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Touristes, industrie touristique et destination : les trois principaux

Section 2. Éclairage sur les trois principaux composants du tourisme et de la compétitivité

2.3. Les destinations : rencontre de l’Offre et de la Demande

2.3.2. L’attractivité comme source touristique d’une destination

L’attractivité : caractéristique essentielle d’une destination

L’attractivité constitue la caractéristique essentielle pour faire d’un territoire une destination (Lew, 1987; Gagnon, 2007). Pour émerger en tant que destination, un territoire se doit de devenir attractif aux yeux des visiteurs. « Chaque territoire jouit d’une touristicité ou potentialité attractive théorique qui détermine largement sa part de marché » (Lozato-Giotart, 1993). Ainsi, sans attraits ou attractions touristiques, une destination ne peut exister (Gunn, 1988). Inversement, sans le tourisme il n’y aurait pas d’attractions touristiques.

Au-delà de cette tautologie, il est indéniable qu’il existe une relation forte entre tourisme, attractivité d’une destination et ses attraits touristiques.

Les effets d’attraction-répulsion comme moteur du tourisme

Les déplacements touristiques se caractérisent souvent par une combinaison de facteurs, invitant les touristes, à la fois, à quitter leur emplacement actuel et à l’attirer vers un autre (Kassean, et al., 2013; Yiamjanya, et al., 2014; Prayag, et al., 2011; Fluke, et al., 2000). Cet effet d’attraction-répulsion (push-pull effect) développé par Tolman (1959) et mis en avant par Dann (1977) dans le tourisme permet de synthétiser les motivations en deux catégories de facteurs : ceux repoussants (push) et ceux d’attractions (pull).

Les facteurs d’attraction sont principalement liés à l’attractivité d’une destination donnée et les caractéristiques tangibles de celle-ci tels que les plages, l’hébergement, les installations de loisirs et des ressources culturelles et historiques. Pour expliquer les flux touristiques internationaux, Williams et Zelinski (1970) parlent d’héliotropisme, c’est-à-dire l’attirance des populations d’un pays ou d’une région vers une région plus ensoleillée. Gray (1970) suggère un terme synonyme « sunlust », qui caractérise des vacances motivées par le désir de profiter d’équipements et de services plus appréciés ou meilleurs. Les caractéristiques climatiques, les paysages, des éléments culturels et historiques, ou sportifs sont autant de facteurs qui expliquent le déplacement. Gray explique

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également l’attractivité de destinations par l’envie des touristes de découvrir l’histoire, la culture de celles-ci : le wanderlust.

Les facteurs répulsifs sont propres aux touristes et traitent des facteurs justifiant ce voyage. Ils sont considérés comme des constructions sociopsychologiques qui prédisposent l’individu à voyager, influençant ainsi sa décision. Ils se réfèrent aux désirs incorporels, intrinsèques du voyageur, comme le désir d’évasion, de repos et de détente… (Uysal, et al., 2008).

Les touristes voyagent parce qu’ils sont « poussés » par des forces internes et

« attirés » par des forces extérieures. En d’autres termes, ces forces décrivent comment les individus sont poussés par les variables de motivation à prendre une décision de voyage et la façon dont ils sont tirés ou attirés par la zone de destination (Uysal, et al., 1993). Ainsi, les facteurs du domaine de répulsion portent sur le « pourquoi » du voyage et les facteurs du domaine de l’attraction sur la question « où », c’est-à-dire le choix de la destination (Uysal, et al., 2008). En effet, les facteurs d’incitation sont les raisons pour lesquelles les gens veulent s’éloigner de leur lieu de résidence, alors que les facteurs d’attraction sont des raisons pour aller vers des destinations particulières.

Des forces ayant une dimension personnelle et interpersonnelle

Les travaux de Crompton sur les motifs de vacanciers de plaisance (1979) montrent que le choix d’une destination peut reposer sur un déséquilibre des besoins psychologiques, culturels et sociaux des individus au quotidien. Les vacances deviennent donc pour certains comme une occasion d’exploration, de se réévaluer et de découvrir plus sur soi-même. La relaxation, le prestige, la régression, l’amélioration des relations de parenté, et la facilitation de l’interaction sociale sont également les facteurs sociopsychologiques (push) cités par Crompton. Il trouve également deux autres motifs (pull) : la nouveauté et l’éducation, qui ont été au moins partiellement suscité par les qualités particulières de la destination.

Iso-Ahola (1982) suggère qu’il y a deux facteurs déterminants de l’évolution du tourisme et de la motivation des touristes : le désir d’échapper aux environnements quotidiens, et le désir de chercher des récompenses

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psychologiques à travers le voyage. Ces deux forces ont également une dimension personnelle et interpersonnelle. Selon Iso-Ahola, « le tourisme est un processus dialectique, car il fournit une issue pour éviter quelque chose et pour rechercher simultanément quelque chose ». Williams (1998) complète ces deux dimensions sociales par une troisième dimension liée à l’environnement physique, en démontrant que les changements d’environnement (de l’été à l’hiver, de la chaleur au froid, de la foule à l’isolement, etc.) sont aussi importants que des facteurs psychologiques.

Leiper (1990) propose un modèle d’interprétation des attractions touristiques.

Une attraction touristique serait ainsi un système articulé à partir de trois éléments : un touriste, un nucléus, et au moins un marqueur/repère. Comme Gagnon (2007) le définit : « pour Leiper, un touriste est un voyageur ou un visiteur qui cherche à vivre des expériences de loisir. Poussé par son propre désir de voyager, ce touriste est dirigé vers un “centre organisateur” ou nucléus par un réseau de marqueurs ou markers tout au long de son itinéraire. Ces marqueurs communiquent au touriste l’information sur le nucléus : avant son départ (generating marker), pendant son déplacement (transit marker) et finalement in situ (contiguous marker). Quant au nucléus, il représente l’élément central du système d’attraction touristique » (Gagnon, 2007).

Trois approches de l’attractivité

Lew (1987) définit les attraits touristiques comme l’ensemble des éléments d’un lieu non commun ou différent de son environnement habituel qui attirent les voyageurs loin de chez eux. Il propose de les regrouper en trois catégories qui reposent sur trois optiques ou approches : une approche géographique (idiographic perspective), une approche aménagiste (organizational perspective) et une approche sociologique (cognitive perspective).

La perspective géographique s’apparente à une analyse spatiale du tourisme (Pearce, 1995). Les lieux touristiques, les pôles touristiques (place), et les espaces touristiques (space) jouent en effet un important rôle dans l’organisation des sites et des territoires touristiques. « The greatest imperative for all of tourism is place » (Gunn, 1988). L’activité touristique s’organise autour

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de pôles attractifs sur lesquels vient se brancher l’activité économique qui rentabilise les sites touristiques (Gagnon, 2007). De ce fait, ces lieux ou pôles jouent un rôle de premier plan dans l’organisation spatiale des territoires. Parmi ces lieux capables de déplacer des foules, les paysages constituent l’attraction la plus importante, car ils possèdent une valeur spéciale pour les touristes. Un lieu touristique et notamment un paysage touristique est « […] une construction mentale d’une expérience spatiale et temporelle qu’attribuent les individus à travers une connaissance personnelle ou commune et une certaine perception de leur environnement » (Motloch, 2000).

La perspective organisationnelle concerne moins les caractères des sites que leurs attraits en soi, c’est-à-dire leur caractéristique spatiale, leur capacité ou leur nature temporelle. Les typologies d’attraction sont développées afin de refléter les qualités de ces attraits. Cette approche différencie l’attrait à l’attraction. L’attrait dépend ainsi de l’intention et de la portée données à un évènement ou à un site, tandis que l’attraction réfère à un lieu aménagé et pensé dans le but déclaré d’attirer les gens. Tout peut être touristique.

Toutefois, d’une part, le potentiel d’attractivité ne pourra se réaliser qu’en fonction de la distance des foyers émetteurs ou de l’accessibilité du site. D’autre part, un signal, une marque humaine doit afficher l’intérêt.

Le troisième type d’approche en vue de discerner la valeur attractive des sites touristiques fait référence aux perceptions et aux expériences des touristes, c’est-à-dire aux attributions humaines d’un lieu touristique ou d’une destination touristique. L’attractivité joue un rôle très important dans la motivation des touristes et dans l’expérience touristique, car il traduit la relation entre un touriste, un spectacle et un marqueur/signe (MacCannell, 1973). En effet, l’attractivité dépend de la quasi-connaissance de l’objet acquise par le touriste (MacCannell). Le touriste ne va pas vers les choses, mais vers les images des choses. L’expérience d’un touriste passe principalement par le regard.

Regarder, observer de manière plus ou moins longue ou précise un lieu, un paysage, ou un spectacle constitue l’activité principale d’un touriste. C’est ce qui va le définir, mais aussi qui va dénaturer son expérience. Burgelin (1967) montre dans sa théorie du sightseeing, le touriste ne va pas vers les choses,

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mais vers les images des choses. La chose à voir (sight) est réduite à l’image, au signe. Les professionnels du tourisme vont donc fournir aux touristes un univers qui est l’image non du réel, mais de l’attente des touristes. En dehors de cet imaginaire touristique, le signe ne renvoie plus à aucune autre réalité que lui-même.

2.3.3.La compétitivité comme source d’avantage concurrentiel

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