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Touristes, industrie touristique et destination : les trois principaux

Section 1. Qu’est-ce que le tourisme ?

1.2. L’histoire du tourisme

1.2.1. Du Grand Tour au tourisme de masse

Le Grand Tour et les débuts du tourisme

Le tourisme n’est pas un phénomène nouveau. Le voyage a toujours été une constante dans l’histoire de l’humanité, de l’Antiquité à nos jours. Les Grecs et les Romains effectuaient des voyages que l’on pourrait qualifier de touristiques aujourd’hui. Néanmoins, le tourisme, en tant que voyage d’agrément, est apparu à la fin du XVIIe siècle en Angleterre (Raboteur, 2000). Le terme Tour apparait à cette époque et évoque le voyage initiatique que faisaient les aristocrates anglais en Europe : le Grand Tour.

Sources : OMT ; auteurs

Résidents Non résidents

Non-voyageurs (loisirs, récréation, autres)

Autres voyageurs (migrants et autres) Voyageurs

Visiteurs

Touristes Excursionnistes

Agrément Affinitaire Affaire Autres (voyages

religieux, d’étudiants, autres)

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Figure 4 : Exemple de Grand Tour au 18e siècle

Source : Université d’Indiana

Ce voyage d’étude ou d’agrément a pour but la redécouverte des civilisations grecques et romaines, mises en valeur par l’exhumation de plusieurs sites archéologiques, comme celle de Pompéi au XVIIIe siècle. Ce périple conduit ces jeunes aristocrates anglais à Paris, à Genève, dans le sud de la France et bien sûr en Italie (Rome, Pompéi, etc.). Ce voyage doit à l’époque compléter leur éducation. Ce rite de passage à l’âge adulte demeure exclusivement le fait des Anglais pendant près d’un siècle, avant d’être imité par les principales aristocraties du continent.

L’essor du tourisme par la modernisation des transports

Au début du XIXe siècle, près de 100 000 « touristes » anglais traversent la Manche chaque année pour découvrir le continent. Le tourisme tend à s’étendre vers de nouvelles destinations. La France, et en particulier la côte méditerranéenne française, est rapidement devenue une attraction touristique pour les aristocrates anglais sur le Grand Tour. Aidés par le développement de nouveaux modes de transport (chemin de fer et navigation), les touristes traversent la Méditerranée. Le tourisme s’étend tout d’abord en Italie et en Espagne, puis en Grèce et en Turquie, et plus récemment en Afrique du Nord.

Le service ferroviaire de l’Orient-Express est créé en 1883 par la Compagnie

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internationale des voitures-lits pour relier Paris à Constantinople via Munich, Vienne et Budapest, avec des voitures-lits et des voitures-restaurants d’un confort et d’un luxe inégalés. Le succès rencontré conduit à l’extension du réseau au-delà de Constantinople. En 1930, il est possible de se rendre de Paris à Damas, Jérusalem, au Caire ou à Bagdad (Lecler, 2008). Les agences de voyages, telle celle de l’anglais Thomas Cook, développent l’activité de tour operator et promènent dans toute l’Europe les premiers groupes de visiteurs.

De nouvelles pratiques touristiques

« Les aristocrates anglais ont inventé la plupart des pratiques touristiques actuelles : aussi bien le tourisme culturel que le tourisme thermal; et ce sont eux qui ont “découvert” que la mer et la montagne, des milieux jugés auparavant hostiles à l’homme, lui offraient d’extraordinaires bains de jouvence et terrains de sport » (Lecler, 2008). Au 18e siècle, l’essor des préoccupations hygiénistes et du bien-être physique conduit les classes privilégiées anglaises à redécouvrir les bienfaits du thermalisme, déjà connus du temps des Romains.

Ces nouvelles pratiques touristiques créent des lieux luxueux et mondains. La station belge de Spa, lancée par des Anglais, connait le succès au point d’en devenir un terme générique désignant les stations thermales et les équipements balnéaires. Les principales monarchies du continent emboîtent le pas et fondent leurs propres stations thermales : Baden-Baden près de Stuttgart, Carlsbad et Marienbad en Bohême, Montecatini en Toscane, Aix-les-Bains en Savoie, Luchon et Vichy en France.

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Figure 5 : illustration de destinations « phares » au XIXe siècle

Sources : Offices de tourisme

Ce tourisme thérapeutique centré sur les vertus de l’eau va transformer la perception de la mer et donner naissance au tourisme balnéaire. Les bienfaits des bains de mer popularisés par les médecins anglais vers 1750 permettent le développement de nouvelles stations tout le long de la côte littorale de la Manche. Deauville est créée de toutes pièces en 1860 sur des terrains marécageux par le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III. Parallèlement, l’hivernage se développe à Nice (French Riviera), mais aussi en Italie (San Remo, Sorrente, Amalfi, etc.). Contrairement, au littoral de la Manche, les touristes viennent dans ces nouvelles stations pour le climat et la végétation.

Les aristocrates britanniques inventent également les sports d’hiver. Les jeunes aristocrates britanniques prennent l’habitude de faire halte en Suisse sur le chemin de leur Grand Tour vers l’Italie. Ils s’ouvrent à la beauté des paysages et à l’envie de découvrir et conquérir ces montagnes. L’alpinisme devient rapidement un sport prisé de l’élite anglaise. En 1857, l’Alpine Club de Londres est fondé sur le modèle des clubs fréquentés par les aristocrates. « La montagne se mue en paradis blanc avec l’apparition des sports d’hiver. Les pays nordiques connaissaient depuis des siècles, par nécessité, les instruments de glisse tel le ski (“planche” en norvégien) » (Lecler, 2008). Le ski alpin voit ainsi le jour et cette nouvelle forme de tourisme gagne rapidement les élites

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européennes. En 1914, la famille Rothschild investit dans la création d’une station dédiée aux sports d’hiver à Megève en Savoie.

La démocratisation du tourisme

À cette époque, le tourisme était un produit de luxe. Le visage du tourisme change radicalement dans la seconde moitié du 20e siècle. Après deux siècles au cours desquels le tourisme est demeuré un loisir réservé aux classes privilégiées, le tourisme s’ouvre aux autres classes de la population. La généralisation des congés payés dans de nombreux pays industrialisés a permis l’essor d’un nouveau genre de touristes et contribue à la montée de ce que l’on appelle le tourisme de masse.

L’explosion des temps de détente et de loisirs que représente l’essor spectaculaire du tourisme de masse dans la deuxième moitié du 20e siècle transforme de manière radicale et définitive les formes du tourisme. En France, le taux de départ passe de 31 % en 1951 à 61 % en 1989, puis 75 % de nos jours. À partir de la fin des années 1960, le tourisme se généralise à l’échelle de l’Europe, engendrant de grandes migrations estivales, des pays du Nord vers les nouvelles stations balnéaires, notamment espagnoles.

L’expansion de nouveaux modes de transport participe à cet essor. L’apparition du chemin de fer au XIXe siècle révolutionne les conditions de déplacement.

Toutes les grandes stations touristiques sont désormais desservies par des gares, condition de leur viabilité. En 1936, le billet populaire de congés annuels est mis en vente en France. 550 000 personnes en 1936, puis 907 000 en 1937, partent ainsi à la découverte des bords de mer, des stations de montagne, des monuments célèbres ou des villages. Le XXe siècle est celui de l’automobile. Elle devient un véritable mode de transport après la Première Guerre mondiale grâce à l’amélioration du réseau routier et des fonctions support (réparateurs, stations essence, indications routières), ainsi qu’à la réduction des coûts de fabrication, qui ouvre la voie à sa démocratisation. La croissance du parc automobile s’accélère sous les Trente Glorieuses. Les routes nationales sont progressivement remplacées par les autoroutes, plus rapides et plus sûres.

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1.2.2.Une progression quasi ininterrompue du tourisme

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