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Paragraphe III Développement durable et développement local : signification et enjeux.

A.1- A chacun son développement durable ?

Les critiques des définitions les plus usitées seront comparées ici avec la définition "mère" du développement durable, celle du Rapport Brundtland de 1987, réintroduite en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio: «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs»74. C'est elle qui, dès 1987, a officialisé le concept. Elle fait désormais légion. C'est plutôt l'efficacité de la diffusion d'un concept et non la remise en question de son message en tant que tel qui est ici recherchée. Si l'on s'en réfère à son vocabulaire ainsi qu'à ses principes, cette définition peut être sujette à des critiques.

71 Articuler les sphères sociale, environnementale et économique

72Articuler le court, le moyen et le long terme; penser de manière globale le passé, le présent et le futur 73

Articulation des échelles de décision, le portage politique et enfin l'évaluation.

Les définitions trahissent très souvent la nature de leur diffuseur: «Le choix d’une définition plutôt qu’une autre n’est pas neutre du point de vue des moyens permettant de satisfaire les conditions d’une croissance durable»75. Elles sont donc diverses et variées et se rapprochent peu ou prou de l’un des trois "piliers" du développement durable: une société équitable, un environnement préservé et valorisé et une économie prospère. Même les organismes les plus consensuels, parce qu’ils se disputent la définition la plus précise, entretiennent constamment le flou.

A.2 - Les définitions à l’épreuve du Rapport Brundtland76 :

Les définitions du développement durable, produites et diffusées par de nombreux organismes d'envergure internationale, s’adressent en priorité aux acteurs politiques locaux, régionaux et nationaux. Ils sont élus, chefs d’entreprises, chercheurs ou encore membres d’associations d’intérêt public. Ces interprétations nous sont données par la presse, la radio, la télévision, les sites Internet, les outils de diffusion et de visualisation multimédia et les bornes interactives, les actions pédagogiques dans les écoles et facultés, les actions de formation pour les services de l’Etat et des collectivités territoriales, les élus et enfin les milieux associatifs et professionnels.

La définition de Gro Harlem Brundtland nous intéresse d’autant plus qu’elle a été, depuis le Sommet de la Terre en 1992, la plus diffusée à travers le monde. Avant de procéder à une étude comparée, il convient de commenter ses vertus pédagogiques. Il n'est pas question ici de confronter cette définition au sens que nous voudrions attribuer au développement durable. Nous n'en sommes pas là. Il s'agit simplement de connaître le fond du message.

Ce rapport, commandé par les Nations-Unies à la Ministre Suédoise de l'environnement Gro Harlem Brundtland en 1987 prend formellement le contre-pied du Club de Rome77, revendiquant les dangers que représente une croissance économique et démographique exponentielle vis à vis de l'épuisement des ressources, de l'accumulation de la pollution et de la surexploitation des systèmes naturels. Le rapport préconise une nouvelle ère de croissance économique, en s'appuyant sur les politiques protégeant et mettant en valeur la base même des

75 WILLINGER. M, (1997) ; alternative méthodologie for modelling evolutionary dynamics . p.122.

76Du nom de Gro Harlem Brundtland, Présidente de la commission des Nations Unies sur l’environnement et le

Développement qui a publié ce rapport.

ressources nécessaires; une nouvelle gestion des ressources de l'environnement pour assurer un avenir au développement lui-même; la promotion d'un développement, en particulier au Sud, qui utilise, à son profit, les lois naturelles.

Cette définition insiste tout d’abord sur le concept de "besoin" et plus particulièrement des besoins essentiels des plus pauvres dont il faut accorder une plus grande priorité. L’attention portée aux populations les plus pauvres mais aussi aux générations futures dépend de la lutte contre les dégradations écologiques qui se multiplient (désertification, déforestation, pluies acides, effet de serre, etc.). D’autre part, c’est l’idée des limites de nos techniques et de notre organisation sociale par rapport à la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir qui ressort. Il réclame une nouvelle ère de croissance économique fondée sur des politiques permettant la préservation et la mise en valeur des ressources de l’environnement nécessaires à notre survie. Ainsi, le Rapport Brundtland réclame une stratégie qui permette de conjuguer développement et préservation de l’environnement. Aussi nous positionnerons les définitions suivantes par rapport à son message: le développement, c'est à dire le développement économique et l'amélioration des conditions sociales, ainsi que la préservation des ressources naturelles. Il serait redondant d’y ajouter le critère "satisfaction des besoins des générations présentes et futures", car les trois précédents l'intègrent d'une manière ou d'une autre.

Ainsi, le résultat de cette recherche dans les définitions nous amènent à repositionner le développement durable dans une action plus large, englobant du fait tout le processus, depuis la décision politique jusqu’à la mise en œuvre stratégique. En ce sens, nous essayons de montrer ici que la durabilité ne se proclame pas mais se gère. Elle permet ainsi aux acteurs locaux de participer de manière constructive à une action nécessaire, pour un management territorialisé au service d’une économie environnementale.

La ville-territoire s’apparente à un système complexe78, ouvert sur un environnement fluctuant, auquel il s’adapte et qu’il influence79

. Cette conception organisationnelle et systémique de la ville a ouvert le champ à une réflexion managériale, dans la quelle celle-ci

78 Nous abordons ici la complexité au sens de.Lemoigne. J, (1990), définie comme : un système que l’on tient pour

irréductible à un modèle fini quels que soient sa taille, le nombre de ses composants, l’intensité de leur interaction ».

devrait adapter ses capacités et ses potentiels aux exigences d’un environnement complexe, incertain et changeant. Sauver80 identifie trois défis que doivent relever les villes : l’étalement indéfini et sans cohérence interne, la cassure sociale et la dérive des quartiers en déclin, et l’absence de coordination de la ville et son environnement, naturel ou rural. Les villes doivent donc être envisagées comme une réalité flexible, qui peut s’adapter et se modifier dans la durée, auxquelles il est donc possible et souhaitable d’appliquer les outils de la stratégie territoriale dans la perspective du développement durable.

B

- Développement local: signification et enjeux.

Le développement local s’entend d’une dynamique qui met en évidence l’efficacité des relations non exclusivement marchandes entre les hommes, pour valoriser les ressources dont ils disposent81. Le développement local consiste, de ce fait, en une transaction de proximité82 entre les hommes et les ressources. Cette transaction se situe à divers niveaux:

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