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Depuis plus d'un siècle, les associations accompagnent les changements que vivent les espaces ruraux français. Du temps de l'exode à celui de la renaissance, elles ont été les matrices d'un vivre ensemble qui les met encore aujourd'hui en première ligne des recompositions sociales qui s’opèrent sur ces espaces.

Elles ont su agir, parfois contre l'avis des pouvoirs publics, et imposer que soient prises en compte des demandes sociales. Elles ont géré en direct des services quand c'était nécessaire et fait pression sur le législateur pour qu'il reconnaisse une spécificité rurale. Ce faisant, elles ont construit avec les pouvoirs publics des relations qui vont de la dépendance à l'autonomie, de l’institutionnalisation à la marginalisation. Elles sont devenues un acteur majeur des espaces ruraux, tant sur le plan social qu'économique, en étant parfois le plus gros employeur local.

Après une période où l'action publique les considérait, soit comme des prestataires souvent aux ordres, soit comme des empêcheurs de tourner en rond, les associations sont aujourd'hui très sollicitées dans la mise en œuvre de l'action publique pour représenter la société civile, tout particulièrement en matière de développement territorial. Elles se doivent de participer et de faciliter la construction d'un projet partagé de territoire.

Mais cette implication souhaitée se fait sur des espaces définis par les élus, selon des logiques qui leur sont propres. Ces territoires de projet peuvent être relativement en phase avec les pratiques territoriales des habitants comme en être relativement éloignés. Organiser la participation sera plus ou moins facile selon les configurations.

Considérant que les associations sont une image de la société, elles permettent de lire, à travers les engagements civiques, les ruralités en construction. Elles construisent, à travers les projets associatifs qu'elles développent, des relations au territoire plus ou moins complexes qui participent à la construction d'une territorialité collective et d'un capital social local sur lequel devra s'appuyer le processus participatif.

Les sciences sociales ont mis en évidence la diversité, la richesse, la complexité de la vie associative. Interroger les modalités d'implication des associations ne peut se faire selon un seul point de vue théorique, mais suppose de trouver une méthode suffisamment globale pour prendre en compte les différents points de vue développés par la recherche tout en permettant d'identifier des dynamiques dans le processus de développement. L'approche socio-spatiale permet de faire une synthèse entre différentes sciences sociales qui étudient les associations, le territoire devenant l'élément fédérateur.

L'outil d'analyse de la formation socio-spatiale, développé par Guy Di Méo, permet de caractériser l'espace politique choisi pour le projet territorial et d'en mesurer sa cohérence. Une fois validé, cet espace va chercher à faire territoire auprès des acteurs. Ce travail

d'imposition territoriale va interpeller les associations d'autant plus fortement que le dispositif public exige leur participation. Dès lors, comment comprendre les modalités d'implication des associations ? Quels sont les éléments qui interviennent dans la mobilisation associative ?

Les éléments de contexte fournis ont montré la complexité du milieu associatif. La formation socio-spatiale permet de mettre en évidence des combinaisons socio-spatiales (CSS) associatives qui vont ensuite pouvoir être mises en relation avec la CSS du projet territorial. Ce travail de recherche repose sur le principe d'une relation entre les instances de la CSS du projet politique en cours de territorialisation et celles des CSS des projets territorialisés associatifs.

Les mondes associatifs, construits à partir des mondes communs de Boltanski et Thévenot et des CSS associatives, proposent une typologie qui va organiser cette complexité associative dans une perspective territoriale. Ils mettent en évidence les ressources sur lesquelles s'appuie l'action des associations, qu'elles soient géographiques, économiques, politiques ou idéologiques. La mise en relation systémique de ces éléments montre comment chaque association fait ressource d'un territoire, plus ou moins formel, plus ou moins matériel, mais qui va orienter son action.

L'hypothèse centrale est que ces mondes associatifs vont interagir avec le projet territorial et que ces interactions seront fonction des points de convergence entre les instances des CSS. La résonance territoriale désigne ce processus d'interaction. Les modalités d'implication des associations dépendront des instances en relation et du niveau de résonance.

La résonance territoriale permet de lire, à un moment donné du processus de construction territorial, le niveau de convergence territorial entre le projet politique et les projets associatifs et d'adapter le pilotage en fonction. C'est donc, avant tout, un outil au service du développeur.

Il convient à présent de mettre à l'épreuve du terrain ce modèle d'analyse. Si les mondes associatifs ont été construits en mobilisant une expérience associative relativement ancienne et variée, la résonance territoriale doit être mesurée.

La deuxième partie présente le terrain de recherche, les dispositifs d'action publique de développement retenus, ainsi que les méthodologies employées.

Le « Pays »

« L’introduction de cette notion dans un texte législatif, sous une forme rénovée, adaptée au monde moderne, résulte d’une volonté résolue de l’Etat de redonner vie et ambition à sa politique d’aménagement du territoire ; elle témoigne d’une exigence qui tend à s’imposer : celle de mobiliser et d’associer les acteurs de la vie locale aux objectifs de mise en valeur équilibrée de l’espace national, dans un contexte démocratique et décentralisateur ».

Bernard LEURQUIN

Délégué Général de l’APFP

http://www.pays.asso.fr/spip.php?rubrique23

PARTIE 2

Le Quercy-Rouergue,