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UN DUEL SOUS LA FRONDE.

(V.y«1*»un4r.précède.!.)

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Cen'enétaitpas moinsunecréaturetrès attrayante,quandellevoulait l'être, et elleeut un grand nombre d'adorateurs, depuis Gaston, duc d'Orléans,et lecomte de Soissons,tué à laMariée,jusqu'àRancé,lojeuneetgalant édilcurd'Anacréonetlefuturfondateur dela Trappo.M. de Longuevilleavait étéquelque temps l'amant enlitre,etilluifaisaitdes avan-tages considérables.Quandi)épousa mademoi-sellede Bourbon,madamelaPrincesse(1) exi-gea,sansêtreilesl vrai bien fidèlement obéie, qu'ilrompittoutcommerceavec son ancienne maltresse.Delà,danscelteàmeintéressée, uneirritationque redoublalavanité blessée,

lorsqu'ellevilcellejeunefemmeavec son grand nom,unespritmerveilleux, un agrément in-définissable,s'avancerdanslemondedela ga-lanterie, entraînersanslemoindreefforttous lescœurs aprèselle,etluienlever ou partager dumoinscolempire delabeauté dontelle était sifièreetquiluiétaitsiprécieux. D'unautre coté,leduc de Beaufortn'avaitpusedéfendre pourmadamede[.ongucvillcd'uneadmiration passionnée quiavait été trèsfroidementreçue.

Ilavaiteu dudépit,etcetteblessuresaigna longtemps,c'cslsonamiLa Cbâlre qui nous l'apprend,mêmeaprèsqu'ileulporté ses hom-magesàmadamede MontbazonCelle-ci,comme onlepensebien,aigritencoreses ressenti-ments. Enfin,leduc de Guise, récemment ar-rivéaTaris,s'étaitmisàlafoisdansleparti desimportantsetauservicedemadamede Munlbazon,qui l'accueillit forl bien,enmême tempsqu'elle s'effurçailde garder oude rap-pelerM.de LongLeville,et qu'elle régnaitsur Beaufort,dontle rôloauprèsd'elle étaitcelji decavalier servant. Onlo voit,madamedo Monlbazon-disposait ainsi,|arBtaufurtetpar Guise,commoaussiparsa belle-fille,madame deClievrcuse,dolamaison deVendômeetdo (l|

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t'incened.Cvndé,mir«demadc.uoiicIU de

lamaison de Lorraine,et elleemployatoutce créditauprofitdesahaine conlromadamede Longueville.Ellebrûlaitdeluinuire;elleen trouval'occasion.

Unjourqu'elleavaitchezelleunenombreuse compagnie,onramassa deuxlettresqui n'a-vaientpas de signature,maisqui étaientd'une écrituredefemmeetd'unstylepeu équivoque.

Onsomità les lire,on enfitmille plaisante' ries, onenrecherchal'auteur. Madamedo Monlbazonprétendit qu'elles étaienttombées de lapoche de Maurice do Coligny, quivenaitde sortir,etqu'ellesétaientdelamain demadame deLongueville.Le motd'ordreunefoisdonné, tous leséchosdupartidesimportantsle ré-pandirent,etcetteaventure devintl'entretien dolacour.Voici quelles étaient lesdeuxlettres trouvées chezmadamede Monlbazon,une fri-vole curiositénouslesatrèsfidèlement con-servées.

eJ'auraisbeaucoupplusderegretdu chan-gen.entdevotroconduitesijecroyaismoins mériterlacontinuationdevotreaffection.Jo vous avoue que,tantquejel'aicruevéritable et violente,lamienne vousadonnélous les avantages que vous pouviezsouhaiter. Mainte-nant n'espérez pas autre chose de moi que1 es-timequeje dois à voire discrétion. J'ai tropdo gloirepour partagerlapassionque vous m'avez sisouventjurée,el jeneveuxplusvous donner d'autrepunitiondevotrenégligenceàmevoir quecellede vous enpriver tout àfait.Je vous priede neplus venirchez moi, parce queje n'ai pluslepouvoirde vouslecommander.!

.Dequoivous avisaz-vous après unsilong silence ?Nesnvez-vous pasbienquelamême

gloirequi m'a renduesensible à voire affection passéemedéfenddesouffrirlesfausses appa-rences desacontinuation?Vousditesquemes soupçonsetmesinégalitésvous rendentlaplus malheureuse personne dumonde;jevous as-sure queje n'en crois rien,bienquejenepuisse

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nierque vous ne m'ayez parfaitement aimée

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commevous devez avouer quemonestimevous adignement récompensé.Encelanous nous sommesrendujustice,etjene veux pasavoir danslasuitemoins do bonté.sivotreconduito répond àmesintentions.Vouslestrouveriez moins déraisonnablessivousaviezplusde pas-sion,etles difficultésdemevoirneferaient que l'augmenter aulieudeladiminuer. Je souffrepour n'aimerpas assezetvouspour aimertrop(t). Si jevousdois croire,changeons d'humeur;je trouveraimonreposàfairemon devoir,et vous devezymanquerpour vous mettreenliberté.Jen'aperçoispas quej'oublie la façondont vous avez passé avec moil'hiver, etquejevousparle aussifranchement quej'ai faitautrefois. J'espèreque vous en userezaussi bien,etqueje n'aurai pointderegret d'être vaincue danslarésolutionquej'avais faitede n'y plusretourner.Jegarderailelogis troisou quatre jours desuite,et l'onnem'yverraque le soir;vous en savezlaraison»

Ceslettresn'étaientpas controuvées.Elles avaientétéréellementécritesparmadamede Fouquerolles aubeauetélégantmarquis de Maulevricr, quiavaiteulasottisedeles per-dre danslesalondemadamede Montbazon.

Maulevrier, tremblantd'êtrereconnuet d'avoir compromismadamedo Fouqucrolloa,couru', chez un doschefsdupartide> importants,La Rochefoucauld,qui étaitson ami,luiconfiason secret,et le suppliades'entremettrepour as-soupircette affaire.La Rochefoucauldfil com-prendreamadamede Montbazonqu'ilétaitde sonintérêtdefaireicilagénéreuse, car on re-connaîtraitbien aisémentl'erreuroulafraude, dés qu'onenviendraità confronterl'écriture de ceslettresaveccelledemadamede Lon-gueville; qu'il luifallaitdonc prévenir unéclat qui retomberaitsurelle. Madamede Mont-bazon remitles lettres originales àLa Roche-foucauld,quilesfitvoiràM. lePrinceetà madamelaPrincesse, àmadamedo Rambouil-let et àmadamodeSablé,particulièresamies demadamedeLongucville,et,lavéritébien il)Iln.e«mbl«qu'ilUudr»it mettre:»Jesouffre pour «imerIn*,«t™uspour«'linwpoiMao,

établie, lesbrûlaen|résencedelareine, dé-livrantMaulevrieretmadamedo Fouquerolles del'inquiétudemortelleeuilsavaient été pen-dant quelque temps.

Peut-êtrecùt-ilétésagedes'entenirlà.

C'était l'avisun peuintéressédufaible et pru-dentM. deLongucville,quivoulaitménager madamode Montbazon,etnecroyaitpasque l'honneur dosafemmoeûtbeaucoup à gagner àunplusgrandéclat.Madamede Longueville n'étaitpasnonplusfortanimée;mais ma-damelaPrincesse,avec sonhumeurallièie et danslepremier enivrement des succèsde son fiis.exigeauneréparationegaloà l'offense, cl déclarahautement que,silareineetle gou-vernement ne prenaient pas en main l'honneur dosamaison,elleet touslessiens se retire-raientdelacour:elles'indignaitàlaseule idéequ'onput mettreunmomentsafilleen balanceaveclapetite-filled'uncuisinier, di-sait-elle,voulantparlerdeLa Varenne,père delacomtesse de Vertus,qui avait étémaître d'hôtelde Henri IV.Envain tout le partides importants, BeaufortetGuiseà leur tête, s'agi-tèrent etmenacèrent;on vainmadamodo Che-vrcusn,quin'avaitpas encoreperdutoutson créditauprèsdelareine,soutintvivementsa belle-mère:Mazarinétaittrophabilepourse mettre surlesbrasdeux ennemisàlafois,et poursebrouilleraveclesCoudé sans aucun espoird'acquérirou dedésarmerlesLorrains et lesVendôme.Iltournaaisémentlareinedu côtédomadamelaPrincesse.Madamede Lon-gueville étaitalléepasserlespremiers mo-ments decelledésagréableaventureà laBarre, auprès deseschères amies,mesdemoisellesDu Vigean.Lareineelle-mêmeallal'yvoir,etlui promitsa protection.Ondécidaquela du-chessede Montbazonse rendraitchezmadame la Princesse, àl'hôtelde Condé,etluiferait uneréparationpublique.MadamedeMotteville raconteavecbeaucoup d'agrémenttoutcequ'il fallutde diplomatie pourménageretréglerce quediraitmadamedeMontbazonetceque répondraitmadamelaPrincesse «Lareine étaitdans songrand cabinetetmadamela Princesseétait3%ecelle,qui,toutémueet touteterrible, faisaitdecette affaireun crime

delèse-majesté.Madamede Chevreuse, en-gagée parmilleraisonsdanslaquerelledesa belle-mère, étaitaveclecardinalMazarin pour composerlaharanguequ'elle devaitfaire.Sur chaque mot, ilyavaitunpourparlerdune heure. Lecardinal,faisantl'afTairé,allaitd'un côté et d'autrepour raccommoderleur diffé-rend,commesicettepaixeûtéténécessaire au bonheur delaFranceetausien particulier.

Ilfut arrêtéquelacriminelleiraitchez ma-damelaPrincesselelendemain,oùelledevait direquelediscoursqui s'étaitfaitdelalettre étaitune chosefausse,inventéeparde mé-chantsesprits,etqu'ensonparticulier elle n'y avaitjamais pensé, connaissanttropbien lavertudemadamede Longuevilleetle res-pect qu'elleluidevait.Cette haranguefut écrite dansunpetit billetquifutattachéàson éven-tail,pourladiremotàmotàmadamela Prin-eusso. Ellelefitdelamanière dumondela plusfière etlaplushaute,faisantunemine quisemblaitdire:< Jememoquode ce que je dis. »

Mademoiselle nous donnelesdeux discours prononcés.tMadame,jeviensicipour vous protesterqueje suis trèsinnocenledela mé-chanceté dont onm'a voulu accuser:iln'y a aucune personne d'honneur qui puissedireune calomniepareille.Sij'avaisfaitunefautede celtenature,j'auraissubi lespeinesquela reinem'aurait imposées;jenemeseraisjamais montrée danslemondeetvous enaurais de-mandépardon. Je voussuppliedecroirequeje no manquerai jamaisaurespectquejevous dois et à l'opinionquej'widelà vertuetdu mé-ritedemadamedeLongueville.Madamela Princesserépondit:«Madame,jereçois très volontiers l'assuranceque vousmedonnez do n'avoir nulle part àlaméchancetéquel'ona publiée;jedéfère tropaucommandementque lareinem'enafait.»

Ontrouvedanslejournalmanuscritd Oli-vierd Orntessonquelquesdétailsquiajoutent au piquant decettescène de comédie.Elle cul lieule8août.LecardinalMazarin yassistait, commetémoin delapartdelareineMadame deMontbaron ayantcommencésondiscours situdiremnihime, maddnielaprincesses'en

plaignit,etl'autredutrecommencer avec l'ad-ditionrespectueuse. Unpareil raccommode-ment nefinissaitrien, etquelquesjoursaprès laguerrerecommença.

Outrelasatisfaction qu'ellevenaitde rece-voir,madamelaprincesseavaitdemandéet obtenulapermissionde nesepointtroaver enmêmelieuqueladuchesse de Montbazon.

Aquelque tempsdelà,madamedeChevreuse invita lareine àunecollationdanslejardinde Renard.Cejardinétaitlerendez-vous dela bellesociété.Ilétaitaubout desTuileries, avantlaportedelaConférence quiconduisait auCours,c'est-à-direàl'anglegauche dela placeLouis

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,surleterrainoccupé depuis pardeux de cesfossésqui jusqu'à ce jour ont gâtécettemagnifiqueplacequ'ilseraitsiaisé de rendrelaplusbelledel'Europe.L'été,en revenantdu Cours, quiétaitlapromenadedu grandmonde,etoùlesbeautésdu jour fai-saientassautdetoiletteet d'éclat,onvenaitse reposer aujardinde Renard, y prendre des ra-fraîchissements, etentendre des sérénadesàla manière espagnole. Lareinese plaisait fort à s'ypromener dansles bellessoirées d'été. Elle voulutquemadamela princesse yvintavec ellepartagerlacollationqueluioffraitmadame de Chevreuse,l'assurantbienquemadamede Montbazonn'y seraitpas;maiscelle-ciyétait, cl prétendaitmêmefaireleshonneurs dela collationcemmebelle-mèredecellequila don-nait.Madamelaprincessefeignitdevouloir se retirerpourne pastroublerlafête;lareine ne pouvait pas nelapoint retenir, puisqu'elle étaitvenue sur saparole.Ellefitdoncprier madamedo Montbazon dofairesemblant dese trouvermaletdes'en allerpourlatuer d'em-barras.La hautaine duchesse neconsentitpas àfuirdevantson ennemie,etelledemeura.

Lareineoffenséerefusalacollationetquitta lapromenadeavecmadamelaprincesse.Le lendemain, un ordre duroienjoignaità ma-damede Montbazon desortirdeParis.

VictorCousis

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del-Actdémiebnpim.

{La $uiUau prochain numéro.)

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