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L'information artistique se trouve aujourd'hui pour partie intégrée à la grande constellation de l'Information Scientifique et Technique. Selon les secteurs, ce noyau que représente l'I.S.T.33 peut, en effet, agréger l'information industrielle, économique, archéologique ou culturelle. En France, ce sont les CADIST (Centre d'Acquisition et de Diffusion de l'Information Scientifique et

33 A la suite de Gilbert VARET, op. cit., p. 80, on peut remarquer la fortune de l'expression dans les sigles nombreux qui la contiennent : depuis la DIXIT (Délégation à l'Information, à la Communication, à la Culture Scientifique et Technique), qui en 1986 remplaça la MIDIST (Mission Interministérielle de l'Information Scientifique et Technique), jusqu'aux AUDIST (Agence Universitaire de Documentation et d'Information Scientifique et Technique), URFIST (Unité Régionale de Formation à l'Information Scientifique et Technique) et ARIST (Agence Régionale d'Information Scientifique et Technique).

François JAKOBIAK a écrit une synthèse sur la question de l'I.S.T. dans : L'information scientifique et technique, Paris : P.U.F., 1995, coll. Que sais-je ? ; 3015, 126 p.

Technique), créés en 1981, qui ont pour mission de collecter cette information.

En 1988, un nouvel organisme, dépendant du C.N.R.S., fut chargé de coordonner sa diffusion : l'INIST (Institut National de l'Information Scientifique et Technique). En matière d'Histoire de l'art et d'archéologie, la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie (logée depuis 1994 dans les locaux de la Bibliothèque Nationale, à Paris) fait office de CADIST, et l'INIST, depuis 1992, en collaboration avec la Getty Trust Foundation (Santa Monica) est chargée du traitement et de la diffusion de la Bibliographie d'Histoire de l'Art (B.H.A.).

L'intérêt qui s'est ainsi formé autour de l'I.S.T. répond à la réalité actuelle d'une information dont la diversification et la masse ont rendu l'accès complexe. Il exprime aussi le besoin économique et social de structurer sa collecte et sa diffusion pour la destiner essentiellement à l'industrie, aux sites de recherche et aux universités. Bien qu'il soit mieux identifié pour les écoles d'ingénieurs, pour les unités de recherche en sciences exactes ou en sciences humaines et sociales, le rôle de l'I.S.T. n'est pas moins essentiel pour les disciplines (intégrées, auxiliaires ou connexes) de l'Histoire de l'art et des arts plastiques.

Il est en particulier un domaine, la veille informative34, où l'I.S.T. prend une part éminente, fréquemment évoquée pour les sciences exactes et appliquées, qui devrait l'être aussi pour les arts plastiques, et plus encore dans les domaines voisins de l'architecture, du design et du graphisme. Car l'impératif de conduire un projet créatif personnel, autant chez l'étudiant que chez le professionnel, ne dépend pas uniquement d'un travail sur soi, d'un engagement passionnel ou de l'élaboration d'un "langage" personnel, il nécessite, dans l'immense majorité des cas, d'avoir une claire conscience des dernières évolutions de son champ de création.

34 Une mise au point de Brigitte GUYOT dans : D'où vient l'information stratégique ?, Sciences de la Société-Les Cahiers du LERASS, n°29, mai 1993, p. 3-12.

A ce titre, les unités de documentation des organismes d'enseignement, de pratique et de diffusion de l'art ont dû s'adapter, comme en d'autres secteurs, aux différents canaux et supports autres que le livre. La presse, le téléphone, la télé- informatique, la vidéo, la littérature grise, les mémoires de diplômes, les banques et bases de données, les bulletins d'informations, les guides, annuaires et textes juridiques, sans oublier "le bouche à oreille", constituent, à côté des moyens traditionnels, des vecteurs de l'I.S.T. qui offrent une matière importante à la veille informative.

Malgré les efforts sensibles dans la collecte et la diffusion de l'information au niveau institutionnel35, les bibliothèques et centres de documentation spécialisés dans l'art contemporain s'en remettent aussi à des outils moins centralisés mais plus proches de leurs besoins36. On ne peut en effet en rester à l'idée d'une IST dispensée d'en haut, ou s'épanchant à foison de canaux et de réseaux d'information, qu'il suffirait d'ouvrir à la demande. L'IST est avant tout une pratique, à destination de personnes aux attentes précises, et non d'un public indifférencié37. Elle s'appuie sur une

35 Citons la base de données Francis, du C.N.R.S., gérée par l'INIST ; les spécialisations, déjà évoquées, des bibliothèques universitaires qui permettent une couverture plus exhaustive de certains domaines, ou le rôle de la Direction des Arts Plastiques (D.A.P.), au sein du Ministère de la Culture (voir infra note 41).

36 Dans : Novembre des arts à Besançon : documentation, enseignement, recherche et histoire de l'art : actes du colloque / de la sous- section des bibliothèques d'art de l'Association des bibliothécaires français, Ecole d'art de Besançon, nov. 1993, Paris : A.B.F., 1994, il est rapporté, à propos du Bulletin signalétique des arts plastiques que : "Tous les participants ont réaffirmé leur attachement à cet outil indispensable et bien adapté aux besoins des écoles [d'art]". (Voir infra sa présentation dans le chapitre "Indexation thématique dans les documents secondaires", p. 220 et suiv.).

37 "L'utilisateur est donc en même temps 'coproducteur' [réf. à Anne MAYERE, Pour une économie de l'information, Ed. du CNRS, 1990]. Et la coproduction n'est possible que s'il remplit certaines conditions sociales et culturelles (ou pour employer les termes de Bourdieu, s'il dispose du 'capital culturel' adéquat) et s'il estime que cette information est utile à sa propre stratégie", p. 34, dans : Robert BOURE et Jean-Louis DARRÉON, Quand l'information était du pétrole gris... Sciences de la Société-Les Cahiers du LERASS, n° 29, mai 1993, p. 29-39.

connaissance de données concrètes qui intéressent des domaines spécifiques du savoir et des techniques avec leurs coûts, leurs modes de production, de transmission, ainsi que sur une évaluation des situations et des objectifs de recherches dont le renouvellement est permanent.

D'où la nécessité, selon nous, de ne pas enterrer trop vite des problèmes de base, tels que l'indexation "locale" de documents "locaux", dans un sens conceptuel et géographique, sous prétexte que des organismes institutionnels s'en chargent (mais combien coûte l'information ? quelle couverture assurent-ils ?) ou s'en chargeront (dans combien de temps ? selon quels critères ?).

La question du sujet dans les œuvres de l'art contemporain appartient à ces questions locales dont une IST centralisée n'a pas encore cerné tous les enjeux. Mais on pourrait y ajouter d'autres domaines touchant au dépouillement des articles, à la bibliographie ou à l'identification de la littérature grise, en particulier des catalogues d'expositions. Le premier répertoire des ressources en Histoire de l'art n'a pas été produit par le C.N.R.S., l'INIST ou un ministère, mais par la sous-section d'une association de professionnels38. Les sommes d'informations pratiques et utiles contenues dans les guides Entrée des artistes et Salons et biennales39 n'ont-elles pas été réunies par des documentalistes pour répondre aux demandes précises des utilisateurs, dans le cadre de leur centre documentaire ?

Il ne s'agit donc pas, au nom d'une vision globale, de perdre de vue les nécessités de terrain, d'abord, parce que le travail

38 Sous-section des bibliothèques d'art de l'Association des bibliothécaires français. Répertoire dans : THOMPSON, Marie-Claude, Les sources de l'histoire de l'art en France, op. cit. Paris : Ass. des Bibliothécaires Français, 1993.

39 Publications réalisées par l'équipe de bibliothécaires et documentalistes de la Médiathèque (Salle d'actualité) de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, E.N.S.B.A. (Paris) : Entrée des artistes : informations professionnelles à l'usage des jeunes artistes, éd. 1995, Paris : E.N.S.B.A., 1995, 87 p. ; Salons et biennales : arts plastiques et nouvelles technologies de l'image, 11ème éd., 1995, Paris : E.N.S.B.A., 1995, 42 p.

local pourra alimenter des réseaux plus larges, le temps venu40, parce qu'enfin, si l'on n'ignore pas les apports certains d'une diffusion institutionnalisée41, on n'ignore pas non plus les besoins complexes des usagers qui se retourneront vers le documentaliste pour rechercher l'information, ou la référence, qui ne sera ni sur INTERNET, ni sur CD-ROM, ni interrogeable sur écran en texte intégral42, ni dans les bibliographies spécialisées, ni dans les bases de données43.

2. LA DOCUMENTATION AU SERVICE DE L'HISTOIRE DES ARTS PLASTIQUES