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CHAPITRE 3 : LES ÉGLISES D'OCCIDENT ET D'ORIENT DEVIENNENT UN

2. Le corps en laboratoire

2.2. La stérilité

2.2.1. La congélation d'ovocytes

Une nouvelle parue dans le journal Le Monde, nous apprend que Facebook et Apple pourraient faciliter la congélation d'ovocytes et prendre en charge les frais de cette procédure jusqu'à concurrence de 20,000 $. « Selon NBC, Facebook a commencé récemment à comptabiliser la congélation des ovocytes dans la couverture médicale que l'employeur paye aux États-Unis, et Apple commencera à faire de même à partir de janvier66. », 2015. Dans le même article, nous apprenons que l'entreprise américaine « Eggsurance Inc.TM », propose aux femmes qui sont à la croisée des chemins et qui veulent faire une carrière comme les hommes, alors que file l'horloge biologique : la congélation d'ovocytes. Cette solution est proposée pour ne plus devoir choisir entre la carrière et les enfants, « ne plus choisir entre la carrière et les enfants », dit leur publicité. Le site de l'entreprise mentionne que 20% des femmes américaines ont leur premier enfant à 35 ans, et ce malgré que les risques d'infertilité s'accroissent avec l'âge.67

La question est alors de savoir, à quel âge ces femmes, si elles choisissent d'avoir des enfants, les auront-elles ? Le report de grossesse chez les femmes est souvent associé au désir de se réaliser autrement que par la maternité, soit dans une carrière ou autrement. Mais ce report, lorsque le désir d'enfant est présent constitue-t-il le meilleur choix ? Un élément nous interpelle. Jusqu'à quel âge une femme peut-elle donner naissance sans se mettre à risques ou mettre à risques son enfant ?

66 LeMonde.fr (consultée le 15 octobre 2014), http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/10/14/facebook-et-apple- pourraient-subventionner-la-congelation-d-ovocytes-de-leurs-employees_4506257_4408996.html

Sans évacuer les possibilités futures que le corps pourrait démontrer à cet effet, mais qui pour le moment demeurent inconnues, il appert que si les fonctions hormonales du corps des femmes se modifient et agissent comme indicateurs biologiques de cette « horloge », il doit bien y avoir des motifs qui font que cette « horloge » opère et permet la reproduction pendant une certaine période de la vie des femmes. Autrement, on peut penser que les femmes pourraient donner naissance jusqu'à la fin de leur vie…Et ces raisons organiques du corps des femmes quelles sont-elles ? Que sait-on de la sagesse et de l'intelligence du corps des femmes qui s'autorégulent à partir de sa propre intelligence si biologique soit-elle ? Quelles sont les véritables causes physiques et psychiques de l'infertilité, lorsqu'elle est présente ? Choisir d'avoir un ou des enfants engage infiniment davantage qu'un simple processus biologique. Il apparait donc que le report de grossesse n'est pas uniquement dû au fait de privilégier une carrière. Il est également fonction du type de relations que les femmes entretiennent avec les hommes et que les hommes entretiennent avec elles. À cet égard, ce sont les femmes qui portent les enfants, ou presque. Nous nous expliquons. Les femmes qui choisissent de devenir mère sont confrontées à envisager la possibilité, advenant que le couple se sépare, de se retrouver à porter seule la responsabilité familiale. En pareil cas, ce sont souvent les femmes qui deviennent le pilier familial et doivent assumer les responsabilités qui incombent aux besoins des enfants et de la famille. Lourde tâche qui peut inciter plusieurs femmes à remettre à plus tard le moment d'envisager une éventuelle grossesse. Cette décision sera aussi possiblement fonction de ce qu'elles ont appris et concluent du comportement souvent irresponsable des hommes, qui de tout temps ont eu l'abandon des femmes et des enfants faciles. Certains hommes pourraient sans doute en dire autant. Cependant il demeure, et nous nous référons ici à la réalité québécoise considérée comme avant-gardiste pour ses politiques familiales et en matière d'égalité femmes- hommes, que le taux de familles monoparentales était de 28.7% en 2011 dont 76% avait une femme à leur tête68. Pour la réalité canadienne : « Selon les calculs de CBC et de Radio-Canada, au pays, ces parents qui refusent de soutenir leur famille doivent plus de 3,7 milliards de dollars en pensions alimentaires. Et 97 % des mauvais payeurs sont des hommes »69.

68 FAFMRQ, Études et Monoparentalité, Mémoire déposé au Sommet sur l'enseignement supérieur, février 2013, p. 4. (Consulté le 29 octobre 2014).

http://www.mesrs.gouv.qc.ca/fileadmin/administration/librairies/documents/Contributions_courriel_facebook/02- 2013_-_FAFMRQ_-_Etudes_et_monoparentalite.pdf

69 Robillard. Jean-Philippe. Ici Radio-Canada, 29 septembre 2014. Mis à jour le 01 octobre 2014. (Consulté le 29 octobre 2014).

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2014/10/01/001-pensions-alimentaires-impayees-montant-hausse- parents.shtml

Est-il étonnant que la confiance des femmes envers les hommes soit minée et qu'elles reportent le moment de la grossesse ? Non, bien sûr. Et c'est ici que la considération relationnelle archaïque des femmes de la part des hommes prend son sens et toute son importance. Les mémoires douloureuses inscrites dans l'inconscient collectif quant au vécu des femmes et de leurs corps, en regard de la pauvreté relationnelle et de la sensibilité des hommes à leur égard, l'absence de reconnaissance suffisante de la valeur de la mère et de son rôle peuvent dissuader plusieurs femmes ou pour le moins faire reporter d'année en année le moment de prendre cette décision. Elles pourraient parfois souhaiter réaliser bien avant cet élan ressenti dans une présence unifiée à leurs corps et à leur être, mais elles choisiront plutôt de le reporter en le raisonnant en s'appuyant sur des considérations extérieures qui les refréneront. Lorsque c'est le cas, se vit un « dualisme interne du corps » dans lequel s'opère une mise à distance de l'élan et d'une partie intime d'elles-mêmes, où la peur des conséquences périlleuses prend le dessus. A qui pourrait-on reprocher pareille prudence, lorsque qu'elle met de surcroit en cause la responsabilité de la vie d'un autre être humain ?

Force est de constater que cette conflictualité contribue à une désacralisation de la maternité, de la naissance et du caractère sacré de la sexualité, qui toutes trois sont conséquence du dualisme actif et opérant en Occident. Ainsi la grossesse, la naissance et la maternité lors de reports répétitifs résultent en une combinaison de facteurs qui se modulent selon les aléas de vie, et l'inscriront dans le cadre d'éventualités si et lorsqu'elles pourront potentiellement en assumer l'entière responsabilité. La maternité comme « activité » à planifier, lorsque et si les conditions relationnelles externes, matérielles, avancement de carrière compris, etc., pourront le permettre. Dans ce contexte, nous sommes très éloignés de l'idée d'une rencontre sexuelle sacrée entre un homme et une femme, donnant lieu à une conception et un processus aussi sacré menant à la naissance d'un être vivant. En effet, comment considérer la naissance et la vie humaine comme sacrée, si son acte créateur premier ne l'est pas ? Mais pour que cela advienne, il serait vital que la sexualité et le corps des femmes soient éminemment considérés sacrés. D'abord par les femmes elles-mêmes, mais aussi que cesse l'utilitarisme sexuel des hommes et leur mépris du corps des femmes, dont les doctrines continuent d'être pérennisées par le christianisme, la philosophie et les sciences dualistes. Pérennisation qui s'effectue de manière tendancieuse et subtile et auquel se sont ajoutées des entreprises ; telles l'industrie pornographique mondiale et ses opérations satellites.

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