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CHAPITRE II : LA VOLONTE CORPORELLE

II. 2. La volonté de vivre du corps

II.2.2. Evolution et développement de la volonté de vivre

Compte tenu de la phylogenèse et de l’ontogenèse, voici comment le devenir ne se passe pas : il n’y a pas d’abord une volonté consciente humaine, immatérielle et divinement parfaite, qui se crée suite à un choix absolument libre une machine qu’elle nommera son corps ; une volonté consciente humaine originaire qui, du haut de son trône immatériel, décidera ensuite tout aussi librement de tout ce que fera ce corps. La science ne peut pas attester que les choses se passent de cette manière, ni au septième jour, ni à un autre jour. Elle peut par contre attester que c’est l’inverse. En revanche, si nous sommes ou non crées par Dieu ou si notre volonté consciente est la manifestation d’une volonté autrement divine ou cosmique, progressant par évolution, est une autre question, à laquelle la science naturelle ne peut pas répondre. Car cette question relève d’abord de la foi, puis de la théologie et de la métaphysique.

Du point de vue plus concret de la théorie de l’évolution, nous ne pouvons pas non plus affirmer ni infirmer que la volonté aurait d’emblée, inconsciemment mais précisément, pour but de vivre sous telle ou telle forme particulière, comme le considérait Schopenhauer. Ce serait une volonté inconsciente, mais secrètement préméditatrice. En considérant la volonté de vivre sous l’angle de l’évolution, nous partons du principe qu’elle n’a pas elle-même été voulue ou planifiée. Nous considérons la volonté comme un mode de fonctionnement du vivant qui a évolué, sujet à l’influence de son environnement et à la variation hasardeuse qu’il génère lui-même. Comme elle se confond avec la vie elle-même, elle est un fruit de l’évolution. En partant de l’hypothèse largement répandue d’une origine abiotique de la vie, nous admettons qu’il n’y a pas eu d’emblée une volonté de vivre. Elle s’est construite en tant que telle, façonnée par la sélection naturelle.

Nous nous tenons ici à un point de vue empirique, une vision « minimaliste » de l’évolution, telle qu’elle est généralement expliquée, à savoir par le hasard et les processus de génération de variation et de sélection naturelle (mutation-sélection). La volonté de vivre apparaît et réapparaît de ce point de vue comme conséquence d’interactions moléculaires et cellulaires particulières et caractérise ce fonctionnement typiquement autonome de l’être vivant qui lui permet de se maintenir et de se reproduire.

Les êtres vivants disposent nécessairement de volonté de vivre ; car leur seul moyen de vivre, la seule voie possible, c’est de vouloir vivre. Le message de la nature à l’être vivant est aussi simple qu’il est intransigeant : « il va falloir le vouloir ; autrement tu ne vivras pas. » Cette volonté a évolué avec la vie ; elle est elle-même un fruit de l’évolution, elle est elle-même issue de la sélection naturelle. Elle n’a pas elle-même été voulue, mais elle a du évoluer avec la vie, car autrement il n’y aurait pas de vie. La volonté de vivre se confond avec la vie et, à la place de dire « évolution de la vie », on peut aussi dire « évolution de la volonté de vivre ».

Les comportements générés aveuglément par les êtres vivants sont de type vouloir vivre quand ils favorisent leur survie et leur reproduction. Ils ont été sélectionnés par la nature, parce que ce sont les seuls qui leur permettent de vivre ; ils ont été façonnés jusqu’à ce que le comportement présente dans l’ensemble cette tendance. Les êtres vivants ne se reproduisant pas à l’identique, la variation crée de la diversité. Les traits de type volonté de vivre sont conservés par les mécanismes de l’hérédité et d’autres encore évoluent, jusqu’à ce que nous avons devant nos yeux le déploiement de cette aspiration tenace et continue à travers toute la phylogenèse, dans ses diverses formes évoluées, végétales, animales ; une volonté corporelle inconsciente qui devient progressivement consciente et en partie contrôlable consciemment chez l’homme. C’est une activité hasardeuse devenue finalisée. Elle est façonnée par la sélection naturelle d’une manière à ce que soient conservés seulement les activités protéiques, structures cellulaires, tissus de cellules, systèmes d’organes et comportements moteurs qui permettent de se maintenir et de se reproduire, ou qui, au moins, n’entravent pas ce fonctionnement. C’est un peu comme quelqu’un qui, sans réfléchir et sans planifier, essaye plusieurs choses dans la vie et que, par hasard, quelque chose qui marche bien en fasse partie aussi. Du coup, c’est ce qu’il va continuer à faire, vu que les autres tentatives étaient des échecs. Bien qu’il ne l’ait pas planifié, il a trouvé un bon plan. On peut aussi s’imaginer des gens ivres qui traversent la rue en fin de soirée. Seulement ceux qui sont encore capables de voir les voitures arriver et de se déplacer de façon à peu près coordonnée vers l’autre bout survivront et pourront se reproduire : les autres se font écraser. Chez les êtres vivants plus élémentaires, c’est la même chose, sauf qu’ils le font sans voir et sans savoir. Mais ils le font systématiquement et c’est héréditaire.

La volonté de vivre, d’abord hasardeusement apparue, est taillée, sculptée et perfectionnée par l’évolution. Le vivant est autodéterminé, mais son activité est d’abord hasardeuse. Par chance, il arrive à la diriger d’une manière à pouvoir survivre et à transmettre ce fonctionnement à sa descendance par hérédité. Cela devient une volonté de vivre. On peut donc dire qu’il a la volonté de plein de choses qui lui sont inutiles, mais que la tendance à se maintenir en fait partie aussi – et celle-ci lui est utile. Il y aurait eu par exemple des protéines qui catalysent dans le mauvais sens, mais aussi dans le bon sens. Toujours lorsqu’une chose se présente comme un avantage, elle est conservée et devient volonté de vivre.

L’être vivant est doté d’une volonté inconsciente qui ne prémédite pas, qui ne choisit pas ses moyens, mais qui en a et les utilise au hasard, ce qui ressemble à un tâtonnement, une activité par essai-erreur. Sa capacité effective à se maintenir résulte d’une sélection naturelle, ne pouvant perdurer que sous des formes stables hasardeusement trouvées. Il n’est par exemple au départ qu’un réplicateur, ancêtre de nos gènes, qui se reproduit en faisant des copies de lui-même, comme le suggère Dawkins. 86 Une fois des moyens trouvés, par exemple des mutations avantageuses, une membrane cellulaire, des réactions enzymatiques favorables, ils sont enregistrés en vertu de l’hérédité et deviennent par conséquent des moyens qui favorisent sa survie. Ils ont été hasardeux au départ, mais vu qu’ils sont intégrés dans l’activité autodéterminée de l’organisme, lui profitent, s’enracinent par hérédité et deviennent

ainsi systématiques, ils constituent et développent sa volonté de vivre. La volonté de vivre, ce n’est au départ que cela, mais c’est déjà beaucoup.

Comme le met au point Dawkins, la survie du plus apte, c’est la survie du plus stable. Les formes les plus stables survivent, par conséquent ce sont celles qui parviennent à se comporter d’une manière à se maintenir et à se reproduire le mieux face aux circonstances. La volonté de vivre est, pour ainsi dire, née sur le champ, par hasard, une sorte de tourbillon, un système bouclé sur lui-même, résistant au deuxième principe de la thermodynamique, utilisant les ressources de son environnement. La volonté de vivre devient par la suite le principe organisateur de la matière vivante. La lutte pour l’existence, au sens général comme l’entend Darwin, regroupe toutes les activités d’un être vivant au moyen desquelles il se fait sa place dans la nature, autant pour se maintenir en tant qu’individu que pour se reproduire.87

En nos termes, elle n’est rien d’autre que la capacité effective de sa volonté de vivre : le pouvoir du vouloir. L’évolution de la volonté de vivre est un processus cumulatif, exponentiel. Elle progresse par compétition, mais aussi par coopération – entre membres d’une espèce et entre espèces différentes.

L’évolution se produit parce que les êtres vivants, et d’abord les réplicateurs ancêtres de nos gènes, génèrent de la variation. Plus précisément, comme le notent Maynard Smith et Szathmary, pour qu’une entité comme un réplicateur puisse évoluer par sélection naturelle, elle doit avoir les trois propriétés suivantes : multiplication infinie (c’est-à-dire reproduction : un peut faire deux, infiniment), hérédité (les copies sont en principe identiques) et variation (l’hérédité n’est pas parfaite : les copies ne sont pas toutes identiques).88 Ainsi on ne peut pas dire que les réplicateurs et les êtres vivants veuillent générer de la variation, ni qu’ils veuillent vraiment évoluer, vu que leur volonté est justement de se maintenir et de se reproduire à l’identique. L’évolution, c’est ce hasard conservé aussitôt transformé en nécessité, suivant la formule de Monod.89 C’est parce que l’hérédité n’est pas parfaite qu’on peut dire que l’évolution se produit au hasard, notamment quand il arrive qu’un réplicateur, respectivement un être vivant, par hasard ne génère pas le même, mais un être différent de lui, c’est-à-dire une variété, qui à son tour se reproduit, et ainsi de suite, et que la diversité se crée.

On pourrait dire qu’un réplicateur produit involontairement de la variation tout en voulant se reproduire à l’identique. Bien que les réplicateurs et les gènes œuvrent en permanence à se reproduire à l’identique, des « erreurs de copie » surviennent dans ce processus, ce qu’on appelle des mutations. Des êtres différents sont ainsi créés. Bien que ces mutations proviennent de l’activité autodéterminée des réplicateurs, elles ne sont pas comprises dans le fonctionnement normal de cette activité, dont le but est la reproduction. Le réplicateur n’a probablement pas encore ce désir d’évoluer que peuvent avoir des êtres humains avec des volontés plus conscientes90. Son aspiration aveugle à se reproduire à l’identique fait en sorte qu’il empêche souvent l’évolution.

87

Darwin (1859)

88 Maynard Smith et Szathmary (2000)

89 Monod (1970)

90 Chez nous, on trouve autant les parents qui veulent que leurs enfants fassent comme eux que ceux qui veulent qu’ils fassent mieux ou autre chose, qu’ils fassent ce qu’eux n’ont pas pu faire, ou encore ceux qui les laissent faire ce qu’ils veulent, en leur permettant d’avoir un autre destin, ou encore ceux qui s’en moquent, ainsi que toutes sortes de combinaisons entre ces cas de figure.

De ce point de vue, l’évolution, bien qu’elle se produise, n’est au départ probablement pas voulue par ceux qui évoluent. Comme le met au point Dawkins : « si l’évolution peut vaguement sembler une « bonne chose », en particulier parce que nous en sommes le produit, en fait rien ne demande à évoluer. L’évolution est un phénomène qui arrive bon gré, mal gré, en dépit de tous les efforts des réplicateurs (aujourd’hui des gènes) pour prévenir son arrivée. »91

Le potentiel de volonté s’est globalement conservé, retrouvé et augmenté à travers la diversité des espèces. Peut-être que cette volonté s’est perdue et retrouvée entre-temps. Cette façon de fonctionner, que nous sentons chez nous comme un cramponnement à la vie, aurait pu perdre ses moyens au cours de l’évolution, mais elle les aurait alors retrouvés aussi, par exemple lors des regroupements de cellules dans les sortes de colonies que forment les organismes pluricellulaires. Jusqu’à ce qu’une spécialisation coopérative des cellules, programmée épigénétiquement par l’activation différentielle de leurs gènes ait pu fonctionner, il peut y avoir eu de nombreux échecs ; une volonté fonctionnelle étant toujours une réussite. Jusqu’à ce que des cellules voulant toutes vivre aient pu fonctionner d’une manière à ce que l’organisme qu’elles forment ensemble veuille vivre en tant qu’unité suprasegmentale et en soit effectivement capable, elles ont dû coopérer et sont probablement passés plusieurs fois devant le tribunal de la survie sans gagner le procès. La sélection naturelle ne favorise que les volontés effectivement dirigées vers la survie et qui ont pour cela des moyens adaptés. Le fonctionnement de type vouloir vivre s’est frayé un chemin, permettant aux gènes et à leurs organismes de se conserver : c’est le seul qui marche, vu que vivant ne peut être que ce qui peut se maintenir et se reproduire. Seulement cette tendance et les moyens corporels qu’elle trouve sont passés à travers la rude sélection naturelle. De la biorégulation élémentaire d’organismes unicellulaires aux comportements régulateurs complexes humains, on retrouve le même principe de fonctionnement : éviter ce qui nuit et se diriger vers ce qui est bénéfique, la quête inlassable d’homéostasie, de survie et de bien-être. La volonté de vivre est un triomphe évolutif.

FIGURE II.2. Ramifications de la volonté de vivre.

Le principe structural de la vie est la ramification. Le simple génère le complexe, une cellule fait deux, puis quatre, etc., les artères, les veines et les neurones se ramifient comme les branches d’un arbre, formant des structures vivantes de plus en plus variées et complexes. La spécialisation cellulaire en cellules musculaires, nerveuses, épithéliales, etc. est exemplaire des ramifications de la volonté de vivre, comme l’illustre la figure II.2 (page précédente).

La vie foisonne à peu près partout sur la planète et la volonté de vivre se retrouve dans les corps vivants les plus divers. Comme le disait Marc Aurèle : « Un est le souffle vital, bien qu’il se sépare en des milliers de natures et de particulières délimitations. »92 La volonté apparaît comme une même aspiration dont le corps se transforme d’une espèce à l’autre. Dans son essai sur l’anatomie comparée, Schopenhauer dépeint les métamorphoses de la volonté de vivre, lui permettant d’atteindre les différents buts que l’environnement lui propose selon l’espèce dans laquelle elle se trouve : allongeant ses bras quand elle veut grimper dans les arbres en tant que singe ou les rétrécissant quand elle veut ramper sur la terre en tant que crocodile, disposant d’une forte musculature, de griffes et d’une puissante mâchoire quand elle veut chasser en tant que carnivore ou d’une locomotion rapide et d’organes sensoriels très développés comme le lapin pour pouvoir échapper à un prédateur. 93 A la lumière des grandes étapes de l’évolution, telles que Leroi-Gourhan les a éclaircies, nous voyons ce grand mouvement de la vie, qu’est la volonté de vivre, se déchaîner progressivement par libérations successives. Dans le règne animal, nous le voyons acquérir l’équilibre en milieu aquatique chez les poissons, puis se libérer de l’eau en adaptant la locomotion à la terre ferme chez les amphibiens, libérer la tête du corps par la croissance d’un cou chez les lézards, se libérer du sol en adaptant le membre antérieur au vol chez les oiseaux ou en acquérant une locomotion quadrupède dressée, le plus décidément chez les mammifères, parmi lesquels les préhenseurs aspirent déjà à la libération du membre antérieur, dont certains, comme par exemple le castor et le rat, jouissent déjà d’une activité manipulatrice très élevée, au plus haut point compatible avec une locomotion encore quadrupède.94

On ne peut comprendre la situation et la volonté de l’homme qu’en prenant en compte son développement corporel entier et sa locomotion particulière, et pas seulement la taille de son cerveau ou uniquement ses facultés mentales. De même, au niveau de l’environnement, ce n’est pas que l’environnement actuel, mais l’environnement dans lequel l’humain a évolué et continue d’évoluer, qui l’influence et par rapport auquel s’est constitué sa volonté ; en fin de compte, c’est tout l’écosystème, car tout est relié. Il faut toujours préciser que l’homme est un primate et qu’il en a les traits caractéristiques. Comme le retrace Leroi-Gourhan, l’évolution des primates se caractérise par une prééminence préhensive de la main par rapport au pied, une station assise de plus en plus redressée, une denture de plus en plus courte, des opérations manuelles de plus en plus complexes et un cerveau de plus en plus développé.

Le cerveau particulier de l’homme ne sort pas de nulle part, mais se trouve dans un dispositif corporel particulier, duquel il est tributaire et sans lequel il n’aurait pas de raison d’exister. Comme l’explique Leroi-Gourhan : « La liberté de la main implique

92 Marc Aurèle (1992 : 174)

93

Schopenhauer (1986 : 357)

presque forcément une activité technique différente de celle des singes et sa liberté pendant la locomotion, alliée à une face courte et sans canines offensives, commande l’utilisation des organes artificiels que sont les outils. Station debout, face courte, main libre pendant la locomotion et possession d’outils amovibles sont vraiment les critères fondamentaux de l’humanité. (...) On peut s’étonner que l’importance du volume du cerveau n’intervienne qu’ensuite. En réalité, il est difficile de donner la prééminence à tel ou tel caractère, car tout est lié dans le développement des espèces, mais il me semble certain que le développement cérébral est en quelque sorte un critère secondaire. Il joue, lorsque l’humanité est acquise, un rôle décisif dans le développement des sociétés, mais il est certainement, sur le plan de l’évolution stricte, corrélatif de la station verticale et non pas, comme on l’a cru pendant longtemps, primordial. »95 Plus loin il précise que « On ne pourrait pas citer d’exemple d’un être vivant dont le système nerveux ait précédé l’évolution du corps, alors qu’on peut donner de nombreux fossiles dont on suit pas à pas le développement du cerveau dans une charpente acquise depuis de longues périodes. »96

Dans un organisme complexe comme l’homme, dans lequel les cellules se sont spécialisées, ont formé différents tissus, lesquels se sont organisés en différents systèmes d’organes ; dans un organisme au sein duquel l’encéphalisation a atteint un stade où un système nerveux central contrôle le fonctionnement de l’ensemble, on voit, parallèlement à cette complexité croissante, le mouvement continu du vouloir vivre se déployer en différentes parties et fonctions qui concourent toutes à la préservation de l’organisme et permettent sa reproduction, s’actualisant dans des comportements en partie innés, en partie appris.

La volonté agit dans toutes les parties du corps, pour que ses différents organes puissent fonctionner harmonieusement ensemble et qu’aucune partie ne dérange l’autre, comme le remarquait Schopenhauer. C’est ce qui se reflète matériellement dans l’identité du patrimoine génétique dans chaque cellule du corps, s’exprimant dans chaque partie d’une façon appropriée afin d’exécuter dans l’ensemble le plan de cet organisme vivant. De la volonté corporelle des organismes complexes, dont les hommes, on peut dire ce que Schopenhauer disait de la composition des différentes parties et fonctions d’un animal en l’action d’une volonté unique : « Die ursprüngliche Einheit und Unteilbarkeit jenes Willensaktes (...) nun auseinandergezogen in ein Nebeneinander von Teilen und ein Nacheinander von Funktionen, die aber dennoch sich darstellen als genau verbunden, durch die engste Beziehung auf einander, zu wechselseitiger Hülfe und Unterstützung, als Mittel und Zweck gegenseitig. »97

Un être vivant, une fois qu’il est bien façonné par la sélection naturelle de sorte à vouloir vivre, se développe par lui-même suivant son propre programme génétique, ce