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3 L’essai de Mauss : Critique de la géographie humaine et avènement de la morphologie sociale

a) Provoquer la géographie

Un exemple remarquable d’instrumentalisation de la géographie se lit dans la première étude de morphologie sociale parue dans l’année : L’essai sur les sociétés Eskimo de Mauss (1904-1905). Nous reviendrons plus loin sur le fond de ce texte, pour nous concentrer ici sur son le rejet et l’instrumentalisation de la géographie qu’il propose. Rappelons simplement que Mauss observe le phénomène suivant :

« La vie sociale ne se maintient pas au même niveau aux différents moments de l’année ; mais elle passe par des phases successives et régulières d’intensité croissante et décroissante, de repos et d’activité, de dépense et de réparation. » (Mauss, 1904-1905 : 74)

Le titre de l’article induit déjà une référence nécessaire aux sciences de l’univers, en tant que les saisons sont les découpages délimitant les grandes variations climatiques d’une

8 Même Park ([1926] 1979 : 194) souligne ceci dans une note de bas de page : « Les géographes, contrairement

aux sociologues, ne sont probablement pas très intéressés par la morphologie sociale comme telle. Comme les historiens, ils se sont traditionnellement intéressés au concret plus qu’à ce qui est typique : où sont réellement situées telles ou telles choses ? qu’est-il réellement advenu ? Telles sont les questions auxquelles la géographie et l’histoire ont essayé de répondre. » Et Park de renvoyer à Febvre et son Introduction à l’histoire géographique.

région. Pourtant, de l’influence des saisons sur les variations des sociétés Eskimo9, Mauss ne gardent que leur similitude dans le temps :

« Ce que peuvent seules expliquer les conditions climatériques de la vie eskimo, c’est le contraste si marqué entre les deux phases [différentes de l’activité sociale], la netteté de leur opposition ; il en résulte que, chez ce peuple, le phénomène est plus facilement observable ; il saute aux yeux, pour ainsi dire ; mais il est bien probable qu’il se retrouve ailleurs. » (Mauss, 1904-1905 : 74)

Ceci étant dit, il n’en reste pas moins vrai qu’on est en mesure de se demander comment Marcel Mauss réussit à se débarrasser de l’influence des saisons, pourtant à ce point marquante qu’elle apparaît dans le titre même. Le neveu de Durkheim y revient à différents moments, mais spécifie sa position vis-à-vis de l’anthropogéographie dès son introduction. Et c’est l’argument de Durkheim expliqué plus haut qui est repris avec d’autres mots :

« Mais, écrit Mauss (ib. : 6), parce que les savants de cette école [anthropogéographique] sont des spécialistes de la géographie, ils ont été tout naturellement induits à voir les choses dont ils s'occupent sous un angle très particulier ; en raison même des études auxquelles ils se consacrent, ils ont attribué au facteur tellurique une prépondérance presque exclusive. »

Mauss s’écarte avec raison de ce débat : il pense que cela serait hors de propos de tenter une critique plus poussée dans cette étude. Cependant, il parle de tout un ensemble « de travaux d’un genre mal classé » qui ressemble d’ailleurs davantage à de la sociologie qu’à autre chose, mais qui se revendique pourtant comme une géographie humaine, voire de l’ethnologie pour certains travaux américains mentionnés. Ces « savants », selon Mauss, considèrent uniquement le sol, et spécifiquement le sol dans ses rapports à la société – spécificité qui marque la différence avec la géographie « ordinaire ». Mais le sol ne peut être considéré comme le seul facteur déterminant de la vie sociale. C’est là ce que cette école fait erreur : elle ne replace pas le sol dans le contexte social qui l’a marqué et le marque encore,

9 Bien qu’on parle aujourd’hui des Inuits, le terme d’Eskimo sera préféré ici pour souligner l’inscription

elle l’isole au contraire des autres influences. « En un mot, conclu Mauss (ib. : 7), le facteur tellurique doit être mis en rapport avec le milieu social dans sa totalité et sa complexité ». Il y a donc une orientation différente entre les tenants d’un facteur explicatif unique et indépendant des sociétés, et ceux ouverts à un ensemble de facteurs concomitants et de caractères extérieurs montrant la nécessité des phénomènes, et que la morphologie sociale se propose d’étudier.

C’est en suivant ce postulat que Mauss se permettra d’amoindrir l’importance du facteur géographique à chaque fois qu’il le pourra. S’il commence par exemple à présenter les sociétés Eskimo par leur particularité géographique, il les définira cependant comme un groupe linguistique. De même, lorsqu’il a recours à Ratzel pour appréhender la particularité des sociétés Eskimo comme peuple côtier, c’est pour mieux montrer que la définition du géographe « ne s’applique pas aux côtes qu’occupent les Eskimos [puisque] [l]a côte est ici, exclusivement, un habitat : ce n’est pas un passage, un point de transition » (ib. : 12) comme le propose Ratzel. Ou encore, abordant l’organisation territoriale des mêmes sociétés, Mauss précisera que celle-ci ne constitue pas à proprement parler une unité territoriale.

« Ce qui la caractérise surtout, poursuit-il (ib. : 15), c’est la constance de certaines relations entre groupes agglomérés et entre lesquels les communications sont faciles, beaucoup plutôt (sic) que la mainmise d’un groupe unique sur un territoire avec lequel il s’identifie et que des frontières définies distinguent nettement de groupes différents et voisins. »

Toujours dans la même visée de se démarquer des déterminismes géographiques, Mauss (ib.) écrira que « [l]a véritable unité territoriale, c’est beaucoup plutôt l’établissement (settlement) » dont il a été question plus haut. Ce qui signifie que c’est bien moins l’emprise géographique qui est remarquable que l’agglomération caractéristique des familles et leur mode d’habitat.

Par contre le milieu agit sur les sociétés Eskimo à partir de trois éléments : la recherche de l’eau libre, de la glace de terre et d’un territoire de chasse et de pêche en eau douce, et ceci respectivement en hiver, au printemps et en été. Et lorsque Mauss souligne cette action du milieu, il remarque que celle-ci agit non point sur l’individu seul, « mais sur le

groupe dans son ensemble », ce qui permet de réaffirmer la détermination sociale de la prise en compte de l’action du milieu (ib. : 23).

Dans la troisième partie de son texte sont abordées les causes des variations saisonnières des sociétés Eskimo. Si Mauss reconnaît la difficulté de cerner ses causes, il justifie leur recherche pour ce qu’elle permet de minimiser le part de l’explication qui revient aux « causes purement physiques et restreintes, par rapport à celle qui revient aux causes sociales » (ib. : 46). Ce faisant, il montrera par exemple que la forme des habitats eskimos ne s’expliquent que très partiellement par le recours aux températures glaciales et donc au climat. Il montre que sous un même climat on trouve des habitats différents, et qu’à l’inverse un même habitat se retrouve sous des climats variés.

Finalement, c’est dans les conclusions de son étude que Mauss parvient brillamment à rejeter toute légitimité explicative du climat et des facteurs géographiques : il les présente non plus comme des fins explicatives, mais comme des moyens méthodologiques facilitant l’observation et marquant la netteté de l’opposition entre les deux temps sociaux. Les conditions géographiques des sociétés eskimo permettent de hisser le travail de Mauss au rang d’expérience cruciale et de prouver « une loi d’une extrême généralité », celle de l’imbrication des morphologies et physiologies sociales dans un même mouvement, à partir d’un cas défini qui « se répète tous les ans avec une absolue invariabilité » (ib. : 75).

Si l’on ajoute à cette démonstration que Mauss énumère dans une des notes de l’introduction (ib. : 6, note 1) l’intégralité des contributions de, et comptes-rendus et critiques sur Ratzel et l’anthropogéographie parus dans L’Année depuis 1897, il est difficile de ne pas penser cet essai comme une virulente prise de position de la sociologie face à la géographie humaine montante.

Febvre (1922 : 53) ne s’y trompe pas lorsqu’il présente l’article de Mauss comme « un exemple et [une] démonstration — on dirait volontiers [un] manifeste, si le mot s’accordait le moins du monde au ton du mémoire », rappelant en suivant que les sociologues, loin de s’être contentés de critiques vigoureuses à l’encontre de la géographie se sont également attachés à construire une discipline propre à prendre compte ces critiques, la morphologie sociale. Le détail de l’article de Mauss se révèle être un acte remarquable d’instrumentalisation des disciplines non sociologiques par la sociologie elle-même.

Reprenant l’ensemble des propos développés concernant les liens entre la géographie et la sociologie, une conclusion radicale se dégage : profitant des faiblesses d’une

argumentation géographique s’essayant à inclure les sociétés humaines dans ses propos, la sociologie a cherché à minimiser la porté de la géographie humaine et à faire de celle-ci une (simple) branche de la sociologie. Certains géographes s’ingéniaient à montrer que l’interaction existante entre le milieu naturel et la société ne pouvaient être interprétée que comme un appel à une science générale de l’explication des milieux et des sociétés par des causes géographiques. En s’attaquant assez férocement à cette idée, les sociologues ont non seulement défendu l’irréductibilité des phénomènes sociaux à des phénomènes géographiques, mais ils sont même allés au-delà de cette première affirmation : ils ont nié l’utilité d’une réflexion sur la nature (l’essence) de l’interaction des hommes avec leur milieu. A la manière du poète qui propose une césure pour ménager un repos entre les deux hémistiches d’un alexandrin, la critique sociologique de la géographie a renforcé la césure entre les sciences de l’univers et de la vie et celles des phénomènes humains et sociaux, prenant ainsi totalement à rebours l’ambition géographique. L’étude de Mauss présente l’archétype de cette rupture. Alors que Ratzel (1899 : 1) voulait parfois instrumentaliser la sociologie pour dénonçait cette rupture, arguant par exemple que « [l]a plupart des sociologues étudient l’homme comme s’il était formé en l’air, sans lien avec la terre », Mauss et les sociologues sauront reprendre l’idée à leur compte, quitte à détruire, pour une longue période, les ponts unissant les phénomènes naturels à ceux sociaux.10

b) Imposer la morphologie sociale

C’est d’ailleurs Mauss qui inscrira définitivement la morphologie sociale comme champ autonome, comme champ nécessaire de la sociologie avec cet article sur ‘Les variations saisonnières des Eskimos’, sous-titré : ‘essai de morphologie sociale’

Au-delà du dénie de la géographie qu’elle argumente, cette étude doit aussi être envisagée pour elle-même, en tant qu’elle marque l’avènement de la morphologie sociale autour d’une étude solide et définissant strictement la morphologie sociale.

10 Malgré la limitation de ce travail au contexte européen, on peut se permettre de le généraliser à l’ensemble des

rapports entre géographie et sociologie pour le premier quart du XXème siècle. Par exemple, lorsqu’Hannigan ([1995] 2006) présente ‘The failure of geographical and biological determinism’ (ib : 1-3), il se réfère à Sorokin comme suit : « In assessing the worth of this ‘geographical school’, Sorokin (1964 [1927] : 192-3) refers to its fallacious theories, its fictitious correlations and its overestimation of the role of the geographical environment, but at the same time he cautions that ‘any analysis of social phenomena which does not take into consideration geographical factors is incomplete’ ».

« [Elle est la] science qui étudie non seulement pour le décrire, mais aussi pour l’expliquer, le substrat matériel des sociétés c’est-à-dire la forme qu’elles affectent en s’établissant sur le sol, le volume et la densité de la population, la manière dont elle est distribuée ainsi que l’ensemble des choses qui servent de siège à la vie collective. » (Mauss, 1904-1905 : 4)

Mauss part d’une observation simple :

« [Chez les Eskimos], suivant les saisons, la manière dont les hommes se groupent, l’étendue, la forme de leurs maisons, la nature de leurs établissements change du tout au tout. Ces variations […] permettent d’étudier dans des conditions particulièrement favorables, la manière dont la forme matérielle des groupements humains, c’est-à-dire la nature et la composition de leur substrat, affectent les différents modes de l’activité collective. » (ib. : 5)

Mauss insiste sur le fait que « la vie sociale ne se maintient pas au même niveau aux différents moments de l’année » : son activité peu être plus ou moins faible ou forte. En effet, chez les Eskimo, une vie collective intense occupe la période hivernale, marquée par le regroupement des familles sur un même settlement, un établissement aggloméré de famille. En été, les familles se déploient sur le territoire et s’isolent complètement les unes des autres. C’est ce va-et-vient cyclique des familles que Mauss étudie. Il remarque que l’hiver, non seulement les familles se regroupent, mais elles créent des constructions spécifiques à ces regroupement, dont le kashim (contraction de l’expression eskimo : « mon lieu d’assemblée ») est représentatif, au même titre que les maisons et tentes accueillant plusieurs familles. Cette période hivernale est marquée par une vie religieuse collective intense qui dépasse l’agrégation individuelle pour exprimer l’unité du groupe (ib. : 52). Elle est aussi la réalisation d’un régime de bien collectiviste ou le partage est de rigueur, et il prend également la forme d’échange des femmes entre les hommes. La vie estivale, s’accompagne d’un ralentissement des rituels, d’un isolement des familles, d’un « égoïsme individuel ou étroitement familial ». C’est par l’énumération de ces nombreux faits et comportements distincts pour chacune des deux saisons que Mauss en vient à formuler la loi énoncée plus haut. Et à cette première conclusion, il en ajoutera une seconde : son travail est aussi une

preuve du lien unissant le substrat social à la vie sociale elle-même. La morphologie sociale des sociétés eskimo est étroitement liée à sa physiologie : Durkheim s’était essayé à produire une telle affirmation pour le lien entre le droit et la morphologie dans les Règles de la

méthode sociologique (Durkheim, 1894) ou, à une échelle moins visible, le lien entre

l’évolution des croyances individualistes et la tendance intégrative des structures familiales, confessionnelles ou politiques, mais selon Mauss, ces tentatives se heurtèrent à des limites dans leur formulation, alors que l’étude des sociétés eskimo montre clairement ce phénomène.

Après avoir débattu des enjeux de la morphologie sociale et de ses liens avec la géographie, sur lesquels il n’est plus nécessaire de revenir, Mauss distingue deux moments dans son travail : une morphologie générale des sociétés eskimos et une morphologie saisonnière.

La morphologie générale est d’avantage descriptive : elle énumère les facteurs immuables des sociétés étudiées : il s’agit du territoire général (le Labrador), des lieux privilégiés d’habitat (peuple côtier de falaises), de l’unité linguistique et politique, et du

settlement11. C’est d’ailleurs cet établissement qui détermine la morphologie générale des

peuples eskimos. Mauss insiste sur le fait que ces établissements sont une construction de la société eskimo, et non pas une conséquence du milieu physique propre au territoire eskimo. Mauss nous explique que, pour réguler le volume de population du settlement, c’est bien « le groupe [qui] intervient violemment, en tant que groupe, pour limiter le nombre des membres qui lui serait à charge » (ib. : 23, note 5) par l’infanticide, le meurtre d’enfants malingres, l’abandon des vieillards et des malades, l’abandon ou la mise à mort des veuves. Enfin, l’établissement est une construction social puisqu’il a un nom constant et porté par tous les membres de l’établissement, des frontières, ainsi qu’une unité linguistique, morale et religieuse.

Ces caractères maintenant définis, il s’agit de présenter les causes et les effets des variations saisonnières. Ces variations sont de deux types : les habitats d’été, composés de tentes individuelles, et ceux d’hiver, sous forme de grande maison dans lesquelles les familles se regroupent (iglou (sic), grande maisons…). La distribution des habitats varie donc selon les saisons : en été, on note la dispersion des habitations, en hiver le regroupement des maisons.

11 « Nous désignons ainsi un groupe de familles agglomérées qu’unissent des liens spéciaux et qui occupent un

habitat sur lequel elles sont inégalement distribuées aux différents moments de l’année, comme nous le verrons, mais qui constitue leur domaine » (ib. : 15).

Les causes : elles ne sont donc pas climatiques. Car là où le climat est moins froid, on retrouve la même différenciation hiver/été, alors que l’hiver est moins rude, et permettrait des habitats toujours isolés. C’est davantage un facteur intermédiaire entre le monde naturel et le monde social que Mauss présente comme explicatif : la technique. En effet, les faibles techniques de chasse développées obligent à une évolution des habitats en fonction des saisons : « la population se condense ou se dissémine comme le gibier. Le mouvement dont est animé la société est synchronique à celui de la vie ambiante » (ib. : 49). Il faut néanmoins faire intervenir des facteurs sociaux pour expliquer les changements d’habitats (tente/maison) : comme l’existence d’une maison des hommes l’hiver (le kashim), et la réunion des familles souches dans la grande maison hivernale.

Les effets : ils sont remarquables en ce qu’ils affectent la vie religieuse et juridique du groupe. La vie religieuse est « laïcisée » l’été, alors qu’elle exalte l’hiver ; la vie juridique est masculine l’été, clanique l’hiver. Plus généralement, l’été se caractérise par un « égoïsme individuel », l’hiver par un « large collectivisme » (dont l’échange des femmes). « Tout se passe, explique Mauss (ib. : 71), comme si tout ce qu’il y a d’individualiste dans la civilisation eskimo venait de l’été ; tout ce qu’il y a de communiste, de l’hiver »

Aussi, de son essai, Mauss retiendra deux choses. D’abord, une loi sociologique : « La vie sociale ne se maintient pas au même niveau aux différents moments de l’année ; mais elle passe par des phases successives et régulières d’intensité croissante et décroissante, de repos et d’activité, de dépense et de réparation » (ib. : 74). Le second point est la minimisation des facteurs climatiques, et plus généralement telluriques dans l’explication sociologique en général, dans cette loi en particulier. Mauss montre que d’autres sociétés (civilisation nord- ouest américaine, kwakiutl, hupa…) ont les mêmes mécanismes de migration et de transformation des périodes de socialité, « bien qu’il n’y ait pas à cette double organisation de condition technique ou biologique vraiment nécessitante ». D’ailleurs, Mauss souligne qu’à l’intérieur de ce grand rythme saisonnier existe d’autres rythmes, plus restreints et sans doute moins visibles, « dont les oscillations ont une moindre amplitude à l’intérieur de chaque saison, de chaque mois, de chaque semaine, de chaque jour », et il convie le lecteur à reprendre, sur ce point, l’étude de Durkheim sur Le suicide (Durkheim, 1897d)12.

12 Voire notamment le Livre I, Chap. III, 4ème partie, où Durkheim (1897d) démontre statistiquement les liens

entre le nombre de suicide et la longueur des jours durant l’année, entre le suicide et les degrés d’activités économiques selon les jours de la semaine, entre les suicides et les différents moments de la journée.

La rigueur et l’ampleur de cette étude montre bien que la morphologie peut jouer un rôle important dans l’analyse sociologique. Plus précisément, dans le cadre de cet essai, Mauss (1904-1905 : 75) démontre largement « que la vie sociale, sous toutes ses formes, morale, religieuse, juridique, etc., est fonction de son substrat matériel, qu’elle varie avec ce substrat, c’est à dire avec la masse, la densité, la forme et la composition de groupements humains. »