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Un Week-End à Yaïck est un spectacle qui repose sur un principe pour le moins original. D’abord, il s’agit d’une très libre adaptation du Pougatchev d’Essénine. Plutôt qu’une

adaptation, il faudrait parler d’une relecture et réécriture qui a donné : Un week-End à Yaïck. La proposition, « notre Pougatchev » dira l’équipe de création, tout en reprenant l’essence du texte dans ses enjeux dramatiques s’interroge en réalité davantage sur la forme dramatique et l’effet produit par ce qui est donné à voir, qu’à la pure fable du texte. Le Pougatchev d’Essénine, sans pour autant devenir prétexte est considéré comme ce qu’il est : un texte qui parle d’un événement éloigné dans le temps et dans l’espace. Et c’est cette distance-là qui constitue paradoxalement le lien qui rattache Un week-end à Yaïck au texte Pougatchev. Le scénario du spectacle qui se propose de représenter une communauté soviétique en 1977 à Yaïck, c’est-à-dire dans la ville où a habité Pougatchev deux cents ans auparavant, met en scène cet écart temps tout comme l’écart entre les Occidentaux strasbourgeois et les soviétiques de Yaïck réunis artificiellement le temps de la représentation.

Un théâtre politique

Ce spectacle très clairement situé en U.R.S.S a généré de violentes polémiques politiques auxquelles ont été mêlés Jean-Pierre Léonardini, Michel Boué, ou encore Bernard Sobel ; polémiques relayées par la presse, dont le quotidien officiel du P.C.F,

l’Humanité.93 On lui reproche entre autre de s’inscrire dans un anticommunisme

primaire. A ces critiques, André Engel répond par l’intermédiaire d’une interview accordée à Théâtre/Public :94

« Ce n’est pas à la droite que ce spectacle s’adresse, mais très directement à la gauche. Que cela soit clair. Il ne s’agit pas de revenir éternellement sur des choses connues, dénoncées depuis x années et qu’on fait semblant de redécouvrir, le Goulag par exemple. Il y a là un phénomène de mode que je trouve abject. Nous, le Goulag, nous n’en parlons pas.

Ce dont par contre nous avons parlé, c’est d’une certaine manière de gérer la planète qui étouffe les revendications touchant à la possibilité pour les humains de vivre tout simplement – et pas seulement dans les pays socialistes.

Que voit-on dans le foyer de vieillards ? Une misère de vivre qu’on peut peut-être trouver en U.R.S.S., mais aussi dans la banlieue parisienne. Nos questions finalement portent sur les mœurs, sur la manière dont les gens vivent, ce qui implique bien sûr des questions quant à l’infrastructure économique , aux rapports de production, etc…Oui, voilà les questions que j’ai envie de poser à la gauche institutionnelle ».

93 Un article de L’Humanité Dimanche du 19 mai 1977 tempère la question par une critique plus élargie du spectacle.

Pour autant, taxé d’anticommunisme primaire, André Engel rappelle que « tout ce qui est dit dans le spectacle est repris de publications de propagande provenant de pays socialistes, R.D.A, U.R.S.S.  … Ce n’est rien d’autre que ce que disent les organismes responsables communistes ». André Engel renvoyant les premiers intéressés à leur responsabilité questionne : « Pourquoi la gauche a-t-elle laissé si longtemps à la droite le soin de dire ce qu’elle est bien obligée d’admettre aujourd’hui être la vérité ? ».

Planches de Tintin chez les Soviets dénonçant les propagandes abusives

Sans négliger l’apparente contradiction entre la réalité du spectacle et la justification qu’André Engel apporte face aux attaques politiques, disons que sa forme et son contenu mettent sous les yeux les réalités du rêve de bonheur tel que le proposent, à ce moment-là, les rayons des librairies communistes. En puisant dans ces textes, André Engel et Bernard Pautrat se jouent savamment du discours officiel. Une littérature dans laquelle on peut lire ce genre de choses :

« J’ai été ouvrier modèle, on m’a donné en prime une pièce d’étoffe…, avec la photo de l’ouvrier dans son costume neuf. Ces plaisanteries, outre leur goût douteux, sont très dangereuses. Il faudrait en finir une bonne fois avec elles ».95

Il y a dans ces propos une dénonciation évidente mais qui s’enrichit d’une ironie plus sournoise : « Et si tout cela constituait un ensemble puissamment anticommuniste ? interroge Bernard Pautrat, est-ce que ce ne sont pas des arguments puissamment anticommunistes sécrétés par les sociétés communistes elles-mêmes ? Parce que cela vous en dégoûte, que des mensonges comme ceux-la rendent les gens méfiants. »

Ces réponses élucidant la position politique à l’égard des critiques des communistes, il n’en reste pas moins que le spectacle plus globalement dénonce les manipulations qui régissent toute société qui se fonde sur le mensonge. La première sphère identifiable est celle qui vise l’Etat-Pouvoir. « Dans Yaïck, la présence de l’Etat, du pouvoir, se manifeste à travers celle, concrète et oppressive de la Travel National Service dont on soupçonnait bien qu’elle était beaucoup plus qu’une agence de voyage. »

T.N.S. les lettres renvoient déjà à une autre sphère, celle des institutions culturelles dont André Engel sent bien que si elles sont des instruments de travail, dont il profite bien, elles n’en sont pas moins image du pouvoir.

Avec une ironie toute situationniste, l’équipe de création a pris soin de joindre au billet attribué à chaque spectateur, le texte de la « conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » ouverte en 1973 à Helsinki et achevée en 1975 à Genève, visant à rapprocher les pays d’Europe et le bloc U.R.S.S. par les échanges humains. Texte prônant l’amélioration des rencontres touristiques à titre individuel ou collectif ainsi que l’utilisation des loisirs à ces fins :

« Les Etats participants considèrent que le tourisme contribue à faire mieux connaître la vie, la culture et l’histoire des autres pays, à accroître la compréhension entre les peuples, à améliorer les contacts et à élargir l’utilisation des loisirs. Ils ont l’intention d’encourager le développement du tourisme, sur des bases individuelles ou collectives ».96

De fait, les touristes-spectateurs sont reçus à Yaïck, « les soviétiques serrent les mains, sourient, nous aussi, raconte Colette Godard, ils se présentent en russe. L’hôtesse traduit ».97

La deuxième sphère concerne la société du spectacle. Si André Engel s’empare du spectacle, c’est qu’il est « le concept post marxiste le plus riche pour analyser le monde d’aujourd’hui ». Et Un week-end à Yaïck est clairement un spectacle sur la mise en

96 Cf. Annexe p. 651: texte de la « conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » ouverte en 1973 à Helsinki et achevée en 1975 à Genève, reproduit sur les billets du spectacle

spectacle du monde. « La société bourgeoise m’a légué, dit encore André Engel, a mis à la disposition de gens comme moi un certain nombre d’instruments qui me permettent d’essayer de dire ce à quoi d’autres aussi sont sensibles. »

Une mise en scène de la dénonciation

Se servir du spectacle pour en dénoncer le détournement au profit du pouvoir dominant tout en le détruisant, reviendrait en quelque sorte à une démarche marxiste : « la fameuse revendication de la mort de l’art par sa réalisation. Et penser la réalisation de l’art par son auto-négation, ce n’est rien d’autre que prolonger Marx et la fin du salariat ».98 Pourtant, l’art et le spectacle continuent à opérer et les spectateurs à assister à la représentation. C’est que la remise en question du principe est partie sur des bases caduques, à savoir l’utopie d’une annulation du clivage spectateur/spectacle. André Engel ose se positionner différemment dans le débat en proposant non pas d’annuler la séparation, mais de la rendre plus sensible, voire douloureuse et cruelle. Ce qu’il poussera à ce stade avec le spectacle suivant : Kafka, théâtre complet. Ce que conteste André Engel, ce n’est pas le théâtre en tant qu’art, mais la représentation que l’on s’en fait. Ce que dénonce André Engel, c’est finalement le mensonge cautionné de part et d’autre dans la société.

Un week-end à Yaïck s’attaque au mensonge. Au mensonge politique, bien sûr, comme nous venons de le voir, mais aussi au mensonge social. Ces gens qui regardent la télévision d’Etat leur donner la version officielle et univoque de la révolte de Pougatchev, n’ont pas accès à la vérité subjective individuelle qui leur donnerait une prise sur le monde. Le réel qui leur est donné à voir passe par la distance contrôlée de la télévision : « Il y a des télévisions partout, raconte encore Colette Godard. Pour nous, la télévision diffuse, doublé en français, un film délibérément conventionnel sur Essénine ».

Pour l’équipe de création, l’utilisation de la télévision vise la dénonciation du mensonge par sa réalisation :

« L'avantage d'une telle présentation est multiple pour notre propos. Le transfert du Pougatchev sur un autre médium, dont nous sommes familiers, interdit un rapport trop naïf au texte, permet de montrer d'abord le travail de la référence, l'usage d'Essénine, un certain usage, propagandiste et mensonger, de son texte. Non pour nous démarquer totalement de cet usage,

mais plutôt pour montrer en acte l'opération de montrer. C'est donc cette mise en scène qui sera mise en spectacle, non pour la refuser purement et simplement (il ne s'agit pas d'une caricature du Pougatchev, mais d'une certaine présentation possible du texte), non pas même pour la critiquer, mais pour la démonter : donner à voir comment c'est montré et regardé ».99 Moyen de communication sensé rapprocher les temps, les cultures, les gens, et développer l’esprit critique par la possibilité d’accès à la culture qu’il offre, la télévision est en réalité par l’uniformisation du propos et par la distance qu’il met en jeu, un outil au service du pouvoir de la société du spectacle. André Engel et Bernard Pautrat, en incluant le texte de la conférence d’Helsinki au billet de la Travel National Service à destination de Yaïck, dénoncent ironiquement l’utilisation sérieusement envisagée de la télévision de propagande :

« Ils les Etats membres encouragent une projection en salle et une diffusion plus étendues à la radio et à la télévision d’informations plus diversifiées, sous forme enregistrée et filmée, provenant des autres Etats participants et illustrant les divers aspects de la vie dans leur pays, informations reçues sur la base des accords ou arrangements qui pourront se révéler nécessaires entre les organisations et firmes directement intéressées ».100

Cette mise en abyme du spectacle dans Un week-end à Ya ïck, renvoie directement à l’axiome debordien : « le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification ».101 Le spectacle qu’offre la télévision et la télévision elle-même, en tant que partie de la société sont « expressément le secteur qui concentre tout regard et toute conscience ». Ce que l’intégration des postes de télévision dans les différentes régions met en jeu. « Du fait que ce secteur est séparé, il est le lieu du regard abusé et de la fausse conscience ; et l’unification qu’il accomplit n’est rien d’autre qu’un langage officiel de la séparation généralisée » continue Debord. Le propos dénoncé par Un week-end à Yaïck tient dans ce postulat et se décline dans toutes les couches de la représentation incluses dans le spectacle. C’est la question de la représentation qui est mise à mal.

Les photos montrent bien les spectateurs regardant les habitants de Yaïck regardant la télévision et se fondre dans ce même regard : « Fascinés, nous le sommes aussi par ce simple détail que l'on remarque maintenant : à savoir que la vieille porte le même costume que les femmes qui sont sur l'écran. Au début la vieille ne bouge pas, ne dit

99 PAUTRAT Bernard, in Programme du spectacle, p. 9

100 Cf. Annexe p. 651: texte de la « conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » ouverte en 1973 à Helsinki et achevée en 1975 à Genève, reproduit sur les billets du spectacle

rien. Elle regarde simplement intensément. Et nous, nous regardons aussi cette femme à la fois dans et hors image. »

Lorsqu’André Engel emploie le nous dans son synopsis son intention est bien que la focalisation à deux niveaux fonctionne. Le troisième niveau étant le regard superviseur des hôtesses qui surveillent l’ensemble de la production et garantissent le bon déroulement de ces visites de propagande. Quant au quatrième niveau, celui de l’Etat– Pouvoir, il est dans l’institution qui est elle-même dans la société. A ce niveau là, la critique devient effective et non plus représentée. Le spectateur n’est plus dupé dans la fonction qu’on lui reconnaît de fait : spectateur de lui-même, spectateur de ces autres - comédiens, certes - mais également personnages de fiction. Pris au piège de sa fonction exacerbée, celle-ci ne peut que lui apparaître avec une lucidité cruelle. C’est en tout cas le pari d’André Engel.

Le principe de la mise en abyme repose sur l’axiome : Montrer pour démontrer, dont le corollaire est montrer et dénoncer : la manipulation politique et idéologique ; la fabrique du spectacle, la société du spectacle.

« Il s'agit donc de montrer, de démontrer, les conditions de production et de consommation (l'un n'allant jamais sans l'autre, pas plus au théâtre qu'ailleurs) d'un tel objet esthétique dont les tenants et aboutissants sont tous marqués du sceau de l'histoire explicitement politique ».102 Faux, mensonge et supercherie sont exacerbés dans ce spectacle conçu comme un voyage organisé. L’illusion pourrait abuser le spectateur au point de le perdre. Ainsi, l’itinéraire déjà interroge : Quand le spectacle commence-t-il ? Quand on monte dans le car, quand on en descend ? La limite est d’emblée « floutée » entre les dimensions réelles et spectaculaires qui s’imbriquent, le spectacle se présentant à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme instrument d’unification, pour paraphraser Debord. Car « le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n’est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le cœur de l’irréalisme de la société réelle ».103

En proposant une mise en spectacle, André Engel entend bien s’attaquer à la question sans compromis. Le voyage au-delà de la référence thématique a bien pour fonction de mener artificiellement à Essenine par les intermédiaires que constituent toutes les couches de la société et de sa représentation qui nous sépare de lui, artificiellement par le biais mystificateur de la supercherie du voyage organisé : « il ne s'agira donc pas d'une mise en scène du Pougatchev d'Essénine, mais d'une mise en spectacle d'un voyage au cours duquel sera rencontré, artificiellement mais sans hasard, le Pougatchev d'Essénine ».104 Pour André Engel, le voyage organisé est le modèle même du théâtre qui consiste à nous mentir sur ce qu’on nous montre, d’où le choix de la forme donnée à Un week-end à Yaïck . En tant que voyage organisé, ce spectacle exacerbe la mise en question de la représentation.

Ainsi, la démarche dramaturgique en incluant nécessairement le spectateur dans sa construction vise le cœur du spectacle : la relation spectateur-spectacle, ou autrement dit, le statut de spectateur qu’André Engel questionne. En lui conférant un statut de touriste, André Engel met le spectateur dans une situation qui l’amène à vivre ce qu’il est de façon plus aigüe.

102 PAUTRAT Bernard, programme du spectacle, p. 8

103 DEBORD Guy, La société du spectacle, Gallimard, Paris, 1992, p. 17

Le spectateur-touriste

L’effet est immédiat semble-t-il : « Nous arrivons dans un entrepôt sous la lumière sombre d’une verrière, nous nous serrons autour de nos hôtesses ! Que faire d’autre ?

Puis, Devant ce « non-montré » radical, nos réactions s’aiguisent. Nous nous interrogeons chaque seconde de la représentation, chaque millimètre du décor chaque sourcillement des acteurs ».105

Bien sûr, la déroute prévisible du spectateur est non seulement assumée puisque provoquée, mais souhaitée. André Engel anticipant les questions-réponses, propose dans une deuxième version du programme le texte suivant :

« - 1ère question : Qu'est-ce qui m'est donné à voir et à comprendre d'une réalité étrangère lorsque la visite que j'en fais est contrôlée par une organisation dont le but est précisément le contrôle ?

Réponse : Ce qui m'est donné à voir : c'est une mise-en-spectacle de cette réalité. - 2ème question : Qu'est-ce que cache cette mise-en-spectacle et que révèle-t-elle ?

Réponse : Elle cache précisément ce que je ne dois pas voir et ... corrélativement elle révèle que l'on cherche à me mentir.

Conclusion: La mise-en-spectacle du monde qui est par essence, l'organisation généralisée du mensonge est une affaire planétaire en même temps qu'elle reste une affaire d'Etat. La critique de détail n'est qu'une affaire de détail ».

En visitant des gens qui ne peuvent s’exprimer qu’à travers les hôtesses interprètes, les spectateurs sont mis dans la situation mensongère que propose tout voyage organisé qui vise grâce à un itinéraire guidé à ne montrer qu’une certaine réalité pour des raisons économique ou politique. Ici le mensonge politique est mis en avant par le contexte recréé de l’U.R.S.S. Ce spectacle, en mettant en relation les spectateurs avec les habitants de Yaïck, recréait cette situation et soulevait la question problématique de la présence qui a nécessairement une incidence sur les habitants visités. Dans Un week-end à Yaïck, les incidents se multiplient jusqu’à nécessiter l’intervention de la police d’Etat et l’évacuation brutale des spectateurs-touristes. Une telle proposition faite dans cette représentation interroge la position du spectateur, son innocence est remise en question. Ainsi, le spectateur confronté à des scènes étranges et banales tout à la fois, étranges, parce qu’étrangères tout simplement, ne serait-ce que par ce que le texte uniquement en

Russe a été appris phonétiquement par les acteurs ; mais étranges également par la façon dont les hôtesses rétablissent un équilibre instable entre le paraître et le vécu de ces gens, banales, parce que ce spectacle est une théâtralisation de la vie : ce qui est mis en scène, c’est ce que vivent ces gens. Le spectateur donc est bien conscient que quelque chose lui échappe, au sens propre : que voient, que font les autres spectateurs? et au sens figuré: qu’est-ce que cela signifie? où nous mène-t-on?

Les niveaux de réalités se télescopent dans ce jeu de faux-semblant. D’abord, dans la situation interne, André Engel raconte, au sujet de la Travel National Service que :

« Tout le monde a compris le rôle qu’elle jouait, au point même d’en être gêné et de manifester son refus par une certaine agressivité. Il y avait par ailleurs les habitants de Yaïck, tellement complices de la Travel National Service, qu’au bout de quatre minutes, il était évident qu’ils ne l’étaient pas du tout. A travers un certain nombre de regards, de sourires, ils montraient très bien que le rôle qu’on les obligeait à jouer, ne correspondait pas du tout avec ce qu’ils souhaitaient, que ce n’était pas ainsi qu’ils concevaient la vie des hommes en société. Il y avait