• Aucun résultat trouvé

Étude quantitative de la production des contributeurs académiques

Dans le document Thèse de doctorat Présentée (Page 92-101)

Méthodologie : analyse de réseaux de recherche

2.1. Analyse dynamique de réseaux de chercheurs

2.1.1. Étude quantitative de la production des contributeurs académiques

Nous avons interrogé la base de données Google Scholar, en créant les requêtes : « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité ». Google Scholar ne permet pas de récupérer les données consultées, nous les avons par conséquent collectées à l’aide du logiciel Publish or Perish (Harzing, 2007). Si les deux désignations ne se distinguent que par un déterminant, nous allons voir qu’elles renvoient à des réseaux d’acteurs différents.

111

Dominique Bourg, actuellement relié à l’Université de Lausanne, a principalement travaillé sur le concept d’ « économie de fonctionnalité » alors qu’il était chercheur à l’Université de Technologie de Troyes.

Figure 3: extraction des résultats des deux requêtes

Logiciel Publish or Perish (captures d’écran), Base de données Google Scholar. La base de données a été consultée le 30/06/15.

Les données brutes font apparaître de premiers résultats. Dans chacun des deux sous-ensembles, quelques publications font l’objet d’un très grand nombre de citations. En ce qui concerne la requête « économie de la fonctionnalité », un ouvrage de Jeremy Rifkin (2000) recueille 39,9% de l’ensemble des citations. En ce qui concerne la requête « économie de fonctionnalité », les ouvrages de Rachel Botsman et Roo Rogers (2011), et de Christophe Midler (2012), sont à l’origine de 43,3% de l’ensemble des citations112. Autrement dit :

- 859 papiers contiennent la désignation « économie de la fonctionnalité ». L’ouvrage de Rifkin (2000) en fait partie. Il est cité 1744 fois par l’ensemble de la communauté scientifique (et pas uniquement par les auteurs résultant de cette requête) ;

- 281 papiers contiennent la désignation « économie de fonctionnalité ». Les ouvrages de Botsman et Rogers (2011) et Midler (2012) en font partie. Ils sont cités 795 fois (respectivement 456 et 339) par l’ensemble de la communauté scientifique (et pas uniquement par les auteurs résultant de cette requête).

D’après la recherche algorithmique de Google Scholar, ces trois ouvrages sont les plus cités parmi ceux qui contiennent les désignations évoquées. Ces résultats soulèvent deux types d’interrogations. Une première remarque est relative à la nature de l’algorithme de recherche de Google Scholar. Il semble en effet étonnant de voir figurer l’ouvrage de Midler (2012) - qui traite de l’émergence du « management par projet » - dans les résultats d’une de nos requêtes. Après examen, l’Auto qui n’existait pas (Midler, 2012) ne contient pas exactement la terminologie recherchée, c’est pourquoi nous n’avons pas retenu son auteur dans notre liste de contributeurs.

La recherche de l’expression « économie de fonctionnalité » dans l’ouvrage de Midler renvoie à un seul résultat, inexact : « […] avec les objectifs d’économie, de fonctionnalité

et de faisabilité industrielle. » (2012, p. 65). L’algorithme de recherche de Google Scholar

112

semble ignorer la ponctuation, ce qui nous amené à réexaminer les données à retenir pour circonscrire les réseaux d’acteurs en lien avec l’ « économie de la fonctionnalité » et l’« économie de fonctionnalité ». Les titres des publications ont été relues une par une, les articles jugés hors-sujets (après vérification pour les cas les moins évidents) ont ainsi été exclus de notre base de données.

Figure 4: algorithme de recherche de Google Scholar, cas de Midler (2012)

Consultation de l’ouvrage via Google Books [consulté le 28/10/2015], capture d’écran

Une seconde remarque est relative à l’objet de notre étude : les réseaux d’acteurs académiques de langue française qui ont contribué à substantifier deux terminologies ne font pas l’objet de traductions spécifiques. Si le terme générique d’« économie de fonctionnalité » fait bien référence aux travaux de Walter Stahel, il traduit indistinctement ce que l’auteur appelle successivement « utilization-focused service economy », « functional economy » ou plus récemment « functional service economy » (Van Niel, 2007, p. 6). Par ailleurs, la terminologie « économie de la fonctionnalité » ne semble pas avoir d’équivalent - à notre connaissance - dans une langue étrangère. Nous avons ainsi recherché et soustrait les publications qui ont fait l’objet de traductions, telles que Rifkin (2000) ou Botsman et Rogers (2011), de notre base de données.

Nous avons supprimé 160 publications (soit 14% des résultats des deux requêtes) qui nous ont semblé hors sujet (littérature grise, données partiellement renseignées, traductions, textes dans une autre langue que le français) et les 98 doublons (une publication par auteur)

qui ont été identifiés précédemment (soit 8,6% des résultats des deux requêtes). Au final, nous avons conservé 877 des 1140 publications résultant des deux requêtes, soit 76,9%.

Les deux sous-ensembles de résultats obtenus diffèrent fortement puisque les publications qui les composent ne se retrouvent que rarement de l’un à l’autre. Deux sous-réseaux se dessinent et confirment les divergences observées entre les approches de Christian Du Tertre (2007a, 2007c, 2011, 2013), dont la majorité des travaux sont compris dans le sous-ensemble « économie de la fonctionnalité » et de Dominique Bourg (Bourg et Buclet, 2005 ; Bourg, Grandjean et Libaert, 2006 ; Bourg et Schlegel, 2009 ; etc.), dont les travaux sont quant à eux plus cités dans le sous-ensemble « économie de fonctionnalité ».

Pour autant, nous remarquons que les contributions de ces auteurs apparaissent dans les deux sous-ensembles, ce qui signifie qu’ils influencent la pensée des deux catégories de chercheurs : ceux qui utilisent la désignation « économie de la fonctionnalité » et ceux qui mobilisent la terminologie « économie de fonctionnalité ». Une recherche de doublons fait

ainsi apparaître une liste de 98 auteurs113, qui sont présents dans les deux ensembles de données recueillies. La comparaison des résultats de nos deux requêtes fait par conséquent apparaître un troisième ensemble de contributeurs. Une fois consolidées, les données issues

des deux requêtes sont segmentées en trois sous-ensembles d’auteurs, sans doublons114, et tel que définis ci-dessous :

- ceux qui apparaissent uniquement dans les résultats de la requête « économie de fonctionnalité » ;

- ceux qui apparaissent uniquement dans les résultats de la requête « économie de la

fonctionnalité » ;

- ceux qui apparaissent à la fois dans les résultats des requêtes « économie de fonctionnalité » et « économie de la fonctionnalité ».

113

Ces auteurs ont été identifiés en effectuant une recherche de doublons (Excel 2013), entre les résultats des requêtes « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité ».

114

Après avoir attribué chaque publication à un des sous-ensembles : [économie de la

fonctionnalité], [économie de fonctionnalité], ou [économie de la fonctionnalité + économie de fonctionnalité] ; les données ont ensuite été compilées dans une base unique (Excel 2013). Ainsi, les données peuvent être triées par sous-ensemble, par auteur, et par nombre de citations.

Les résultats de nos requêtes sont donnés par publication alors que nous souhaitons étudier les réseaux d’acteurs à l’origine de ces dernières. Il est à ce stade impossible de comptabiliser le nombre de liens de co-publications qui associent un auteur au reste du réseau, ou encore le nombre de citations que totalisent les travaux d’un auteur. Nous avons par conséquent converti nos résultats dans un format plus approprié à l’analyse de réseaux, comme précisé dans la Figure 5 (ci-avant).

La partie supérieure de la Figure 5 montre les données brutes importées, avec le format imposé par Google Scholar. Une feuille de calcul contient les résultats de la requête « économie de la fonctionnalité », une seconde ceux de la requête « économie de fonctionnalité ». Chaque ligne correspond à une publication qui contient la désignation invoquée. Le nombre de citations est donné par publication.

La partie inférieure montre les données nettoyées, avec le format qui nous permettra de représenter les réseaux d’acteurs étudiés à l’aide du logiciel Gephi115. Une première feuille de calcul recense l’ensemble des contributeurs à l’origine des publications retenus. Chaque ligne correspond à un auteur, auquel est attribué la - ou les - désignation(s) utilisée(s). Le nombre de citations est donné par auteur et correspond au total recueilli par l’ensemble de ses travaux présents dans les résultats nettoyés des deux requêtes. Une deuxième feuille de calcul liste les liens de co-publications. Chaque ligne correspond à une co-production entre deux auteurs.

115

Dès lors, nous sommes en mesure d’étudier les caractéristiques quantitatives des publications, et de leur diffusion. Le nombre de contributeurs par sous-ensemble fait apparaître une différence d’échelle entre les réseaux d’acteurs qui portent un modèle socio-économique a priori identique : 73,2% sont exclusivement reliés à la désignation « économie de la fonctionnalité », 15,6% sont exclusivement reliés à la désignation « économie de fonctionnalité », 11,2% sont à la fois reliés aux deux désignations « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité ». Par conséquent, la terminologie « économie de la fonctionnalité » semble susciter l’intérêt de la majorité des auteurs actifs sur cette thématique.

Nous avons sélectionné deux outils statistiques qui permettent de caractériser la distribution de la production académique des trois groupes préalablement identifiés : la moyenne et l’écart-type. L’analyse du nombre de citations par auteur fait apparaître une tendance centrale qui s’applique à deux des trois sous-ensembles identifiées : chaque auteur y est cité entre quatre et six fois (3,8 ; 6,1). En revanche, la production des auteurs qui participent à l’ensemble « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité » se distingue fortement : en moyenne, chaque contributeur est cité un peu plus de 14 fois (14,2).

Résultats (arrondis à 10-1 près) Strictement dans l’ensemble « Économie de la fonctionnalité » Strictement dans l’ensemble « Économie de fonctionnalité » À l’intersection des ensembles « Économie de la fonctionnalité » et « Économie de fonctionnalité » Total Nombre d’auteurs 642 137 98 877 Nombre de citations 3923 524 1396 5843 Moyenne du nombre de citations par auteur 6,1 3,8 14,2 6,7 Ecart-type du nombre de citations par auteur 18,1 9,3 28 18,7

Figure 6: répartition du nombre de citations par sous-ensemble de contributeurs

En d’autres termes, la production de ces auteurs - sur le sujet116 - est citée environ quatorze fois. Ce résultat doit-il être interprété comme l’agrégation de scores individuellement plus élevés ou comme l’indice de quelques auteurs beaucoup plus cités que les autres ? L’écart-type du nombre de citations par auteur mesure la dispersion des scores par rapport à la moyenne. Ainsi, plus l’écart-type est élevé, plus le nombre de citations pour certains auteurs s’écarte de la moyenne : certains ont recueillis beaucoup plus - et/ou moins - de citations que les autres. Dans ce cas, l’écart-type du nombre de citations par auteur de l’ensemble « économie de la fonctionnalité » et « économie de fonctionnalité » est le plus élevé des trois calculés (18,1 ; 9,3 ; 28). Ce résultat indique que certains des auteurs de ce

116

Nous rappelons que les données sont issues des deux requêtes « économie de fonctionnalité » et « économie de la fonctionnalité ». La production des auteurs dont nous parlons est donc celle qui concerne ces thématiques, et ne s’étend pas à l’ensemble de leurs publications.

troisième ensemble, tels que Dominique Bourg, recueillent beaucoup plus de citations que les autres.

Alors que l’appellation générique « économie de (la) fonctionnalité » semble désigner un modèle socio-économique unique, elle renvoie en réalité non seulement à plusieurs terminologies, mais également à différents collectifs de recherche. Les données collectées peuvent-elles nous renseigner sur les relations structurant ces collectifs ?

Dans le document Thèse de doctorat Présentée (Page 92-101)