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l’évolution de la critique

I.2. Bref état de la recherche

I.2.3. Positionnement scientifique

I.2.3.1. Le cadre de la Textsortenlinguistik

Les études sur la recension germanophone ont jusqu’à présent seulement présuposé son statut de genre textuel. Ce statut présumé permet aux différents travaux soit de se servir de la recension comme d’un outil de recherche (Ripfel 1989), soit d’étudier sa configuration interne (Zillig 1983), ou bien encore son degré de normativité lexicale (Dalmas 1999). On trouve également le cas d’études spécialisées dans un type de recension (Adam 2007) ou à l’inverse d’études qui ne distinguent pas les différents types de recensions (Jokubeit 1981). En ce qui concerne la présente étude, elle repose également sur l’hypothèse de départ selon laquelle la recension journalistique est un genre textuel. Or, l’étude d’un genre textuel à partir d’un corpus de textes s’inscrit en toute logique dans la perspective de la linguistique textuelle et plus particulièrement de la Textsortenlinguistik allemande, qui se donne pour objectif la mise au point de méthodes d’analyse et de classification de textes :

Unter Textsortenlinguistik ist also ein wesentlicher Bereich der Textlinguistik zu verstehen, dem die Aufgabe zukommt, Texte jeweils mit Bezug auf einen bestimmten Kommunikationsbereich als Textsorten zu analysieren, zu beschreiben und zu systematisieren (Gansel 2011 : 13).

Il s’agit de comprendre le rapport entre texte et contexte, entre texte et situation de communication. La linguistique textuelle repose sur une conception du texte telle qu’elle est définie par R. De Beaugrande et W.-U. Dessler :

Wir definieren einen Text als eine kommunikative Okkurenz, die sieben Kriterien der Textualität erfüllt. Wenn irgendeines dieser Kriterien als nicht erfüllt betrachtet wird, so gilt der Text nicht als kommunikativ. Daher werden nicht-kommunikative Texte als Nicht-Texte behandelt (De Beaugrande & Dressler 1981 : 3).

Ces sept critères de la textualité sont la cohésion, la cohérence, l’intentionalité, l’acceptabilité, l’informativité, la situationalité et l’intertextualité. Même si cette définition n’est pas sans poser de problèmes dans le domaine de la linguistique textuelle, les limites auxquelles elle se heurte n’ont ici aucune incidence. Dans la mesure où la démarche adoptée ici est en partie empirico-inductive, le corpus de travail est constitué de textes en situation de communication, c’est-à-dire qu’il s’agit de textes publiés dans la presse et dont les frontières ne posent pas de problème de délimitation. Il n’en reste pas moins intéressant de prendre en considération ces critères de la textualité pour identifier le(s) dénominateur(s) commun(s) à un ensemble de textes. Quant aux objectifs de la Textsortenlinguistik, ils ne consistent pas, dans une démarche purement théorético-déductive, à dresser un catalogue d’impératifs à prescrire et/ou à proscrire dans tel ou tel genre. Ils reposent davantage sur le présupposé selon lequel la

production et la réception de textes se fait dans le cadre de genres textuels, à savoir de modèles complexes développés au sein d’une communauté linguistique donnée. Autrement dit, ces modèles relèvent d’une construction mentale, ils sont le résultat d’une évolution socio-historique, mais ils participent également d’un processus cognitif de production et de réception, comme le suggère U. Fix : „Wie lässt sich die Menge der Texte bzw. ihrer Muster sinnvoll strukturieren, gruppieren, klassifizieren? […] Ein Text extistiert nicht als Gesamtphänomen – dies ist ja nur ein gedankliches Konstrukt“ (Fix 2002 : 24). Ainsi, on distingue deux approches scientifiques : l’analyse de genres textuels et la classification de textes. Cette distinction se traduit différemment selon les auteurs : C. Fandrych et M. Thurmair (2011 : 13) parlent d’une approche empirico-déductive opposée à une approche théorético-déductive ; U. Fix (2002 : 26) exprime cette opposition par les expressions de démarche top-down et de démarche bottom-up. C’est ce que traduit la distinction généralement faite entre Textmuster et Textsorte :

Die Termini „Textmuster“ und „Textsorte“ werden nicht gleichgesetzt, sondern für die unterscheidende Bezeichnung zweier Seiten ein und derselben Sache verwendet. […] Mit „Textmuster“ wird nun der qualitative Aspekt einer solchen Textgruppe erfasst. Man kann ein Textmuster als eine Anweisung mit prototypischen Elementen und Freiräumen betrachten, das über die jeweiligen inhaltlichen, funktionalen und formalen Gebrauchsbedingungen für Texte einer Texsorte informiert, also über deren thematisch-propositionale, handlungstypisch-illokutive und stilistisch-formulative Mittel. Mit dem Terminus „Textsorte“ wird der quantitative Aspekt erfasst, der besagt, dass es Gruppen von Texten gibt, die jeweils einem eigenen Textmuster folgen. Unter einer Textsorte ist demnach eine Klasse von Texten zu verstehen, die einem gemeinsamen Textmuster folgen (Fix 2002 : 26).

Ainsi, le Textmuster, le schéma textuel, est un ensemble de critères théoriques visant à une classification de tous les textes existants. La Textsorte, à l’inverse, est l’observation dans un groupe de textes de traits distinctifs. Il est à noter que cette distinction n’est pas opérée par tous les auteurs. K. Adamzik (2002), notamment, rejette cette opposition entre un terme quantitatif et l’autre qualitatif pour réserver l’expression de Textsorte à des genres textuels présentant un fort degré de normativité. K. Brinker133, quant à lui, emploie comme des synonymes les termes de Textsorte, Textklasse et Texttyp. Lorsqu’une différence est opérée entre ces termes, elle se fonde sur des paramètres spécifiques. Ainsi, pour C. Gansel (2011 : 12), le terme de Textklasse délimite des domaines de communication. Pour les identifier, il faut relever des marqueurs externes au texte, à savoir des marqueurs qui relèvent

133 „Textsorten (wir sprechen gleichbedeutend auch von Textklassen oder Texttypen) sollen als komplexe Muster

sprachlicher Kommunikation verstanden werden, die innerhalb der Sprachgemeinschaft im Laufe der historisch- gesellschaftlichen Entwicklung aufgrund kommunikativer Bedürfnisse entstanden sind“ (Brinker 2010 : 120).

de la situation de communication134. Au sein de ces Textklassen, existent des Textsorten qui leur sont spécifiques135. Enfin, le terme de Texttyp136 désigne les formes qui font l’objet d’une typologie en fonction de critères internes au texte, c’est-à-dire en fonction de critères morpho- syntaxiques, fonctionnels ou stylistiques. Contrairement au genre de texte, les types de textes ne sont pas spécifiques à une classe de textes. Ces distinctions, si elles ne font pas l’objet d’un consensus, présentent tout de même l’intérêt de singulariser les différentes formes de recensions. D’après ce modèle, le discours journalistique et le discours scientifique constitueraient deux classes de textes. Au sein de chaque classe, on peut supposer empiriquement l’existence de plusieurs genres correpondant à des pratiques spécifiques à la classe. Ainsi, l’éditorial, la recension, le bulletin météo ou le reportage seraient autant de genres spécifiques à la classe des textes journalistiques. Dans la mesure où un genre de texte ne peut pas faire partie de plusieurs classes de textes, la recension scientifique et la recension journalistique seraient deux genres de textes radicalement différents. C’est le recours à la notion de type de textes qui permettrait d’expliquer les similarités morpho-syntaxiques ou fonctionnelles que la recension journalistique partage potentiellement avec la recension scientifique ou d’autres genres de discours journalistiques. Tel est donc l’intérêt que pourraient représenter de telles distinctions terminologiques. Pour C. Gansel, l’intérêt d’un tel travail définitoire est d’étudier le rapport qui existe entre ces différents domaines afin de passer d’une perspective descriptive à une perspective explicative137.

La hiérarchisation et l’interaction de ces divers critères de différenciation fait l’objet de nombreuses études dont les résultats peuvent nourrir les réflexions menées dans la présente étude. C’est pourquoi l’ensemble de ces critères doit être mis à l’épreuve d’un corpus de recensions. Dans le cadre de cette étude, les démarches empirico- et hypotético-déductives

134 La perception d’un texte par le destinataire se fait ainsi dans le cadre d’un domaine de communication

spécifique : „Die gennanten Kommunikationsbereiche leuchten intuitiv ein, Kommunizierende in modernen Gesellschaften werden in der Lage sein, rechtliche Texte von wissenschaftlichen oder wirtschaftliche von religiösen zu unterscheiden“ (Gansel 2011 : 12).

135 Un domaine de communication englobe en général plusieurs genres textuels correspondant à différentes

pratiques au sein de ce domaine : „Wir gehen davon aus, dass bestimmte Textsorten jeweils nur einer dieser Klassen angehören können, also spezifisch für diese sind. Dies betrifft z.B.: Wissenschaft – Abstracts, Monographien, Dissertationen, Forschungsberichte, Abschlussarbeiten; Religion – Predigt, Ordensregel, Enzyklika oder Politik – Koalistionsvertrag, Parteiprogramm, Regierungserklärung“ (Gansel 2011 : 13).

136 En tant que moules formels, les Texttypen n’appartiennent pas de manière exclusive à un genre : „Texttypen

werden nicht durch die Dominante des Kommunikationsbereichs zusammengehalten. Texte werden zu Texttypen zusammengefasst auf der Grundlage linguistischer Kriterien. Texttypen verlaufen quer zu den Textsorten in verschiedenen Kommunikationsbereichen“ (Gansel 2011 : 13).

137 Décrire les différentes formes doit nous permettre de comprendre le rôle de ces formes dans leur domaine de

communication respectif : „Unser Erkenntnisinteresse liegt in der Erschließung der Rolle von Textsorten für Kommunikationen. Und deshalb ist es für die Textsortenlinguistik wesentlich, von Was-Fragen auf Wie-Fragen um zustellen, d.h. erforschen, welche Aufgaben Texsorten innerhalb eines Kommunikationsbereich, innerhalb einer sozialen Struktur, im Rahmen der Funktionalität eines kommunikativen Bereichs, also überhaupt in Kommunikation, zukommen“ (Gansel 2011 : 14).

sont considérées comme complémentaires. La première permet une observation (empirique) des phénomènes sociaux, pour élaborer dans un second temps un objet (théorique) et des outillages descriptifs opératoires. Le recours aux deux types de démarches présente l’avantage de neutraliser les risques que chacune de ces approches comporte. À ce propos, P. Charaudeau signale plusieurs risques :

Aussi on ne s’étonnera pas que chacune de ces démarches porte en elle un risque. Pour la démarche théorico-méthodologique, le risque que l’objectif de validation des catégories conduise à dire peu de choses sur l’objet lui-même, et que celui-ci disparaisse sous une inflation conceptuelle et une prolifération terminologique : le risque de masquage conceptuel. Pour la démarche empirique, un double risque : celui d’aboutir à des interprétations qui ne révèlent pas des caractéristiques profondes, non visibles, du phénomène étudié et se réduisent à un commentaire qui ne ferait que confirmer ou expliciter la lecture que pourrait faire toute autre personne que l’analyste : le risque de la trivialité (Charaudeau 2008 : 44).

Ainsi, la démarche théorique risque de masquer l’objet d’étude derrière un outillage conceptuel trop abstrait et la démarche empirique présente le risque de n’être qu’une description triviale sans valeur explicative de la réalité des phénomènes sociaux en question.

I.2.3.2.

La linguistique de l’énonciation

La linguistique textuelle et la Textsortenlinguistik en particulier présentent l’avantage de prendre pour objet le texte et de le penser en fonction de critères internes, mais également en fonction de son inclusion dans un genre de texte et dans un domaine de communication. Toutefois, il semble nécessaire d’intégrer dans cette perspective textuelle les notions développées par la linguistique de l’énonciation. L’énonciation désigne depuis É. Benvéniste « cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (Benvéniste 2005 : 80). Si cette définition de l’énonciation comme mobilisation de la langue par le locuteur à titre individuel se conçoit aisément, elle entraîne toutefois des problèmes bien connus. Effectivement, l’énonciation en tant qu’acte individuel ne se reproduit jamais deux fois à l’identique. Cette singularité ne peut donc pas être appréhendée directement, mais seulement sous la forme de marques ou de traces138 laissées dans l’énoncé qu’elle produit. Cet état de fait a pour conséquence que le terme d’énonciation opère un double glissement sémantique qui influe en grande partie sur les problématiques et les méthodes liées à la

138 Ces marques de l’énonciation s’inscrivent dans l’énoncé et constituent pour le linguiste le seul matériau

observable de l’énonciation : « On appelle souvent marques ou traces énonciatives les unités linguistiques qui indiquent le renvoi de l’énoncé à son énonciation : pronoms personnels de première et deuxième personne, désinences de verbes, adverbes de temps, adjectifs affectifs… » (Charaudeau & Maingueneau 2002 : 230).

linguistique de l’énonciation. Le premier glissement sémantique est d’ordre métonymique. Faute de pouvoir appréhender directement l’acte d’énonciation, l’idée de production a tendu à se figer : « alors qu’à l’origine l’énonciation s’oppose à l’énoncé comme un acte à son produit, un processus dynamique à son résultat statique, le terme a progressivement vu son dénoté se figer » (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 29). De ce figement résulte le fait qu’énoncé et énonciation forment un même objet, mais abordé sous deux perspectives différentes. Le second glissement sémantique subi par le terme d’énonciation relève d’une réduction de son extension :

Au lieu d’englober la totalité du parcours communicationnel, l’énonciation est alors définie comme le mécanisme d’engendrement d’un texte, le surgissement dans l’énoncé du sujet d’énonciation, l’insertion du locuteur au sein de sa parole (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 30).

Ce second glissement sémantique fonde la version dite « restreinte139 » (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 30) de la linguistique de l’énonciation. Cette version restreinte est à plusieurs titres intéressante pour l’étude de la recension :

a) Elle repose sur l’idée selon laquelle le langage n’est pas un intermédiaire neutre : « il y a non seulement ce qui est dit mais le fait de le dire, l’énonciation, qui se réfléchit dans la structure de l’énoncé » (Maingueneau 1994 : 13). Cette structure réflexive doit être mise au jour pour comprendre l’organisation de certains procédés à l’œuvre dans les recensions comme la thématisation.

b) Le fait de concentrer l’analyse sur le rapport entre locuteur-scripteur et énoncé doit permettre d’identifier le locuteur comme un lieu de transition de la parole et du savoir littéraire dans un support médiatique.

c) Enfin, l’étude des faits énonciatifs, c’est-à-dire des traces de la présence du locuteur dans son énoncé, offre une nouvelle perspective sur la question de la typologie des discours140. L’articulation entre ces faits énonciatifs et les différents types de discours doit, en effet, faire l’objet d’une analyse systématique.

139 La version restreinte de la linguistique de l’énonciaiton permet de se concentrer sur la relation entre

l’énonciation et l’instance énonciative à l’origine de cette énonciation : « Conçue restrictivement, la linguistique de l’énonciation ne s’intéresse qu’à l’un des paramètres constitutifs du CE (sc. cadre énonciatif) : le locuteur- scripteur » (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 35).

140 C’est le constat fait par D. Maingueneau à propos de l’étude des embrayeurs : « La réflexion sur les

embrayeurs débouche immédiatement sur des problèmes de typologie des discours » (Maingueneau 1994 : 45). Mais il est envisageable de postuler que tel est également le cas pour les autres phénomènes relevant de l’énonciation.

Les problématiques de l’énonciation fournissent un accès à la question des types de discours141. Cet accès est facilité par le fait que les phénomènes liés à l’énonciation sont observables à deux niveaux. À un niveau local, il s’agit d’identifier « des marquages de discours rapporté, de reformulations, de modalités, etc., qui permettent de confronter divers positionnements ou de caractériser des genres de discours » (Charaudeau & Maingueneau 2002 : 231). Le niveau global prend en considération le cadre à l’intérieur duquel le discours s’inscrit : « À ce niveau, on raisonne en termes de scène d’énonciation, de situation de communication, de genre de discours » (Charaudeau & Maingueneau 2002 : 231). Ainsi, la linguistique de l’énonciation permet à la fois de comprendre la structuration de l’information à l’échelle locale et son effet structurant au niveau global. Certains travaux142 cherchent même à comprendre le rôle de la régulation co-énonciative dans la construction textuelle. Autrement dit, les marques de l’énonciation, voire de la coénonciation, permettent de comprendre dans quelle mesure le sens est (co-)construit par et dans l’énonciation. Dans cette perspective énonciative, il convient de prendre en considération les problématiques liées à l’hétérogénéité et aux sources de cette hétérogénéité. Par hétérogénéité, il faut entendre les phénomènes143 qui

relèvent de « la rencontre dans la même unité discursive d’éléments rapportables à des sources d’énonciation différentes » (Maingueneau 1991 : 127).

Quant à la version étendue de la linguistique énonciative, elle n’en est pas moins intéressante pour appréhender les recensions. La version dite étendue ne considère plus seulement le rapport privilégié entre locuteur et énoncé, mais inclut l’ensemble du cadre énonciatif :

Conçue extensivement, la linguistique de l’énonciation a pour but de décrire les relations qui se tissent entre l’énoncé et les différents éléments constitutifs du cadre énonciatif, à savoir :

- Les protagonistes du discours (émetteur et destinataire(s)) ; - La situation de communication :

• circonstances spatio-temporelles ;

141 Les phénomènes énonciatifs, tels qu’ils ont été appréhendés notamment par É. Benvéniste et H. Weinrich, ont

pu ainsi servir de base typologique : « Les typologies énonciatives sont connues. Elles prennent appui, depuis près de trente ans, sur deux dichotomies proches dans leurs grandes lignes : “énonciation de discours” & “énonciation historique” (Benveniste), “besprochene Welt” (très improprement traduit, et systématiquement cité sans les corrections nécessaires, par “monde commenté” ou “commentaire”) & “erzählte Welt” (“monde racontant”) (Weinrich) » (Adam 2005 : 17).

142 Voir G. Mélis (2010) qui érige l’altérité au rang de principe structurant des textes : « Notre hypothèse est que

l’interaction co-énonciative n’est fondamentalement pas une question de localisation de contenu mais de construction, de réduction ou d’élimination du hiatus entre les positions des instances différenciées de la co- énonciation. Nous explorerons donc la notion d’altérité entre les perspectives subjectives sur l’énoncé telle qu’elle peut se déclarer à travers des constructions syntaxiques » (Mélis 2010 : 98).

143 Assurément, l’hétérogénéité renvoie à un nombre important de phénomènes langagiers. Pour une présentation

• conditions générales de la production/réception du message : nature du canal, contexte socio-historique, contraintes de l’univers de discours, etc. (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 30).

Cette version étendue de la linguistique de l’énonciation tend à se confondre avec les objectifs et les méthodes de l’Analyse du Discours.

I.2.3.3.

L’apport de l’Analyse du Discours

Les problématiques de l’énonciation (et en particulier celles de la version étendue de la linguistique énonciative) s’inscrivent en partie dans la démarche de l’Analyse du Discours. Ainsi, il s’agit ici d’associer aux résultats offerts par la linguistique textuelle et la linguistique énonciative les outils de l’Analyse du Discours. Cette discipline, malgré son caractère récent ou peut-être justement par son caractère récent, renvoie à un nombre important de courants et de problèmes très différents. Dans la présente étude, il ne s’agit pas de se référer à l’Analyse du Discours ou discourse analysis, telle qu’elle est pratiquée dans les pays anglo-saxons, où cette discipline est assimilée à l’analyse conversationnelle144. Il est plutôt question, d’une part, de la Diskursanalyse telle qu’elle est pratiquée dans les pays germanophones et, d’autre part et surtout, des travaux spécifiques de l’École française d’Analyse du Discours.