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Les effets du partage sur l’économie et la ville

Dans le document Thèse de doctorat Présentée (Page 172-177)

Méthodologie : analyse de données textuelles

4.1. Propriétés du corpus

4.1.4. Les effets du partage sur l’économie et la ville

L’outil utilisé relie un terme ciblé à ses substantifs adjacents, et ce dans l’ensemble du

corpus (articles de « ouishare.magazine.net » et « shareable.net » confondus). Le graphique étoilé qui résulte de la requête (Figure 22 ci-après) indique le nombre de relations identifiées (ou fréquence de cooccurrences). La partie gauche de la figure, recense les prédécesseurs du terme examiné, et celle de droite ses successeurs. Nous allons détailler les étapes de notre méthodologie en analysant le cas incontournable des usages du mot « sharing ».

Nous souhaitons identifier les termes avec lesquels « sharing » est le plus fréquemment associé. Les données présentes sur l’illustration de synthèse sont ordonnées par ordre décroissant d’occurrences dans le corpus constitué des 3725 et 239 articles extraits respectivement des sites « shareable.net » et « ouishare.magazine.net ». Le terme « sharing » est accolé 491 fois au substantif « economy » : ce dernier précède le terme observé 62 fois et le succède à 429 reprises.

Figure 22: nombre d’occurrences des prédécesseurs et successeurs de « sharing »

Corpus constitué des articles consultables sur « shareable.net » et « ouishare.magazine.net »

Afin de nous focaliser sur les résultats les plus significatifs des recherches de substantifs adjacents (somme des prédécesseurs et des successeurs confondus), nous les présenterons dans un tableau qui contiendra les dix termes qui totalisent le plus d’occurrences (nombres précisés entre parenthèses dans la Figure 5). Les résultats seront ordonnés par ordre décroissant. Ainsi, comme indiqué ci-après, le substantif le plus fréquemment associé à la terminologie « sharing » est « economy » (à 491 reprises), suivi au deuxième rang par « city » (à 480 reprises). Dans notre corpus, les discours qui contiennent le terme « sharing » traitent donc principalement de « sharing economy » (« économie du partage ») et de « sharing city » (approche qui articule la stratégie de développement urbain de la « ville intelligente » avec les services qui se revendiquent de l’ « économie collaborative »). La contextualisation des résultats dans les extraits de verbatim concernés permet de préciser le sens de chaque expression telle qu’employée dans le corpus.

Successeurs Substantifs adjacents au terme recherché dans le corpus Prédécesseurs

Substantifs adjacents au terme « sharing » [3919 équivalents sémantiques dans 3964 articles] Corpus « shareable.net » et « ouishare.magazine.net » confondus 1. Economy (491) 2. City (480) 3. Car (182) 4. People (167) 5. Network (135) 6. Day (127) 7. Community (117) 8. Way (105) 9. Resource (93) 10. Motion (82)

Figure 23: nombre d’occurrences des substantifs adjacents au terme « sharing »

D’une part, et de manière générale, les discours analysés, qui sont en faveur des pratiques relatives à l’ « économie collaborative » (sans plus de précisions à ce stade de notre étude), s’inscrivent dans un contexte de rupture et de renouvellement du modèle socio-économique des pays à économie de marché. De nombreux articles reviennent ainsi sur l’impact que génèrent les pratiques d’échange en pair à pair sur l’économie, et ce jusqu’au fonctionnement du secteur financier. Les technologies du web offrent la possibilité à des start-up de proposer des services (banque en ligne, financement participatif ou « crowdfunding », systèmes de paiement ou de transfert d’argent, etc.), dont le développement étaient auparavant réservé aux acteurs traditionnels du secteur bancaire. Communément désignées par la terminologie « fintech » (pour financial technologies), ces

innovations suscitent un vif intérêt163. Pour autant, l’auteur d’un des articles recueillis annonce une transformation de l’économie encore beaucoup plus radicale. Cet extrait montre la force de conviction d’un des auteurs dans la capacité des échanges en pair à pair, dont la généralisation est rendue possible par les technologies du numériques, à renouveler le système économique des sociétés post-industrielles :

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Notre point de vue, forgé au fil des ans, est que la révolution numérique est vectrice de changement (game changer ) dans la finance - dans une mesure plus conséquente encore que ce qu’imaginent aujourd’hui les adeptes des Fintech. Les technologies de l'information défient tous les aspects de notre système financier. (Shareable n°1)164.

D’autre part, et plus précisément, les représentations attachées à ce renouvellement s’inscrivent dans un cadre urbain. Après avoir exploré le corpus à la recherche d’éléments particulièrement saillants, enclins à décrire la vision des auteurs des textes étudiés, l’examen des articles fait état de fréquentes cooccurrences des termes « new », adjectif le plus utilisé (8935 fois dans 3964 articles), et « city ». Plus précisément, « city » est le cinquième mot le plus associé à « new » (153 relations), derrière des expressions beaucoup plus générales telles que « economy » (486), « way » (443), « people » (201) et « idea » (183). D’après cette observation, la ville (city) semble être l’étalon de mesure de l’étendue d’un territoire.

Dans ce corpus, la terminologie « sharing city » renvoie à une organisation de la ville jugée plus adaptée à la prise en charge des problématiques auxquelles se heurtent les sociétés post-industrielles. La « sharing city » fait référence à un type de développement urbain qui vise, en grande partie par le recours aux technologies du web, à améliorer sensiblement la qualité des services et à en réduire les externalités négatives (pollution, nuisances sonores, inégalités sociales qui limitent l’accès aux usages des aménagements urbains, etc.). Ainsi, d’après un des articles extraits de shareable.net, les vocations de la « sharing city » sont en synthèse de créer des emplois et de stimuler l’activité économique, tout en contribuant à une réduction de l’empreinte écologique induite par la consommation de biens matériels :

L'objectif de la sharing city est de créer des emplois et d'augmenter les revenus, de s'attaquer aux problèmes environnementaux, de réduire la consommation et la production de déchets inutiles. (Shareable n°2).

164

Le sens conféré à cette désignation est précisé sur le site de Shareable165. Tout d’abord, Les pratiques de partage et de mutualisation des biens sont propices à l’amélioration générale de la qualité de vie :

Où [dans la sharing city] tout le monde peut créer des moyens de subsistance d’une manière qui fait sens (meaningful). Là où fraiche, la nourriture locale est disponible à tous. Où les logements abordables et les transports partagés sont abondants. (Site de Shareable).

De plus, les modalités de fonctionnement des plates-formes développées en accord avec les principes du « peer-to-peer » sont porteuses d’ambitions sociales : la forme organisationnelle de la communauté est propice à la mixité sociale et à la réduction des inégalités. Tous les usagers sont impliqués à part égale dans la production et dans la gestion d’un objet commun, procédé enclin à effacer les distinctions sociales. De manière générale, le ton onirique des textes renforce la normativité véhiculée par la notion de « partage » :

Là [dans la sharing city] où les pauvres sont élevés, la classe moyenne est renforcée, et les riches sont respectés parce qu'ils travaillent tous ensemble pour le bien commun. Notre rêve chez Shareable est que tout le monde arrive à vivre dans un tel endroit. Bien qu’ambitieux, notre rêve est ancré à la réalité. (Site de Shareable).

Imaginez une ville où les besoins de chacun sont satisfaits parce que les gens font le choix personnel de partager. (Site de Shareable).

Dans un registre comparable, un dernier article relaie les propos, particulièrement enjoués,

du directeur166 d’une fondation dédiée au développement des usages de l’espace urbain (New Cities Foundation), acteur qui est intervenu lors du colloque annuel de l’association OuiShare (OuiShare Fest, 2015) sur la thématique des « collaborative cities » :

165

http://www.shareable.net/contribute [consulté le 18/08/2016]

166

Je pense que les villes sont le meilleur laboratoire pour le changement à notre époque. Je crois vraiment que les villes peuvent - en quelque sorte - sauver le monde. (OuiShare n°1).

De prime abord, l’enthousiasme véhiculé par les textes du corpus constitué des extractions des sites « shareable.net » et « ouishare.magazine.net » peut sembler analogue à celui qui orne les discours marketing délivrées sur le site « ibm.com/smarterplanet ». Remarquons que la firme IBM se distingue en utilisant le terme « smarter city » (et non l’appellation plus courante de « smart city », qui est d’ailleurs totalement absente du corpus des deux sites « shareable.net » et « ouishare.net ») :

Analyser l'avenir des villes. Des villes plus intelligentes (smart) de toutes tailles tirent parti des nouvelles technologies. La concurrence entre les villes pour attirer continuellement de nouveaux résidents, des entreprises et des visiteurs, suppose une attention constante vis-à-vis du niveau de la qualité de vie et du dynamisme du climat économique. [...] Être plus intelligent peut changer la façon dont les villes travaillent à délivrer leur potentiel comme jamais auparavant. (ibm.com/smarterplanet).

4.2. Une représentation de la résilience d’une

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