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L'INTERPRETATION DE SON ENVIRONNEMENT PAR L'ENTREPRISE

VII. METHODOLOGIE : APPROCHE EXPLORATOIRE CIBLEE SUR LA FRANCE CIBLEE SUR LA FRANCE CIBLEE SUR LA FRANCE

VII.4. Analyse des entretiens

VII.4.1. Etapes d'analyse

Assez classiquement donc, les étapes ont été les suivantes – je reprends les termes originaux de Miles et Huberman (1994) :

1. Analyse de premier niveau ("First-level coding")

- Retranscription des entretiens et annotations ;

- Elaboration d'une grille d'analyse sur la base de la revue de littérature et enrichissement au fil des entretiens ;

- Codage des entretiens ;

- Double codage ;

2. Analyse d'ensemble ("Pattern coding")

- Analyse horizontale par entretien ;

- Analyse verticale par catégorie ;

- Analyse des éléments hors-catégories ;

3. Exploration

- Calcul de la prégnance des catégories et transformation de la grille d'analyse en modèle ;

- Croisement des données et typologies.

VII.4.2.Analyse de premier niveau

Retranscription des entretiens et annotations

Les entretiens ont été retranscrits intégralement. J'ai complété ces retranscriptions de notes concernant leur déroulement et mes impressions – ce qui correspond à ce que Miles et Huberman appellent les "reflexive remarks". En particulier, il est arrivé assez fréquemment que des personnes, me voyant arrêter l'enregistrement à la fin de l'entretien, aient une sorte de repentir et fassent encore quelques remarques, très éclairantes pour le reste de l'entretien. Pour les entretiens qui n'ont pu être enregistrés, j'ai retranscrit mes notes immédiatement après l'entretien. Le corpus résultant de ces retranscriptions compte environ 300 pages.

Elaboration d'une grille d'analyse

Pour travailler sur la nomenclature des catégories, qui a émergé grâce à de nombreux allers-retours entre le cadre théorique d'une part, et le corpus des entretiens d'autre part, j'ai utilisé un schéma représentant les liens entre les catégories. Ce schéma, du type de celui que j'ai présenté dans le cadre théorique, en plus détaillé, a connu cinq versions sur un laps de temps de six mois, sans compter les petites variations.

En parallèle, j'ai dressé un tableau beaucoup plus détaillé, listant :

- Les catégories avec leurs codes ;

- Leur définition la plus explicite possible ;

- Les recherches m'ayant permis de formuler des propositions à ce sujet ;

- Les propositions elles-mêmes ;

- Et des premiers éléments de terrain les confirmant ou les infirmant.

La figure ci-dessous illustre une portion, raccourcie, de ce tableau.

Tableau 11 : Elaboration d'une grille d'analyse

Code Catégorie Cadre théorique Propositions de recherche

Validation / Infirmation terrain

ROLEEMP L

Rôle de l'employeur dans le domaine du hors-travail, par rapport à la famille et à l'Etat : légitimité dans ce domaine, attentes envers les employeurs, et réciproquement attitudes des employeurs vis-à-vis du hors-travail et de la famille sur le lieu travail.

Légitimité des employeurs en général : image, histoire des pratiques

- Etats-Unis

Kamerman & Kahn 1981 : les Etats-Unis, jusqu'ici, ont adopté l'approche "ne rien faire"

Kamerman & Kahn 1987 : La famille n'est plutôt pas domaine Etat aux EU Bailyn 1992 : Allocations sont stigma

... ' -RU ..

Jane Lewis 1992 : UK = modèle strong malebreadwinner model va de paire avec ligne nette entre resp. publique et resp. privée

Lewis & Cooper 1995 : coupes budgets sociaux et accent sur "care in the community"

Daly & Rake 2003 : la famille n'a jm été focus de politique sociale ...

' - France :

Lamont 1995 : En Fr les idées jacobines rép d'égalité, de solidarité et d'universalisme issues de 1789, st très présentes

Alis & Dumas 2000 : En France, "le rôle de l'entreprise est discuté" p38 D'Iribarne 2002 : L'entreprise en France est vu comme une "sorte de monstre froid dépourvu d'honneur"

Fine-Davis & Fagnani 2004 : les employeurs français disent qu'ils financent les crèches et autres infrastructures par leurs impôts

...

En France l'entreprise est moins légitime que l'Etat en général et dans le domaine du hors-travail en particulier (volonté de protection vie privée, image ambivalente).

L'entreprise française est moins légitime que l'américaine ou la britannique pour adopter ces pratiques.

Cf entretien chez X., Y, Z

INTERP

Interprétation que les RH et les dirigeants font de cet enjeu : enjeu strat de compétitivité ou avantage social, en termes de pb de femmes ou question globale, qui est en charge

Kraut 1990 Résistances : perception comme un problème de femmes, ou très complexe et aucune solution à CT

Friedman & Galinsky 1992 : perception "le WL c'est juste du chilcare" Dutton Ashford 93 : issue selling to top mgt

Kossek Dass 1994 (childcare) : les RH agissent en fonction de leur interp. des chgts instit

Milliken et al. 1990 puis 1998 : 1990 d'après modèle Daft & Weick, 2ème phase interprétation - 1998 rôle des RH comme gatekeepers

Lee Mc Dermid 2002 Identification des questions de fidélisation, productivité etc. comme +- stratégiques

Les entreprises sont d'autant plus enclines à adopter des pratiques d'harmonisation qu'elles les perçoivent comme des questions stratégiques pouvant améliorer leur compétitivité, et comme des questions concernant l'ensemble des salariés (plutôt que comme des avantages sociaux ou comme un problème de femmes).

Cf entretien chez X.

Environnement socio-institutionnel des entreprises

Codage

Après chaque retranscription, j'ai codé l'entretien non pas dans la marge mais directement sous Excel, dans un tableau présentant en ligne les catégories, avec des codes couleur distinguant les grands blocs, et en colonne les entretiens et leurs caractéristiques, comme illustré dans le tableau ci-après.

Cela correspond à ce que Miles et Huberman nomment un "pre-structured case", soit une structure pré-établie d'analyse. Dans les colonnes représentant les catégories, j'ai reporté les extraits d'entretiens ainsi que des annotations pour faciliter l'analyse. J'ai ajouté plusieurs colonnes en sus des catégories, sur lesquelles je reviendrai ci-après.

Tableau 12 : Codage des entretiens

Date Durée Nom Entité Type d'interloc. Idées forces Déroulement

entretien DEMOG RELSOC

1 07/04/2005 Plus de 2h Prestataire 2 17/05/2005 1h20 DRH 3 20/05/2005 45 mn Syndicat 4 20/05/2005 1h30 DRH

J'ai par ailleurs noté les idées survenues au cours du codage – les "marginal remarks" de Miles et Huberman – dans un onglet distinct du fichier Excel. Cet outil m'a été très utile pour consigner les différents "mémos" utiles à l'analyse : mémos expliquant les codes, mémos théoriques concernant les choix de codage, les relations entre codes, et mémos opérationnels sur la démarche d'analyse (Pandit, 1996).

Double codage

Je n'ai pas pu trouver de personne disponible pour effectuer le double codage, comme pour ma deuxième question de recherche. C'est en effet un travail très lourd pour le chercheur et le second codeur. En revanche je me suis astreinte à tester la fiabilité intra-codeur de mon travail, en reprenant à quelque temps d'intervalle le codage d'un entretien pour en vérifier la stabilité (Ghiglione & al., 1980). Cette tâche n'est pas simple du fait de l'évolution des catégories au fil de l'analyse : cela demande qu'on ait rigoureusement tracé les modifications effectuées dans la grille d'analyse, afin d'établir si le second codage équivaut au premier. Sous réserve de cette remarque, la fiabilité intra-codeur s'est avérée satisfaisante.