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Controverse et principales critiques de l’école de la configuration

CHAPITRE 2 REVUE DE LA LITTÉRATURE

2.6 Le modèle de Dufour et Steane

2.6.2 Controverse et principales critiques de l’école de la configuration

Un autre professeur australien, le professeur Lex Donaldson (1996, 2001), de l’école de gestion d’Australie de l’Université de la Nouvelle Galle du Sud, dirige l’attaque contre la théorie des configurations. Selon Dufour et Lamothe (2009), il soutient que les principaux arguments des champions de l’école des configurations sont plutôt questionnables , en particulier parce qu’ils ne sont pas supportés empiriquement. Toujours selon eux, il ne pourrait y avoir de doute que plus de recherches empiriques sont néc essaires afin de valider les propositions de la théorie des configurations. Comme le soulignent Pettigrew et Fenton (2000 : 19) :

Ce qui a manqué cruellement jusqu’ici à la perspective des configurations est un travail empirique consacré spécifiquement à valider ses arguments. Dix ans après la parution de l’article phare de Danny Miller sur les configurations de stratégies et de structures, il écrivait dans le « Strategic Management Journal » : malgré son énorme potentiel la littérature sur la configuration demeure sous- développée.

En fait, la critique de Donaldson à l’endroit de la théorie des configurations est dirigée sur la mauvaise cible, selon Dufour et Lamothe (2010). Ce qu’il dispute n’est pas la validité de la théorie des configurations en soi, mais celle des typologies qui ont marqué la première étape de son

développement. Pour Dufour et Lamothe (2009), ceci est encore plus évident à la lecture de la conclusion de son livre :

L’élaboration de typologies dans la théorie des configurations est empiriquement fausse et théoriquement naïve. Elle illustre le problème de la réification − c'est-à-dire la construction d’un petit nombre de modèles idéals comme des points de contraste en leur donnant des noms qui résument bien chacun des types et faire l’erreur de penser que ces types existent réellement et qu’ils constituent l‘univers entier […]. Tout cela est l’équivalent de la modélisation de la Terre comme un disque plat en astronomie; un modèle que les gens trouvaient attirant, mais qui freinait la vérit able compréhension de la réalité (Donaldson, 1996, p. 163).

De toute évidence, selon Dufour et Lamothe (2010), l’attaque de Donaldson est particulièrement dirigée vers la taxonomie des cinq configurations de structures organisationnelles élaborée par Min tzberg (1979) dans son très célèbre livre intitulé Structure des organisations (« The structuring of organization ») : 1) la structure simple; 2) la bureaucratie mécanique; 3) la structure divisionnaire; 4) la bureaucratie professionnelle; 5) l’adhocratie. Selon eux, ce que la critique de Donaldson néglige est que la contribution la plus importante de Mintzberg ne réside pas dans l’une l’autre ou même les cinq types de structure élaborés dans son livre, mais bien dans le développement d’une nouvelle façon de penser au sujet de la variabilité dans les phénomènes organisationnels : l’école de la configuration. Toujours selon Dufour et Lamothe (2009), ce qui rend la contribution de Mintzberg remarquable et excitante, c’est qu’elle survivrait même si les cinq t ypes de structure proposés mutaient, changeaient ou encore disparaissaient entièrement au profit de tous nouveaux types. Sa contribution n’est pas, comme le propose Donaldson, l’équivalent de la modélisation de la Terre comme un disque plat en astronomie; bien au contraire. Il s’agirait plutôt d’une contribution équivalente au tableau de classification des éléments de Dmitri Mendeleev − l’ancêtre du tableau périodique. En effet, tous deux − Mintzberg et

Mendeleev − se fondent sur les contributions d’autres chercheurs et organisent les éléments de sorte que tous puissent comprendre relativement facilement les relations entre eux. Sur la base de ces relations, l’existence d’autres configurations qui n’ont pas encore été découvertes peut être prédite. Il faut toujours conserver en tête que les types idéaux d’organisation sont des résultantes et que si les processus de gestion ou les contextes changent de façon significative, les types idéaux devraient en toute logique changer eux aussi. Toutefois, la façon de penser à leur sujet devrait, selon Dufour et Lamothe (2009), demeurer fondamentalement la même.

En bref, pour Dufour et Lamothe (2009), Donaldson accuse les auteurs des typologies organisationnelles de proposer une vision simpliste et réductrice de la complexité des organisations. Cette accusation est entièrement acceptée par les principaux auteurs de la théorie des configurations. Réduite à sa plus simple expression, l’étude des configurations repose sur l’examen d’un nombre restreint de dimensions clés, qui prises dans leur ensemble, permettent de mieux comprendre comment les organisations fonctionnent. Afin de faire progresser les connaissances sur les configurations et en réponse à ses détracteurs, Miller (1996, 1999) invite les chercheurs à éviter désor mais les typologies au profit des thèmes intégrateurs.

Les configurations peuvent être définies, de manière abstraite, comme des constellations d’éléments organisationnels, soudées ensemble par un thème unificateur − une qualité de services inégalée ou une innovation révolutionnaire, par exemple. La première constellation, qu’on appelle le noyau, rassemble la mission, les moyens et le marché. Ces éléments constituent la raison d’être de l’entreprise (Miller et Whitney, 1999, p.6).

L’idée de thèmes intégrateurs a été au centre de la théorie des configurations depuis ses tout premiers débuts. L’invitation récente de Miller d’effectuer plus de recherche empirique sur les thèmes orchestrateurs est très

séduisante. Toutefois, à l’exception des travaux de Miller (1990), Miller et Whitney (1999) et plus récemment de Miller et Le Breton (2005), Lamothe et Dufour (2007), Dufour et Lamothe (2009) et de Dahan et Dufour (2012), l’invitation est généralement restée sans réponse. La présente recherche , sous la supervision du professeur Dufour, est un effort dans cette direction.