan nous pousse.. et vogue la galère !

La colonie européenne est en effervescence car les élections au Conseil Général ont lieu cette première quinzaine de mars. Nous avons le choix entre deux candidats aussi dissemblables que possible. D'une part un parfait honnête homme, directeur d'école nomade chez les Touaregs, blond, longiligne, doux, timide, que les mauvaises langues taxent

d'homophilie, de l'autre Garcia, petit, noiraud, vif, dynamique mais certainement flibustier sur les bords.

En cette année 1954 nous sommes en pleine évolution puisque l'indépendance pointe son nez et que le Gouvernement français s'oriente résolument sinon vers une solution aussi radicale, du moins vers un genre d'autonomie. Les deux candidats ne semblent pas opposés à cette évolution, dont on ne sait d'ailleurs à quel rythme elle se fera, et sont assez bien vus par la population africaine mais l'un est fonctionnaire donc amovible, tandis que l'autre a de sérieuses attaches à Gao puisqu'il y a créé un hôtel et un garage.

Ma femme et moi sommes partagés : sa préférence va vers l'instituteur dont l'intégrité est absolue mais je pense, dans les circonstances actuelles, qu'il est préférable d'opter pour Garcia qui me semble plus déterminé et qui est rivé à la région par ses entreprises. Il est évident que, si ma femme et moi votons suivant nos penchants respectifs, notre vote

s'annulera. II vaut donc mieux avoir un choix commun et en définitive nous tirons à pile ou face et c'est le garagiste qui est désigné.

Le vote se passe au centre administratif, dans une petite pièce inondée de soleil, où chaque candidat a son représentant. Les bulletins proposés sont de teintes différentes et nous votons sous enveloppe que nous déposons dans l'urne. Je vois alors le représentant de Garcia s'illuminer tandis que son vis-à-vis se renfrogne.

- Comment ont-ils pu savoir pour qui nous avons voté ?

J'aurai l'explication le soir même chez Garcia, qui sera battu d'ailleurs, quand on m'expliquera qu'il était facile de contrôler la teinte du bulletin car, sous le soleil, les enveloppes étaient transparentes !

Je prépare ma prochaine course dans le Gourma avec beaucoup de soins car, cette fois, Maeva veut m'accompagner et nous emmenons Pascale. Ma femme aimerait bien se faire une idée de la région où je travaille mais surtout je voudrais lui faire connaître l'administrateur de Douentza et sa femme qui, seuls blancs dans cette petite ville, aimeraient bien y voir

s'installer un autre couple d'Européens. Personnellement, je n'y vois que des avantages car Gao devient nettement excentrique par rapport à ma zone de travail qui se situe maintenant entre Hombori et Douentza.

Accompagné par un nouveau goumier, envoyé par l'administrateur de Gao qui, sur ma demande, m'a fait cadeau de bonnes cartouches supplémentaires pour la chasse, le 20 mars, avec femme et enfant, je prends à nouveau le bac du Niger. Vers Midi, nous avons fait les 160 kilomètres qui nous séparent de Gossi où nous installons le campement sous un grand arbre, près de la mare, et le premier soin de Maeva est d'installer Pascale sur son petit pot. Aussitôt accourt toute une bande de jeunes Touaregs qui l'entoure en se gaussant mais ma fille, déjà coquette, fièrement campée sur son trône, joue l'indifférente.

Le plus agé de ces adolescents, qui me dit avoir 17 ans, m'apprend qu'il appartient à l'école nomade de Gourma Rharous où il prépare le certificat d'études. On parle naturellement

de ma fille que sa mère vient de reculotter et qui trotte autour de nous quand, soudain, ce jeune Targui me demande à brûle pour point, avec un léger sourire :

Combien ( sous-entendu quelle dot ) demandes-tu pour ta fille car je voudrais l'épouser ? De deux choses l'une : ou ce jeune homme est sincère et je ne veux pas le vexer en refusant nettement, ou il me tend un piège, ce qui est plus probable, et il faut donc jouer le jeu.

- Elle est encore bien jeune et j'aurai beaucoup de peine si je la quitte : ça va te coûter très cher.

Mais je paierai ce qu'il faudra, ton prix sera le mien !

En fait il me suffit de mettre la barre très haut, de fixer un prix impossible à satisfaire et il se trouve que j'ai, pour ce faire, une référence car je sais combien le chef de Tin Akoff vient de payer son épouse : 100 vaches, ce qui est déjà exorbitant

Je propose donc 500 vaches et le jeune Targui lève les bras en riant : Tu es quand même vraiment cher !

- Que veux-tu, c'est ma seule fille et j'y tiens beaucoup. Et puis elle est absolument blanche et de très bonne famille !

Cette pureté de la race blanche est un argument déterminant pour faire comprendre à mon interlocuteur que ma fille est inestimable. En effet, les Touaregs du sud Sahara, comme ces Kel Doro ou Kel Gossi, se sont métissés avec leurs esclaves noirs, les Bellas,

contrairement à leurs frères du nord qui sont nettement plus clairs. Ces derniers, qui se considèrent comme des guerriers, n'ont que mépris pour leurs frères du sud, abâtardis, qui, pour eux, ne sont en fait que des pasteurs. De ce fait, le prix que je demande peut s'admettre... à la limite.

L'après-midi, quand le soleil commence à décliner, nous levons le camp pour arriver à Hombori, distant de 80 kilomètres, à la tombée de la nuit. Nous nous installons à la résidence qui, quoique délabrée, offre deux pièces "relativement" propres, meublées sommairement. De toutes façons, étant donnée la chaleur qui y règne, nous installons nos lits pliants, sous

moustiquaires, à l'extérieur en espérant que la nuit nous apportera un peu de fraîcheur. Pendant que ma petite famille reste à Hombori, j'ai l'intention de terminer l'exploration des collines qui ceinturent au nord et à l'est les "garas" de Hombori et de Garémi, cette dernière étant appelée également "main de Fatma". Les deux premiers jours, je circule sur des regs couverts de quartzites, roches dures offrant parfois des arêtes coupantes, au grand dam de mes pneus, et je réintègre, en fin d'après-midi, ma "résidence".

Pascale s'est prise d'amitié pour un grand mâle d'autruche qui, élevé dans le village, le parcourt librement jusqu'à ce qu'il fasse l'objet d'un festin pour la communauté. Elle le suit d'un air décidé, accompagnée d'une cour de petits noirs. Aussi le matin, au petit déjeuner, qui se passe dehors, je dois me gendarmer à coup de samara contre l'autruche qui, maintenant très familière, vient sans vergogne piquer de son bec pointu ce qu'il y a sur la table, le pain et surtout le beurre que Maeva a ramené dans une boîte à glace.

Le troisième jour, je me dirige, à travers dunes, vers le Nord, vers Dimamou, où se trouve une carrière de marbre noir et rose à filonnets laiteux de calcite. Cette carrière est exploitée depuis des temps immémoriaux par des artisans qui, suivant un usage qui remonte peut-être à la préhistoire, façonnent des bracelets, bijoux "de poids", sans doute très prisés par les femmes.

En cours de route j'ai rencontré, aux pieds de collines de quartzite, deux puits assez profonds, une bonne vingtaine de mètres, qui permettent à quelques troupeaux de subsister, quoiqu'ils ne trouvent qu'une bien maigre pitance, les "markoubas" des dunes.

Au retour, le Willys pose encore des problèmes et, après auscultation, mes chauffeurs me disent qu'il faut changer les joints de culasse car, disent-ils, le moteur a sans doute été mal "raboté" à Niamey. Quoiqu'il en soit, il n'est pas question de réparer sous le vent de sable et, une fois de plus, il nous faut remorquer le Willys avec le câble du treuil agrippé à l'arrière du power.

Nous sommes en plein erg et nous progressons péniblement à coup de "creshbas" dans le sable, mais enfin nous arrivons à la dernière dune, la plus haute, qui domine le village de Hombori d'une cinquantaine de mètres. Mamadou Traoré, qui a mis les roues motrices, s'apprête à descendre le flanc le plus abrupt vers la plaine mais, au moment où la crête sépare les deux véhicules, le chauffeur est obligé de donner "un coup de collier" auquel le câble en acier ne résiste pas... et ceci en début d'après-midi, à l'heure la plus chaude, sous l'harmattan qui souffle du désert son air brûlant chargé de sable. II nous reste heureusement le câble du treuil du power, mais quand j'arrive une heure plus tard à la résidence je ne suis pas à prendre "avec des pincettes" et je m'en prends à ma femme qui m'a pourtant, dans la mesure de ses moyens, préparé un bon petit plat...et dire qu'aujourd'hui c'est justement son anniversaire !

Le lendemain, réparation faite, nous repartons vers Douentza avec un arrêt à l'heure la plus chaude, à Boni, chez un chef de canton peuhl dont j'ai fait la connaissance

précédemment. II met à notre disposition une case très propre où les miens peuvent s'abriter du soleil. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, énorme, qui se déplace difficilement. En buvant chez lui les trois tasses de thé traditionnelles, il me parle des diverses ethnies qui peuplent la boucle du Niger et des rivalités sanglantes qui les opposaient avant que les

Français, par leur présence, imposent la paix. Il me montra ainsi, à quelques mètres de sa case, l'endroit où, quelques années avant la guerre de 40, un chef targui, qui menait l'attaque du camp peuhl, a été tué.

Au cours de cette halte, Maeva me prend en photo, arborant le chèche qui est maintenant mon couvre-chef habituel, Pascale dans les bras, auprès de la plus jolie fille du chef, les seins nus comme il se doit, coiffée du cimier.

A Douentza Clément me loge dans la "case du Gouverneur", petite maison surélevée en banco, assez confortable, entourée d'une galerie où l'on accède par un escalier. Cette habitation, située à l'intérieur du parc, assez éloignée de la Résidence et des bureaux, est en fait suffisamment isolée, sous les grands arbres, pour que le Gouverneur puisse jouir d'une totale tranquillité et recevoir discrètement qui bon lui semble. Nous y sommes donc parfaitement bien et l'administrateur nous la mettra totalement à disposition à partir de mi-avril jusqu'à notre départ vers Dakar en juin : il est en effet improbable que le Gouverneur veuille quitter son confortable palais de Bamako pour inspecter ses administrateurs en fin de saison sèche où la température oscille, à l'ombre, autour de 45°.

Mes chauffeurs estiment qu'il vaut mieux, pour le Willys, éviter dorénavant le tout terrain car on risque fort d'être à nouveau amené à en changer les joints de culasse et obligé de le remorquer. Je ne sais s'ils ont raison, mais cela fait plus de 1000 kilomètres de remorquage que l'on fait au cours de cette campagne et ma patience est à bout. Aussi, quitte à prendre des risques supplémentaires, je préfère partir en exploration avec le seul power wagon et les deux batteries de 12 volts des deux véhicules car... se pose toujours pour le power le problème du régulateur disjoncteur presque obsolète.

Avec une équipe restreinte je prends la petite piste vers le nord qui contourne le Gandamia jusqu'au village de Kikara où l'an dernier j'ai beaucoup apprécié, en compagnie de Bernard, la belle source. Puis, en tout terrain, c'est un parcours de pierrailles jusqu'aux dernières collines de quartzite et ensuite l'erg que j'ai traversé précédemment jusqu'au lac Niangaye. Nous nous dirigeons alors vers le nord-ouest, vers une mare d'hivernage que me signale mon goumier.

Le soir, après 60 kilomètres de tout terrain depuis Kikara, nous campons au sommet d'une dune, non seulement afin d'avoir un peu d'air le nuit mais surtout pour faire démarrer la voiture le lendemain en la poussant ; si ça ne marche pas, reste la batterie de secours! Mais ces batteries en bakélite ont la fâcheuse habitude de gonfler sous l'effet de la chaleur ce qui, lorsque les plaques se touchent, créé un court-circuit et les déchargent. De ce fait, en dernier ressort, il nous restera le retour à pied vers Kikara. Pour ce cas extrême nous aurons la guerba qui contient une vingtaine de litres d'eau et puis nous ne risquons pas de "louper" la falaise du Gandamia qui barre l'horizon.

Tout cela est donc bien étudié, néanmoins le lendemain c'est avec anxiété que nous poussons le power qui, après quelques toussotements...veut bien démarrer. Cette journée est d'ailleurs bien particulière car il tombe maintenant une sorte de bruine tout à fait

exceptionnelle pour l'époque. II s'agit de l'unique pluie en saison sèche, que j'ai déjà observée les années précédentes, et qui tombe généralement au mois de mars : on l'appelle "la pluie des mangues", car elle correspond à l'époque de maturation de ce fruit.

Au bas d'une dune nous apercevons un troupeau d'autruches qui, lentement, marche sous ce crachin, par notre travers. Elles sont bien à 150 mètres aussi je descend pour

m'appuyer, avec le fusil 36 du goumier, contre l'aile avant du power. A mon coup de fusil je vois nettement une bête s'écrouler mais, quel n'est pas mon étonnement quand, sur place, je constate qu'il y a en fait deux bêtes couchées : la balle a traversé la première autruche à hauteur des poumons et cassé la hanche de la seconde. C'est un coup double d'autant plus heureux qu'il nous donne de la viande en abondance car chaque animal fait bien son quintal.

Les deux jours suivants nous faisons une centaine de kilomètres tout terrain en contournant le Gandamia dans une région particulièrement caillouteuse: sans cesse ballottés dans la cabine, nous parcourons un reg couvert de roches éparses aux arêtes parfois vives qui nous font crever plusieurs fois. Les affleurements sont nombreux, les observations très

intéressantes, mais ce désert minéral et inhospitalier me porte sur les nerfs par cette touffeur et j'ai hâte d'en finir. Tout compte fait, je me sens plus à l'aise dans les dunes vallonnées dont le sable me parait plus amical, plus chaud et ... plus tendre car je ne suis pas secoué comme un prunier pendant des heures : c'est avec un soupir de soulagement que je débouche sur la piste de Hombori - Douentza, au village peuhl de Nokara groupé autour d'un puits permanent.

A Douentza, ma femme est enchantée de sa nouvelle résidence nichée sous de grands cailcédrats dont elle apprécie d'autant plus l'ombre qu'à Gao notre concession est totalement

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