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LA BEAUTÉ AU TEMPS DE NOS PÈRES

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L'articlequ'on valireest extraitd'un char-mantvolumepubliéparlaLibrairie nouvelle, et dontl'auteur,hommed'esprit,bien connu dans lapresse,secache,ouplutôtchercheà se ca-cher souslepseudonymede Georges Rtrder, voiletransparent que soulèveleIonpiquantdo sapenséeetde sonstyle.Nouslivrons,du

reste, ce petitaperçu chronologique del'histoire delabeauté en France depuisledix-septième siècle,àlacuriositéde noslectrices,sans prétendre endosserlaresponsabilitédes dnr -trinesquiysontémises.

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Sous LouisXIII,sousLouisXIVsurtout, onn'étaitbollequ'àcondition d'êtreblonde;

pourquoi?

Laconditionétaitexpresse à cepoint,que lesbrunes,désolées,onétaient réduitesà dis-simulerleurcouleurproscrite,àteindreleur chevelure, méconnue, incomprite;elles attei-gnaientmémoen co genreunraredegrédo perfection.

Ainsi lesblondesétaientseules belles alors.

Apartcedétailsansvaleur,on enétait encore, pour presquetoutlereste,corpset visage,au cultedolabeautégrecque,un|h-ucoloriée pourtant;sibionquelesuccèsdemademoiselle delaValliére, qui,tranchonslemot,était mai-gre,Glémoute;ilcausaparmilesgens dugoùl, jentendsceuxdel'époquo,un élonnementet uneindignationdont,àdouxsièclesde dis-tance,M.Cousin, admirateurpassionnédu beau,ne peut aujourdhui sedéfendre:qu'il s'agissedecettegrossemadamedoMontcspan, ùlabonne heureI

Sous Louis

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commenceréellementlegoût enlamatière quinous occupe;lamodede beautén'estplusseulement un capricede dé-tail.c'estun corps depetiteslois.

Onexigolonezà laRoxelane, bravement retroussé, l'œil chinois, labouche encerise, jo veuxdire trèspetite,ferme,avancée, cares-sante;ilfautdesfossettes:ilenfautbeaucoup; ilenfautauxjoues,au menton, auxépaules, quesais-je?ilenfautpartout.

Onexigeaitune physionomie duvisage,on exigeaussiune physionomiedu corps:les jam-besdemenuet,déjàpriséessousLouisXIV, deviennentuneconditionindispensabledela beauté:cesontdesjambesfines,allongées;

l'habitudedemulesàhautstalonsapresque supprimélaforme dutalonanatomique:ce sontdosjambesqui,depuislebasdumolfet jusqu'àlapointedupied,présententousont censées présenter deuxlignesen quelquefaçon parallèles.

Départipris,toutel'attitudedu corpsse rossentdeces lignes forcées:la taille,àlafois inclinés etcambrée,rejettelapoitrineenavant, lecou tendu,lene/,enl'air,leslèvresauvont, complètentcelteravissante physiocoaûado colombe,qui jetait alors lesroués enextase.

ticscolombes«ontdepetitesfemmes pote-lées,élégantes, rieuses;enfin, c'estun en-sembleenjoué, égrillard, pleinde grâco volup-tueuse,nonpas quis'ajusteaucaractèrede

Iépocpie,mais quiesttoute l'époque.

Puis tout celavieillit, vieillitsansse renou-veler,Ontintbon,

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se livra auntravail

con-sciencieuxdorestauration;onremplaça la jeunesseetlafraîcheur\arunreplâtrage sub-til,lapassionparun cynisme que1âge peut seuldonner.

Cefutune curieuserencontre, celledes vieux rouésetdesvieillescolombes aveclajeunecour de Marie-Antoinette. Cesl queilfallaitêtre jeuneà tout prix, réellement,bincèrcmeuljeuue.

Marie-Antoinetteétaitcharmante, ce nétait pasassez, cllo étaitarchiduchessed'Autriche, reinede Franco:elledevaitfaireloi.Or.elle étaitjeuno,ilfallutdejeunescœurs, déjeunes femmes, déjeunesidées,desmodes nouvelles;

c'étaientdesfêtesenpleinjour,defolles par-liesdecampagne, des travestissements agrestes-dontlasimplicité effrayante déjouait toute su-percherie,un peu d'anglomanie,claussi,car lesfemmes commençaientàphilosopher

des idées libérales.

Celane pouvaitfinirainsi:la résistantedu Passés'organisa.

Unbeau jourlaprotestation aboutit à ceci:

unbaloùl'on n'étaitpointadmissil'on n'avait trenteansau moins:lareine, cela estbien entendu,n'étaitpasinvitée.

Elleacceptaledéfi.elleprétendit a\oir rai-son de ces beautés vermoulues,etleur dire,au moins unefoisd'une façon sanglante:

uMais vousêtesgrotesquesIque venez- vous faire ici?Mais vous avez une double couche de vermillonaux pommettes, delaciro etdubleu ar.xtempes,dunoirauxsourcils,dublanc d'argent aufront,duroseauxjoues,du carmin auxgencives.

ilitcelase voit.

»Vousêtes vieilles, décrépites,hors d'âge

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trèslaides:allezvousdébarbouiller,mettre un bonnetdenuit,unefonlango.une grande robe àramages;allezvous enfoncerdans un grand fauteuil àgrandesoreilles,ettachezdopren.'re l'airvénérablesivouspouvez;vousêtesnos grand'mères, nos grand'mèresindignes.»

Elleréunitcinq ousixdesesintimes: c'é-laientlemarquis dolaFayello,madamede Lamballe,madamedePoix,madamede Poli-gnac,quesais-jc?quelquesautresquiavaient encorecommeellelebonheurd'être exclus, et toute lacharmante compagnie tombaà l'inipro-vistoau Iwaumilieudubalenpetitschaussons, enpetiteblouse,enpetittablierblanceten liourrelet.

Cefutlederniercoup:lapartie étaitgagnée.

Ilfutdonc décidé souverainement qu'onn'était bellequiconditiondêtrejeune,trèsjeune,en dépitdes putentionsdelamaturitétint chan-téede nosjours.

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La physionomieàlamode, sousLotisXVI.

n'était ridicule et laideque braquelesrides s'y mettaient;elles'accordait assez.I>ienave/les idées de jeunessequiprenaientvogue;et, comme,aprèstout,lesmoeursn'avaientpas Iwaticoupchangé, on continuaàlatrouver jolie:

on yajoutapourUinllalèvreautrichiennede lareine.Ilfutausside bon goûtd'êtreblonde, commelareine;un pou d'anglomaniefitqu'on aima, non pas précisémentlanuance dechair de nosblondes,mais ceschairsanglaisesd'un rosot'\frais,trop fraismême,etqui,soussa transparence,semblentlaisserapercevoirun blancmat, quiesttouteunerévélation.

Onredressa unpeu l'attitude,qui devint moins abandonnée, puis on minauda surlemode inventépar M. delioufllers,jusqu au jour dela hideusedébâcle.

Dèslors 1asociétéestdanslame:ilfaut bienl'ysuivre.

Lesrévolutionnairess'inspiraientdesplus sotssouvenirsd'école;dansleursabominables parades, ilsjouaientauxRomains, dontils avaient mal apprisetsurtoutbienmal compris l'histoire:ilsdevaient,pour compléterle pas-tiche,introniserlabeautéde*mégères

ro-Ilsdevaientlivrerh l'admiration et à l'ado-rationpubliquedes déesses deliberté,queles Latinsetlesvieux professeurs eussent peut-êtrejugées dignes detonirl'emploid'une délie

ou d'une Agrippine,m;iisque noussommesbien plus habitués à voir,un madras surlatéte,le poin^ surlahanche,seretrancherderrièreun éventairopuant pourinjurierlesbourgeoises économes

Quandvintune époqueplusclémente, pui-santauxmêmessources,naturellementonalla chercherlesidées,lesgoûts,lesmœursdo l'ancienneGrèce.

Nouveaupastiche:

Toutlemondelesait,cefutletemps ou madameHamelinparaissaitengrandeloge à l'Opéraen tenue rigoureused'Amazone, unsein découvert, découvert jusqu'àlahanche; ma-dameTallien etmadameRécamierallaientaux Tuileries,sousun costume grec d'une merveil-leusetransparence,soutenirbravementla com-paraisonavoclesstatuesdujardin.Lesfemmes lesplusréservées, lesmères defamille, décol-letées àne pas ycroire,|H>rtaientdesrobes,ou plutôtdes tuniques qu'une agrafe grecque re-levaitdocôtéjusqu'au-dessusdu genou.

Alorscen'était|vascommeaujourd'hui,il fallaitposséderde son propre fonds desdétails destatuairequelesParisiennes, tantque dura lediwrliurmettl,sedévouèrent consciencieu-sementà populariser,maisàqui maintenantle justemépris delanuditégrecquedonne unrù!e fortsecondaire,etmêmegénéralement aban-donné aux doublures.

GeorgesH<iEnm.

Quelques journaux ont annoncé,d'aprèsune fouilleanglaise,queSa Majesté l'Empereur avaitacheté,auprixdo 10,000fr.,unpiano doM.Erardque l'onfaisait25.000fr. a l'expositiondeI.nndros;nous ignoronsjusqu'à que! point cette nouvelleméritelaconfiancedu public.Toutceque nou* pouvonsaffirmer, c'estque depuis longtemps Sa Majestéa fixé son choixsurunmagnifiquepiano exposéà Londres par

M

Montai.etquiaméritéà ce facteur,aveclamédailledeprix,lacroixdela Légion d'honneur.Cet instrumentestplacé à l'Elysée,oùilafaitl'admirationdetousles connaisseurs,non seulement parsarichesse

artistique,mais encore parlaperfectionîle-on mécanismeetsa sonorité, toutiilafoisagréah'c et puissante.

Le Jardin-d'Hiverpréparesadernièrefête d'enfantsh1occasion dulundide Pâques.On parlebeaucoup d'une tombola de 20lots,parmi lesquelson remarque :un«rufmonstre,un su-perbecaniche,unepoupéequiparle, etc.

L'intermèdecomiqueserarempli parJ.Kelm, etl'enchanteur Merlinouvriralafête.

S'adresserauMénrslret, ibit,rueVisienio, pourles billetsdofamille.

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