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COHABITENT INFLUENCES VISIBLES ET INVISIBLES

Encadré 1: Définition des assemblages de contrôle

La plupart des efforts de définition concernant des ensembles de contrôle se focalisent sur l’idée de système de contrôle managérial (management control system). De ce fait, on a, dans ces définitions, une insistance sur les pratiques formelles et singulièrement sur celles initiées par le management. Ainsi pour Simons (1994 ; p. 170) « Les systèmes de contrôle sont les processus et procédures fondés sur l’information que les managers utilisent pour maintenir ou modifier, certaines configurations des activités de l’organisation ». Quand ces définitions essaient d’adopter une perspective plus large, on aboutit à des approches « attrape-tout » où les différentes influences sont mises sur le même plan. Ainsi pour Malmi et Brown (2008), les systèmes de contrôle sont « les dispositifs, systèmes, règles, pratiques et valeurs que les managers utilisent pour s’assurer que les comportements et les décisions des employés sont cohérents avec les objectifs et la stratégie de l’organisation ». Ces définitions ne se focalisent que sur les pratiques de contrôle auxquelles recoure le management et aux valeurs qu’elles diffusent (la dimension normative de nos modalités de contrôle). Elles excluent, tout en les reconnaissant parfois, les autres influences invisibles et les modalités du contrôle. On a déjà dit aussi que la source du contrôle envisagé est le manager. Les pratiques de contrôle pouvant être le fait des différents groupes les uns vis-à-vis des autres (voir la section 3 de ce chapitre) notamment pour ce qui concerne des problématiques de contrôle plus opérationnelles, il nous semble que notre définition est fondée à ne pas utiliser cette seule référence au « management ».

La définition donnée des assemblages de contrôles précise que les actions des individus dans l’organisation (leurs comportements) correspondent à la mise en usage de certaines modalités de structuration. On sait aussi que ces actions sont l’objet même des pratiques de contrôle. La section suivante cherche à préciser le statut de ces actions pour l’assemblage de contrôle. 2.2.5 Les pratiques contrôlées

Dans la vision du contrôle développée jusqu’ici, une distinction fondamentale est opérée entre la pratique de contrôle et le comportement visé par la pratique de contrôle dans les processus de travail. Inspirée à l’origine par la distinction opérée par Carlsson-Wall et al. (2011) entre pratiques de contrôle et pratiques de travail, la thèse choisit de ne pas maintenir cette distinction et préfère mettre en avant l’idée de pratique contrôlée. Dans de nombreux contextes en effet, la pratique de contrôle est devenue difficile à dissocier de la pratique de

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de scénaristes, ingénieurs sur un projet). On n’a plus comme dans l’usine traditionnelle, des pratiques de travail se distinguant des pratiques de contrôle avec les premières visant à « créer une différence » vis-à-vis d’objets et les autres vis-à-vis d’autres acteurs. Le travail implique souvent aujourd’hui de créer une différence vis-à-vis d’autres acteurs donc d’exercer un contrôle même quand on n’est pas un manager. Si l’on regarde le travail comme une succession d’interaction, chaque acteur va chercher à régler l’interaction d’une certaine façon donc à influencer l’autre. Dans le travail de chacun, il y a donc une dimension de contrôle.

Les comportements visés sont donc désignés dans ce travail par le terme de pratiques contrôlées. Les pratiques de contrôle tiennent un rôle essentiel par rapport aux pratiques contrôlées, elles agissent sur les conditions de reproduction du système social dans lequel ces dernières se déploient. C’est-à-dire « qu’elles ont une propension à constituer un ordre virtuel, certes instable et évolutif, de relations et de conditions d’actions mobilisables par les acteurs » (Briand et Bellemare, 2004) qui peu ou prou correspondent à nos modalités de contrôle.

D’un autre côté, on a vu que les pratiques de contrôle en tant qu’instanciation de modalités de structuration du réel dépendent de leur substrat, c’est-à-dire de l’environnement dans lequel elles se déploient, donc des pratiques contrôlées. L’étude de cette récursivité mérite elle aussi d’être poussée plus loin, car elle est susceptible, elle aussi, d’apporter des éclairages sur les changements associés à l’introduction des technologies. On peut en effet raisonnablement estimer que les technologies viennent modifier ce substrat.

2.2.6 Représentation des assemblages de contrôles

Le schéma 9 ci-après essaie de rendre compte de cette articulation entre pratiques de contrôle et pratiques contrôlées. On y retrouve un cadre CI représentant les pratiques de contrôle et une pastille (A) représentant les modalités du contrôle. Le cadre a pivoté d’un quart de tour par rapport au schéma 7 pour rendre compte de son imbrication avec les pratiques contrôlées à travers les modalités de contrôle qu’il produit. Ces modalités de contrôle sont représentées par une pastille ocre (B) au centre du cadre qui renferme les trois dimensions des modalités impliquées dans la structuration à savoir la signification, la domination et la légitimation. La double flèche (1) correspond à la double flèche du schéma 8 plus haut (mise en usage de la modalité du contrôle dans la pratique de contrôle). La double flèche (2) représente la constitution des modalités de contrôle. La flèche 3a illustre la prise en compte dans les

pratiques contrôlées de ces modalités de contrôle. La mise en usage d’autres modalités dans les pratiques contrôlées est illustrée par la flèche 3b (notamment les modalités extra, les modalités personnelles figurées par la pastille C).Une partie des modalités tient aux pratiques de travail elles-mêmes (3c), c’est-ce qu’on a appelé les modalités intra (pastille A). Cette modalité de travail A est celle qui est mise en usage par les contrôleurset en ce sens, elle représente la matrice des actions de contrôle, la modalité du contrôle (flèche 4 qui transpose la pastille A dans le domaine du contrôle). Les éléments composant l’assemblage de contrôle sont représentés dans la couleur ocre. Ceux-sont ces éléments qui conditionnent les pratiques de travail des individus. Avec une vision dorénavant plus précise de ce que sont les assemblages de contrôle en termes de composition et d’articulation avec les systèmes contrôlés, la thèse peut progresser vers l’étude de ce qui est susceptible de changer au sein des assemblages de contrôle dès lors qu’une nouvelle technologie est appropriée. L’idée directrice qui préside dans la section qui suit, est que les changements, s’il y en a, vont concerner les composants de l’assemblage (pratiques et modalités) et les relations entre ces composants. Un exemple est fourni étape par étape autour d’une situation simple de services d’entretiens d’installations de chauffage (encadré suivant).

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Schéma 9: Les assemblages de contrôle et leur articulation avec les pratiques contrôlées

Pastille A (à gauche du schéma)-Les modalités quotidiennes de travail du chauffagiste chez les clients

Flèche 1-Sont prises en compte dans la définition du contrôle du travail des chauffagistes (en ce sens, elles sont des modalités du contrôle)

Cadre I : Ceci se traduit par une pratique quotidienne d’analyse des tournées par le manager Flèche 2-Cette pratique constitue une modalité de contrôle des tournées (Pastille B).

Flèche 3a-Cette modalité B est prise en compte dans les pratiques de travail des chauffagistes (respect des temps de pause, de résolution des pannes, des consignes)

Flèche 3b-D’autres modalités structurelles (pastille C) sont prises en compte dans les pratiques de travail (trafic urbain, types d’installations à dépanner etc.)

Cercle II : Ceci donne lieu à des pratiques de travail quotidiennes des chauffagistes

Flèche 3c-Ces pratiques constituent une modalité de travail A qui s’établit et constituent à son tour ces mêmes pratiques de travail

Flèche 4-La modalité de travail A des chauffagistes est une modalité du contrôle (boucle). Encadré 2: Illustration des composants d'un assemblage de contrôles

SECTION 3.

DES

SOURCES

D’INFLUENCES

D’ORIGINE

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