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L’observation permet d’abord de choisir la bonne désignation de l’œuvre étudiée. Le terme « monument funéraire » reste très générique car il englobe celui de cénotaphe, qui désigne un « mo- nument funéraire élevé à la mémoire d’un mort, qui ne contient pas le corps du défunt ». Il est donc préférable d’utiliser le terme de tombeau qui lui est réservé à un « monument funéraire élevé au-des- sus d’une ou plusieurs tombes ». L’usage à l’Inven- taire général – discutable puisque son système de désignation repose sur la fonction plutôt que sur la forme mais qui peut difficilement être remis en cause après 50 ans de pratique et des milliers d’œuvres étudiées – permet de distinguer, outre les tombeaux, les croix funéraires, les tombeaux en forme de chapelle (appelées à tort chapelles funéraires), les monuments cinéraires, les plates- tombes et dalles funéraires. L’enfeu à niche désigne une « niche à fond plat destinée à abriter un sar- cophage, un tombeau ou la représentation d’une scène funéraire ». Il ne se rencontre qu’exception- nellement dans les cimetières alors qu’il est fréquent dans les églises et ne doit pas être confondu avec l’ensemble d’enfeus (dans le cimetière, ouvrage où l’on place dans des niches juxtaposées et superpo- sées des cercueils) ni avec un tombeau en enfeu (monument funéraire comprenant une construction au-dessus du sol dans laquelle est placé le cercueil, notamment dans les régions où il n’est pas possible d’enfouir les caveaux). La stèle (ou le cippe), qui peut ne pas être funéraire, requiert une double-dé-

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

Outre ces décors remarquables, ceux à carac- tère proprement funéraire ne sont pas à négli- ger, même lorsque les motifs paraissent habituels. L’absence de leur mention explicite dans la docu- mentation empêche toute approche quantitative et typologique. Leur reproduction photographique est également essentielle, surtout lorsque l’on connaît le risque de disparition encouru par la majorité de ces monuments funéraires. À force de ne pas s’attarder sur les éléments jugés trop ordinaires, aucun n’ap- paraîtra dans les études d’ici quelques décennies 4. Par ailleurs, la relative fragilité de ces éléments déco- ratifs et les menaces de vandalisme ou de vol qui pèsent sur eux plaident pour une large couverture documentaire et photographique, seule capable de conserver la mémoire d’œuvres qui pourraient dis- paraître. Ainsi, l’état du monument à la date de l’en- quête, ses lacunes, ses éventuelles consolidations ou restaurations doivent être consignés.

L’élément végétal occupe une place importante dans l’ornement du monument funéraire, parfois dans sa composition même. Outre les différents types de couronnes, de jardinières, parfois de porte- couronnes (devenus suffisamment rares pour être signalés) (voir p. 204), certains arbustes, parterres ou arbres viennent compléter le tombeau. Il est fré- quent de planter un ou deux ifs, cyprès ou thuyas à la tête ou aux angles d’un monument, qui, en gran- dissant, contribuent à la végétalisation générale du cimetière et finissent par constituer l’essentiel des arbres d’accompagnement du site. Aujourd’hui, les tombeaux entièrement paysagers, particulièrement fragiles, voire éphémères, méritent attention, car ils reflètent une nouvelle façon dont la société souhaite se confronter à la mort et à l’éternité en inhumant ses proches.

nomination « stèle + tombeau » afin de préciser son caractère funéraire ou l’utilisation du simple terme « tombeau » en indiquant sa typologie « tombeau en forme de stèle » ou « stèle funéraire », « tombeau en forme de cippe » ou « cippe funéraire ».

Afin de décrire efficacement une sépulture, il convient de commencer par l’évocation de ses proportions et de son insertion dans sa division (est-elle plus élevée ? de même échelle ? est-ce une « pierre couchée » ?) car la présence d’un monu- ment peut produire un indéniable impact visuel ou se fondre dans le paysage du cimetière. Il faut éga- lement noter les matériaux principaux du tombeau et de ses parties constituantes et relever la ou les signatures, les marques d’entrepreneurs, le numé- ro et la date de concessions lorsqu’ils existent, son appellation ainsi que le(s) nom(s) de(s) la famille(s) inhumée(s) et la date de la première inhumation, même si celle-ci ne garantit en rien la date de réa- lisation du monument (voir p. 102). De même, les épitaphes, qu’elles soient directement gravées sur le monument ou inscrites sur une plaque funé- raire épitaphe rapportée, lorsqu’elles renseignent l’histoire, la confession (citation biblique pour les tombeaux protestants) ou la biographie du défunt, doivent être entièrement notées et photographiées. À défaut de toujours pouvoir comprendre, expli- quer ou déchiffrer totalement ces textes, les relever apportera de la matière aux chercheurs qui travail- leront un jour sur le sujet et qui parviendront à leur redonner tout leur sens.

Le destinataire du tombeau ou l’un des défunts inhumés, son âge, sa confession, son appartenance communautaire (rom, gitan…), son métier, ses hauts faits (découverte, invention, distinction honorifique, médaille militaire), son engagement (libre-penseur, franc-maçon), sa passion (artiste, sportif) mérite attention. De cette caractéristique découle généra- lement un décor spécifique, intéressant pour ses qualités plastiques ou son apport anthropologique. Il convient donc de ne pas négliger les tombeaux ré- cents dont le caractère patrimonial traditionnel n’est pas nécessairement implicite mais dont l’intérêt so- ciologique est indéniable. Les verrières, mosaïques et sculptures figuratives nécessitent une étude en tant que telle, qui peut prendre la forme d’un dossier complémentaire ; les outils méthodologiques pour appréhender ces œuvres sont bien connus (voir p. 164 et 197).

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4 Alors que la simple croix est le principal motif du vitrail funé-

raire, aucune image n’a pu être trouvée dans la base de don- nées nationale Mémoire réunissant les fonds de l’Inventaire général, service pourtant chargé de documenter l’exception- nel comme le représentatif.