6. Vers une analyse des usages et des compétences requises pour pratiquer les TICE : le
6.2.12. Les fractions en CM2
Philippe Leclère
/¶LQWpUrWGHFHWWHpWXGHGHFDVUpVLGHGDQVOHIDLWTX¶LOV¶DJLWG¶XQHPLVHHQ°XYUHG¶XQ
ONAG¶XQHH[WUrPHVLPSOLFLWpPHWWDQWOHVpOqYHVJUkFHjXQHSpGDJRJLHDGDSWpHGHFRQVWUXLUe
un savoir complexe.
&RQWH[WH GH O¶pWDEOLVVHPHQW : O¶pFROH ODLVVH DSSDUDvWUH TXHOTXHV GLVSDULWpV DX QLYHDX GHV
origines socioculturelles et des situations socioprofessionnelles des familles. Beaucoup
G¶pOqYHV VRQW LVVXV GH O¶LPPLJUDWLRQ Le secteur de reFUXWHPHQW GH O¶pFROH UHJURXSH
« zones » : une zone plus favorisée et deux zones sociales. Le contexte est représentatif des
moyennes nationales : quels que soient les milieux, environ un tiers des familles sont
PRQRSDUHQWDOHV '¶DXWUH SDUW SRXU XQH IDPLlle sur cinq, aucun des parents ne travaille (ce
nombre tend à augmenter). %LHQ TXH O¶pFROH QH VRLW SDV FODVVpH HQ ]RQH G¶pGXFDWLRQ
prioritaire, les résultats sont assez modestes et les retards scolaires assez nombreux.
La séance. ,OV¶DJLWG¶XQFRXUVGHmathématiques en fin de cycle III mettant en jeu le concept
de comparaison des fractions. Cette notion ne figure pas explicitement au programme de
O¶pFROHSULPDLUH(QFHWWHILQG¶DQQpHO¶HQVHLJQDQWVRXKDLWHSUpSDUHUVHVpOqYHVjO¶HQWUpHHQ
sixième. La classe comporte onze élèves qui se répartissent en quatre binômes et un trinôme
VXUOHVFLQTRUGLQDWHXUVGHODSHWLWHVDOOHPXOWLPpGLDGHO¶pFROH/HSURIHVVHXUGHVpFROHVTXL
GLULJHFHWWHVpDQFHHVWpJDOHPHQWGLUHFWHXUGHO¶pWDEOLVVHPHQWHWIpUXG¶LQIRUPDWique. Le petit
logiciel utilisé a été créé dans le cadre du projet
CELEBRATE,O V¶DJLW G¶XQH VLPSOH SDJH
interactive au design rudimentaire.
/¶REMHW QXPpULTXH G¶DSSUHQWLVVDJH/D PpWDSKRUH DSSDUDvW DXMRXUG¶KXL FRPPH O¶XQ GHV
concepts fondamentaux qui
doivent être pris en compte
GDQVODFRQVWUXFWLRQG¶XQREMHW
G¶DSSUHQWLVVDJH PXOWLPpGLD
/¶LF{QH FKRLVLH SDUWLFLSH
JUDQGHPHQW j O¶HIILFDFLWp GH
représentation du concept.
Elle suggère le processus et
HQ SUpFLVH OH IRQFWLRQQHPHQW /¶DQDORJLH DYHF XQ REMHW GH la vie courante permet plus
IDFLOHPHQW GH IL[HU GH IDoRQ GXUDEOH OD QRWLRQ DERUGpH (OOH LQVWDOOH O¶DSSUHQDQW GDQV XQ
HQYLURQQHPHQW FRQQX HW DQQLKLOH DLQVL O¶DSSUpKHQVLRQ TX¶LO SRXUUDLW DYRLU DX FRQWDFW G¶XQH
QRWLRQQRXYHOOH/¶LF{QHGHFHWREMHWHVWXQHbalance représentée de façon très rudimentaire
SDU VHV GHX[ SODWHDX[ HW SDU O¶XQ GHV V\PEROHV PDWKpPDWLTXHV < ou > ou =), entendus de
WRXVTXLHQULFKLWO¶LPDJH&HFRPSOpPHQWHVWXWLOHFDULOUHQIRUFHODPpWDSKRUHHQPHWWDQWHQ
°XYUHXQPpFDQLVPHGHSHQsée différent, mais il est également nécessaire car la visualisation
GHO¶pTXLOLEUHGHODEDODQFHQ¶HVWSDVpYLGHQWHVXUWRXWORUVTXHFHOXL-FLHVWSURFKH'¶DXWUHSDUW
la représentation du déséquilibre de la balance ne correspond pas à la réalité physique
car quelle que soit la différence de poids, les plateaux devraient atteindre les mêmes
positions limites. Est-FHWUDXPDWLVDQWSRXUO¶pOqYH"
La séance
/¶HQVHLJQDQW démarre son cours en présentant les quatre observateurs étrangers à la classe et
demande au[HQIDQWVGHVHFRPSRUWHUFRPPHG¶KDELWXGH0DOJUpODWDLOOHUHVWUHLQWHGHODVDOOH
et son encombrement, les enfants oublient très rapidement ce contexte particulier et paraissent
DYRLU XQ FRPSRUWHPHQW QDWXUHO /¶REMHW HVW SUpVHQWp HQ DQJODLV SDU XQH SHWLWe phrase dont
O¶LQVWLWXWHXUDDIILFKpODWUDGXFWLRQDXWDEOHDXVDQVODFRPPHQWHU,OVHPEOHUDLWHQIDLWTXHWUqV
SHX G¶HQIDQWV RQW EHVRLQ GH FHWWH DLGH ,O V¶DJLW GH UHPSOLU OD FDVH YLGH SDU XQ QRPEUH HQ
WHQWDQW G¶pTXLOLEUHU OD EDODQFHProgressivement au bout de 10-15 minutes, les différentes
manipulations permettent de mettre en évidence quelques règles : en augmentant la case
numérateur on augmente le poids ; en diminuant la case numérateur on diminue le poids ; en
augmentant la case dénominateur on diminue le poids ; en diminuant la case dénominateur on
augmente le poids. On peut remarquer que certains groupes trouvent des techniques pour
DFFpOpUHU OD UHFKHUFKH /HV pOqYHV FRPSUHQQHQW SHWLW j SHWLW TX¶LO IDXW pTXLOLEUHU OD EDODQFH
chacun a sa méthode : au hasard, par dichotomie ou en regardant le comportement de la
balance. La méthode de dichotomie est mise en place de façon intuitive par deux groupes.
/¶HQVHLJQDQW Q¶HQ D MDPDLV SDUOp /HV pOqYHV IRQW GRQF GHV VDXWVWRXW G¶DERUG DYHF XQ SDV
faible, en général GHX[SXLVSHXjSHXODWHFKQLTXHV¶DIILQHOHVVDXWVVRQWSOXVJUDQGV DILQ
G¶DFFpOpUHUODFRQYHUJHQFH'DQVFHWWHSKDVHH[SORUDWRLUHXQJURXSHVHPEOHDYRLUGXPDOj
analyser la réaction de la balance et le symbole mathématique qui trône au milieu des deux
fractions. Les enfants prennent systématiquement la mauvaise décision en augmentant le
QRPEUHDORUVTX¶LOIDXWOHGLPLQXHURXHQGLPLQXDQWOHQRPEUHDORUVTX¶LOIDXWO¶DXJPHQWHU,O
faudrait approfondir les raisons de ces errances en questionnant les élèves sur la méthode
choisie. Le nombre de groupes à gérer ne permet pas cette analyse plus fine des raisons de
O¶HUUHXU &HSHQGDQW LO HVW SUREDEOH TX¶LO V¶DJLW G¶XQ SUREOqPH OLp j OD UHSUpVHQWDWLRQ GX
symbole mathématique et de son interprétation. 2Q SHXW IDLUH O¶K\SRWKqVH TX¶LO IDXGUD
évidemment vérifier, que le symbole « > » est entendu non comme supérieur à mais plutôt
comme un conseil « prends un nombre plus grand ». La séance arrive à son terme. Les
enfants, progressivement, dès que le maître a vérifié la compréhension de la règle, vient
YDOLGHUOHXUUpVXOWDWHWOHXUGHPDQGHGHYpULILHUODUqJOHWURXYpHGHQRXYHDXVXUO¶RUGLQDWHXU
/¶HQVHLJQDQWQRXVGpFODUHTXHOHVREMHWVXWLOLVpVVHPEOHQWXQERQFRPSOpPHQWGHO¶DFWLYLWpGH
classe. Il y trouve quelques raisons sérieuses de les mettre en °XYUHOHSOXVVRXYHQWSRVVLEOH
On peut citer quelques-uns des argumentsGHO¶HQVHLJQDQW :
¾ les outils informatique donnent un plus indéniable jO¶HQVHLJQHPHQW© traditionnel »
HWRX SHXYHQW O¶LOOXVWUHU GH IDoRQagréable, en utilisant des ressources qui ne sont pas
toujours disponibles dans la classe traditionnelle. Il est certain que les TICE sont des
VXSSRUWVQRXYHDX[TXLV¶DMRXWHQWjFHX[GpMjH[LVWDQWV ;
¾ les outils informatiques comportant des animations ou une certaine interactivité
facilitent la compréhensionHWSDUFRQVpTXHQWO¶DVVLPLODWLRQGHFHUWDLQVPpFDQLVPHV
ou phénomènes dynamiques qui seraient plus difficiles, voire dans certains cas
impossibles, à mettre en évidence avec les outils traditionnels. Nous abordons le
SUREOqPH GH O¶HIILFDFLWp GHV
TICEsur les apprentissages, sujet sur lequel nous restons
très prudents.
¾ O¶RXWLO LQIRUPDWLTXH SHUPHW GH JpUHU O¶KpWpURJpQpLWp GHV pOqYHV. Les rythmes sont
WUqV GLIIpUHQWV G¶XQ HQIDQW j O¶DXWUH HW OHV SURJUHVVLRns peuvent être ainsi adaptées à
chacun, ou tout du moins au groupe de 2 élèves qui travaillent ensembles. 1RXVO¶DYRQV
noté sur cette séquence, mais cette gestion différenciée des élèves ne nous apparaît pas
spécifique aux outils, mais plutôt à la pédagogLHPLVHHQ°XYUH
¾ FKDTXH VpDQFH XWLOLVDQW O¶LQIRUPDWLTXH VH GpURXOH GDQV OD ERQQH KXPHXU. Aucun
élève ne rechigne alors à la tâche. Le professeur, bien que très sollicité car il faut gérer
O¶DYDQFHPHQW GH FKDTXH JURXSH OHV SUREOqPHV LQIRUPDWLTXHV HW XQ Oéger brouhaha
inévitable, se montre en général satisfait du fonctionnement et des acquis. Là encore
sont-ce les
TICEou la pédagogie mise en place ?
¾ O¶RXWLOLQIRUPDWLTXH est un bon vecteur de réussite pour les élèves habituellement
en difficulté TXL V¶HQ VRUWHQW WUqV ELHQ ELHQ PLHX[ TX¶HQ FODVVH O¶HIIHW PDJLTXH GH
O¶LQIRUPDWLTXHGRLWVDQVGRXWHMRXHUXQU{OH 1RXVDYRQVHQHIIHWQRWpTX¶DXFXQpOqYHQH
semblait se sentir exclu de la séance. Est-FH O¶HIIHW PDJLTXH GH O¶LQIRUPDWLTXH RX
simplement le fait quHO¶HQVHLJQDQWFRQVLGqUHGLIIpUHPPHQWO¶pOqYHHQGLIILFXOWp ?
¾ O¶RUGLQDWHXUDODSDWLHQFHHWOHWHPSVTXHQHSRXUUDLWDYRLUXQSURIHVVHXU Nous ne
ferons pas de commentaire sur cette constatation très personnelle qui interroge
FHSHQGDQWVXUODSODFHGHO¶Rrdinateur dans la médiation pédagogique.
Constat : VXU XQ SODQ SOXV JpQpUDO FHV VpDQFHV SDUWLFLSHQW j OD IRUPDWLRQ j O¶XWLOLVDWLRQ GH
O¶RUGLQDWHXUHWG¶,QWHUQHWFRQIRUPpPHQWDXSURJUDPPHHWjODPLVHHQSODFHGX%L/¶XVDJH
G¶XQ
ONAdemande un réel inveVWLVVHPHQW GH OD SDUW GH O¶HQVHLJQDQW TXL GRLW WHVWHU O¶REMHW
DYDQWGHOHPHWWUHHQ°XYUHHQFODVVHDILQGHGpFHOHUOHVpYHQWXHOVGpIDXWV&¶HVWOHFDVVXUFHW
objet qui, si on ne le rectifie pas, peut ancrer dans la mémoire quelques mécanismes erronés
qui seront ensuite très difficiles à corriger. La préparation sur le plan technique de la séance
est également plus longue, il faut mettre en ordre la salle dont la bonne marche est une
condition sine qua none de réussite. Le choix à faire est simple : il faXW MXJHU VL O¶DSSRUW
SpGDJRJLTXHG¶XQHVpDQFHPXOWLPpGLDSour les élèves peut se justifier au regard de sa mise en
place assez lourde.
Dans le document
Les TICE en classe : de l'analyse des usages à l'analyse des non-usages
(Page 191-194)