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Classement des théories de perception

Chapitre II : La dimension cognitive ou interaction individu/paysage

1. Les différentes théories explicatives de la perception

1.1. Classement des théories de perception

Il existe différentes théories expliquant la perception, mais avant d’en présenter les plus pertinentes par rapport à cette recherche, l’on peut déjà les classer selon certains concepts :

 Les données ou composantes de base de la théorie : élémentarisme versus globalisme.

 Genèse et développement de la perception : nativisme, contre développementalisme (empirisme).

 Nature du processus perceptif : perception directe/indirecte.

61 1.1.1. Données de base : élémentarisme/globalisme ou élémentarisme,

structuralisme

Par exemple, il y a le structuralisme de Titchnen (1900) qui affirme que les sensations sont des éléments fondamentaux de la perception. L’élémentarisme de Biederrman qui développe concept de géons en 1987 alors que le globalisme de la Gestalt où la perception globale de la forme précède celle de ses éléments. Il y a aussi le globalisme de la théorie écologique : « pour Gibson, ce n’est pas simplement la forme, mais c’est le réseau optique définissant la stimulation fournie par l’espace ambiant qui est considérée comme une donnée visuelle globale » (Delorme et Flückiger, 2003, p.22).

1.1.2. Du point de vue genèse et développement

De ce point de vue, la perception est classée en nativisme/ développementalisme, et met en question la dichotomie inné/acquis des réactions et compétences perceptives.

Dans l’approche développementale, certaines compétences perceptives sont acquises tardivement et non à la naissance, et ce en raison de la maturation neuronale ainsi qu’à l’apprentissage qui interviennent plus tardivement chez l’homme. Les études visent à définir l’influence de l’organisme, de l’environnement (du contexte de l’expérience) dans le fonctionnement perceptif du nouveau-né et du nourrisson ainsi que l’étude du développement des perceptions précoces (Delorme et Flückiger, 2003, p.26). La perception est le résultat d’un apprentissage et d’associations qui se développent de la naissance jusqu’à l’âge adulte. L’empirisme souligne le rôle des connaissances acquises, de l’expérience et de l’apprentissage dans la formation des percepts.

Alors que pour le nativisme, la perception du nouveau-né est la même que celle de l’adulte. C’est-à-dire que les compétences perceptives sont acquises de manière précoce chez le nourrisson ; elles sont innées ce qui indique que le système sensoriel est préprogrammé. Le développement de certaines fonctions est expliqué par la maturation. Pour l’approche écologique l’apprentissage se réduit à capter

62 l’information car l’environnement contient toute l’information nécessaire à la perception. Le nativisme de la Gestalt considère que l’apprentissage consiste à décomposer les structures plutôt qu’à les recomposer.

En général, le nativisme tend vers le globalisme, alors que l’empirisme, lui tend vers l’élémentarisme.

1.1.3. Du point de vue nature du processus perceptif : direct ou indirect

La perception directe ne requiert ni inférence, ni représentation, le processus perceptif est composé d’une seule étape ; celle de cueillir l’information environnementale. Cette conception est prônée par l’approche écologique ainsi que par la théorie de la Gestalt.

Au contraire, les approches cognitivistes et computationnelles conçoivent la perception comme un processus indirect, en plusieurs étapes reliant le stimulus (input) à la perception (output). Le concept de représentation est au centre de l’approche. La perception de la taille et de la couleur est une perception indirecte car elles font intervenir l’appréciation respectivement de la distance et de la lumière. Pour certains protagonistes de la théorie indirecte, certains processus sont directs alors que d’autres sont indirectes. Ils expliquent que les sensations élémentaires sont perçues directement. Les tenants de la théorie d’une perception directe n’ont pas recours à ce genre de nuances.

1.1.4. Du point de vue de la relation homme/environnement

Du ce point de vue, trois attitudes sont généralement admises. Ainsi, Morval (1981, p.19) explique comment Heimstra et MacFarling (1974) élaborent trois types de relations entre le comportement humain et l’environnement :

 L’environnement détermine le comportement ;

 Les caractéristiques du cadre de vie influencent le comportement et la personnalité ;

63  L’environnement est une source de motivations dans la mesure où il incite les

individus à s’adapter.

Ils sont rejoints par Moser (2009) qui présente les trois approches suivantes :

 L’environnement façonne les comportements de l’individu (approche déterministe).

 L’individu et l’environnement s’influencent mutuellement à travers la mise en relation des représentations de l’environnement par l’individu et des caractéristiques de l’environnement en question (approches interactionnelle ou transactionnelle).

 L’homme et environnement sont envisagés en tant que système, où homme et environnement sont interdépendants.

Mais de manière générale, les approches suivantes sont admises comme définissant les relations homme/environnement :

 Théorie déterministe.  Théorie possibiliste.  Théorie probabiliste.

Le déterminisme pense que l’environnement physique détermine et conditionne le comportement de l’homme. Celui-ci subit passivement son environnement sans pouvoir l’adapter ou le transformer. En effet, un environnement donné est considéré comme engendrant un même comportement chez tous les sujets : sorte de comportement universel.

Le possibilisme attribue à l’homme un caractère actif et considère que le comportement de l’homme n’est issu que de sa seule volonté. N’étant pas contraignant, l’environnement lui offre des possibilités de choix illimitées.

Le probabilisme, quant à lui, considère l’homme comme un acteur actif tout en admettant que certains facteurs physiques exercent un rôle restrictif dans ces choix et actions. En effet, les éléments physiques ne déterminent pas le comportement mais l’influencent de telle sorte que certains choix, certaines actions soient plus

64 probables que d’autres. Au contraire des théories déterministe et possibiliste qui présentent la relation homme–environnement comme un vecteur, le probabilisme admet l’interaction de l’homme avec son environnement : l’homme crée son environnement qui, lui-même influe sur son comportement. L’homme s’adapte à son milieu physique et le modifie.

Pour Canter (1996) l’expérience du lieu dépend de la combinaison de facteurs individuels, sociaux et culturels. En effet, sa théorie du lieu vise à intégrer les trois paradigmes se référant aux relations homme/environnement: Le paradigme d’adaptation, le paradigme possibiliste (option paradigm) et le paradigme socioculturel. Il soutient que ceux-ci sont « en effet, trois aspects de la transaction personne-environnement, de l’individualiste au social et au culturel. En conséquence, les trois aspects sont des éléments importants dans les transactions environnementales…Nous nous adaptons, cherchons à profiter des opportunités et attribuer des significations personnelles de l’environnement, tout en même temps. Notre expérience environnementale est essentiellement à facettes multiples » (Canter, 1996, p.111).