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Identification des références et des liens intertextuels et hypertextuels

Chapitre 4 : Études de corpus

B. Analyse traditionnelle du corpus

1. Identification des références et des liens intertextuels et hypertextuels

Jusqu’à notre DEA, l’étude du discours et du répertoire d’Iron Maiden était centrée sur les sources d’inspiration des chansons. Notre démarche consistait à révéler tous les liens qui unissaient certains morceaux à l’histoire ou à des formes artistiques. Avec le recul, nous pouvons dire que nous nous sommes livré à un travail que Stephane Malafette qualifierait de « militant » ; il s’agissait en effet de montrer les liens existant entre un type de musique à « faible légitimité culturelle »494 et des formes de savoirs et de connaissance nobles.

Pour révéler ce qui se cachait derrière chaque chanson, nous avons mené des recherches dans plusieurs directions. Nous nous proposons de les présenter dans cette sous-partie.

1.1. Recherche dans des documents à caractère biographique

Afin de connaître les sources d’inspiration d’un auteur, le moyen le plus sûr et le plus direct est très certainement de le rencontrer et de l’interviewer. À défaut de le faire soi-même, il existe aujourd’hui de nombreux supports sur lesquels peuvent être rapportés soit les propos exacts des auteurs soit des versions condensées faisant ressortir les principales informations. Voici les supports que nous avons utilisés.

1.1.1. Ouvrages biographiques

La première étape a été la lecture d’ouvrages biographiques. Comme cela est souvent le cas pour les groupes de rock, il existe une multitude de titres du fait que beaucoup sont écrits ou traduits dans la langue d’un pays. Ainsi il existe des biographies sur Iron Maiden en anglais, en français, en italien, en allemand, en russe, en norvégien et même en turc !

Bien évidemment nos connaissances linguistiques nous ont limité et nous nous sommes basés sur cinq titres appartenant à deux types d’écrits.

Nous avons d’abord lu les travaux de journalistes tels que Run to the Hills de Mick Wall, Iron Maiden de Juan Fabian et Iron Maiden – 30 Years of the Beast de Paul Stenning. Il est intéressant de noter que Paul Stenning est également un supporter du groupe et par conséquent son ouvrage pourrait également être classé dans le deuxième type d’écrits, à savoir celui des travaux de fans tels qu’Infinite Dreams de Dave Boyler et Bryan Dray et Iron Maiden Biography - A Fan’s Perspective de Mark Snedden publié comme numéro spécial du fanzine du fan-club officiel du groupe.495

Bien qu’il n’y ait pas de différences fondamentales au niveau des contenus, nous ne manquerons pas de faire la distinction entre les ouvrages officiels ayant été relus et approuvés par le management (Run to the Hills, Infinite Dreams et Iron Maiden Biography - A Fan’s Perspective) et ceux ne bénéficiant pas de cette reconnaissance officielle et qui se permettent souvent des critiques ainsi que certains jugements sur la carrière du groupe. Nous verrons qu’il en est de même pour les supports audio-visuels.

494 Cf. Bernard LAHIRE. La culture des individus. Dissonances culturelles et distinction de soi. Paris : La Découverte Poche, 2006. 495

1.1.2. Articles de presse spécialisée

Dans son étude, Fabien Hein insiste sur l’importance de la presse spécialisée dans la subculture metal. En France comme à l’étranger, plusieurs publications sont souvent disponibles. Nous pouvons y retrouver des interviews, des chroniques d’albums, des critiques de concerts, des dossiers spéciaux sur un artiste. Les interviews sont une source d’informations très précieuse dans la mesure où elles donnent la parole à ceux qui créent la musique et écrivent les textes. Enfer Magazine, Hard-Rock Magazine, Hard-Force, Hard’n’Heavy, Kerrang, et Metalhammer ont été nos principales lectures mais d’autres articles envoyés par des amis supporters du groupe sont venus compléter le corpus d’articles utilisés.

1.1.3. Documents audio-visuels

Comme nous l’avions déjà noté pour les biographies, il existe d’un côté des documents audio- visuels officiels et de l’autre, des documentaires n’ayant pas été soumis au contrôle du management. Nous retrouvons dans cette seconde catégorie The Legacy of the Beast et Rock Case Studies: Iron Maiden. Ces deux vidéos présentent l’intérêt d’offrir le droit de parole à des personnes extérieures à la formation actuelle du groupe ou à son management (anciens membres ou proches, journalistes) proposant ainsi un regard relativement distant vis-à-vis de l’institution qu’est devenue Maiden.

Nous nous sommes également servi de la série de dix interviews audio intitulée Listen with Nicko et donnée par Nicko McBrain, l’excentrique batteur du groupe. Prenant la forme de pistes CD bonus, elles sont apparues sur les rééditions des simples en format CD en 1990, à l’occasion du dixième anniversaire de travail avec la maison de disque EMI. Elles proposent d’intéressants commentaires et anecdotes sur quelques chansons.

1.1.4. Synthèse

Le fait d’utiliser plusieurs sources permet de faire des recoupements pour vérifier la justesse des informations. À partir de ces premiers éléments, il est possible de dresser une première liste des inspirations du groupe qui doit être complétée par d’autres recherches.

1.2. Recherches encyclopédiques

Dans la mesure où toutes les chansons ne sont généralement pas traitées de façon individuelle dans les documents à caractère biographique, il est nécessaire d’opérer une analyse minutieuse du corpus pour essayer de trouver des indices comme des titres d’œuvres, des noms de personnages réels ou fictifs, des noms de lieux, des évocations de faits historiques ou de situations romanesques, des citations.

À partir de ces éléments, il faut ensuite faire des recherches dans des encyclopédies, des livres d’histoires, des dictionnaires généraux ou spécialisés, comme ceux pour la littérature ou pour le cinéma, et de confronter ainsi les informations recueillies avec les textes.

Ce travail offre également un certain recul vis-à-vis de ce que l’on peut trouver dans les ouvrages à caractères biographiques. En effet, nous savons que le monde du rock déborde de légendes personnelles que les artistes ne se donnent par forcément la peine de corriger si elles peuvent participer à leur aura.

Enfin, cette approche permet de mettre en évidence toutes les concordances et discordances existant entre les chansons du groupe et la matière qui a pu les inspirer.

1.3. Écouter ce qui se dit dans la tribu

De la même manière que l’on se base dans la recherche sur des travaux de spécialistes, prendre en compte les avis et les interprétations d’autres fans peut être tout à fait pertinent.

- Trouver d’éventuelles nouvelles sources qu’aucun document n’aurait révélées ou à côté desquelles notre culture ou notre analyse seraient passées.

- Confirmer, ou au contraire infirmer, certaines des sources.

Cependant nous noterons que tous les avis n’ont pas la même valeur. En effet, Christian Le Bart distingue six catégories de fans496 et une seule d’entre elles peut, d’une manière générale, vraiment contribuer à cette mise à jour des sources, il s’agit des « érudits ». Nous avons eu la chance d’être en contact personnel et régulier avec trois d’entre eux : Guy « Maverick » Marais, Georges « Gor » Matsagouras, et Emmanuel « Manu » Haeussler.

1.4. Bilan

En passant par différentes strates d’analyses permettant des vérifications amenant à la validation et ou l’invalidation des sources, nous pouvons ainsi arriver à une liste exhaustive de toutes les références relativement visibles dans le répertoire du groupe. Nous insistons sur l’adjectif « visibles » dans la mesure où il existe peut-être des liens très obscurs à côté desquels nous sommes passés sans les identifier. Cela étant dit, nous pensons quand même avoir produit une liste extrêmement proche de la réalité.