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Touristes, industrie touristique et destination : les trois principaux

Section 2. Éclairage sur les trois principaux composants du tourisme et de la compétitivité

2.2. Le tourisme du point de vue de l’Offre touristique : les industries touristiques

2.2.1. Les industries touristiques au cœur de l’analyse économique du tourisme

Une industrie touristique pour répondre aux besoins des touristes Le tourisme génère directement et indirectement une augmentation de l’activité économique dans les endroits visités (et au-delà), essentiellement en raison de la demande de biens et de services qui doivent être produits et fournis.

L’expansion générale du tourisme dans les pays industrialisés crée des emplois dans les activités caractéristiques du tourisme, mais également dans de nombreux autres secteurs qui y sont liés, de l’agriculture aux télécommunications en passant par le bâtiment.

Le tourisme est une activité de demande, qui se définit comme l’ensemble des activités utilisées par un visiteur pour un voyage et pendant celui-ci. Il ne correspond pas à une gamme spécifique de produits aisément identifiables et mesurables, comme c’est le cas pour l’industrie ou l’agriculture. Comme le

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souligne la Division statistique de l’ONU et l’OMT en 2008 : « afin d’attirer les visiteurs, les biens et les services doivent être mis à leur disposition sous les formes et dans les quantités qu’ils peuvent exiger. C’est par le biais de l’offre telle qu’elle satisfait la demande que la contribution du tourisme à l’économie peut être cernée et mesurée, d’où l’intérêt d’étudier l’offre de biens de consommation et de services aux visiteurs afin de comprendre et de décrire le tourisme dans un pays ». Le tourisme doit donc être compris comme un ensemble d’activités productives qui répondent aux besoins des visiteurs (Dwyer, et al., 2010). En identifiant les composants de l’industrie touristique, il devient possible de découvrir les principaux biens et services consommés par les visiteurs, c’est-à-dire les produits caractéristiques du tourisme, et donc des entreprises qui bénéficient directement de la demande touristique.

Le regroupement de tous les établissements exerçant la même activité principale qui est l’une des activités caractéristiques du tourisme constitue une industrie touristique. Sont ainsi concernées les activités d’hébergement, de restauration, mais également les activités de transport, de location automobile, d’agences de voyages et les activités culturelles, sportives et récréatives. Cet ensemble constitue les industries touristiques. Ces dernières peuvent offrir un ensemble différent de produits caractéristiques du tourisme. C’est généralement le cas de l’industrie hôtelière, qui exerce également une importante activité de prestation de services de restauration et de consommation de boissons.

Des industries touristiques hétérogènes

Les industries touristiques sont des industries hétérogènes où cohabitent des structures aux tailles très différentes (Keller, 2004). Le tourisme comporte un grand nombre d’entités productrices, qui fonctionnent sur une très petite échelle et en un seul lieu en tant qu’entreprises ou entreprises familiales (Wanhill, 2000). Dans une destination touristique, la plupart des employeurs sont des petites et moyennes entreprises (Fletcher, et al., 2006). Par exemple, entre huit et neuf entreprises sur dix ont moins de 20 salariés au Canada et en France. Parallèlement, le tissu d’entreprises des industries touristiques est

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marqué par une forte concentration dans les industries de la distribution et du transport aérien.

Le transport, qu’il soit routier, ferroviaire ou aérien, constitue une partie intégrale et un élément clé de l’expérience touristique. Les grandes transformations dans le tourisme sont en effet liées à l’évolution de la technologie des transports. Plus particulièrement, le transport aérien a révolutionné le tourisme au début des années 80, réduisant les temps de parcours et permettant l’émergence de nouvelles destinations et la globalisation du tourisme. « En effet, la mondialisation du tourisme repose sur des réseaux de transport de plus en plus intégrés qui permettent une connectivité globale entre (presque) tous les points de la planète » (Bigras, 2013).

La « connectivité aérienne », c’est-à-dire la qualité et la diversité d’un système d’aviation d’un territoire ainsi que l’accès de ce dernier au réseau mondial de transport aérien, traduit l’accessibilité d’une destination et son attractivité sur le marché mondial du tourisme. Cette connectivité constitue un maillon crucial de la chaîne touristique, notamment pour des PEI. Ces derniers sont souvent tiraillés entre (i) le principe de réciprocité dans les services aériens entre deux pays, (ii) la continuité et la garantie de service pour ces résidents (allant de pair avec une protection des transporteurs nationaux), et (iii) l’ouverture de leur ciel, c’est-à-dire la libération du transport aérien.

Bien que l’arrivée de nouveaux concurrents lowcoût ait accru la concurrence dans ce secteur, il reste néanmoins un secteur concentré dominé par les grandes compagnies internationales. Les dix premières compagnies mondiales représentent ainsi le quart du trafic passager en 2015 (en nombre de passagers transportés) et 20 % du trafic aérien mondial de voyageurs se concentre sur 300 lignes.

Depuis la fin des années 90, les compagnies aériennes se sont regroupées au sein d’alliances (notamment Star Alliance, OneWorld et SkyTeam) dans le but de proposer un réseau global et exploité par des procédures communes. Selon les chiffres publiés par IATA, les deux tiers des lignes aériennes régulières

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exprimées en revenus passagers/km en 2015 étaient concentrés entre les mains des trois alliances.

La distribution et la commercialisation des produits touristiques sont également marquées par le poids de quelques gros acteurs du secteur. Les tours opérateurs ou voyagistes se sont imposés comme des acteurs essentiels du secteur touristique. Ils assemblent différentes prestations (moyen de déplacement, hébergement…), afin de composer des produits touristiques (voyages ou séjours à forfait, à la carte ou sur mesure) dans des destinations nationales ou étrangères. Au cœur du réseau de distribution mondial, on retrouve notamment deux géants européens : TUI Travel et Thomas Cook.

Parmi les intermédiaires du tourisme, les systèmes de réservation électronique pour les agences de voyages sont devenus des acteurs incontournables du secteur du tourisme. À l’origine, différentes compagnies aériennes ont développé des sociétés (Sabre, Galileo, Amadeus et Worldspan) afin de fournir des outils techniques permettant aux agences de voyages d’accéder, au travers d’une même interface, aux stocks et aux tarifs des différents vols mutualisés, et d’offrir la possibilité de réserver directement par cet outil, sans avoir à téléphoner aux producteurs. Les GDS ont joui pendant plusieurs années d’une position quasi monopolistique. Ces sociétés ont suivi l’avènement d’internet et créé des agences internet (travelocity, lastminute, opodo…) ou ont développé des partenariats avec des agences utilisant leur solution technique.

Bien que très atomisé au niveau de la destination, le secteur de l’hôtellerie concentre de grands groupes internationaux. Cette offre sous enseigne représente près de 40 % de l’hôtelière mondiale en nombre de chambres, selon MKG Group. Cette part monte à 67 % en Amérique du Nord. Les dix premiers grands groupes hôteliers concentrent le quart de l’offre en chambre du monde.

IHG (Intercontinental, Holiday Inn, etc.) est le premier mondial en 2014 avec 686 millions de chambres. On retrouve sur le podium, Hilton Worldwide en 2e position et Marriott International en 3e. Accor, premier groupe français, arrive à la 6e place.

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