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Données discursives : Analyse de contenu

Chapitre IV Investigation du sens du lieu à Tipaza

3. Phase pré-enquête

3.2. Résultats pré-enquête

3.2.1. Données discursives : Analyse de contenu

L’analyse du contenu consiste à repérer puis regrouper les thématiques récurrentes dans les entretiens. Une représentation intersubjective du cadre de vie tipasien semble bien se dégager en rapport à :

 L’environnement physique :

 Les lieux significatifs et les représentations qui leurs sont attachées, et  Le sens du lieu attribué à Tipaza à différents niveaux, perceptif, cognitif,

conatif, et affectif  L’environnement social :

La représentation environnementale qu’ont les tipasiens de leur ville semble être constituée en grande partie par la perception et les inférences relatives à l’environnement social. C’est ainsi qu’apparaissent des thématiques comme l’insécurité, le surpeuplement, sur-fréquentation mais aussi d’attitude négative envers les touristes. Ne faisant pas l’objet de cette recherche, les représentations de l’environnement social ne seront pas détaillées.

3.2.1.1. Lieux emblématiques et valeurs associées

Port, ruines, plages Mont Chenoua, parc, complexes touristiques, centre colonial, musée, corniches de Chenoua, sont les lieux les plus récurrents chez personnes interrogées (voir tableau en page suivante pour les associations attribuées à chaque lieu).

175 Le port pourrait être le lieu le plus représentatif de Tipaza, en effet, l’un des sujets (jeune adulte de sexe masculin) associe la ville, seulement, à son port, affirmant qu’il n’y avait rien d’autre à Tipaza.

Tableau 15 Contenu éventuel de la représentation sociocognitive

Lieux symboliques Connotations/Valeurs attribuées

Port Rapport à la mer, lieu de référence

Ruines Historique/ à éviter en famille

Parc Naturelle/ familiale

Mont Chenoua naturelle

Centre-ville Evalué positivement

Complexes touristiques A éviter/ responsable de la mauvaise image de Tipaza

Musée Historique/pédagogique

Corniches de Chenoua Naturelle, bien-être psychologique

Relativement aux ruines, les personnes interrogées sont conscientes de la nécessité de les préserver et déplorent leur mauvaise gestion. Toutefois, ils ne visitent les ruines que les week-ends ou en été, car la fréquentation est telle qu’elle permet un contrôle social des lieux, qui en dehors de ces périodes sont considérés comme mal fréquentés ; nids de délinquance et d’agressions pour le parc archéologique ouest (nécropole), déviance par rapport aux valeurs socioculturelles conservatrices en matière de comportement au niveau du parc archéologique est.

Le parc est, en fait, une forêt récréative que les habitants désignent sous ce terme car contenant une sorte de parc d’attraction. Celui-ci, tout comme le mont Chenoua est associés à la nature, et en dépit de leurs situations en surplomb de la mer, la présence de cette dernière, dans les deux cas, n’a jamais été mentionnée par les sujets.

Le centre colonial, quant-à-lui, semble valorisé en comparaison avec les extensions modernes composées principalement de grands ensembles, jugées sans caractère. Certains lieux font partie des éléments contrastés, c’est-à-dire, qui ne sont évoqués que par un groupe social spécifique. C’est notamment le cas du musée, qui semble important pour une catégorie professionnelle particulière : travailleurs dans le musée et bibliothécaire municipal. Ce dernier se trouve avoir aussi travaillé comme guide

176 touristique au niveau du parc ouest. C’est aussi le cas pour les corniches de Chenoua qui sont le lieu de baignade préféré des femmes.

Sur un autre registre, les tipasiens regrettent certains lieux tels que la place de la mosquée (ancienne place du village où s’érigeait église et mairie et où l’église a été reconvertie en bibliothèque municipale). Celle-ci constituait, d’après les personnes interrogées, un point de rencontre pour la population locale, mais celle-ci a été transformée en esplanade et une statue y a été édifiée.

3.2.1.2. Sens du lieu à Tipaza

En effet, au niveau perceptif, les personnes questionnées considèrent le port comme les reliant directement à la mer de manière multi-sensorielle: vues, air marin, baignades. Ils déplorent les bâtiments construits à ses abords et qui cachent aujourd’hui la vue sur la mer depuis la ville. De plus, le nouvel aménagement en port de pêche et de plaisance coupe les Tipasiens de la mer : fermeture des vues sur la mer, par la construction d’une digue brise-vent ; « on ne voit plus qu’un bassin !!! » et considèrent que « le charme de Tipaza a été détruit » : « ils nous ont construit une autoroute !!!» s’indigne un sujet, faisant référence au bitume qui a remplacé le pavé antérieure.

Du reste, ce rapport visuel et olfactif à la mer se retrouve aussi ailleurs dans la ville ; les personnes qui parlent de lieux préférés, qu’ils fréquentent seuls ou en groupe, font toujours référence à la vue sur la mer et à la brise qui s’en dégage. Ces points d’attaches pour les personnes interrogées, se trouvent dans le port lui-même, à proximité (aires de jeux) ou sur le boulevard.

La baignade se pratique sur les plages où s’érigent souvent des complexes touristiques et au niveau de Chenoua, et plus précisément dans un endroit appelé « Corniches » où les femmes peuvent se baigner en se cachant derrière des criques. Au niveau cognitif, les personnes enquêtées perçoivent Tipaza comme une ville touristique, ils sont conscients de ses potentialités mais regrettent le touriste d’autrefois, plus respecté parce que perçue comme plus intéressé aux ressources culturelles et naturelles de Tipaza alors que celui d’aujourd’hui est considéré comme

177 s’écartant des normes en matières d’habillement et de conduites (boisson, prostitution…). De plus, cette vocation touristique est associée à l‘intensité du trafic, à la sur-fréquentation, ainsi qu’à la cherté de la vie.

Encore une fois, les employés du musée et le bibliothécaire sont les seules personnes qui ont fait référence à l’histoire de Tipaza. Le musée, ainsi que la perception de la dimension historique ne semblent donc pas constituer des éléments structurants de la représentation environnementale de Tipaza.

Quant-aux pêcheurs, ils ont en une conception plus pragmatique, ils cherchent d’abord la satisfaction de besoins plus fondamentaux (logements, marché…) et sont plus critique par rapport à l’emplacement du port de pêche mais comprennent l’utilité de la jetée comme brise-vent.

Enfin, du point de vue affectif, les tipasiens interrogés d’âge mûr ainsi que les enfants parlent avec passion de leur ville et disent y être attachés. Ils évoquent toute une ambiance avec nostalgie. Cette catégorie déplore que les aménageurs ne s’adressent pas à la population locale et semble prête à participer aux processus de planification. Les enfants aussi se disent aimer Tipaza, pour eux, c’est un grand terrain de jeu et un territoire à explorer.

Les jeunes adultes, par contre, se souviennent de Tipaza telle qu’elle est aujourd’hui, ils semblent détachés voire distants de leur ville, ils répondent de manière très concise aux questions posées et signifient généralement qu’il n’y a rien à dire au sujet de Tipaza.