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Analyse des liens intercommunautaires

Dans le document Thèse de doctorat Présentée (Page 104-108)

Méthodologie : analyse de réseaux de recherche

2.1. Analyse dynamique de réseaux de chercheurs

2.1.3. Analyse des liens intercommunautaires

Les auteurs qui ont utilisé à la fois les terminologies « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité » sont-ils reliés par des co-publications à des auteurs qui n’ont utilisé qu’une des deux appellations ? Pourrait-on y voir des passeurs de sens ? Des traducteurs ? Un ensemble présente-il une force d’attraction particulière ? Alors qu’un tableur nous a permis jusqu’ici de traiter nos données, nous avons utilisé le logiciel Gephi

pour identifier les liens intercommunautaires118. Les résultats font apparaître que 71,4% des liens intercommunautaires relient l’ensemble « intersection » à l’ensemble « économie de la fonctionnalité », et 28,6% à l’ensemble « économie de fonctionnalité ».

Figure 9: recherche de liens intercommunautaires Capture d’écran, Gephi 0.8.2

118

Ce logiciel ne propose a priori pas de fonction dédiée, il est en revanche possible d’en détourner certaines pour parvenir à sommer les liens intercommunautaires. Pour ce faire, nous avons utilisé la fonction « partition ». Après avoir selectionné nos trois ensembles, nous avons appliqué l’option « grouper » qui permet de faire la somme des poids attribués aux liens connectant les communautés. Or, nous avons au préalable affecté la valeur 1 à tous les poids des liens de notre réseau, ce qui nous a permis d’obtenir ces résultats. La méthode a été trouvée sur le forum de Gephi : « Inter and intra attribute links ». La discussion est disponible à cette adresse : http://forum.gephi.org/viewtopic.php?t=1369 [consulté le 10 août 2015]

Nombre de liens (% arrondis à 10-1 près) … « Economie de la fonctionnalité » …« Economie de fonctionnalité » Total

Nombre de liens qui relient l’intersection à l’ensemble… 75 (86,2%) 12 (13,8%) 87 (100%)

Figure 10: répartition des liens intercommunautaires Calculs réalisés à l’aide du logiciel Gephi,0.8.2

Bien que cette répartition puisse paraître déséquilibrée, elle est à nouveau à mettre en rapport avec la proportion d’auteurs que comprend chaque ensemble. En effet, l’ensemble « économie de la fonctionnalité » est constitué de 72,3% de l’ensemble des auteurs de notre réseau, il n’est donc pas surprenant qu’elle admette une grande majorité de liens intercommunautaires. Ces résultats ne nous semblent ainsi pas assez significatifs pour conclure à une éventuelle force d’attraction émanant d’un de nos sous-réseaux d’acteurs.

Figure 11: représentation des liens intra et intercommunautaires

L’Annexe 3 présente les différentes étapes préalables à cette représentation.

Liens inter-communautaires (co-publications) Liens inter-communautaires (co-publications) Auteurs (98) qui apparaissent dans les deux requêtes (Bourg, Du Tertre, etc.) Auteurs (642) présents uniquement dans les résultats de la requête « économie de la fonctionnalité » Auteurs (137) présents

uniquement dans les résultats de la requête « économie de fonctionnalité »

Si l’indicateur « nombre de citations » fourni par Google Scholar permet de caractériser la production d’un ensemble de chercheurs, son usage nous semble limité pour deux raisons principales119. D’une part, cet indicateur ne comptabilise que des références positives : les scores augmentent y compris dans le cas où les articles cités sont critiqués (Everett et Borgatti, 2014). S’il permet de mesurer le « bruit » généré par une publication, il ne peut restituer l’approbation - ou le rejet - d’une publication par la communauté scientifique. D’autre part, l’évaluation de l’influence politique d’un chercheur ne peut se restreindre à l’observation des publications académiques. Dans le cas présent, nous allons voir que l’engagement de Christian Du Tertre pour promouvoir la désignation « économie de la

fonctionnalité » - peu tangible dans nos résultats - ne peut se mesurer uniquement par des recherches bibliométriques.

Nous avons identifié plusieurs institutions, composées en partie ou en totalité par des chercheurs en sciences humaines et sociales, qui nous semblent avoir fortement contribué à façonner et à diffuser l’une des deux désignations plutôt que l’autre. Nous avons vu au chapitre précédent que les désignations « économie de la fonctionnalité » et « économie de

fonctionnalité » étaient respectivement revendiquées120 par les différentes facettes du cabinet ATEMIS, dirigée par Christian Du Tertre, et l’Institut de l’Économie Circulaire, dont le comité d’experts est co-présidé par Dominique Bourg121.

Nous allons voir que, si un premier traitement de nos données bibliographiques a fait apparaître assez peu de distinctions entre les communautés d’auteurs, de nouvelles

119

Outre l’inexactitude de l’algorithme de recherche qui complexifie le nettoyage des données (cf. Figure 2).

120

Rappelons à ce titre la note 60 du chapitre précédent :

Une note d’orientation de l’Institut de l’Economie Circulaire semble directement adressée au courant représenté par Christian Du Tertre : « L’Académie Française a confirmé à Eric Fromant l’usage de l’expression "économie de fonctionnalité" au dépend de "économie de la fonctionnalité" quand on s’exprime de façon générale. », (Geogeault et Aurez, 2015).

121

Dominique Bourg a été nommé le 15 avril 2013.

http://www.institut-economie-circulaire.fr/Dominique-Bourg-et-Arnaud-Gossement-nommes-copresidents-du-Comite-d-experts-de-l-Institut_a160.html [consulté le 10 août 1015]

opérations peuvent nous permettre de valider ou rejeter certaines hypothèses issues de notre phase d’investigation. Ainsi, alors que l’appellation « économie de la fonctionnalité » semble étonnement très présente parmi les articles de la revue Développement durable et territoires, la terminologie « économie de fonctionnalité » semble avoir connu son apogée à l’occasion du Grenelle Environnement (Bourg, Foltz, Nicklaus et Cros, 2008).

2.2. Clivage des deux réseaux d’acteurs dans le

temps

Comment s’articulent en dehors du champ scientifique stricto sensu les différents réseaux d’acteurs qui contribuent à donner du sens aux désignations « économie de (la) fonctionnalité » ? Comment comptent-ils agir sur le réel ? Comment l’économie des services est-elle mobilisée, par des courants pourtant contradictoires ? Nos recherches sur les sources du concept d’économie de fonctionnalité nous ont conduits122 à formuler l’hypothèse suivante : la polysémie de la terminologie « économie de (la) fonctionnalité » résulte de la confrontation d’images contradictoires du modèle socio-économique le plus adapté aux sociétés post-industrielles.

2.2.1. Le Grenelle Environnement ne permet pas de

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