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Belgique et Grand-Duché de Luxembourg

Couche 6 Couche 5a Couche 4 Indéterminé Total

2. La grotte Koziarnia (Sąspów, district d’Olkusz, Cracovie)

A. Localisation

Grotte située sur un versant du ravin Koziarnia qui coupe dans la vallée de la Sąspówka. La grotte, orientée à l’ouest, se trouve 12 m au-dessus du niveau du ravin. Elle est composée d’une salle d’entrée large (20 m sur 10 m), d’où part une galerie de 40 m de long débouchant dans une seconde salle de 8 m de diamètre, elle-même prolongée par une galerie terminale étroite (fig. 89 ; Chmielewski 1961 : 35).

B. Historique des fouilles

La grotte a subi divers aménagements depuis le Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle, époque

à laquelle on installe un plancher pour en faire une salle de bal, ce qui a détruit les dépôts dans la première salle. Des travaux (exploitation du guano de chauve-souris) sont menés dans la grotte par O. Grube entre 1879 et 1882. Ils concernent la seconde partie de la galerie reliant la première et la deuxième salles et cette dernière. F. Roemer profite de ces aménagements pour récolter des artefacts datant principalement du Néolithique et de périodes plus récentes. Mais il découvre aussi une pointe foliacée laminaire. Parmi les autres découvertes, se trouve une canine d'ours perforée (Chmielewski 1961 : 36).

En 1958 et 1960, W. Chmielewski fouille pour établir la stratigraphie des dépôts dans le but de les comparer à ceux de la grotte Nietoperzowa. Les travaux concernèrent à cette période environ 30 m², réparti dans différentes zones (dans la salle prés de l'entrée, dans les

galeries plus profondes et sur la terrasse). Des dépôts intacts furent mis au jour près de l'entrée et dans la première partie de la galerie reliant les deux salles (Idem : 36-38). Ces fouilles se poursuivront ensuite jusqu’en 1962, pour un total de neuf tranchées pratiquées dans et autour de la grotte (Chmielewski et al. 1967).

C. Historique de l’interprétation stratigraphique et culturelle

L. Kozłowski (1924 : 143-144) reconnaît du « Solutréen inférieur » dans la collection provenant des récoltes de F. Roemer. Il identifie une pointe comme une « feuille de laurier » solutréenne, en précisant qu’elle n’est retouchée que sur une seule face. Ce qui est faux, cette pièce, illustrée sur les deux faces par W. Chmielewski (1961), porte bien des retouches ventrales (fig. 90.2). Il mentionne également trois autres pointes foliacées qu’il a vues au Musée de Wrocław, mais ne les illustrent pas. Elles seraient retouchées sur les deux côtés et similaires aux « feuilles de laurier » de la grotte Nietoperzowa. Dans ce « Solutréen inférieur », il classe aussi une canine d’ours perforée. Par ailleurs, il remarque également des pièces magdaléniennes dans cette collection.

G. Freund (1952 : 196) reprend les informations données par L. Kozłowski. Elle considère que les pointes foliacées peuvent être groupées avec les industries à pièces similaires de la grotte Nietoperzowa.

Mis à part ces deux auteurs, personne d’autre ne mentionne plus d’une pointe foliacée provenant de cette grotte.

La pointe foliacée sur lame à retouche bifaciale partielle, provenant donc d’une récolte de F. Roemer, est intégrée dans « l’industrie de Telman » définie par J. Kozłowski (1961 : 109) avec, outre le site éponyme de Kostenki Telmanskaya (niveau I), les pointes foliacées de la grotte Nietoperzowa, celles de Ranis et de Zwergloch.

W. Chmielewski (1961 : 36-37) classe cette pièce dans sa « civilisation de Jerzmanowice » et reprend l’idée d’une association avec une canine d’ours perforée. Lors de ses fouilles, entre 1958 et 1962 dans la grotte, il établit deux stratigraphies. À l’entrée de la grotte, une épaisseur de dépôts de 60 à 150 cm est dégagée, ils comportent un remblai récent surmontant une argile mêlée d'humus avec des restes médiévaux, antiques et néolithiques. En dessous, se trouvait une couche de lœss avec débris de calcaire anguleux, archéologiquement stérile et pauvre en faune, à l’exception des rongeurs. Cette couche reposait sur la roche en place. Étant donné que Grube n’avait pas travaillé dans l’entrée de la grotte, la pointe foliacée ne provient pas de cette zone.

La seconde stratigraphie est obtenue dans la première partie du couloir reliant les deux salles. C’est une des zones les mieux préservées, seules les 70 premiers centimètres de dépôts ont été enlevés, probablement lors des travaux de O. Grube. La coupe établie est d’une puissance de 6 m, son sommet (couche 11) a livré un artefact considéré comme une ébauche de pointe foliacée (il s’agit d’après, l’illustration qu’il en donne, d’une sorte d’éclat retouché abîmé par des cupules de gel). La même couche a livré des charbons de bois (sapin). W. Chmielewski en conclut qu'il s'agit de la couche d’où provient probablement la pointe foliacée découverte par F. Roemer. Par ailleurs, il considère également que les couches de la base des dépôts ont une « ressemblance visible » avec les dépôts inférieurs de la grotte Nietoperzowa.

Cependant, en ce qui concerne la couche 11, les comparaisons avec Nietoperzowa sont infructueuses (Idem : 37-38).

Par la suite, après la continuation des travaux qui ont conduit à la mise en évidence de nouveaux dépôts et à une étude de la géologie et de la faune, une nouvelle interprétation de la stratigraphie est proposée (Chmielewski et al. 1967). Dans la tranchée IX, à l’intérieur de la grotte, vingt et une couches sédimentaires, numérotées de haut en bas dans un ordre croissant, ont été reconnues (fig. 92.1). L’analyse des sédiments et de la faune conduit à placer les couches 13 à 11 dans une phase glaciaire, la couche 10 correspondrait à l’Interstade de Gottweig (c’est-à-dire Hengelo) et la couche 8 à celui de Paudorf. Les couches 7 à 2 se seraient déposées lors du maximum du dernier glaciaire.

De pauvres ensembles d’artefacts, fortement affectés par la cryoturbation, étaient présents dans les couches 20, 18, 17, 16b, 13 et 10 et sont rattachés au Micoquo-Prondnikien. La pointe de Jerzmanowice provenant des découvertes de F. Roemer est désormais rattachée à la couche 7 et il est proposé d’y associer un fragment proximal de lame non retouchée. Par ailleurs, une autre lame brute est classée dans l’Aurignacien, en raison de sa courbure (Idem : 62-63).

J. Kozłowski (1969 : 198) propose une corrélation entre la stratigraphie de la grotte Nietoperzowa et celle de la grotte Koziarnia. La couche 4 de Nietoperzowa correspondrait à la couche 7 de Koziarnia, d’où proviendrait la pointe de Jerzmanowice. Cette phase est identifiée comme l’interstade Würm 2-3 qui serait l’équivalent de Tursac, entre 25 et 22.000 B.P. (Idem : 210).

Ad. Nadachowski (1976) propose, dans le cadre d’une étude de la faune de la grotte Mamutowa, une corrélation entre la couche VI de cette grotte (dans les tranchées du fond de la grotte, équivalente à la couche 3 de la tranchée de l’entrée, cf. infra) et la couche 8 de Koziarnia, ainsi que la partie supérieure de la couche 5 de Nietoperzowa. Ces couches correspondent à une phase de réchauffement climatique qu’il attribue à la « partie finale de l’interstade de Paudorf ». Cette expression n’est cependant pas explicite. Les couches supérieures, couches VII à X de Mamutowa, corrélées aux couches 7 et supérieures de Koziarnia et à la couche 4 de Nietoperzowa, se placent dans un environnement de toundra correspondant au Pléniglaciaire supérieur.

T. Madeyska (1981 : 29-32, fig. 40), dans son étude paléoclimatique et chronologique des dépôts pléistocènes supérieurs polonais, interprète la stratigraphie de Koziarnia à partir des données sédimentologiques, fauniques et palynologiques. La couche 7 est, dans ce contexte, plutôt fantomatique puisqu’il n’y a ni faune, ni microfaune, ni analyse granulométrique ; sa place est plutôt fixée par sa relation avec les couches qui l’encadrent. La couche 11 correspond à une phase froide reliée au maximum du premier Pléniglaciaire. Elle est comparée à la couche 9 de la grotte Nietoperzowa. Les couches 10 et 9 montrent un réchauffement et sont corrélées aux couches 8 à 5 de Nietoperzowa. Les couches 8 et 7 de Koziarnia sont, elles, associées à la couche 4 de Nietoperzowa, à la fin de l’Interpléniglaciaire, précédant le refroidissement du second Pléniglaciaire.

J. Kozłowski (1983 : 51) donne une nouvelle corrélation entre la stratigraphie de Koziarnia et celle de Nietoperzowa. Si la couche 4 de Nietoperzowa est toujours placée dans une phase précédant le maximum du Pléniglaciaire (avant 22.000 B.P.), elle est désormais comparée à la couche 8 de Koziarnia et non à la couche 7, comme cela a été proposé précédemment (Kozłowski 1969). La couche 7 se place donc dans le maximum du second Pléniglaciaire (« stade de Leszno », vers 22-20.000 B.P.).

Pour Ph. Allsworth-Jones (1986 : 134), la couche 7 de Koziarnia, à laquelle il considère que la pointe de Jerzmanowice se relie probablement, se rapproche de la couche 4 de Nietoperzowa et de la couche VI de Mamutowa. Il estime que ces couches datent de l’Interstade de Denekamp, en faisant référence aux travaux de Ad. Nadachowski (1976). Cependant, comme on l’a vu (cf. supra), ce n’est pas vraiment ce que propose ce dernier (couche VI de Mamutowa reliée à la couche 8 de Koziarnia, sans faire référence à Denekamp). Une appréciation d’apparence similaire a été avancée par J. et S. Kozłowski (1996 : 112) qui relient également la pointe de Jerzmanowice à la couche 7, qualifiée d’interpléniglaciaire.

D. Description du matériel

Le matériel n’a pas été étudié directement. Une pointe de Jerzmanowice a été illustrée à plusieurs reprises (fig. 90.2). Elle est réalisée sur une lame partiellement corticale et a une longueur d’un peu plus de 10 cm, pour une largeur d’environ 3,5 cm et une épaisseur approximative de 1 cm.

E. Conclusion

La grotte a certainement livré une pointe de Jerzmanowice, peut-être plus si on en croit L. Kozłowski, mais cette information n’a jamais été confirmée par les autres chercheurs et il n’existe pas non plus d’illustrations de ces hypothétiques pièces.

Il n’est pas possible d’associer d’autres artefacts à cette pièce, ni un fragment de lame ni une canine perforée comme cela était proposé par L. Kozłowski et W. Chmielewski.

Découverte lors de récoltes à la fin du XIXe siècle, le contexte stratigraphique de la

pointe de Jerzmanowice n’est pas connu. Les fouilles des années 60 ont révélé une longue séquence de dépôts, étudiée de manière détaillée. Cependant, l’idée selon laquelle la pointe de Jerzmanowice provient de la couche 7, proposée par W. Chmielewski et reprise ensuite par la plupart des chercheurs, ne se base sur aucune donnée et est bien trop hypothétique que pour en tirer des conclusions sur l’âge de l’occupation LRJ de cette grotte. Par ailleurs, même si on accepte cette hypothèse, l’âge de la couche 7 n’est pas fixé avec certitude, cette couche n’ayant été retrouvée que sur une petite partie de la zone fouillée et étant particulièrement pauvre en restes fauniques et microfauniques, ce qui explique les aléas dans son positionnement chronologique selon les différents chercheurs. L’âge de la pointe foliacée de Koziarnia est donc considéré ici comme inconnu.