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Chapitre 1 – Problématique

1.2 La pertinence scientifique et les études qui se sont intéressées à la justification en

1.2.5 La difficulté à évaluer la justification des élèves

Du côté pragmatique, nous constatons qu’il peut y avoir différentes façons de répondre à une même question. Nous entendons souvent les enseignants formuler leurs inquiétudes par rapport à l’évaluation de certains types de réponses à des questions, car les paramètres utilisés pour définir si les élèves ont répondu correctement sont difficiles à cerner. Prenons l’exemple de l’examen ministériel en lecture des élèves de 4e année de 2019. Trois questions pour

lesquelles des justifications sont attendues de la part des lecteurs sont posées pour une pondération de 10 % chacune. Lors de cette tâche de compréhension écrite, les élèves peuvent être en accord ou en désaccord, ils sont amenés à faire un choix ou à se positionner quant aux actions d’un personnage. Les réponses possibles sont nombreuses.

Le guide d’administration et de correction mentionne que le choix de l’angle de réponse ne doit pas avoir d’incidence sur l’évaluation de la réponse. « Seule la qualité de l’explication est évaluée » (p.26). Voici un tableau résumant les balises données aux enseignants pour juger de l’explication (la justification) de l’élève. Par souci de ne pas divulguer le contenu de l’épreuve de lecture, nous avons recensé ce qui est générique à la description de la « qualité » d’une bonne

justification. Notons que le thème de la question est beaucoup plus précis dans le guide que ce qui est rapporté ici.

Tableau 5. Les consignes du guide d’administration et de correction pour l’examen ministériel en lecture (2019)

Nombre

de points Consignes du guide d’administration et de correction pour l’examen ministériel en lecture (2019)

3 points Q1 : L’élève indique si c’est bon ou mauvais. Il peut exposer ses préférences ou présenter des caractéristiques de sa personnalité en lien avec son choix. Son explication est relativement bien développée et s’appuie sur au moins un élément du texte. Sa réponse témoigne d’une compréhension juste et précise de…

Q2 : L’explication est simple, mais appropriée, s’articule autour d’une ou plusieurs caractéristiques du texte. Sans être élaborée, elle comporte assez d’éléments pertinents pour faire ressortir…

Q3 : L’élève exprime son point de vue en s’appuyant sur au moins un élément pertinent du texte. Son explication, relativement développée, témoigne d’une compréhension juste et précise de…

2 points Q1 : L’élève indique si c’est bon ou mauvais. Il peut exposer ses préférences ou présenter des caractéristiques de sa personnalité en lien avec son choix. Son

explication est succincte et elle s’appuie sur au moins un élément du texte. Sa

réponse témoigne d’une compréhension adéquate de…

Q2 : L’explication est plutôt sommaire, s’articule autour d’une ou plusieurs caractéristiques du texte. Formulée en terme général, elle n’est pas assez précise

pour faire ressortir…

Q3 : L’élève exprime son point de vue en s’appuyant sur au moins un élément pertinent du texte. Son explication est succincte, mais témoigne d’une compréhension adéquate de…

1 point Q1 : L’élève indique si c’est bon ou mauvais. Son explication fait peu ressortir ses préférences ou sa personnalité et manque de détails. Il s’avère difficile de vérifier si l’élève a pleinement compris…

Q2 : L’explication s’appuie sur une caractéristique du texte formulée en termes vagues.

Q3 : L’élève exprime son point de vue en s’appuyant sur un élément du texte. Son explication manque de détails sans lesquels il s’avère difficile de vérifier ce qu’il a compris au sujet de…

0 point Q1 : L’élève fournit une réponse imprécise, erronée ou non pertinente.

Q2 : L’élève fournit une réponse imprécise, non pertinente ou qui témoigne d’une sérieuse erreur de compréhension.

Même avec ces balises, il est difficile d’évaluer la qualité de « l’explication » (justification). Heureusement, il y a également un corpus d’exemples accompagnant les réponses possibles d’élèves pour illustrer ce qui est attendu d’une réponse à 3, 2, 1 ou aucun point pour un élève de 4e année en lecture pour l’examen ministériel. Ces balises d’évaluation ne sont pourtant pas

toujours présentes dans le matériel didactique utilisé par les enseignants en cours d’année. Elles le sont encore moins lors de la conception de matériel à partir de la littérature jeunesse ou même lors des entretiens de lecture avec un élève… Comment les enseignants évaluent-ils les justifications et comment font-ils pour s’assurer d’un enseignement adéquat pour favoriser le développement de justifications de qualité chez leurs élèves ?

Forget (2014) mentionne l’importance de se doter de critères pour évaluer la justification. « Des critères doivent être construits et des stratégies doivent être développées pour munir les élèves de moyens d’évaluer la qualité de leur justification » (p.252-253).

Elle cite trois critères souvent mentionnés par les élèves de 1re secondaire quant à la qualité

d’une justification à l’écrit (p.183) :

• La quantité de raisons fournies;

• La pertinence des éléments appuyant les propos;

• La qualité des éléments justificatifs en fonction des caractéristiques du destinataire (ex. : on ne donne pas les mêmes arguments à son père ou à son meilleur ami.). Nous croyons important de sonder les enseignants pour découvrir leurs critères quant à l’évaluation de la qualité d’une justification. De plus, sachant que pour une même question (en particulier d’interprétation, de réaction et de jugement critique) les élèves peuvent justifier efficacement leur réponse de différentes façons, nous nous questionnons à savoir si ces justifications sont équivalentes. Il appert donc primordial de s’intéresser aux pratiques d’enseignement et d’évaluation des enseignants pour relever les problèmes ou les défis entourant la justification.

Ce qui nous amène à nous questionner sur les contextes propices à l’enseignement et à l’évaluation de la justification. Quelles sont les différences entre l’élaboration d’une justification à l’oral et à l’écrit?

1.2.6 Les contextes propices à l’enseignement et à l’évaluation de la