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Section 1 : Implications méthodologiques de la posture

constructiviste dans la démarche du projet

1. Explicitation de la démarche du projet

2. Implications méthodologiques de la démarche de recherche

Section 2

: Stratégie d’accès au réel : Approche du terrain et

dispositif de recherche empirique

1. Accès au terrain de recherche

2. Le dispositif de recherche dédié à la culture cheminote

3. Le dispositif de recherche dédié au repérage des compétences in situ

Chapitre 4 - La démarche empirique du projet, ses

implications méthodologiques et stratégie d’accès au

réel

Introduction

Répondre aux questions épistémologiques dévoilées par le projet de recherche doit aussi nous conduire à expliciter les implications de cette préférence en particulier dans notre démarche. Nous avons montré notre attachement à une représentation de la connaissance comme un processus de construction.

Cette représentation peut être envisagée selon une approche cognitive en analysant les actions des individus comme le prolongement de leurs capacités cognitives. Elle peut être aussi envisagée plus largement comme un processus cognitif individuel et une construction ou un échange social. Ainsi, le caractère cognitif et social de la construction des connaissances nous conduit à définir l’un des objectifs de ce projet de recherche comme la construction d’une réalité possible.

Notre démarche visant à construire des interrelations entre des systèmes complexes s’appuie sur des confrontations entre l’approche empirique à un cadre de questionnement. Ainsi, tout au long de notre projet, notre préférence pour une approche dialectique se conjugue avec la présentation, d’un tout cohérent qui ne restitue pas la chronologie de nos questionnements mais le cadre de notre projet.

Enfin, cette mise en cohérence des éléments présentés sur l’intentionnalité de la recherche et la construction de la réalité nous conduit aussi à nous interroger sur notre visée : la compréhension, l’interprétation et/ou l’explication.

Section 1 : Les implications méthodologiques de la

posture constructiviste dans la démarche du projet

1. Explicitation de la démarche du projet

A partir de notre présentation d’une méthodologie qui vise à construire des interrelations entre des systèmes complexes, nous avons décliné notre démarche en trois points essentiels à analyser : une approche à la fois cognitive et sociale, un processus dialectique de construction des connaissances et une démarche à visée compréhensive et interprétative.

1.1.

Une démarche par des approches cognitives et sociales

Le constructivisme « social » propose que « la cognition doit être vue comme une fonction adaptative qui sert à l'organisation du monde de l'expérience plutôt qu'à la découverte d'une réalité ontologique. » [Désautels & Larochelle, 1993, p. 27]. La connaissance n’existe pas indépendamment de l’esprit humain, la pensée crée des symboles selon un processus d’équilibration et d’adaptation [Piaget, 1975] tout en s’intéressant à la construction sociale de sens, à l’échange social comme une réalité construite. L’activité de connaissance s’appuie sur l’analyse des phénomènes intersubjectifs.

En insistant sur le caractère cognitif et social de la construction des connaissances scientifiques et l'absence de relation objective ce postulat invalide évidemment tout processus formel de vérification et rend impossible l'application stricte du critère de Popper [1968]. En renonçant à l'objectivité, le courant constructiviste considère la connaissance scientifique au même titre que n'importe quelle autre connaissance et propose que les sciences construisent (plutôt que révèlent) une réalité possible à partir d'expériences successives.

1.2.

Une démarche « dialectique »

Or, « un fait est (…) le produit de la composition entre une part fournie par les objets, et une autre construite par le sujet » [Piaget & Garcia, 1983, p. 30]. En insistant sur le caractère construit des connaissances scientifiques en particulier, le paradigme constructiviste remet en

question la possibilité d’obtenir des relations objectives. L’hypothèse constructiviste qui suppose « l’inséparabilité » ou le « globalisme sur la séparabilité » du réel lié à sa complexité [Le Moigne, 1994] semble s’opposer à la pratique cognitive qui s’appuie sur deux démarches de séparation et d’intégration. Or, la différentiation permet l’intégration. La démarche dialectique du chercheur lui permet de mieux intégrer l’ensemble par des tentatives répétées à [Gurvitch, 1953, cité par Gravitz, 1996, pp.399-401]. Ainsi, la démarche dialectique entraîne une remise en cause des cadres d’analyse, des représentations des phénomènes appréhendés par le chercheur.

Dans la démarche constructiviste, la connaissance est un projet qui s’appuie sur un cadre de questionnement, une heuristique évoluant en cours de la recherche. Se référant au terme d’heuristique, le chercheur ne peut réduire la complexité à des hypothèses appelant des réponses binaires. Toutefois, cette distinction n’est pas toujours claire dans les processus de recherche : les hypothèses sont souvent reformulées après l’analyse des données.

L’intégration d’heuristiques à un projet permet de dépasser une opposition duale entre une logique déductive et une logique inductive dans lesquelles se situent certaines démarches de recherche. Une logique déductive s’appuie sur la formulation initiale d’une ou plusieurs hypothèses qui seront ensuite testées sur quelques données ; la conclusion est une démonstration composée du contenu des prémisses et du raisonnement qui permet d’aboutir à des résultats [Thiétart & coll., 2003]. La présentation linéaire des raisonnements occulte le travail du chercheur lié à la confrontation des hypothèses formulées avec la « réalité ». Adoptant une logique inductive, le chercheur part de certains faits observés afin de produire des lois, des principes. Le modèle est alors présenté comme le seul modèle qui s’impose au chercheur. Cette opposition postule que la réflexion et de l’action sont deux processus disjoints. Or, cette distinction ne se retrouve pas dans un projet de recherche construit en fonction de l’intentionnalité du chercheur. Ces deux processus sont conjoints, complémentaires et ils interviennent en continu, dans le même temps, en parallèle ou en simultané.

La confrontation empirique enrichit le processus visant à la connaissance. Il permet au chercheur de lui révéler les contextes dans lesquelles se sont construites ses hypothèses ou ses heuristiques. La confrontation empirique ne permet donc pas de tester une théorie. En révélant le sens des heuristiques et le cadre de leur pertinence, elle permet de « sophistiquer » l’explication des interrelations entres des phénomènes complexes.

Le processus de recherche a pour finalité d’aboutir à un tout cohérent, facilitant l’action organisationnelle, sa compréhension et sa modélisation [Martinet, 1990] par une représentation du contexte de la recherche et de son application.

Figure 14-La démarche dialectique [Guibert & Jumel, 1997]

Un peu en marge des trois autres démarches de recherche, la déduction20, l’induction21 et

l’abduction22, elle est utilisée en sciences sociales dans une visée d’application et

20 C’est le raisonnement qui, se basant sur le syllogisme, va des principes aux conséquences qui en résultent. C’est donc une inférence ayant pour caractère général la nécessité hypothétique de la conclusion. Celle-ci est la conséquence rigoureuse des principes.

21 Sous toutes ses formes (induction formelle, amplifiante ou expérimentale), l’induction consiste toujours à passer d’un certain nombre de faits, constatés empiriquement ou expérimentalement, sans méthode ou avec méthode, par l’observation ou par l’expérience, à une proposition simple et générale, à une loi : c’est le raisonnement qui va des faits à la loi [Pellissier-Tanon, 2001].

22 « L’abduction est l’opération qui, n’appartenant pas à la logique, permet d’échapper à la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations qu’entretiennent effectivement les choses (…) l’abduction consiste à tirer de l’observation des conjectures qu’il convient ensuite de tester et de discuter » [Koenig, 1993].

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