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Belgique et Grand-Duché de Luxembourg

Couche 6 Couche 5a Couche 4 Indéterminé Total

C. Interprétation stratigraphique et culturelle

2. La grotte Mamutowa (Wierzchowie, Cracovie)

A. Localisation

La grotte Mamutowa, qui doit son nom à l’abondance des restes de mammouth qui y furent découverts lors des premières fouilles (Zawisza 1874), ouverte au sud-ouest, est située sur le versant oriental de la vallée de la Kluczwoda, 8 m au-dessus du niveau de cette vallée. Elle se compose d’une salle (19 x 13 m) à partir du fond de laquelle se développent deux courtes « galeries », l’une à gauche et l’autre à droite (Chmielewski 1961 : 38 ; fig. 95.1).

B. Historique des fouilles

Jan Zawisza y mena des fouilles entre 1873 et 1881 (Zawisza 1874, 1876, 1882a, 1882b, 1882c, 1886). Lors de la première campagne de fouille, il découvrit, au milieu de la grotte, sous un grand bloc effondré, un « foyer » de 5 m de largeur et 1,25 m d’épaisseur. Il contenait de la faune et des artefacts lithiques (environ 2.000), ainsi que des éléments de parure en ivoire, des dents perforées et des outils en os (dont des poinçons et des polissoirs). Le couloir de droite s’est avéré stérile, celui de gauche contenait des restes de mammouth et d’autres animaux, accompagnés de silex.

En 1874, il poursuit ses fouilles sous ce bloc effondré, où il met au jour d’autres éléments de parure, ainsi que dans la partie gauche de la grotte où deux autres foyers sont découverts. De cette zone proviennent des silex, des éléments de bois de renne travaillés et des déchets d’ivoire. Le couloir de gauche livre des restes de rennes et de mammouths ; une alcôve, à droite de l’entrée, contenait des restes d’époque néolithique (hache, céramique et faune récente). Un peu plus loin, mais au même niveau que les artefacts néolithiques, il découvre les restes d’un crâne humain dont il avait déjà trouvé des fragments l’année précédente.

C’est lors des fouilles de 1878 qu’il met au jour sept pièces d’ivoire en « forme de poisson » (ce sont, en fait, les fameuses pointes de Mladeč). Dans le couloir de gauche, un foyer est découvert à 1,5 m de profondeur, accompagné de silex et d’une faune pléistocène. Dans la salle principale, il a fouillé en avançant depuis le milieu de la grotte vers le fond. Il identifie d’abord sept « foyers » (= couches), qui se réduisent à quatre vers le fond. Ces quatre « foyers » ont une épaisseur de 1,65 m. En dessous, se trouvent des dépôts archéologiquement

stériles contenant des restes d'ours. Un des « poissons » a été découvert à 1,3 m de profondeur, où gisaient également des silex et de la faune, et quatre autres à 1,5 m.

En 1879, il fouille dans la partie gauche de la grotte et identifie deux « foyers ». Le premier, jaune et gras, à un mètre de profondeur, a notamment livré un bâton en ivoire. Le second, très noir, se situe à 1,5 m de profondeur. Sous ce niveau, il a découvert des bois de renne « énormes », des vertèbres de mammouth, des « poissons » en ivoire et « des bouts de flèches ou de lances en os, en ivoire et en bois de renne » dont au moins deux pièces qui correspondent à des pointes de sagaie à base fendue, d’après la description qu’il en donne. Un autre « poisson » en ivoire a été mis au jour dans un renfoncement de la paroi, à seulement 30 cm de profondeur.

Finalement, il mène une dernière fouille en 1881. Il découvre à nouveau des artefacts en os et en ivoire mais donne très peu d’informations stratigraphiques. Il mentionne juste qu'il a trouvé des restes de mammouth et des artefacts lithiques et osseux à un mètre et un mètre et demi de profondeur.

L. Kozłowski (1924 : 133-139) reprend des fouilles en 1913, près de l’entrée et sur la terrasse. Il rencontre, sous une couche de déblais provenant des fouilles de J. Zawisza, des lames et éclats de silex. Sous ces déblais se trouve une couche d’humus de 10 à 25 cm d’épaisseur contenant des restes néolithiques. Les dépôts pléistocènes sous-jacents sont argileux et divisés en trois couches. La première, plus lœssique, a une épaisseur de 25 cm et contient une faune de milieu rigoureux. La deuxième couche, de 40 cm d’épaisseur, correspondrait à un climat plus doux (espèces steppiques dont l’antilope saïga). La troisième et dernière couche, de 55 cm d’épaisseur, a été déposée sous un climat froid.

S. Kowalski (1967, 1969) fouille de 1957 à 1964 dans la partie antérieure de la grotte (sondage I) et dans les zones médiane et arrière (sondages II, III et IV). Deux stratigraphies sont établies (l’une pour la partie avant, l’autre pour les dépôts du fond de la grotte), différentes mais avec des possibilités de corrélations. Les travaux se sont poursuivi jusqu’en 1974 et une partie du matériel est resté inédit (Allsworth-Jones 1986 : annexe ; observation personnelle de la collection au Musée archéologique de Cracovie). Le matériel découvert provient principalement des dépôts de lœss de la partie antérieure de la grotte (couches 2 et 2g). Tandis que les éléments foliacés ont été découverts dans les niveaux inférieurs, dans la partie postérieure de la grotte.

C. Historique de l’interprétation stratigraphique et culturelle

Lors de ses premiers travaux, J. Zawisza (1874) identifie une industrie du « type de La Madelaine » dans la partie supérieure des dépôts et note que les artefacts provenant des niveaux inférieurs sont de plus grandes dimensions, se rapprochant du « type du Moustier et des alluvions quaternaires de Mesvin ». Il ne précise cependant pas avec quelle industrie ont été découverts les éléments de parure. Diverses hypothèses sont proposées quant à la fonction des « poissons » en ivoire (parure, épingle à cheveux, amulettes, pointes de lance ; Zawisza 1882a). Par ailleurs, il attribue à une période récente des ossements humains ainsi que les restes de certains animaux (sanglier, chevreuil, oie), ce qui sera confirmé par la découverte d’une occupation néolithique.

Après la fin de ses travaux, il donne une interprétation stratigraphique de ses découvertes mais il présente les choses de manière assez floue (Zawisza 1886). Il affirme d’abord que les artefacts du type du Moustier se retrouvent de 2,4 à 1,5 m de profondeur, ceux du type de La Madeleine à 1,5 et à 0,5 m. Et il a trouvé une pointe « solutréenne » (pointe foliacée bifaciale) à 2,3 m de profondeur (Idem : 157). Ensuite, il présente une vision des choses légèrement différente : les pièces moustériennes se situent à 2,4 m, la pointe solutréenne à 2,3 et par-dessus se trouve le Magdalénien (Idem : 158). Cette succession stratigraphique est donc en accord avec la classification de G. de Mortillet. Il souligne que les artefacts en ivoire ou en os de mammouth sont présents à toutes les profondeurs.

L. Kozłowski, se basant sur le résultat de ses fouilles sur la terrasse mais surtout sur la collection provenant des fouilles de Zawisza, propose l’existence de quatre industries réparties sur trois niveaux (fig. 95.2). Le niveau le plus profond, correspondant à une période froide, contenait, selon lui, une industrie moustérienne (éclats, racloirs) (Kozłowski L. 1924 : 120). Par-dessus, se trouvait une couche, de climat plus doux, correspondant au « foyer » principal de J. Zawisza contenant de l’Aurignacien supérieur et du Solutréen. Dans cet « Aurignacien supérieur », il classe non seulement des pièces carénées et les pointes de sagaie en os ou en ivoire, mais aussi toute une série d’autres artefacts dont des pièces à dos. Le solutréen proviendrait du même niveau mais il les considère bien comme deux industries séparées. Ce Solutréen comprend les deux pointes foliacées bifaciales dont une est considérée comme très similaire aux feuilles de laurier du Solutréen français. Ces deux pointes ont d’abord été classées comme « Solutréen moyen » (Kozłowski L. 1922), puis comme « Solutréen inférieur » et il y associe des lames et trois grattoirs sur lame (Kozłowski L. 1924 : 139). La couche supérieure est, elle, reliée à une occupation magdalénienne (grattoirs et une partie du matériel osseux ; Idem : 148).

Pour G. Freund (1952 : 198-200), qui reprend une analyse déjà formulée par L. Zotz (1951 : 166-167), les deux pointes foliacées bifaciales découvertes par J. Zawisza ne sont pas solutréennes comme le proposait L. Kozłowski. D’après leur typologie, elle en rapproche une des pointes foliacées bifaciales de Ranis et de Mauern, et l’autre, d’aspect moins soigné, des pointes foliacées du Paléolithique moyen. En tenant également compte de leur position stratigraphique, puisqu’elles proviennent des dépôts inférieurs où fut également découverte l’industrie moustérienne, elle propose donc de les classer dans le Paléolithique moyen et non dans le Solutréen.

W. Chmielewski (1961 : 38-39) souligne que le matériel provenant des fouilles de J. Zawisza a été mélangé après la mort de ce dernier. Parmi le matériel provenant de cette collection, il classe les deux pointes foliacées bifaciales dans le Jerzmanowicien. Il signale qu’on ne connaît pas leur position stratigraphique mais propose qu’elles proviennent des dépôts inférieurs, sous le niveau de lœss supérieur (couche 3) révélé par les fouilles de S. Kowalski et J. Kozłowski, puisque aucune pièce à retouche plate n’a été découverte dans le lœss. Par ailleurs, il insiste sur le fait que les pointes de sagaies, rattachées à l’Aurignacien, n’ont pas de provenance stratigraphique précise (Chmielewski 1975 : 115).

Pour les pointes foliacées, c’est surtout la stratigraphie de la partie postérieure de la grotte (sondages II, III et IV) qui est intéressante. On peut résumer comme suit, de haut en bas, la succession des dépôts décrite par S. Kowalski (1967 : 49) :

- couche IX : argile riche en charbons, dans laquelle sont présents quelques artefacts non caractéristiques ;

- couche VIII : argile beige claire avec cailloutis altéré ;

- couche VII : argile de couleur rouille avec cailloutis altéré. Cette couche a livré une pièce considérée comme étant une ébauche de pointe foliacée (fig. 100.7) et groupée avec les deux pointes foliacées et un racloir provenant des fouilles de J. Zawisza pour former un ensemble attribué au Szélétien (Kowalski 1967 : 53-54). Ensuite, la pièce a été rapprochée de l’industrie découverte dans la couche VI et considérée comme du Jerzmanowicien (Kowalski 1969) ;

- couche VI : argile de couleur brunâtre, d’une épaisseur de 50 cm, avec cailloutis calcaire altéré et contenant des restes de charbons. Lors des fouilles de 1967, cette couche a livré plusieurs artefacts, dont des pointes foliacées, classés dans le Jerzmanowicien et comparés au matériel de la couche 6 de la grotte Nietoperzowa (Kowalski 1969) ;

- couche V : argile brun-rouge ;

- couche IV : argile verdâtre ou orange avec blocs calcaires ; - couche III : argile grise collante ;

- couche II : argile roussâtre avec charbons et fragments osseux ; - couche I : argile avec cailloutis calcaire, stérile.

Dans la partie antérieure de la grotte (sondage I), la stratigraphie est légèrement différente (Kowalski 1967 : 47-48, 53). Numérotée en chiffres arabes, elle va de la couche 1 (humus) à la couche 7. Elle n’a livré des artefacts que dans la couche 2 (dépôt lœssique avec éboulis calcaire anguleux, subdivisée en différentes parties dont la couche 2g). Il s’agit d’une industrie classée dans le « Gravettien oriental » et correspondant à la majorité des artefacts mis au jour par J. Zawisza, et qui constitue une bonne part de l’Aurignacien supérieur reconnu par L. Kozłowski.

Ad. Nadachowski (1976) propose, à partir d’une étude de la faune de la grotte, une interprétation chronologique et paléoenvironnementale des dépôts, ainsi que des corrélations entre les couches des parties postérieure et antérieure avec d’autres grottes de la région. Ainsi, les niveaux inférieurs I et II correspondent-ils à un milieu de toundra avec buissons. La couche III sus-jacente montre une certaine dégradation du climat. Les couches IV et V sont difficiles à caractériser, mais la couche VI correspond à une phase de réchauffement. Il propose de voir dans les couches I à VI la « partie finale de l’Interstade de Paudorf ». La couche VI est corrélée avec la couche 3 de la tranchée I. Les couches supérieures VII à X montrent un refroidissement avec un environnement de toundra. Ces couches sont assimilées avec les couches 2g et 2 de la partie antérieure de la grotte et correspondent au maximum du second Pléniglaciaire.

Pour les comparaisons externes, les couches de la « fin de l’Interstade de Paudorf » (couches I à VI et couches 7, 4 et 3) sont rapprochées de la couche 8 de la grotte Koziarnia et de la couche 5 de la grotte Nietoperzowa. Les couches datant du second Pléniglaciaire (couches VII à X, couches 2 et 2g) sont corrélées avec les couches 3-4 et 2 de Koziarnia et la couche 4 de Nietoperzowa.

J. Kozłowski (1968) considère que l’Aurignacien de la grotte Mamutowa provient des dépôts interpléniglaciaires sous les dépôts lœssiques contenant le Gravettien. Cet Aurignacien serait contemporain de l’industrie à pointes foliacées considérée comme szélétienne. Par contre, J. Hahn (1977 : 136) souligne que la provenance de l’industrie aurignacienne n’est pas établie et que le lien entre les grandes pointes en ivoire à base massive et les autres éléments rattachés à l’Aurignacien (dont un grattoir caréné, deux grattoirs à museau, une pointe à base fendue) n’est pas non plus certain.

T. Madeyska (1981) propose, elle aussi, une interprétation paléoclimatique et chronologique des dépôts de cette grotte. Les couches II et III sont placées dans un interstade du début de l’Interpléniglaciaire et corrélées avec les couches 8 et 7 de la grotte Nietoperzowa. De même, la couche IV est rapprochée de la couche 6 de Nietoperzowa, la couche V avec Nietoperzowa couche 5 (autre interstade de l’Interpléniglaciaire) et la couche VI avec Nietoperzowa couche 4 (à la fin de l’Interpléniglaciaire). Les couches VII à X, au climat plus froid lié au second Pléniglaciaire, correspondent à la couche 3 de Nietoperzowa.

J. Kozłowski (1983 : 58) reprend certaines de ces comparaisons mais en propose également d’autres et divise les pointes foliacées présentes en un ensemble jerzmanowicien et un ensemble szélétien. Ainsi, les pièces provenant de la couche VI sont-elles classées dans le Jerzmanowicien et se situent dans la « deuxième phase tempérée » de l'Interpléniglaciaire, équivalant à la couche 5 de Nietoperzowa, ce qui est similaire à la chronologie de T. Madeyska. Cependant, il mentionne également un ensemble szélétien dans la couche 6 (chiffre arabe, donc dans le sondage I de la partie antérieure de la grotte), qui daterait de la même période. Ceci est plus difficile à comprendre, étant donné que S. Kowalski (1967, 1969) ne mentionne pas d’artefact dans cette couche, qui, de plus, ne peut être corrélée avec la couche VI de la partie postérieure puisque celle-ci est rapprochée de la couche 3 et non de la 6. L’Aurignacien, et en particulier les pointes de sagaie, n’a pas de position stratigraphique précise en raison de l’absence d’informations relatives à cette industrie lors des fouilles récentes de S. Kowalski (Kozłowski 1983 : 66-67 ; Kozłowski 1988b). Le matériel « gravettien oriental » de la couche 2 est situé « dans une phase déjà avancée du deuxième Pléniglaciaire », vers 18-17.000 B.P. (Kozłowski 1983 : 77-79).

Ph. Allsworth-Jones (1986 : 138-139 et annexe) classe les pointes foliacées, celles provenant des travaux de J. Zawisza et le matériel des couches VI et VII des fouilles de S. Kowalski, dans le Szélétien et reprend la chronologie proposée par Ad. Nadachowski. Cependant, il rapproche la couche VI de la couche 4 de la grotte Nietoperzowa (alors que Nadachowski propose la couche 5) et les rapporte à l’Interstade de Denekamp. Il propose, par ailleurs, que la composante aurignacienne de la collection Zawisza (les pointes de sagaie, les pièces carénées) provienne également de la couche VI et soit donc contemporaine du matériel szélétien (Idem : 141). Cette hypothèse selon laquelle les pointes foliacées et les pointes en ivoire feraient partie du même ensemble est parfois évoquée par d’autres chercheurs (Bar- Yosef et Svoboda 2003 : 177).

R. Desbrosse et J. Kozłowski (1988 : 37) estiment que la grotte Mamutowa est un « exemple d’interstratification » entre le Szélétien et le Lincombien-Ranisien- Jerzmanowicien, car la pointe foliacée sur lame (pointe de Jerzmanowice) présente un état de conservation différent par rapport aux pointes foliacées bifaciales szélétiennes.

À propos de l’Aurignacien, J. et S. Kozłowski (1996 : 63, 114) considèrent la provenance des pointes de sagaie découvertes par J. Zawisza comme incertaine. Ils mentionnent un fragment de pointe de Mladeč qui aurait été découvert lors des fouilles de S. Kowalski dans la couche VI, ce qui n’est pas mentionné dans les articles publiés par ce dernier, ainsi que la présence de pièces carénées dans le dépôt de lœss supérieur (qui comprend normalement l’Épigravettien). Par ailleurs, l’industrie de couche VI est tantôt attribuée au Szélétien (Idem : 53), tantôt au Jerzmanowicien et au Szélétien (Idem : 114). Cette couche, pourtant classée dans l’Interpléniglaciaire, avait donné une datation 14C de 20.260 ± 250 B.P. (Gd-10021), sur os. Cependant, de nouvelles datations 14C, inédites, ne confirment pas cet âge récent et indiquent que ce niveau contenant les pointes foliacées bifaciales serait plus ancien que les pointes de sagaie en matière osseuse (J. Kozłowski, com. pers.). Le lœss colluvionné de l’entrée de la grotte (couche 2a), par dessus l’industrie épigravettienne, a, lui, reçu une datation de 11.650 ± 200 B.P. (Gd-10024).

D. Description du matériel

Le matériel, partiellement inédit, a pu être étudié au Musée archéologique de Cracovie. La collection comprend 55 artefacts, uniquement lithiques, provenant de la couche VI des fouilles de S. Kowalski. Parmi ces pièces, six pointes foliacées bifaciales sont présentes (fig. 95.3, 96, 97.1 à 3). Quatre sont entières, la partie distale est manquante sur l’une et la partie proximale sur une autre. Trois de ces pièces ont une base arrondie, l’une est bipointe et une autre présente une partie proximale plus étroite (légèrement pédonculée). La pointe foliacée dont la base est manquante se démarque par son format allongé ; une autre par l’utilisation de la radiolarite. Sur une de ces pièces, un éclat de façonnage rebroussé a pu être remonté (fig. 96.2 et 3).

Les autres artefacts retouchés comprennent une pointe de Jerzmanowice, aménagée sur une lame tirée d’un débitage unipolaire et dont la surface est en partie naturelle (surface non corticale du bloc d’origine) (fig. 98.2). Un fragment mésial d’une lame portant des retouches ventrales envahissantes est probablement issu du même type de pointe (fig. 98.3).

L’industrie comprend également un grattoir à front abrupt, aménagé sur une lame ou un éclat laminaire et portant des retouches dorsales envahissantes (fig. 98.4).

Cinq éclats retouchés (fig. 99), parfois fragmentaires, sont présents. Dans quatre cas, le support est partiellement cortical. Deux de ces pièces peuvent être classées comme racloir dont une porte des retouches principalement ventrales.

Un nucléus à éclats (fig. 100.1), discoïde, est présent. Un petit éclat cortical a pu être remonté sur ce nucléus. Un bloc de silex non débité a également été découvert dans cette couche.

Parmi les éléments non retouchés, les éclats (huit dont trois sont complètement ou partiellement corticaux) sont aussi nombreux que les éclats laminaires et nettement plus nombreux que les vraies lames (un fragment distal et un fragment proximal semi-cortical). Les éclats et les éclats laminaires sont, quand il est possible de le déterminer, probablement

débités à la percussion dure (talon épais de plus de 5 mm, bulbe proéminent). Par ailleurs, un éclat provient sans doute du façonnage d’une pièce bifaciale, en sus de celui qui se remonte sur une des pointes foliacées bifaciales. Sept esquilles sont présentes dont certaines sont de probables éclats de retouche. Aucune pièce en matière osseuse n’a été observée dans la collection provenant de la couche VI des fouilles de S. Kowalski.

Par ailleurs, il y a également les deux pointes foliacées bifaciales provenant des fouilles de J. Zawisza (fig. 97.4 et 98.1). Elles sont hypothétiquement à rattacher à celles de la couche VI. L’une d’elles est bipointe et évoque, par ses proportions et son contour, les exemplaires de Ranis et de Mauern. L’autre, plus trapue, présente des contours irréguliers et une zone retouchée sur un des bords ce qui laisse penser qu’il s’agit peut-être plus d’une sorte de racloir sur pièce bifaciale que d’une véritable pointe foliacée.

Enfin, la couche VII, sus-jacente à la couche VI, a livré, lors des fouilles de S. Kowalski, un fragment d’une plaquette portant des enlèvements bifaciaux (fig. 100.2), pièce interprétée par S. Kowalski (1967) comme une ébauche de pièce bifaciale. Cette proposition n’est pas improbable mais il est difficile, sur cette seule base, de regrouper la couche VII et la couche VI dans un même ensemble qu’il soit szélétien ou jerzmanowicien, d’autant plus que ces deux couches correspondraient à des phases climatiques différentes. Dans la même couche, une lame aux bords ébréchés a été mise au jour.

E. Conclusion

L’industrie de la couche VI, provenant des fouilles de S. Kowalski, se marque par la présence de pointes foliacées bifaciales, surtout à base arrondie. Les autres pièces comprennent une pointe de Jerzmanowice et un probable fragment d’une seconde, un grattoir à front abrupt et des éclats retouchés. Le débitage d’éclats et d’éclats laminaires, à la percussion dure, notamment à partir d’un nucléus discoïde, est nettement plus représenté que celui des lames (quatre, y compris les pièces retouchées). Celles-ci ne présentent pas de traces de préparation particulière du débitage, deux étant partiellement corticales et sans négatifs de crête. Ces différentes caractéristiques rapprochent fortement cette industrie du Szélétien, d’autant plus si on y ajoute les deux pièces foliacées bifaciales provenant des fouilles de J.