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CHAPITRE II :

4. La notion d’équivalence en traduction :

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De ce fait, le traducteur qui est face à un texte décrivant des faits linguistiques de la langue de départ doit s’assurer que la traduction remplie la même fonction que celle assignée au texte original et qu’elle répond aux spécificités des discours linguistiques. A notre avis, il est indispensable de déterminer, au préalable, la nature de la traduction des textes linguistiques et plus précisément la nature des connaissances à transmettre lors de la traduction. Afin de traduire le contenu des phénomènes linguistiques de la langue de départ, le traducteur a tout intérêt de traduire les exemples non pas en leur trouvant des équivalents au niveau linguistique mais en traduisant l’idée qu’ils véhiculent et ainsi le fonctionnement de la langue de départ.

On sait bien que les langues sont en mesure d’être décrites par d’autres langues. Mais, cette démarche compliquée exige du traducteur de recourir à sa compétence pour trouver à chaque fois les solutions adéquates à la situation. Cette vision qui montre le rôle moteur du traducteur dans l’activité traduisante renvoie à la notion de créativité.

En traduction, cette notion « recouvre le pouvoir d’inventer ses propres solutions en traduction, des solutions qui ne sont ni répertoriées dans des outils lexicographiques ni préétablies par des manuels, des solutions que le traducteur fait naitre de sa propre interprétation du document à traduire. » (Lavault 1961 : 122)

Dans le cas d’un traducteur soucieux de trouver des équivalents à des exemples dans la langue d’arrivée ayant la même fonction que ceux de la langue de départ, dans le sens où ils sont en mesure d’illustrer les mêmes faits linguistiques de la langue de départ, il [le traducteur] est confronté à un problème à la fois méthodologique et traductionnel qui consiste à assurer l’homogénéité de la description de sa traduction ( trouver des équivalents à la totalité des exemples-supports des commentaires du texte) ainsi que l’adéquation des exemples avec les commentaires. Est-ce réellement possible de réaliser cet objectif quand « on sait que deux langues n’opèrent pas la même structuration de la réalité référentielle : il n’y a d’isomorphisme des langues ni dans leur structuration globale, ni au niveau de leurs unités élémentaires. » ? (Bernard Thiry 2000 : 285)

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de la métalangue en tentant de dégager les caractéristiques de cette notion et son fonctionnement dans le cas des deux systèmes linguistiques différents, le français et l’arabe.

Cette notion d’équivalence permet non seulement de se rendre compte des procédés utilisés par la langue arabe pour introduire dans son système des nouveaux concepts mais aussi du fonctionnement de cette langue face aux particularités de la langue française. En d’autres termes, elle se manifeste dans l’adéquation entre le texte source et le texte cible.

Cette notion d’équivalence qui connaît plusieurs définitions dans la traductologie est l’élément fondamental sur lequel se base la théorie interprétative du sens. La traduction dans cette théorie donne la priorité à l’équivalence en se distinguant de la traduction linguistique basée sur la correspondance et « toutes les recherches effectuées [dans ce cadre] tendent à prouver que la traduction par équivalences à une validité générale quelles que soient les langues ou les types de textes, littéraires ou techniques, texte de fiction ou de réalité. » (Lederer 2006 : 40)

Ainsi, le traducteur, dans tous les domaines, s’oriente non pas vers la réalisation d’une traduction totale ou parfaite de l’original mais vise ce que la traductologie appelle dans sa métalangue l’équivalence des textes. On peut résumer le parcours de la traduction des textes linguistiques au niveau de la terminologie comme un processus comportant nécessairement deux phases : le décryptage du contenu du message, donc une phase sémasiologique et la phase de la reconstruction du message et du contenu des termes qui est une étape onomasiologique.

Les définitions diverses que la notion d’équivalence a connue dans le domaine de la traductologie donnent une idée sur les différentes interprétations qu’elle admet ainsi que sur son importance dans la traduction. Pour certains, c’est même un modèle qui prend le dessus par rapport aux approches théoriques et méthodologiques de la traduction. (Nord 1994 : 97.)

La notion d’équivalence n’est pas connue seulement en traduction puisque cette dernière a fait appel au langage mathématique et probablement à la logique pour l’introduire dans son métalangage. Par conséquent, l’origine logico-mathématique de cette notion (Javier Casas 2009 : 141) indique que le recours de la traduction aux sciences dites dures est, en quelque sorte, une preuve qu’elle tend à gagner le rang de celles-ci même si le rôle que cette notion est censée jouer en traductologie n’est pas toujours clair et, sa définition reste tributaire des différentes approches dont elle est l’objet.

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La question de l’équivalence entre les termes, structures syntaxiques ou textes, s’est toujours posée témoignant ainsi de sa présence permanente dans les réflexions et les préoccupations de la traduction. Selon Trigo (2002 : 128), Jakobson est considéré comme le premier à faire usage, en anglais, du terme équivalence en traduction. Dans sa conceptualisation de ce domaine, il définit la traduction comme l’équivalence de deux messages en deux codes différents et souligne que la question centrale de la linguistique est la notion d’équivalence.

Dans sa définition de l’équivalence, Sanchez « considère que la notion d’équivalence vise à caractériser la relation qui existe entre le texte de départ et la traduction pour le fait qu’elle occupe [l’équivalence] une place centrale dans la conception de la traduction. » 48 Il faut savoir que cette caractérisation est le point de vue sur lequel se basent les différentes approches de l’équivalence : formelle, dynamique, linguistique quasi textuelle et textuelle.

4.1. L’équivalence formelle

Cette notion est adoptée par les approches théoriques traitant des aspects linguistiques de la traduction. Cette dernière, considérée comme un phénomène interlinguistique, est réduite à une simple conversion d’un code linguistique en un autre code linguistique. Le traducteur consacre son attention sur le texte source et l’explication qu’il donne de l’opération de la traduction est établie à travers la linguistique « la plus exacte des sciences humaines » (Vinay et Darbelnet 1977). Par conséquent, les travaux de stylistique contrastive réalisés par Vinay et Darbelnet sont basés sur la conception de cette notion à travers laquelle ils cherchent la correspondance entre mots, termes et phrases.

4.2. L’équivalence dynamique

Cette notion est caractérisée par la tentative des théoriciens en 1970 de préciser l’équivalence qualifiée par Nida et Taber de naturelle. « Le défenseur de l’équivalence dynamique, orientée vers l’aval (la réception) et non vers l’amont, comme c’était le cas de l’équivalence formelle ». Les récepteurs du message dans la langue d’arrivée devront réagir pratiquement de la même façon que les récepteurs du message en langue de départ. » (Casas 2009 : 143). Cette démarche écarte le littéralisme et priorise la notion du contexte tendant ainsi vers une optique communicative et sociologique de la traduction.

48 Notre traduction de la définition donnée par (Sanchez Trigo 2002 : 128).

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4.3. L’équivalence linguistique quasi textuelle

La conception de cette équivalence donne un nouveau souffle à cette notion par son éloignement de l’équivalence formelle en optant pour une équivalence textuelle. Néanmoins, selon Sanchez (2002), elle reste très limitée car elle se base sur des phrases isolées ou des mots pour illustrer son approche.

4.4. L’équivalence textuelle :

Cette notion d’équivalence est développée dans le cadre de l’ESIT (Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs, Université Paris III, Sorbonne Nouvelle), notamment par Seleskovitch, Lederer et Déjean Le Feal. Les traducteurs préconisent une approche textuelle, fondée sur l’analyse du sens. Il s’agit, donc, de créer des équivalences de discours et de ne pas rester prisonnier dans la correspondance entre termes, ou de phraséologies telles qu’elles sont données par des dictionnaires bilingues. Dans ce sens, on priorise « le vouloir dire » qui devient l’objet de la traduction car traduire « c’est comprendre pour faire comprendre » (Durieux 2000 : 144.)

On comprend, donc, que la traduction interprétative est une traduction par équivalence ce qui fait qu’elle se distingue de la traduction linguistique qui est une traduction par correspondance : la démarche est d’obtenir un texte cible ayant le même sens que le texte de départ, mais au niveau linguistique les mots ne se correspondent pas. C’est important de savoir que la correspondance dans cette théorie n’est pas totalement exclue, dés qu’il s’agit d’évoquer les termes monoréférentiels, elle est même indispensable : « La signification du terme technique renvoie à un objet bien déterminé, dans les langues comme dans les textes.

La correspondance établie entre deux langues pour désigner le même objet reste valable dans les textes, en principe donc, le terme doit pouvoir se traduire par correspondance, contrairement à la lexie courante où la correspondance est souvent possible mais aussi souvent trompeuse. » (Lederer 2006 : 55).

L’auteur décrit une situation idéale dans laquelle les termes sont répertoriés dans des ouvrages de référence et pour un souci d’unification de communication, le traducteur est tenu de recourir à la terminologie existante. Mais devant une défaillance, le traducteur est contraint de trouver des équivalents à des termes n’ayant pas de correspondants. Cette équivalence aura des formes différentes et dépendra probablement de la nature des termes et bien évidemment des contraintes posées.