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L’intervention palestinienne au Liban et ses conséquences

Toujours embrasé par le conflit israélo-arabe élargi à l‘ensemble de la région ; la situation géographique fait du Liban un fief et un exil pour les palestiniens chassés de leur pays à l‘issue de la création de l‘Etat d‘Israël décidée par l'Assemblée générale des Nations Unies, au lendemain de la seconde guerre mondiale.

A- les réfugiés palestiniens

L‘idée du transfert de population fit son apparition dès 1937, par la commission Peel, envoyée sur le terrain afin de déterminer les possibilités de trouver une solution notamment aux actes de terrorisme émanant de la population juive avec l‘aide des milices juives (Haga-nah, Stern et L‘Irgoun) et à la grande révolte palestinienne déclenchée dès 1936, en opposi-tion à l‘applicaopposi-tion de la déclaraopposi-tion Balfour sur sa terre.1

L‘annonce de la création de l‘Etat d‘Israël par Ben Gourion le 14 mai 1948,2 et l‘arrivée le lendemain des armées arabes pour défendre la Palestine, achèvera cette première expulsion massive. Sept cent mille à un million de Palestiniens ont fuit leur pays vers les

1 La question des réfugiés palestiniens, repères historiques. www.france-palestine.org, « La guerre qui durera jusqu‘à la signature des accords d‘armistice entre Israël et les Etats arabes, en juin 1949, se soldera par un dé-peuplement de plus de 800 000 habitants de Palestine, dont "plus de la moitié furent expulsés durant le mandat britannique. »

2 G. Chaliand, Voyage dans 40 ans de guérillas, sur www.diploweb.com Géopolitique et stratégie. Un plan de partage est voté par l‘O.N.U. en 1947 divisant le pays entre un Etat juif, un Etat arabe, Le conflit entre les deux parties était inévitable.

autres pays arabes limitrophes (Jordanie, Syrie, Liban) ou les zones sous contrôle arabe (Cis-jordanie et bande de Gaza). La répartition s‘établit de la manière suivante : 55% des réfugiés partirent vers la Jordanie et la Cisjordanie, 22% vers la Bande de Gaza, 14% vers le Liban et 9% vers la Syrie. Cet épisode tragique, que les Arabes ont coutume d‘appeler la Nakba (la catastrophe), constitue le point de départ d‘un problème qui demeure irrésolu à ce jour : la question des réfugiés palestiniens et le droit au retour. 1

Lieux Vivant dans les camps Vivant hors des camps Total

Jordanie 283 183 1 497 518 1 780 701

Liban 210 952 189 630 400 582

Syrie 112 882 311 768 424 650

Cisjordanie 181 241 506 301 687 542

Bande de Gaza 471 555 490 590 961 645

Total 1 259 813 2 995 307 4 255 120

Source : le site de l'UNRWA (agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens).

Estimations mars 2005

Les guerres sporadiques déclenchées ultérieurement par les belligérants, ont conduit à l‘extension progressive des territoires occupés et à un nouvel exode des populations. Les

1 En ce qui concerne les Arabes palestiniens, environ 700 000 d‘entre eux deviennent des réfugiés que des orga-nismes des Nations Unies prennent en charge. Israël refuse de se plier à la résolution des Nations Unies leur enjoignant de réintroduire ces réfugiés dans les territoires désormais dévolus à Israël où les Juifs entendent for-mer un Etat dans lequel ils sont largement majoritaires. G. Chaliand, idem.

xièmes et les troisièmes vagues d‘exode ont eu lieu respectivement lors de la guerre des six jours en 1967 et dans les années 1970 et 1971. Les populations parquées dans des camps con-centrés dans divers villes principalement : Tyr, Saida, Beyrouth, Baalbek et Tripoli.1 L'armée Libanaise contrôle systématiquement tous les accès des camps. 2

Selon l‘article 1, lettre A, chiffre 2, de la convention sur les réfugiés de 1951, basé sur la notion donnée par le paragraphe B de l‘article 6 du statut de réfugié du Haut Commissariat des réfugiés, comme le précise H. Jouni3, le terme réfugié « s‘applique à toute personne qui par suite d‘évènements survenus avant le premier janvier et craignant avec raison d‘être per-sécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et si elle n‘a pas de nationalité et se trouve hors du pays dont lequel elle avait sa résidence habi-tuelle à la suite de tels évènements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retour-ner ».4

Le protocole de New York de 1967, relatif au statut des réfugiés, a supprimé les limi-tations temporelles et géographiques mentionnées dans la définition précitée.

La convention de l‘OUA du 10 septembre 1969 a élargi la définition, le terme réfugié outre les réfugiés fuyant des persécutions telles définis par le protocole de 1967, s‘applique à toute personne « qui du fait d‘une agression, d‘une occupation extérieure, d‘une domination étrangère ou d‘évènements troublant l‘ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d‘origine ou du pays dont elle a la nationalité, est obligée de quitter sa résidence habi-tuelle pour chercher refuge dans un autre endroit à l‘extérieur de son pays d‘origine ou du pays dont elle a la nationalité. »

Les palestiniens se trouvent au Liban suite au conflit armé qui les a obligés de quitter leur pays. Mais, Jouni signale « que ces civils palestiniens ne bénéficient pas du statut accordé

1 E. Rouleau, les palestiniens d’une guerre à l’autre, Paris, la Découverte, 1984, p.127.

2 Voir l‘annexe.

3 H. Jouni, le droit international humanitaire dans les conflits contemporains au Liban, Thèse de doctorat, Montpellier, 1996, p. 220.

4 H. Jouni, idem.

aux réfugiés par le Haut Commissariat aux réfugiés car le paragraphe 1 de la section D de l‘article 1 de la Convention de 1951 prévoit expressément que cette convention ne sera pas applicable aux personnes qui bénéficient actuellement d‘une protection ou d‘une assistance de la part d‘un organisme ou d‘une institution des Nations unies autre que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ». 1 Car, il résulte que les Nations unies ont créé en 1949 un organisme des réfugiés palestiniens, l‘UNRWA (l‘Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, United Nations relief agency for Palestine refugees in the near East)2 et cet organisme a été reconnu par le Haut Commissariat aux réfugiés. Sa mission est de collaborer avec les pouvoirs publics locaux, les programmes de secours et des travaux. Et, à l‘inverse du Haut Commissariat aux réfugiés, n‘a pas de mission de trouver une partie pour réintégrer ces réfugiés ni de les protéger, car ils sont sous la protection des pays d‘accueil si les dits pays acceptent volontiers d‘assurer le droit et la sécurité qui sont propres à l‘UNRWA. Provisoire à l‘origine, la mission de l‘UNRWA dure depuis plus de cinquante ans par renouvellement tous les trois ans. Son existence se juxtapose au cadre juridique de la convention de Genève de 1951 comme précité, et conçue dans la suite de la résolution 184 (II) de novembre 1947 relative à la partition de la Palestine, la mission de l‘UNRWA devait constituer un cadre spécifique dans la perspective d‘un droit au retour que la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948 avait proclamé.3

Actuellement, 384 918 réfugiés palestiniens, soit 10% de la population réfugiée pales-tinienne totale sont enregistrés auprès de l‘UNRWA. Ils constitueraient ainsi plus le 11% de la population du Liban. La majorité d‘entre eux réside dans des 12 camps de réfugiés. D‘après le gouvernement libanais et l‘Organisation de libération de la Palestine (OLP), les réfugiés pa-lestiniens seraient 415 000 au Liban. D‘après PHRO (palestinien human rights organisation) il

1 Ibidem, p. 221.

2 L‘UNRWA a été créé par la résolution n° 302 (IV) de l‘Assemblée générale des Nations unies en date du 8 décembre 1949 et est devenu opérationnel depuis le 1er mai 1950. Son action bénéficie actuellement à environ 4 million de réfugiés enregistrés en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Elle offre aux réfugiés des services qui couvrent les domaines de l‘enseignement, de la formation professionnelle et technique, de la santé et de l‘hygiène, de l‘aide sociale aux catégories vulnérables de la population (femmes, jeunes, handicapés) et de l‘infrastructure.

3 http://www. Fidh.org/IMG/pdf/lb

existe une troisième catégorie de réfugiés palestiniens au Liban non comptabilisée, c'est-à-dire 10 000 palestiniens résideraient au Liban sans papier d‘identité.1

Ces réfugiés vivent dans les conditions de vie déplorables puisqu‘ils ne disposent pas du droit au travail, ni de passeport, et leur laissez-passer est difficilement renouvelé par les autorités libanaises. Ils se trouvent donc très tributaires de l‘aide de l‘UNRWA, et leurs condi-tions de vie sont extrêmement difficiles. Depuis la guerre du Liban en 1975 leurs condicondi-tions de séjour n‘ont cessé de se dégrader.

Source : www.france-palestine.org publié le samedi 5 mai 2007 12 camps de réfugiés palestiniens, constitués au fil de l‘histoire, depuis la guerre israélo-arabe de 1948-49.

Depuis 1948, les aspirations des Palestiniens se sont exprimées dans le double principe du « Droit au retour » et de la création d‘un Etat palestinien indépendant, tirant leur base du

1 Pour plus de développement sur le travail de l‘UNRWA, voir à cet égard, « Liban, les réfugiés palestiniens : discriminations systématiques et désintérêt total de la communauté internationale », idem.

droit international. La réalisation des aspirations du peuple palestinien, inclut l‘exercice de leur droit à l‘autodétermination et une solution juste et globale pour les réfugiés palestiniens, fondée sur la résolution 194 de l‘Assemblé générale des Nations unies qui assure leur retour et garantit le bien-être et la sécurité des réfugiés, répondant au problème des réfugiés dans toutes ses dimensions. Le droit de retour fait un obstacle à l‘implantation des réfugiés.1

Avec un statut juridique à part, et une situation humaine également différente des pays d‘accueil, les camps de réfugiés seront la base de développement de la résistance palesti-nienne. Ils seront le lieu de transmission de la mémoire et des traditions. Cette identité tradi-tionnelle va petit à petit se doubler d‘un réel développement politique notamment dans les années soixante " pour inclure une dimension nationale dont l‘OLP s‘est faite le diffuseur et le représentant officiel ".

La résistance des camps de réfugiés, devenu programme politique puis Etat palestinien en exil, continuera de s‘exercer en vertu du droit à l‘autodétermination et du droit de chaque peuple à disposer d‘une terre. C‘est en substance la demande des Palestiniens aujourd‘hui : l‘application notamment des résolutions 194 (III) et 242 de 1967.

Ainsi, le Liban apparaît comme le territoire où s‘inscrit l‘aboutissement d‘ultimes migra-tions que le Liban n‘en veut plus, car la présence des réfugiés palestiniens a systématiquement aboutit à l‘intervention militaire palestinienne.

Section II : L’implantation militaire palestinienne au Liban et l’émergence « d’un Etat dans l’Etat »

L‘émergence des nouveaux mouvements palestiniens dans les années 1950 et 1960, dont le Fatah (mouvement de la libération nationale palestinienne) de Yasser Arafat est l‘un des

1 La déclaration universelle des droits de l’homme, confirme dans son article 3 que « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays » (article 13). Le pacte international relatif aux droits civils et politiques affirme que « tous les peuples ont le droit de disposer d‘eux-mêmes » (article 1er) et que

« nul ne peut être arbitrairement privé du droit d‘entrer dans son propre pays » (article 12 aliéna 4). Celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels confirme également le « droit de tous les peuples de disposer d‘eux-mêmes » (article 1er). Ainsi, dans plusieurs résolutions, les Nations unies n‘ont pas manqué de consacrer ces principes.

premiers facteurs de la mobilisation politique des jeunes réfugiés, frustrés de leur situation et prêts pour la lutte militaire afin de mettre au juste leur cause.

En effet, l‘OLP dominée par Yasser Arafat et son organisation le Fatah mène des opéra-tions de guérilla à partir des pays limitrophes d‘Israël, attirant sur ces derniers les foudres de l‘Etat hébreu. La doctrine israélienne consiste à diriger ses représailles, non seulement contre les camps de réfugiés, où sont basés les fédayins (résistants) palestiniens, mais aussi contre les pays d‘accueil jugés complices des activités de guérilla des palestiniens.

C‘est après la défaite de la Guerre des six jours (5-10 juin 1967), durant laquelle toutes les armées arabes sont anéanties lors d‘une attaque surprise des forces israéliennes,1 que la situa-tion devient explosive, notamment en Jordanie, un an après la créasitua-tion de la branche armée du Fatah al Assifa (la tempête).2 En septembre 1970, le roi Hussein, dont le pouvoir fragilisé par l‘autonomie croissante des combattants palestiniens et leur engagement dans des actes terro-riste, notamment des détournements et des destructions d‘avions civils, prend l‘initiative et donne l‘ordre à sa légion arabe de les expulser hors du royaume hachémite.3

La plupart des fédayins, pris en étau par les armées israélienne et jordanienne, se réfugient tant bien que mal en Syrie, puis au Liban, où l‘OLP dispose d‘une totale autonomie politique et militaire depuis les accords du Caire, signés en 1969 avec les autorités de Beyrouth sous l‘égide de l‘Egypte nassérienne.

La guérilla4 à la frontière israélo-libanaise s‘intensifie alors, exposant de plus en plus les infrastructures libanaises aux bombardements israéliens et attisant l‘hostilité d‘une partie de la

1 A cet égard, à voir notamment J. Seguin, le Liban-Sud, espace périphérique, espace convoité, Paris, l‘Harmattan, 1989, p. 70 et s.

2 C‘est l‘écrasante défaite arabe de juin 1967 qui permet au mouvement national palestinien d‘émerger, après s‘être fait connaître dans le monde arabe par un succès lors de l‘escarmouche de Karameh puis mondialement, avec le détournement en été 1968 d‘un avion de la compagnie El Al par le Front Populaire de Libération de la Palestine de Georges Habache. G. Chaliand, Voyage dans 40 ans de guérillas, op.cit.

3 Cet épisode tragique de la lutte nationale palestinienne, baptisé « septembre noir », coûta la vie à 3440 civils.

4 La guérilla projetée qui devait provoquer la déliquescence et le départ d‘une population considérée comme hétérogène et ne constituant pas une Nation aux yeux de l‘O.L.P. ne vit jamais le jour. Elle fut remplacée par

société libanaise à l‘égard des palestiniens. C‘est en 1975 que les mouvements chrétiens et les groupes progressistes, soutiens des palestiniens, commencent à s‘affronter, initiant une guerre qui ne s‘achèvera qu‘en 1990. 1

Ainsi, l‘OLP s‘est lancée, de 1968 à 1982, dans un processus de constitution étatique, ter-ritorialisé provisoirement dans les camps du Liban, en développant son monopole des moyen de coercition et en bâtissant une infrastructure locale. En 1987 éclate l‘Intifada qui ramène, après vingt ans, l‘attention sur l‘occupation des territoires plutôt que sur la résistance exté-rieure. « En prenant position militairement au Liban-Sud, la résistance palestinienne aborde une période de son histoire particulièrement mouvementée. Son intrusion dans un pays en déséquilibre, politiquement et économiquement, va précipiter la décomposition de l‘Etat et l‘éclatement des tensions accumulées. »2 Suite à des accrochages entre l‘armée libanaise et les groupes des fédayins dans la région d‘Arkoub dans le Sud du pays, des pourparlers ont lieu au Caire qui réglementent la présence palestinienne au Liban-Sud. A partir de 1972, le contrôle de l‘OLP sur une partie du Liban-Sud s‘était substitué à un Etat devenu inexistant dans cette région libanaise. Les palestiniens finissent par créer au Liban un véritable Etat dans l‘Etat, le Fatah land.

L‘accord du Caire entre l‘Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le gou-vernement libanais, affirmait néanmoins la nécessité de garantir les droits des réfugiés pales-tiniens en matière de résistance, de travail et de liberté de mouvement.3 Jouni continue que cet accord autorise aussi aux palestiniens de garder leur armement pour préserver leurs intérêts, comme l‘armement à l‘intérieur des camps, et qu‘ils pourront utiliser dans la lutte contre Israël, et cela dans le respect de la souveraineté et de la sécurité libanaise. Enfin, l‘accord or-ganise les questions de déplacement des palestiniens et de leur champ d‘action.4

Suivi par « l‘accord de Melkart » conclu le 17 mai 1973, qui règle la présence des palestiniens au Liban et précise les problèmes de leur circulation et leur entraînement ; Cet accord limite

des opérations à caractère terroriste, certaines publicitaires, d‘autres destinées à faire des victimes civiles. G.

Chaliand, idem.

1 J.-P. Alem & P. Bourrat, le Liban, Paris, PUF, 2000, Que sais-je, p. 109.

2 J. Seguin, op. cit., p. 71.

3 H. Jouni, op. cit. , p. 223.

4 Idem.

aussi leur liberté de mener des opérations à partir du territoire libanais et insiste sur l‘applicabilité de la loi libanaise à l‘intérieur des camps.1

Un autre accord a été signé aussi entre le Liban et l‘OLP, « l‘accord de Chtoura » du 21 juillet 1977, qui définit les modalités d‘application de l‘accord du Caire. « Il prévoit le désengagement des forces combattantes, le retrait des forces palestiniennes et le déploiement de l‘armée libanaise dans le Sud du Liban, ainsi que le déploiement de la Force de dissuasion arabe autour des camps palestiniens. Enfin, il prévoit la collecte des armes des combattants. »2

La garantie de ces droits devenait ainsi une base juridique stable qui régit les relations libano-palestiniennes jusqu‘en mai 1987, date à laquelle le parlement libanais a abrogé l‘accord du Caire.

Bien que, dans lesdits accords, le gouvernement libanais ait cédé au profit de l‘OLP une partie de ses compétences exclusives, mais ce partage de compétence ne remet pas en cause la souveraineté, la sécurité et l‘intégrité nationale du Liban.

La présence palestinienne a ainsi mis en avant non seulement l‘incapacité de l‘Etat à contrôler son territoire, et à travers cela, son manque d‘autorité et sa faiblesse, mais aussi la fragilité du système politico-économique sur lequel il repose. « Géographiquement éclaté, le Liban va être l‘enjeu territorial des forces agissantes, à la fois politiques et militaires. » Une guerre civile déclenchait en 1975 a pour cause des tensions de toutes natures accumulées et exacerbées par le conflit israélo-arabe, le facteur palestinien et les antagonismes confession-nelles. « Tandis qu‘au nord se constitue un Liban phalangiste et chrétien, au sud tente de se construire un espace politique palestino-progressiste. » L‘ancrage territorial, était le véritable enjeu qui animait les évènements du Liban-Sud entre 1970-1978.3

L‘invasion israélienne de 1978 du Liban-Sud va repousser la résistance palestinienne au nord du pays, et le Liban apparaît dans un état de démembrement lamentable. Ensuite, le départ des troupes de l‘OLP, suite à l‘invasion israélienne de 1982 et l‘opération « paix en Galilée », continue à sa défaite militaire. Cette intervention a provoqué l‘apparition de deux nouveaux acteurs au Sud-Liban : l‘ALL (l‘armée du Liban libre de Saad Haddad) et la

1 K. Boustani, pp. 253 et 258.

2 H. Jouni, op. cit. p. 224.

3 J. Seguin, op. cit., p. 77.

NUL. De batailles impitoyables vont acharner entre les factions fidèles à l‘OLP et celles sou-tenues par la Syrie.1 Des affrontements armés violents éclatent entre les deux groupes, con-traignant finalement Yasser Arafat de quitter le Liban avec ses quatre mille fédayins, sous la protection d‘une force multinationale vers Tunis. Ensuite, après la guerre des camps, en 1987, de nouveaux affrontements éclatent entre les loyalistes et les pro-syriens et Amal, qui aboutis-sent à la répartition de facto des camps : l‘OLP hérite les camps du Sud-Liban et les pro-syriens ceux de Beyrouth et du nord du Liban.2

La responsabilité de la guerre civile imputée aux palestiniens par certains secteurs de la société libanaise va servir à développer le sentiment anti-palestinien. Ce sentiment trouve son origine, d‘une part, dans l‘impasse dans laquelle se situe le processus de paix au Proche-Orient et, d‘autre part, dans le prisme confessionnel qui fait apparaître la présence palesti-nienne sur le sol libanais comme un risque réel d‘implantation définitive susceptible de mena-cer l‘équilibre démographique des confessions au Liban. Dès son préambule, la constitution libanaise, même après les accords de Taëf en 1989, consacre le droit des libanais sur la terre et exclut « la partition, le partage et l‘implantation (article 1-i des principes généraux).

« Le droit au retour des Palestiniens est une question fondamentale et établie et le refus de l‘implantation fait l‘unanimité auprès des Libanais. Cette décision est définitive et

« Le droit au retour des Palestiniens est une question fondamentale et établie et le refus de l‘implantation fait l‘unanimité auprès des Libanais. Cette décision est définitive et