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Tourisme et croissance : une relation ambigüe

Section 1. L’analyse de la croissance : un domaine fertile pour appréhender l’impact économique du

1.2. La convergence au cœur des travaux de la théorie de la croissance

1973; Coe, et al., 1995).

Jones (1995) montre également que ces premiers modèles comprennent des effets de taille « particulièrement gênants ».

1.2. La convergence au cœur des travaux de la théorie de la croissance

Le concept de croissance est étroitement lié à celui de convergence. En effet, comprendre ce qui gouverne la croissance économique implique d’isoler les

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facteurs permettant d’appréhender la convergence économique (Jean-Pierre, 2007; Amélie, et al., 2010).

Cette sous-partie s’attache à présenter les notions fondamentales de la convergence ainsi que certains résultats.

1.2.1.L’étude la convergence économique entre pays

Lien entre croissance et convergence

Depuis plusieurs décennies, un grand nombre d’études théoriques et empiriques ont étudié les origines et les mécanismes de la convergence. Le modèle néoclassique de croissance s’intéresse aux facteurs influençant la production, mais également la convergence entre économies. Solow (1956), le premier, s’est attaché à expliquer les phénomènes de rattrapage de pays qui ont commencé leur croissance économique plus tardivement, comme la France vis-à-vis des États unis entre 1950 et 1970, du Japon entre 1960 et 1980. En effet, dans la théorie néoclassique de la croissance, la possibilité de substitution entre capital et travail et les rendements décroissants du capital force l’économie à converger à l’équilibre (Islam, 2003).

La β-convergence et la σ-convergence

La convergence économique peut prendre deux formes distinctes : la β-convergence (bêta-convergence) et la σ-convergence (sigma-convergence).

Introduit par Barro et Sala-i-Martin en 1991, la β-convergence décrit l’idée de

« convergence-rattrapage », c’est-à-dire que les pays pauvres rattraperont les pays riches s’ils réalisent un taux de croissance supérieur. Alors que β-convergence se concentre sur la détection de processus de rattrapage, la σ-convergence se réfère à la réduction des disparités entre les pays dans le temps.

Quah (1993) et Barro (2012) montrent que la β-convergence n’implique pas nécessairement la σ-convergence. Les deux s’opposent sur la notion de convergence à retenir. En effet, Quah (1993) réfute l’idée que les tests de β-convergence puissent fournir des informations pertinentes sur le processus de convergence. À l’iinverse, Barro (2012) remet en cause la σ-convergence en

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montrant la stabilité de la dispersion de l’écart-type du logarithme du PIB par habitant entre 25 pays et sur une période allant jusqu’en 1870.

Théorie de la croissance endogène et convergence

La convergence ne repose pas uniquement sur la décroissance des rendements du capital. La théorie de la croissance endogène avance également d’autres explications. La diffusion de l’innovation dans le monde est ainsi utilisée pour expliquer les différences de croissance entre pays (Howitt, 2000; Howitt, 2002;

Howitt, et al., 2004; Aghion, 2002; Burlamaqui, 2014; Basu, et al., 1998;

Acemoglu, et al., 2002). La convergence entre pays réside donc dans l’intensité du transfert technologique (Howitt, et al., 2004).

La diffusion des connaissances implique que plus un pays accuse un retard technologique, plus le bond moyen qu’il effectuera en innovant sera grand, et, par conséquent, plus son taux de croissance pour une intensité d’innovation donnée sera élevé. C’est ce que Gerschenskon (1962) appelle l’avantage du retardataire.

1.2.2.La convergence conditionnelle et les clubs de convergence

L’absence de convergence absolue

Les premiers travaux réalisés sur la convergence des revenus par tête dans le monde ont concerné les pays industrialisés, en raison des statistiques disponibles de l’époque. Ils ont fourni une image optimiste de l’évolution des inégalités entre nations. Baumol (1986) montre une réduction des écarts de niveaux de vie entre pays et confirment donc l’hypothèse dite de convergence absolue, c’est-à-dire d’une convergence de toutes les économies vers le même sentier de croissance quel que soit leurs conditions initiales et les facteurs de croissance.

Cependant, les travaux de Baumol (1986) souffrent d’un biais de sélection.

L’échantillon est a posteriori trop homogène. Étendue ultérieurement à un plus grand nombre de pays, la convergence disparaît. Plusieurs études ont donc tenté de mesurer cette convergence absolue entre pays (Baumol, 1986; Romer,

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1986; DeLong, 1988; Barro, et al., 1992; Barro, et al., 1995; Sala-i-Martin, 1994).

Convergence conditionnelle et club de convergence

Dès lors, une autre génération d’études s’est appuyée sur les modèles théoriques de croissance pour tenter de dégager les facteurs qui empêchaient ce rattrapage. Ces travaux ont donné naissance aux concepts de convergence conditionnelle et de club de convergence. La convergence conditionnelle repose sur l’existence de caractéristiques (éducation, investissement, etc.) communes entre pays, indépendamment de leurs conditions initiales. ECela signifie que l’absence de convergence des revenus par tête provient des différences de caractéristiques structurelles.

La notion de convergence conditionnelle a également donné naissance à celle de convergence en club. Durlauf et Johnson (1995) ont observé que la convergence dans de grands échantillons (convergence mondiale) ne tient pas (ou se révèle faible), tandis qu’elle semble être significative pour des groupes de pays. Baumol (1986) n’avait donc pas mesuré la convergence absolue, mais plutôt une convergence en club, ce club étant celui des pays de l’OCDE.

Galor (1996) explique que la notion de club de convergence repose sur le principe que les pays qui partagent les mêmes caractéristiques structurelles peuvent converger dans le long terme si seulement leurs conditions initiales sont similaires (capital humain, capital physique, etc.).

Les facteurs de la convergence conditionnelle

Plusieurs facteurs sont mis en avant pour expliquer la convergence conditionnelle ou les clubs de convergence.

Le capital humain joue un rôle clé dans un certain nombre de modèles de croissance (Uzawa, 1965; Lucas, 1988; Mankiw, et al., 1992; Romer, 1986;

Romer, 1990; Romer, 2010; Becker, et al., 1990; Nelson, et al., 1966). En effet, souvent approximé par le taux de scolarisation dans le primaire, le capital humain apparait aussi bien parmi les tenants des modèles néoclassiques que ceux de la croissance endogène (Aghion, et al., 2004). Selon Romer (1990), le

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capital humain est l’élément clé pour le secteur de la recherche, car il facilite la création et l’absorption de nouveaux produits et de nouvelles idées.

La convergence conditionnelle entre économies prend également ses racines dans des facteurs de nature institutionnelle, car l’innovation a besoin d’institutions appropriées (Acemoglu, et al., 2002). Ainsi, un environnement institutionnel et économique stable, une monnaie saine et des finances publiques viables sont des gages de la croissance d’un pays (Rodrik, 2011).

D’autres facteurs gravitent autour de l’hypothèse de convergence conditionnelle. On peut citer la santé (Barro, 1996), le fractionnement ethnologique (Mauro, 1991), les structures juridiques et institutionnelles provenant de l’héritage colonial (La Porta, et al., 1997; Sala-i-Martin, 1997;

Sala-i-Martin, 2002), la religion (Barro, et al., 2003), les caractéristiques physiques des iles (Feyrer, et al., 2009), le système financier (Aghion, et al., 2004; Levine, et al., 1992) et le degré de latitude (Easterly, et al., 2002; Gallup, et al., 1998).

D’autres économistes ont testé le plus de variables possible sans s’intéresser à leur contenu économique ou à l’aspect théorique sous-jacent. Levine et Renelt (1992) sont les premiers à tester la significativité d’un grand nombre de variables, en utilisant l’extreme bound test de Leamer (1985) : un test de sensibilité qui examine la robustesse de la variable dépendante d’un modèle de régression par rapport à une variété de déterminants possibles. Il en ressort que la plupart de leurs résultats sont fragiles, à l’exception de l’investissement.

À l’inverse, Sala-I-Martin (1997 et 2004) conclut qu’un bon nombre de variables économiques ont une corrélation partielle avec une croissance à long terme. Il s’agit de variables régionales (exemples : Asie du Sud-Est, Amérique latine, etc.), de certaines variables politiques ou plutôt d’instabilité politique (nombre de révolutions, de guerre, etc.), d’organisation économique et financière (anciennes colonies espagnoles, importance du marché noir, etc.), de variables sur des secteurs emblématiques des pays tels que l’industrie minière, et l’ouverture économique vers le commerce international.

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Barro (2012) est beaucoup plus modéré quant au nombre de variables significatives. Les variables concernant la santé, le capital humain, la qualité des institutions et l’ouverture économique demeurent des éléments clés de la convergence des pays.

Section 2. Le tourisme comme source de croissance

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