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Les fileurs et tisseurs des fabriques et usines proches

Première partie : L’avènement d’une réalité ouvrière [1800-1914]

Carte 4 : exemples de localités du rayon choletais accueillant des usines de chaussure au début du XX e siècle :

A- La suprématie contestée du secteur textile

1. Les ateliers et fabriques clairsemés

1.1. Les fileurs et tisseurs des fabriques et usines proches

des capitales urbaines

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• Poitiers et sa périphérie

L’industrie textile du département de la Vienne, que l’on peut qualifier d’organisée, se concentre dans un rayon d’environ trente kilomètres autour de Poitiers362.

Les fabriques les plus éloignées de la capitale poitevine sont localisées dans les communes de Vivonne et de Marnay. La première a une filature de lin et de toiles qui emploie 150 tisserands en 1845363 et un établissement de tissage mécanique et d’effilochage du chanvre364 et du lin365, autorisé par une ordonnance royale du 20 avril 1841366 et qui perdura jusqu’en 1954367 dont la main-d’œuvre ouvrière ne dépasse pas la trentaine d’employés entre 1869 et 1894368. La commune de Marnay, voisine de la précédente, a une filature de laine occupant 24 fileurs en 1845369, puis une dizaine vingt ans plus tard, avant de péricliter à la fin des années 1880370. D’autres étoffes de laine sont produites dans le bourg de Béruges, situé à l’est de Poitiers. On y recense 70 ouvriers en 1842371, et 42 en 1850372. Les rapports

362 Il ne faut pas omettre les quelques industries textiles localisées dans l’arrondissement de Loudun. On y trouve

la trace en 1840 de quelques fabriques de toiles et de broderie de tulle. cf. ADV M10.122. Statistiques

industrielles (1839-1852). Un établissement de passementerie se développe dans la seconde moitié du XIXe

siècle jusqu’au début du siècle suivant, dans la lignée d’une vieille tradition remontant au XVIe siècle. On y

dénombre environ une quarantaine d’employés dans les années 1860 et quatre-vingt en 1902, cf. ADV M4.70, 71 & 72 Correspondances du préfet de 1860 à 1870 et ADV M12.113. Grèves [1894 ; 1902]. Ajoutons-y le tissage de gros draps un peu partout dans les campagnes.

363 ADV M10.122. Statistiques industrielles (1839-1852).

364 Une usine de traitement du chanvre existe à partir des années 1870 à Ouzilly près de Châtellerault. 365 L’établissement Danlot.

366 ADV M12.22. Situation industrielle du département.

367 ROUSSET (Camille), L’annuaire de l’industrie textile, Paris, 1936, p.281.

368 Vingt tisserands en 1869 cf. ADV M12.63. Travail des enfants dans les manufactures et vingt-cinq en 1894

cf. ADV M12.113. Grèves [1894 ; 1902].

369 ADV M10.122. Statistiques industrielles (1839-1852).

370 On compte 10 fileurs en 1869 et 1874 puis 3 à 5 entre 1880 et 1886 cf. ADV M10.123. Statistiques sommaires

des industries principales (1873-1888).

préfectoraux indiquent qu’on tisse le coton dans une fabrique de petite envergure à Migné, au nord de Poitiers, en 1840373 comme en 1874374.

Carte 5 : fabriques textiles de l’arrondissement de Poitiers au XIXe siècle :

(Nombre maximum d’ouvriers employés) Source : ADV.

372 ADV M10.125. Situation de famille des ouvriers des manufactures.

373 ADV M10.124. Salaires des ouvriers (1830-1890).

Cependant deux établissements se démarquent par leur importance : la filature de chanvre de Ligugé, et celle de coton et fabrique de bonneterie de Biard.

 La filature de Ligugé

La filature de Ligugé est créée en 1856 dans une région réputée pour la culture du chanvre, comme l’indique en 1833 le maire de Poitiers au préfet375. Le chanvre est cultivé dans le nord-ouest du département le long du canal de la Dive, près de Moncontour, dans le canton de Lencloître et autour de Ligugé. A cela il convient d’ajouter les chènevières d’Anjou, de la Sarthe et de Touraine. L’établissement est implanté sur un site où sont déjà installées une minoterie376 et une fabrique d’amidon et de gluten377, qui disparaîtra dans un incendie en 1864.

Mis à part le chanvre, on y traite aussi le jute, qui devient la matière première principale à partir des années 1890, le lin et le phormium, plante provenant de Nouvelle- Zélande, dont le nom figure sur les listes de production de l’entreprise entre 1860 et 1890378. En 1875, la direction mécanise le tissage, fait unique dans toute la Vienne. Elle adjoint également une ficellerie quinze ans plus tard.

De 1858 à 1904, la filature est dirigée par Louis Céleste Carlos Hambis379. D’origine lilloise il arrive à Ligugé vers 1856, fort de ses expériences textiles en Angleterre et au Mans, dans la filature de son père. Il s’associe sur place avec les membres de la famille Véron pour créer la société Louis Hambis et Cie qui, en 1904, devient la société de Filature et de Tissage de Ligugé. Elle se spécialise dans la filature, le tissage mécanique avec blanchisserie et teinturerie, la corderie et la ficellerie. Elle ne fermera ses portes qu’en 1955.

375 ADV M12.22. Situation industrielle du département.

376 La minoterie prend la suite d’un moulin à farine en 1835 et arrêtera son activité en 1896 après la destruction

accidentelle du moulin.

377 On y invente le gluten granulé destiné à la fabrication de potages alimentaires, breveté en 1855 et reconnu par

le ministère de l’agriculture en 1863.

378 MIELCZAREK (Willy), La filature de Ligugé, monographie d’un centre industriel, mémoire de maîtrise

Histoire des arts et archéologie, Poitiers, septembre 2002, p.25-26.

379 Membre de la Société académique d’Agriculture, des Sciences et Belles Lettres de Poitiers, chevalier de la

légion d’honneur, c’est un républicain farouchement anti-clérical qui succède à son associé Emile Véron à la mairie de Ligugé en 1890. Il est également vice-président du conseil général de la Vienne, dont il préside la commission permanente de 1899 à 1904, date à laquelle il décède dans sa commune d’adoption. Ces quelques éléments biographiques sont tirés du mémoire de MIELCZAREK (Willy), La filature de Ligugé, monographie

d’un centre industriel, op. cit., p.67 à 70 et de MATHIEU (Maurice), Les poitevins et la République (1870-

Considérée à juste titre comme la deuxième entreprise du département380, après la manufacture d'armes de Châtellerault, la filature trouve sur place une importante main d’œuvre. Celle-ci vient de toutes les villes et bourgades des alentours, situées dans la périphérie de Poitiers : Ligugé bien entendu, mais aussi Smarves, Iteuil, Fontaine-le-Comte, Croutelle ou Marçay. Il y a plus d’une centaine de personnes dans les ateliers en 1869381 et environ 400 dix ans plus tard382. Cet afflux de travailleurs oblige la direction et la municipalité à bâtir une cité ouvrière. La mécanisation du travail impose de disposer d’une main-d’œuvre sur place et non pas éparpillée dans les campagnes. Malgré quelques aléas dus à la conjoncture de la fin du siècle, les effectifs se maintiennent à 400 en 1902383.

 La filature de coton et fabrique de bonneterie de Biard

La filature de coton et fabrique de bonneterie de Biard384 est le second établissement textile majeur du département de la Vienne au XIXe siècle. Son existence est plus ancienne que sa consœur de Ligugé et son organisation plus archaïque.

La fabrique est fondée en 1828 par un banquier poitevin, ancien acquéreur de biens nationaux385. Il obtient dans la foulée un marché de fournitures auprès du ministère de la

Guerre386. Néanmoins en juin 1834 un marchand de Poitiers, Turquand Courbe, reprend les rênes de la filature. Dès lors, sa famille va présider aux destinées de l’établissement jusqu’à sa fermeture en 1862387, provoquée par le manque de coton sur le continent européen, conséquence directe de la guerre de Sécession aux Etats-Unis.

Avant cela, la production poitevine est commercialisée aussi bien en France, qu’en Suisse, en Italie ou bien encore sur les autres rives de l’Atlantique. La fabrique produit « des

bonnets de coton blanc ou bleu, des pantalons d’hommes, des gilets divers - gaufrés, à châle

380 Le 16 mai 1902, le préfet de la Vienne adresse une missive au commandant de la division d’infanterie de

Châteauroux concernant les possibilités de grève dans le département où il indique que la filature de Ligugé est « la seule véritable industrie de l’arrondissement » de Poitiers, cf. ADV M12.113. Grèves [1894 ; 1902].

381 ADV M12.63. Travail des enfants dans les manufactures.

382 ADV M10.123. Statistiques sommaires des industries principales (1873-1888). 383 ADV M12.113. Grèves [1894 ; 1902].

384 Cette commune de la périphérie Ouest de Poitiers est couplée avec celle de Vouneuil jusqu’en 1847.

385 Le banquier François Laurence-Surin a acquis l’ancienne métairie des Augustins de Biard, dont la superficie

est d’environ 100 hectares.

386 MEUNIER (R.-A), La filature de coton et fabrique de bonneterie de Biard de 1825 à 1862, extrait des Actes

du centième congrès national des sociétés savantes (Paris 1975), section d’histoire moderne et contemporaine, ministère de l’Education nationale, Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1977, p. 137.

ou à bouton - des jupons et camisoles, guillochés ou gaufrés, des gants de coton pour l’armée, ou de cachemire, des calottes pour l’armée388».

La main d’œuvre est nombreuse : 150 à 200 employés en 1832389, 415 en 1842390, 600 trois ans plus tard391. La plus grande partie des employés ne travaille pas sur place. Les deux tiers, majoritairement des femmes, filent le coton à domicile, après être venus quérir la matière première au siège même de la filature. Le dernier tiers est occupé sur place aux ateliers de bonneterie, où l’on trouve, à côté de quelques métiers à filer, 94 métiers à tricoter et un espace réservé aux couseuses.

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• Niort et Saint-Maixent

Du fait de sa taille, il y a à Niort quelques établissements industriels de tissage ou de confection d’étoffes. Mais, c’est Saint-Maixent qui véritablement se distingue dans ce domaine.

Il reste peu de chose de l’industrie de l’habillement niortaise une fois la commotion révolutionnaire résorbée. Les mémoires du préfet Dupin en attestent. Le préfet d’Empire n’y cite, mise à part une poignée de tisserands dispersés392, qu’une fabrique de confection de

chapeaux occupant une quarantaine d’ouvriers393. Quelques années plus tard, les enquêtes administratives394 mentionnent en sus l’existence d’une filature de laine de faible taille, puisque constituée uniquement de 7 maîtres tisserands en 1808. Un établissement se développera ensuite, puisque ses effectifs s’élèveront à une quarantaine d’ouvriers en 1832. Elle vend alors ses productions aussi bien dans le Maine-et-loire qu’en Bretagne. La fabrique semble péricliter par la suite.

Il faut attendre la seconde partie du XIXe siècle pour que l’industrie textile réinvestisse un tant soit peu la ville de Niort, jadis réputée pour ses draps. Le début des années 1850 voit la création dans la première des villes des Deux-Sèvres d’une fabrique de blouses395 et d’une

388 Enumération des produits fabriqués en 1849. 389 ADV M12.22. Situation industrielle du département. 390 ADV M12.63. Travail des enfants dans les manufactures. 391 ADV M10.122. Statistiques industrielles (1839-1852).

392 Selon le préfet Dupin il y aurait 17 fabricants de serges, pinchinats et autres étoffes de laines en l’an X cf.

DUPIN (Claude), Second mémoire sur la statistique du département des Deux-Sèvres, Niort, An X, p.317 s.

393DUPIN (Claude), Mémoire sur la statistique du département des Deux-Sèvres, Niort, An IX, p.39. 394 ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et commerciales [1804 ; 1889].

395 Certains auteurs parlent d’une date de création durant les années 1840 mais cela semble peu probable car ces

établissements sont absents de l’Enquête économique et sociale de 1848 cf. ARCHES (Pierre), L’enquête économique et sociale de 1848 (partie 3), op. cit., pp 383-465.

filature de coton396 dans lesquelles on place de grands espoirs. Aspirations vite déçues, car la filature ferme ses portes dès 1871. Entre temps, l’entreprise de Charles Mathé emploie 150 ouvriers en 1856, 187 en 1858 et moitié moins dix ans plus tard397.

Dans le même temps, la fabrique de blouses, qui comprend entre douze et sept établissements plus ou moins spécialisés selon les époques, occupe, à sa création, près de mille femmes et jeunes filles398 qu’on imagine sans peine travaillant chez elles sans répit, dans l’espoir de fabriquer un maximum de pièces afin d’augmenter un tantinet leurs maigres revenus. La plupart de ces couturières travaillent également pour l’industrie gantière de la ville. Leur nombre diminuera sous l’influence de la machine à coudre augmentant la productivité et amenant les ouvrières dans les ateliers399. L’administration en recense seulement 330 en 1883400. Les blouses produites sont vendues dans tout le Centre Ouest401, surtout dans les Deux-Sèvres et les départements limitrophes de Vendée et des Charentes.

A Saint-Maixent, et contrairement au chef-lieu du département, il y a une réelle continuité dans le travail de la laine où l’ensemble de la filière est représentée, de la filature aux fabriques de gilets, en passant par les teintureries. On y fabrique des draps et de grosses étoffes en serge avec l’aide des populations rurales alentour. En vérité, ce sont la bonneterie et les bas qui sont les véritables spécialités de la ville depuis le XVIIIe siècle402, époque où

Savary Des Bruslons qualifie l’activité de « considérable403».

Cette branche d’activité perdure par la suite, malgré les troubles révolutionnaires et les guerres de Vendée occasionnant une diminution de moitié de l’activité. Le préfet Dupin estime en l’an IX à 2500 personnes celles occupées dans la bonneterie et à 1400 en l’an X404. En 1825, cinq fabriques emploient 118 ouvriers405. Vingt-cinq ans plus tard, deux fabriques

396 L’arrivée du coton en France dans les années 1840 marque, selon Michelet, une véritable « révolution en

France » qui permet aux femmes de toutes conditions, et moyennant le prix d’une journée de travail d’un ouvrier, de se couvrir « d’un vêtement de fleurs ». Grâce à ce nouveau textile le « peuple de femmes […]

présente sur nos promenades un éblouissant iris de mille couleurs, qui naguère était en deuil » cf. MICHELET,

Le peuple, p. 79 s cité par DUVEAU (Georges), op. cit., p.163.

397 ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et commerciales [1804 ; 1889]. 398 ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et commerciales [1804 ; 1889].

399 A partir des années 1860. Cf. LEROY-BEAULIEU (Paul), Le travail des femmes au XIXe siècle, Paris, 1888,

p.395 et s.

400 ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et commerciales [1804 ; 1889]. 401 PINARD (Jacques), op. cit., p.76.

402 GILBERT (René), Economie et emploi à Saint-Maixent aux XVIIe et XVIIIe siècles, BSHSDS, Niort, 1975,

t.8, p.16.

403 SAVARY DES BRUSLONS (Jacques), op. cit., t.5.

404 DUPIN (Claude), Mémoire sur la statistique du département des Deux-Sèvres, op. cit., p.45. & DUPIN

(Claude), Second mémoire sur la statistique du département des Deux-Sèvres, op. cit., p.321.

405 ARCHES (Pierre), La filature de laine à Saint-Maixent au XIXe siècle et son fondateur Célestin Blot,

de gilets de laine, au métier ou à l’aiguille, sont recensées. Elles emploient entre 150 et 400 personnes406. En 1864 ce sont 360 hommes et femmes qui travaillent à la confection de gilets tricotés407. Trente ans plus tard ces trois établissements n’emploient plus que 90 personnes408. La concurrence est rude, en particulier celle des tricots allemands409. Néanmoins les effectifs semblent se stabiliser autour de 200 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, date qui clôt le chapitre de la bonneterie à Saint-Maixent.

Parallèlement, une filature de laine s’y développe à l’initiative de Célestin Blot, un ancien chef de bataillon de l’armée napoléonienne, vétéran des campagnes d’Italie et d’Espagne. Demi-solde dès la Restauration410, il s’installe dans les Deux-Sèvres. Il suit l’exemple de ses deux frères qui viennent de se lancer dans l’industrie en créant une filature de laine dans la commune de Châtillon-sur-Thouet, située dans l’arrondissement voisin de Parthenay411. Blot et son épouse achètent un moulin, ancienne propriété de l’abbaye de Saint- Maixent avant la Révolution, où ils installent leur filature en 1824. Celle-ci est équipée de machines anglaises, sans pour autant bénéficier de la force motrice d’une machine à vapeur. On se contente de l’énergie produite par les roues du moulin. L’établissement occupe 44 ouvriers travaillant sur commission, c’est-à-dire à la demande de fabricants fournissant la laine et reprenant le fil une fois le travail accompli. Une manière de limiter les risques en diminuant les stocks.

compte sous l’Empire toutes les personnes qui travaillent dans la filière de la bonneterie, qu’elles soient occupées dans des ateliers ou à domicile. Alors que par la suite, on ne dénombre que les ouvriers effectivement présents dans les ateliers, ouvriers souvent minoritaires dans le processus de production. Ce phénomène est amplifié par l’introduction de la machine à tricoter qui supplante peu à peu le tricot à la main.

406 ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et commerciales [1804 ; 1889]. 407 Ibid.

408 ADDS 11M19.13.B : conflits et grèves.

409 Rapport du commissaire de police de Saint-Maixent de février 1898, ADDS 4M6.27.Mouvement social ;

rapports divers [1898 ; 1903].

410 Les demi-solde, personnages romanesques de la littérature du XIXe siècle, sont le fruit de la démobilisation

massive qui suit la première Restauration : une ordonnance du 12 mai 1814 supprime près de 100 régiments d’infanterie (sur près de 200) et 38 de cavalerie (sur 102). Après les Cent jours le statut de ces anciens officiers dont se méfie le pouvoir en place est strictement encadré, cf. TULARD (Jean) (dir.), op. cit., v° demi-solde et VIDALENC (Jean), Les demi-solde, étude d’une catégorie sociale, Paris, 1955, 231 p.

Illustration 9 : filature de Saint-Maixent :

Source : Service régional de l'inventaire de Poitou-Charentes / A. Dagorn, 2004.

L’entreprise se développe et Blot devient l’homme le plus riche de la ville. Son fils Charles- Emile lui succède en 1840. A son décès en 1888, Raoul Macourt prend la suite et dirige la fabrique jusqu’à sa fermeture en 1899. La seconde période marque l’apogée de la modernisation du site. Le nombre d’ouvriers oscille entre 60 et une centaine qui utilisent près de 2000 broches412. Mais les difficultés surviennent dans les dernières décennies du siècle. Cette fois les ateliers ne suivent plus les progrès techniques. Le glas de l’établissement sonne quand survient un incendie détruisant entièrement la filature en août 1899. Elle ne sera pas reconstruite. Une imprimerie s’installera sur le site.

Si l’industrie du textile et de l’étoffe se rencontre à divers degrés de développement dans toute l’ancienne province du Poitou, le cœur véritable de l’activité se situe dans le bas Poitou et plus particulièrement dans la Gâtine où ses pulsation se font de plus en plus sourdes.

412 ARCHES (Pierre), La filature de laine à Saint-Maixent au XIXe siècle et son fondateur Célestin Blot, op. cit.,

p.13. On compte une soixantaine d’ouvriers en 1856 et 1863, cf. ADDS 10M17.1. Statistiques industrielles et