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Paragraphe III La gouvernance: l’hypothèse d’un concept flexible.

A- Les applications flexibles:

A.1- Espace-Monde : « gouvernance globale ».

 Gouvernance globale : signification et enjeux.

L’étude de l’ordre socio-spatial de la scène internationale est aujourd’hui investie par le concept de « gouvernance globale » : Plusieurs références par ans, des revues consacrées à cette thématique et, le plus significatif, la mise sur pied par les Nations-Unies, déjà en septembre 1992, d’une commission autour des implications de ce concept.

Baptisé ‘Commission sur la Gouvernance Globale’169, sa mission était d’explorer les

opportunités créées par la fin de la guerre froide pour construire un système plus effectif de

169 La Commission sur la Gouvernance Globale a été établie en 1992, par conviction que les mutations internationales de

l’époque créaient une opportunité unique pour renforcer la coopération entre les peuples et les Nations, faire face au défi de la sécurité pour tous, réaliser le développement durable et universaliser la démocratie. Les premiers démarches menant à la constitution de cette Commission ont été entreprises par l’ex-chancelier allemand Willy BRANDT, qui avait présidé, une décennie auparavant, The Independant Commission on International Development Issues. En janvier 1990, il invita à Kingswinter, en Allemagne, les membres de cette commission et des personnalités qui avaient siégées dans les commissions suivantes : Independant Commission on Disarmament and Security Issues (dite Commission Palme) ; World

sécurité et de gouvernance globale. Son rapport rendu en 1995 sous le titre « Our Global

Neighborhood » (notre voisinage global) représente un appel à l’articulation d’une nouvelle

vision de la gestion des affaires du monde sous une perspective multidimensionnelle. Cette vision capitalise les compétences et les expériences d’une diversité de peuples et d’institutions, à différents échelons, pour réaliser des niveaux plus élevés de coopération dans des domaines de préoccupations communes et de destin partagé.

Comme explicitée par les membres de cette Commission, la réflexion sur une gouvernance globale constitue «le commencement d’une nouvelle vision pour l’humanité,

invitant tous les peuples et tous les gouvernements à admettre qu’il n’existe aucune alternative au travail en commun et à l’usage de la puissance collective pour la création d’un meilleur monde »170. Elle est définie par cette même Commission comme la somme des différentes manières par lesquelles les individus et les institutions, publics et privés gèrent leurs affaires communes. Elle est un processus continu à travers lequel les intérêts divergents ou en conflit peuvent être adaptés et des actions coopératives peuvent être entreprises. Elle inclut aussi bien des institutions et des régimes formels habilités à imposer une discipline, que des arrangements informels sur lesquels les individus et les institutions s’accordent ou considèrent dans leurs intérêts. Dans une certaine mesure, cette définition représente une reconnaissance tardive du fait que la coordination entre les systèmes sociaux complexes et la gestion du développement sociétal n’ont jamais été des responsabilités exclusives de l’Etat et qu’elles ont toujours impliqué des interactions entre une variété d’acteurs, étatiques et non étatiques. Dans le contexte d’une scène internationale mondialisée, la réflexion sur la gouvernance globale appréhende l’espace monde comme une entreprise à l’édifice de laquelle tous les acteurs

par Julius NYERERE. Les personnalités réunies à Kingswinter se mirent d’accord sur un constat : du moment que la situation du monde s’était améliorée, la nouvelle décennie devait alors présenter des défis majeurs qui ne pouvaient être relevés que par une action multilatérale coordonnée. Ils mandatèrent Ingrar CARLSSON, alors Premier ministre de la Suède, Shridath RAMPHAL, alors Secrétaire général du Commonwealth et jean PRONK, alors Ministre pour le développement et la coopération des Pays-bas, pour préparer un rapport relatif aux opportunités d’une coopération globale sur les questions qui requièrent une action multilatérale. A la suite du rapport de ce groupe une trentaine de personnalités publiques se réunirent à Stockholm, en avril 1991, en vue de discuter des besoins des années 1990. Dans un document intitulé « Stockholm initiative on Global Security and Governance », ils proposèrent l’établissement d’une commission internationale chargée d’étudier l’environnement international issu de la fin de la guerre froide pour la construction d’un système de gouvernance et de sécurité mondiales. Après une recommandation du Secrétaire général des Nations Unies de l’époque, M. Boutros Ghali, la Commission vit le jour en septembre 1992. Consulter The Commission on Global

Governance, www.cgg.ch/thecommission.htm .

170 L’aspect normatif de ce rapport se manifeste dans le langage des valeurs qu’il véhicule ; il parle ainsi « d’un nouveau

monde » de « valeurs globales » qui « doivent être la prière angulaire de la gouvernance globale », « d’éthiques civiles globales », de « droits communs » et de « responsabilités partagées ». Il prône un certain nombre de « valeurs cardinales » pour la gouvernance globale, tel le respect pour la vie et la liberté. Op, cit , P.28.

grands et petits, Etat, Organisation internationale, région ou ville, O.N.G, etc., apporteraient leur contribution dans un but de finalités utilitaires et consensuelles.

En tant que théorie, la gouvernance globale s’inscrit dans le prolongement des études sur les régimes et les institutions internationales. Les travaux qui s’y rapportent se développent dans deux directions : soit une réflexion analytique sur le système international présent ; soit une réflexion normative sur un système de gouvernance mondiale qu’il conviendrait de construire ou de reconstruire. Elle vise à combler le décalage entre l’unicité croissante des économies et la pluralité des Etats. Comme l’explique Gilles Andréani, ce concept pose que des capacités de décision et une certaine forme d’organisation politique deviennent nécessaires à l’échelle où s’opère l’intégration des économies, c'est-à-dire au niveau planétaire. Autrement dit, « une recherche de capacités de décision et d’institutions mondiales capables d’assumer

l’accompagnement politique de la mondialisation171

».

Concrètement, la gouvernance dans l’espace monde est liée à l’impératif de revoir le mode de fonctionnement des organisations internationales et principalement des systèmes financier, monétaire et commercial internationaux, en vue de combler les déficits démocratiques existants. La réalisation des objectifs de la bonne gouvernance dépend également de la bonne gouvernance au niveau international, entendue dans le sens de la transparence des systèmes financier, monétaire et commercial, ainsi que d’un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondé sur le droit, prévisible et non discriminatoire172.

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