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II - L’OBJET DE LA RECHERCHE

III -1- INTERET DE LA RECHERCHE

Il convient de noter que l’on n’a pas jusqu’ici connaissance d’un ouvrage ou de travaux académiques consacrés à la sécurité civile des Etats de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. La problématique ne semble pas intéresser les juristes de cet espace. Sans doute ce droit émergent apparaît- il moins attrayant que d’autres secteurs du droit public tels que le droit constitutionnel, le droit administratif ou le droit international.

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35 La thèse de M. Stéphane Calimache59 qui y est consacrée a pour problématique la sécurité civile dans le contexte européen. Il en est de même de celle de Bruno Maestracci.60 De manière générale, la plupart des publications concernant l’Afrique centrale n’évoquent que des pans de la sécurité civile.

Ainsi, en est-il de la publication de M. Aenza Konate61 qui présente une analyse sur la consistance du droit de l’environnement en Afrique, relatif aux catastrophes écologiques. Dans le même ordre d’idées, l’on peut mentionner l’ouvrage de M. Maurice Kamto sur le Droit de l’environnement en Afrique62.

Dans le même registre, quelques mémoires de Master II, de l’Université de Yaoundé II au Cameroun abordent de manière sommaire certains aspects de la protection civile. Il s’agit des travaux de Jean ABATE EDI, « sur les plans

d’organisation de secours au Cameroun à la lumière de la catastrophe de Mbanga-Mpondo », de ceux de Josette EONE A BIKOI sur « la nécessité d’appliquer les textes relatifs à la protection civile […] » de Déflorine MANGA ESSAMA relatif à la

« prévention des risques naturels et protection civile au Cameroun ».

En conséquence, les études universitaires tendant à synthétiser la sécurité civile dans les Etats de la C.E.M.A.C n’existent pas à l’heure actuelle, du moins à notre connaissance. La thématique sur la sécurité civile des Etats de la C.E.M.A.C mérite donc d’être posée, car elle parait propice au travail de recherche entrepris et pertinent au regard de son intérêt.

L’intérêt qui s’attache à l’étude de la sécurité civile dans les Etats de la C.E.M.A.C est d’abord théorique. Il tient à ce que l’étude entreprise permet d’identifier les courants théoriques qui façonnent la sécurité civile en Afrique. Ce qui permettra ensuite de vérifier l’arrimage des dispositifs institutionnels et normatifs de sécurité civile de cette sous-région aux meilleurs standards mondiaux. Les

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Stéphane CALIMACHE, l’Europe et la sécurité civile, Thèse de l’Université de Paris-Descartes (Paris V), 2012, pp. 542.

60

Bruno MAESTRACCI, La protection civile, acteur majeur de gestion de crise ? Pour un

concept universel de protection de la population en temps de paix, Thèse de l’Université de

Corse-Pascal Paoli, 2011, pp. 498.

61

Aenza KONATE, « Le droit des catastrophes écologiques vu d’Afrique », in : Jean-Marc LAVIEILLE / Julien BETAILLE / Michel PRIEUR (dir.), Les catastrophes écologiques et le droit :

échecs du droit, appels au droit, Bruxelles, Bruylant, 2012, pp. 599.

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36 conclusions auxquelles l’on parviendra pourraient alors fournir une explication aux effets désastreux des catastrophes dans cette partie du monde et de l’Afrique particulièrement exposée, ce qui facilitera leur prévention et leur gestion sur le plan empirique. Le travail entrepris pourra de la sorte ultimement contribuer à la mise en place d’un système de sécurité civile fiable et efficient dans l’espace considéré, s’adaptant aux risques en constantes mutations. C’est dire que l’on adhère pleinement au point de vue de Sylvia Bacerra et Anne Peltier qui sont d’avis que mieux comprendre et évaluer la vulnérabilité sociétale face aux risques et aux crises « reste un des enjeux politique et scientifique majeurs du nouveau millénaire »63.

Le diagnostic de base est clair : au vu de l’impréparation des populations, des compétences disponibles, des ressources limitées et de la vulnérabilité aggravée en raison de la pauvreté (habitat insalubre ou peu résistant, géographie de la sous-région), une catastrophe en zone C.E.M.A.C causera probablement des effets plus dévastateurs qu’ailleurs. Compte tenu des pertes humaines, matérielles et des effets socio-culturels des catastrophes naturelles ou technologiques, l’on conviendra avec Patrick Lagadec qu’« il n’est plus possible de se désintéresser du problème. Il y a là

un champ à explorer, des recommandations opérationnelles à esquisser, un travail en profondeur à initier »64.

Aussi, cette étude répond-elle d’une certaine manière au besoin ressenti par nombre de spécialistes d’ajouter aux études consacrées aux institutions et aux théories sur les systèmes politiques, une connaissance rigoureuse et concrète des forces et des contraintes qui déterminent l’activité de ces institutions et le fonctionnement de ces systèmes.

63

Sylvia BACERRA / Anne PELTIER, Risques et environnement : recherches

interdisciplinaires sur la vulnérabilité des sociétés, Paris, L’Harmattan, 2009, pp. , 575. spéc. p. 6.

64

Patrick LAGADEC, Etats d’urgence, Défaillances technologiques et déstabilisation sociale, Paris, Seuil, 1988, pp. 409. , p. 13. L’auteur soutient que l’on ne saurait abandonner les responsables, pratiquement désarmés face aux catastrophes. Selon lui, « la première urgence consiste […] à

apporter au décideur les références et les outils qui lui font défaut [...] il importe de jeter les bases d’une meilleure compréhension de fond - considérant notamment les problèmes de conflits, de représentations différentes, qui font aussi, et de façon déterminante, la situation de crise. Celle-ci ne nait pas seulement de petites erreurs tactiques, elle s’enracine dans les situations sociales complexes, qui ne se laissent pas aisément décrire ». Idem, p. 39.

37 L’actualité qui signale régulièrement des catastrophes dans la sous-région d’Afrique centrale concernée et à travers le monde ainsi que les riches développements qu’a connus la sécurité civile pendant la dernière décennie se conjuguent pour conférer un intérêt singulier à l’étude entreprise aujourd’hui. Le spectacle de la gestion approximative des crises ici et là invite enfin à scruter la question de plus près.