• Aucun résultat trouvé

La culture organisationnelle en tant que systèmes d’idées La culture en tant que système d’idéation englobe quatre concepts très différents les uns des

Canevas du chapitre 1 Introduction

Section 1 : Etat de l’art sur la culture organisationnelle

1. Approche théorique du concept de la culture

1.2. La culture organisationnelle en tant que systèmes d’idées La culture en tant que système d’idéation englobe quatre concepts très différents les uns des

autres, mais qui ont en commun le principe d’un domaine culturel distinct, se manifestant en diverses processus, structures et produits cognitifs. Trois de ces écoles de pensée avancent la proposition que la culture se situe dans l’esprit des porteurs de culture et une quatrième école avance que la culture se situe plutôt dans les produits de ces esprits (voir figure 6).

1.2.1. L’école cognitive

L’école cognitive, que l’on appelle parfois école ethnographique, veut que la culture soit un système de connaissance, de standards appris pour juger, percevoir, croire, évaluer et agir. D’après Goodenough, la culture consiste en un ensemble de cognitions fonctionnelles organisées en système de connaissances qui contient tout ce qu’il faut croire ou savoir afin de se comporter d’une manière acceptable pour les membres de la société [Goodenough, 1981]. Entre autres conceptions de la culture comme produit d’apprentissage humain, Goodenough propose celle-ci : « La manière dont un groupe de gens ont organisé leur expérience du monde concret, de façon à lui conférer une structure comme monde phénoménal de formes, c’est-à- dire leurs perceptions et leurs concepts » [Goodenough, 1981, p. 28].

Produit de l’apprentissage organisationnel [Argyris & Schön, 1995], la culture est la façon qu’ont les acteurs d’organiser leurs expériences concrètes en monde phénoménal ou conceptuel. « Les cultures ne sont donc pas des phénomènes concrets ; elles sont des schémas cognitifs servant à organiser les phénomènes concrets » [Tyler, 1969, p. 3].

D’après Hedberg [1979], les organisations sont pourvues de facultés intellectuelles, de système cognitif et de mémoire. Elles élaborent des cartes mentales et des conceptions du monde ainsi que des mythes définis comme : « les interprétations de la réalité qui étayent les actes organisationnels (et qui sont) des constructions de l’esprit emmagasinées dans des cerveaux humains » [Hedberg & Jönsson, 1978, p. 90].

Dans le même ordre d’idées, Arrow [1974] propose l’existence d’un code organisationnel défini comme « manière de concevoir le monde » [p. 58] et qui sert à « imposer aux participants une uniformité de comportement » [p. 56]. Une telle « codification permet l’accès facile à un grand nombre de renseignements réunis en un réservoir commun (…), accumulation irréversible de capital organisationnel. (…) Il s’en suit que les organisations, une fois établies, ont des identités distinctes puisqu’elles ne peuvent changer le code sans risquer un déclin prématuré » [p. 55].

Les organisations deviennent ainsi des artefacts sociaux résultant des cartes cognitives partagées par les membres. Elles sont l’expression d’un « esprit collectif » (collective mind) qui est plus que la somme des esprits individuels qui la composent.

1.2.2. L’école structuraliste

D’après Lévi-Strauss, la culture se compose de systèmes symboliques collectifs qui sont des produits cumulatifs de l’esprit ; les phénomènes culturels sont la conséquence de processus mentaux subconscients. La variété d’élaboration et d’artefacts culturels à travers les sociétés n’est que le résultat de transformations ou de permutations de processus et de structures qui sont fondamentalement semblables. Puisque toutes les cultures sont des constructions de l’esprit humain dont on peut présumer que les mécanismes sont universels, il faut conclure que toutes les cultures ont certaines caractéristiques en commun bien qu’elles se manifestent sous des formes très diverses.

Lévi-Strauss croit, dès lors, qu’il existe des éléments universels, que l’on ne peut distinguer qu’au niveau de la structure subconsciente, et en aucun cas au niveau des actes manifestes. Dans un de ses rares énoncés synthétiques, il écrit : « … les systèmes de parenté sont élaborés par l’esprit au niveau de la pensée subconsciente ; et l’apparition de formes, rôles matrimoniaux et attitudes semblables envers la parenté, etc. dans des sociétés très différentes et très éloignées les unes des autres semble indiquer que, dans chacun de ces cas, les phénomènes perçus sont attribuables à l’interaction de lois générales mais dissimulées. » [Lévi-Strauss, 1974, p. 41].

1.2.3. La structure d’équivalence mutuelle

La version de l’équivalence mutuelle est que la culture consiste en un ensemble de processus cognitifs standardisés qui créent un cadre général pour la prédiction du comportement chez des individus qui interagissent dans un milieu social donné. La culture rend alors possible l’organisation de cognitions et de motivations très diverses sans qu’il soit nécessaire que les individus partagent des objectifs communs ou que leurs structures cognitives soient similaires. La culture ainsi définie consiste en politiques « élaborées de façon tacite et graduelle par des groupes d’individus dans le but de promouvoir leurs intérêts, ainsi qu’en contrats établis par l’usage entre des individus cherchant à transformer leurs efforts de coopération en structures d’équivalence mutuelles » [Wallace & Forgelson, 1961].

1.2.4. L’école symbolique

L’école symbolique ou sémiotique propose une optique interprétative selon laquelle la culture serait un système de significations et de symboles collectifs. Cette conception, développée de façon éloquente dans les écrits de Clifford Geertz, est une riche construction, basée sur et influencée par de puissants courants de la pensée philosophique et sociologique.

Plus particulièrement, Geertz a intégré à l’anthropologie culturelle le concept de Parsons à propos de l’existence dans la société d’un domaine culturel symbolique distinct, ainsi que le point de vue interprétatif de Weber qui met l’accent sur les significations que les auteurs accordent à leurs propres actions et interactions. On sent bien l’influence de ce dernier sur Geertz, aussi bien au titre de son magnum opus, l’interprétation des cultures, qu’à ses nombreuses déclarations concernant le caractère de la recherche anthropologique.

« Je considère l’analyse de la culture comme étant non pas une science expérimentale à la recherche de lois, mais une science interprétative à la recherche de significations » [Geertz, 1973, p. 5].

Geertz a été influencé également par les travaux d’Alfred Schütz, lequel a tenté d’intégrer la sociologie interprétative de Weber, la phénoménologie transcendantale de Husserl et l’interactionnisme symbolique de G.H. Mead en une sociologique phénoménologique cohérente. En conséquence, Geertz voit la culture comme « … le tissu de significations en vertu

duquel les êtres humains interprètent leurs expériences et orientent leurs actions » [1973, p. 145]

Outline

Documents relatifs