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La conclusion du dossier cimetière

Ces observations et ces comparaisons minu- tieuses permettent de distinguer les grandes caracté- ristiques et les spécificités du cimetière étudié et de l’inscrire ainsi dans un corpus plus large d’œuvres, même en l’absence de sources qui permettraient des dates précises. Certaines des parties consti- tuantes du cimetière, particulièrement intéressantes – édifices, édicules ou monuments – nécessiteront une étude descriptive et analytique complémentaire, afin qu’eux-mêmes puissent être replacés dans une histoire patrimoniale de la famille d’œuvres à laquelle ils appartiennent.

La conclusion est l’occasion d’inscrire le cime- tière étudié dans une typologie ou de souligner sa singularité, voire son unicité. Quelques propositions sont listées ici, sans qu’elles soient exhaustives : – Cimetière d’église

– Cimetière en cloître ou en galerie (ne pas utiliser le terme « aître » qui signifie à la fois l’espace du cimetière implanté autour de l’église et, par exten- sion, quelques cimetières à cloître, où les galeries contiennent les ossuaires. Voir par exemple l’aître Saint-Maclou à Rouen)

– Cimetière confessionnel – Cimetière indépendant

– Cimetière indépendant de plan paysager = cime- tière paysager

– Cimetière indépendant de plan régulier

– Cimetière indépendant de plan mixte (résultant généralement d’une évolution)

– Cimetière à sépultures normalisées (il s’agit es- sentiellement de cimetières militaires ainsi que quelques exemples assez exceptionnels, tel le cimetière du camp d’internement du Vernet à Saverdun (Ariège) ou encore les cimetières d’hos- pices ou d’hôpitaux)

– Cimetière dormant (dans lequel il n’y a plus d’inhu- mation).

Cette catégorisation relève de critères d’ordre dif- férents qui nécessitent parfois d’être conjugués. Ain- si, un cimetière confessionnel peut également être qualifié selon son plan. D’autres, enfin, ne rentrent dans aucune catégorie et restent des unica, tel le cimetière privé de Picpus à Paris 3. Cette classifica- tion aide à synthétiser l’intérêt tiré de la morphologie et de la chronologie que le cimetière étudié présente en tant qu’ensemble urbain, paysager, voire mémo-

riel, au-delà des quelques sépultures remarquables qu’il pourrait contenir.

Enfin, la conclusion gagnera à évoquer la gestion contemporaine du site : une estimation des places encore disponibles, le nombre d’inhumations an- nuelles, le mode de gestion du végétal, la politique de reprise des concessions, celle d’attribution de nouvelles places et celle éventuelle de préserva- tion des zones les anciennes, les potentiels projets d’extension, de travaux ou d’aménagement… L’en- semble de ces éléments permettra ainsi de dégager les pistes et les priorités d’un futur plan de gestion global plus soucieux de préservation de ce patri- moine encore trop peu souvent pris en compte.

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3 Plusieurs fosses communes creusées dans le jardin d’un

couvent saisi reçurent les corps des personnes guillotinées place de la Nation en 1794. Leurs familles rachetèrent le lieu secrètement dès 1802 et l’organisèrent en cimetière complété de leurs propres caveaux funéraires, qui appartient encore aujourd’hui à la Fondation de l’oratoire et du cimetière de Picpus.

L’implantation

Esplanade et accès perpen- diculaire à la route à Saint- Estèphe (Gironde). Accès isolé de la route, au bout d’une allée en cul-de-sac à Gicq (Charente-Maritime). Esplanade et accès le long de la route à Saint-Père-Marc-en-Poulet (Ille-et-Vilaine). La localisation du cimetière et la scénographie urbaine de son ac- cès principal doivent être notées.

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

La clôture

Meulière taillée, appareil régulier allongé pour le portail et hexagonal pour les murs, sur un soubassement de pierre taillée pour le por- tail et de moellons enduits, cimetière d’Enghien-les- Bains (Val-d’Oise). À droite : Murs maçonnés en moellons

aux joints beurrés et en partie rocaillés, aux chaÎnes d’angle appareillées, et couronnés d’un chaperon

en tuiles creuses, cimetière de La Garde (Alpes-de-Haute-Provence). Clôture végétalisée, cimetière

de Bertangles (Somme).

Le type de clôture (mur, grillage, végétation), ses matériaux, leur mise en œuvre, les éventuels dé- cors doivent également être notés.

Murs de brique chaperonnés, soulignés aux angles et rythmés de pilastres, cimetière de Villedômer (Indre-et-Loire). À droite : Détail des éléments sculptés rythmant les murs de clôture, cimetière de la Bouteillerie, Nantes (Pays-de-la-Loire).

La porte

Portail du cimetière de Font- vieille (Bouches-du-Rhône).

Il est orné des mêmes inscriptions bibliques que celles figurant sur le portail principal du Père-Lachaise, modèle copié (ici avec quelques imprécisions) à maintes reprises partout en France. À gauche « SPES ILLORUM /

IMMORTALITATE / PLENA EST / SAPIENT III IV » (l’espérance [des morts] est pleine d’immortalité) Sagesse 3, 4 ; à droite « QVI CREDIT IN ME / ETIAM SIMORTVVS / FUERIT VIVET / JOAN XI » (celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra), Jean 11, 25. Portail secondaire, cimetière de Saint-Rambert,

Lyon (Rhône).

Monument aux morts composant l’entrée monumentale, cimetière de Fargniers

(Aisne).

Portail du cimetière Saint- Égonat, Dinard (Ille-de-Vi- laine), couronné de croix latines monumentales, recouvertes de mosaïques d’Isidore Odorico (1893- 1945), restaurées en 2012.

Ci-dessus : Porte monumentale, de style néoclassique, cimetière de Seclin (Nord), réalisée en 1808 par l’architecte lillois Benjamin Joseph Dewarlez (1768-1819) et classée monument historique en 1945.

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

Le terrain

À droite et en bas à droite : Les cimetières implantés à flanc de coteau proposent des aménagements particulièrement variés : les tombes peuvent s’étager sur la pente comme aux cimetières de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) ou de Saint-Jean-sur-Erve (Mayenne). Ci-dessous : Le cimetière da la ville basse de Provins (Seine- et-Marne) fait figure d’exception, traversé par un ruisseau, les familles devant franchir un petit pont pour rejoindre une des aires d’inhumation.

La morphologie du terrain conditionne les aménagements du cimetière. « Les terrains les plus élevés et exposés au nord sont choisis de préférence. Ceux- ci doivent être choisis sur la base d’un rapport établi par l’hydrogéologue. Ce rapport se prononce sur le risque que le niveau des plus hautes eaux de la nappe libre superficielle puisse se situer à moins d’un mètre du fond des sépul- tures » précise aujourd’hui le CGCT dans son article R2223-2.

Le cimetière du Pecq (Yvelines) est situé sous la Grande terrasse de Saint-Germain-en-Laye, construite à la fin du XVIIe siècle. Très prisé pour sa situation

privilégiée dominant la Seine, il est devenu une promenade appelée la petite terrasse où les monuments funéraires s’étagent sur plusieurs terrasses. Tombeaux en forme de chapelles insérés dans le mur de soutènement

de la terrasse, cimetière la Salle, Tours (Indre-et-Loire).

Escalier monumental donnant accès à la partie nord-ouest du cimetière de la Ritorte, Hyères (Var) dont la plaine d’inhumation forme ainsi un balcon sur le reste du site.

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

La végétation

En haut : Cimetière central, Mulhouse (Haut-Rhin).

Cimetière d’Épernay (Marne).

Ci-dessous : Cimetière de Larmor-Plage

où les jardiniers sélec- tionnent des développe- ments spontanés et certaines plantations effectuées à l’origine par familles sur leurs sépultures (Morbihan).

Elle est très rarement totalement absente du cimetière. Elle structure généralement la composition d’ensemble mais peut éga- lement être plus aléatoire. Les plantations peuvent être composées d’essences d’arbre et de ports variés ou au contraire être mono- essence. La taille peut être d’entretien ou des- tinée à des végétaux formés.

Le Jardin de la méditation

du cimetière Pierre-Grenier de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), respira- tion dans ce site de plan régulier, saturé et d’aspect très minéral, offre un espace propice au recueillement et à la flânerie. Le cimetière de Schweighouse-sur-Moder (Bas-Rhin) a été baptisé Parc funéraire ; implanté en lisière de la forêt, celle-ci l’enserre et lui forme un écrin.

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

La composition

Le portail du cimetière de Tourcoing (Nord) est encadré symétriquement de bâtiments de la conservation.

À droite : La chapelle du cimetière (encadrée de deux pavillons de gardien non visibles ici) compose une entrée monumentale au cimetière du Nord, Rennes (Ille-et- Vilaine). Conçue en 1829 dans un style néoclassique, elle devait recevoir, au rez- de-chaussée, les dépouilles

des hommes illustres de la cité (sur les huit caveaux prévus, deux seulement sont occupés). À l’étage, dans la rotonde se tenaient des messes de funérailles.

Monument commémoratif aux victimes du 2 décembre 1851, cimetière Vieux, Béziers (Hérault). En forme d’obélisque, il est situé à l’intersection de l’allée principale, dans l’axe de l’entrée et d’une allée secondaire. Il célèbre l’opposition à la proclamation du Second Empire et les morts des

affrontements qui suivirent.

Cimetières réguliers ou paysagers, leurs plans s’organisent selon des points de vue et des perspectives ou en fonction de la répartition et de la silhouette des monuments funéraires. Certaines constructions (monument aux morts, croix ou chapelle de cime- tière, porterie, etc.) articulent le des- sin des allées.

En haut à droite : Monument funéraire d’Omer

Sarraut, ancien maire, cimetière Saint-Vincent, Carcassonne (Aude). La commune a offert la conces- sion perpétuelle et choisi son emplacement qui s’avance en proue, au carrefour de deux allées. Perspective dans l’allée prin- cipale sur la croix du cime- tière Saint-Laurent, Rennes

(Ille-et-Vilaine) ouvert en 1918. Œuvre du XVIe siècle,

elle a été déplacée lors de la translation du cimetière paroissial.

Au centre : Alignement de tombeaux adossés au mur de clôture, cimetière des Quatre-Na-

tions, Caen (Calvados). Au centre à droite : Perspective vers la chapelle du cimetière, cimetière Monumental, Rouen

(Seine-Maritime). Ci-dessous : Le monument aux soldats et

marins morts au service de la France, placé à l’entrée du cimetière des Aiguillons de Cherbourg (Manche), tourne le dos au visiteur qui pénètre dans l’enclos. Sa statue monumentale, allégorie de la douleur, regarde vers la rade, en contrebas du site.

Ci-dessous à droite : Alignement de chapelles funéraires le long d’une des allées principales, cimetière Miséricorde, Nantes (Loire-Atlantique). rée par des haies sévèrement

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE

Les circulations

Allée goudronnée et caniveaux pavés, nouveau cimetière de la Croix-Rousse, Lyon (Rhône). À droite : Un béton drainant teinté recouvre certaines allées secondaires carrossables, cimetière intercommunal paysager des Pays de France et de l’Aulnoye, Tremblay-en- France (Seine-Saint-Denis). Allée pavée, cimetière de Montmartre, Paris. À droite : Allées carrossables recou- vertes de sable, cimetière de

Chilvert, Poitiers (Vienne).

Les cimetières sont généralement desservis par au moins deux (parfois trois) types de circulation : les allées principales et les se- condaires. Leurs tracés et leurs revêtements sont importants car ils contribuent au paysage, au bon entretien du cimetière, à sa des- serte aisée, pour les familles, comme pour les entreprises funéraires et les fossoyeurs. Les allées carrossables sont souvent recouvertes avec un revêtement résistant (enrobé, béton, dallage) et plus ou moins imperméable nécessitant parfois des caniveaux pour récu- pérer les eaux de ruissellement. Les allées secondaires sont, elles, fréquemment dotées d’un revêtement perméable plus meuble (gra- vier, sable, enherbement). Les espaces inter tombes varient selon les modes d’inhumation, en pleine terre ou en caveau, et le parti plus ou moins strict de densité des zones d’inhumation.

Allée secondaire (mais accessible aux véhicules légers), galets en partie enherbés, cimetière du Parc, Clamart (Hauts-de-Seine).

Ci-dessous : Allée piétonne gravillonnée,

cimetière Pierre-Grenier, Boulogne-Billancourt (Hauts- de-Seine). En bas à gauche : Les allées secondaires pié- tonnes, gravillonnées ou lais- sées en terre, ont différentes

largeurs, ici la plus étroite, cimetière de Sainte-Gene- viève-des-Bois (Essonne). En bas à droite : Allée piétonne enherbée, cimetière parisien d’Ivry-sur-

3 • L’ÉTUDE : OBSERVATION ET L’ANALYSE